Réserve naturelle intégrale du mont Nimba
Facteurs affectant le bien en 2024*
- Activités illégales
- Exploitation minière
- Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
- Infrastructures de transport de surface
- Modification du régime des sols
- Ressources financières
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- exploitation minière
- afflux de réfugiés
- empiètement agricole
- déforestation
- braconnage
- capacités de gestion insuffisantes
- manque de ressources
- coopération transfrontalière défaillante
- construction d’une route
Menaces pour lesquelles le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril
- Concession pour l'exploitation de minerai de fer dans l'enceinte du bien, en Guinée
- Afflux d'un grand nombre de réfugiés en provenance du Libéria dans et autour de la réserve
- Insuffisance de structure institutionnelle
Etat de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril
Adopté, voir page https://whc.unesco.org/fr/decisions/8086/
Mesures correctives pour le bien
Adoptées, voir page https://whc.unesco.org/fr/decisions/7464
Calendrier pour la mise en œuvre des mesures correctives
Proposé pour adoption dans le Plan d’actions chiffré 2024-2025
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2024
Montant total accordé : 25 282 dollars EU du Fonds d’intervention d’urgence en janvier 2012 (voir page https://whc.unesco.org/fr/actualites/830/), 31 214 dollars EU du Fonds du gouvernement chinois pour le renforcement des capacités et la coopération pour le patrimoine mondial en Afrique (https://whc.unesco.org/fr/280/?id=1058&&),
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2024
Montant total approuvé : 599 870 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2024**
Octobre/novembre 1988 : mission Centre du patrimoine mondial ; 1993 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN ; 1994 : mission UICN ; 2000 : mission Centre du patrimoine mondial ; 2007 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN en Guinée ; 2008 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN en Côte d’Ivoire ; 2013 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN ; janvier 2019 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN en Côte d’Ivoire et en Guinée
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2024
Le 31 janvier 2024, les États parties de la Côte d’Ivoire et de la Guinée ont soumis un rapport conjoint sur l’état de conservation du bien disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/155/documents/, rapportant ce qui suit :
- La mise en œuvre des mesures correctives notamment la surveillance, le suivi écologique, l’appui aux populations riveraines, le renforcement des capacités de gestion, le suivi écologique, la lutte contre le braconnage, la restauration des zones dégradées, la lutte contre les feux de brousse entre autres ainsi que des activités transfrontalières se poursuit dans les deux Etats parties avec le soutien financier et technique de plusieurs partenaires ;
- Le plan d’aménagement et de gestion (PAG) de la composante ivoirienne du bien a été validé en mai 2022, et le PAG de la composante guinéenne est en cours de finalisation. Le plan directeur des deux aires protégées suivra par la suite ;
- En Côte d’Ivoire, le projet Makoré financera dès 2024 les frais de gestion de cinq aires protégées, dont la réserve du mont Nimba, pendant deux ans. Il ajoutera également 15 millions d’euros au fonds de dotation de la Fondation pour les parcs et Réserves de Côte d’Ivoire (FPRCI), assurant ainsi un financement durable pour les coûts récurrents des cinq aires protégées dès la troisième année ;
- Le développement des infrastructures dans la zone périphérique des parcs nationaux et réserves naturelles en Côte d’ivoire est encadré par des dispositions légales strictes, notamment la loi 2002-102 du 11 février 2002 ;
- En 2022, le Programme d'Appui à la Préservation des Ecosystèmes Forestiers en Afrique de l'Ouest (PAPFor) a permis de suivre cinq forêts communautaires et élaboré six plans de développement local pour les villages riverains de la réserve. La formalisation et la formation des Associations Villageoises de Conservation et de Développement ont débuté en 2023 et continueront en 2024 avec de nouveaux microprojets ;
- L’Office Ivoirien des Parcs et Réserves (OIPR) a organisé, avec l’appui de l’UNESCO, un atelier à Conakry en décembre 2023 pour évaluer l'État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSCOR) et élaborer un plan de retrait de la réserve du Mont Nimba de la Liste du patrimoine mondial en péril, incluant des recommandations et un plan d’actions chiffré ;
- Suite à l’adoption du DSOCR lors de la 45e session élargie du Comité, d'importants efforts bien que ralentis par le démarrage tardif du PAPFor et l’insuffisance d’études spécifiques récentes sur certaines espèces clés, ont été déployés pour atteindre les indicateurs en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, incluant le renforcement des capacités opérationnelles, la collaboration transfrontalière, les patrouilles de surveillance, et le soutien aux populations riveraines ;
- En attendant la mise à jour complète de l’évaluation stratégique environnementale et sociale (ESES) du secteur minier en Guinée, un projet de Critères techniques pour évaluer l’acceptabilité des projets miniers en fonction de leurs impacts potentiels individuels et cumulatifs sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien est en cours de préparation et sera soumis au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN dès que possible ;
- Le contrôle et le suivi de la mise en œuvre des dispositions nécessaires de gestion des impacts du projet routier Lola-N’zo – Danané via la zone tampon de la Réserve de la Biosphère des Monts Nimba (RBMN) est assuré par une Convention-Cadre de collaboration entre le Centre de Gestion de l’Environnement des Monts Nimba-Simandou (CEGENS) et le Ministère du Transport et des infrastructures routières.
Le 25 avril 2024, l'État partie de la Guinée a transmis au Centre du patrimoine mondial une Description succincte de la phase 1 du projet minier Nimba de la Société des Mines de Fer de Guinée (SMFG), qui a été examinée par l'UICN et les commentaires transmis à l’État partie par le Centre du patrimoine mondial. Le 28 mai 2024, la compagnie SMFG, dont l’État partie de la Guinée est actionnaire, a annoncé la délivrance par le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable de la République de Guinée des approbations pour les termes de référence (TdR) et les documents de cadrage pour l'étude d’impact environnemental et social (EIES) pour le développement de la Phase 1 du Projet de Minerai de Fer de Nimba.
En décembre 2023, les États parties ont participé à un atelier d’évaluation de la mise en œuvre et production d’un plan d’action chiffré du DSOCR à Conakry en Guinée.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2024
Malgré des financements irréguliers et insuffisants et des capacités de gestion limitées, les États parties ont accompli des progrès importants dans la mise en œuvre de certaines mesures correctives, incluant la surveillance, le suivi écologique, l'appui aux populations riveraines et les activités transfrontalières. Ces efforts sont louables et doivent être poursuivis.
L’intérêt manifeste de plusieurs partenaires techniques et financiers à travers plusieurs projets et programmes, notamment l'UNESCO, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'Union européenne (UE) et la Banque mondiale, à accompagner les États parties dans l’amélioration de l’état de conservation du bien et l’atteinte des indicateurs du DSOCR est à saluer et doit être encouragé. Malgré le retard au démarrage, la poursuite de l’implémentation effective de toutes les composantes du PAPFor pour soutenir les fonctions de gestion du bien est appréciable. On note cependant un retard dans le processus de validation du PAG de la composante guinéenne du bien ainsi que du Plan directeur incluant les deux composantes du bien. Il est recommandé aux États parties de fournir des informations détaillées sur l’avancement de ces deux processus. Bien que des efforts soient entrepris pour assurer le suivi des espèces clés qui représentent les attributs majeurs de la VUE du bien, notamment le chimpanzé, la micropotamogale et le crapaud vivipare, les données restent très disparates d’une composante à l’autre, avec des données quasi inexistantes dans la composante guinéenne, la partie majeure du bien. Ceci est d’autant plus inquiétant pour la micropotamogale, dont il n’existe à ce jour aucune donnée fiable sur le statut de cette espèce dans le bien. Dans la continuité de l’atelier de Conakry de décembre 2023, il est recommandé d’élaborer et de mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, un système de suivi écologique et de lutte anti-braconnage harmonisé et opérationnel afin de suivre la tendance des espèces clés de la VUE du bien et de l’intégrité de leurs habitats.
Le dispositif réglementaire encadrant le développement des infrastructures dans la zone périphérique des parcs nationaux et réserves naturelles en Côte d’Ivoire, notamment la loi 2002-102 du 11 février 2002, qui permet à l’organe de gestion de jouer un rôle important dans la prise de décision, est noté. Cependant, compte tenu des spécificités liées à la préservation de la VUE du bien dans un contexte de patrimoine mondial, il est recommandé que le Comité réitère une fois de plus sa demande à l'État partie de la Côte d’Ivoire de veiller à ce que les forêts à proximité du bien soient officiellement désignées comme zone tampon sous la Convention du patrimoine mondial en suivant la procédure de modifications mineures des limites au regard des paragraphes 107 et 164 des Orientations.
Concernant les projets miniers, dont les impacts individuels et cumulatifs potentiels sur la VUE du bien, essentiellement dans la composante guinéenne, demeurent particulièrement préoccupants, on observe d’une part, que l’État partie de la Guinée n’a pas fait d’avancées significatives concernant le nouveau cadre d'évaluation pour les propositions d’exploitation minière dans la région de Nimba comme alternative à une EES, comme déjà rapporté en 2023, et, d’autre part, qu'il ne fournit aucune information complémentaire concernant la soumission au Centre du patrimoine mondial de la version approuvée du projet de TdR pour la mise à jour de l’EIES de Zali Mining SA. Il est donc recommandé que le Comité réitère sa demande à l'État partie de la Guinée de soumettre les TdR approuvés de Zali Mining SA au Centre du patrimoine mondial avant toute prise de décision sur ce projet. S’agissant du projet d’extraction de minerai de fer de Nimba par la SMFG, l'État partie n’apporte aucun éclaircissement concernant la réalisation de l’EIES pour le projet dans son entièreté comme demandé par le Comité dans ses décisions précédentes, y compris la décision 45 COM 7A.4.
A l’examen de la description succincte de la phase 1 du projet, l’UICN observe que le projet, bien que partiellement décrit, laisse présager plusieurs menaces potentielles sur les écosystèmes environnants en général et la VUE du bien en particulier, en raison de la proximité de la zone du projet et de ses infrastructures connexes avec le bien ainsi qu’au tracé de la ligne de transport du minerai. Il faut rappeler que la concession minière de la SMFG est une enclave complètement entourée par le bien et inclus des zones cruciales pour le crapaud vivipare, espèce endémique et emblématique des Monts Nimba. Il est noté avec beaucoup d’inquiétude la délivrance par le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable de la République de Guinée des approbations pour les TdR et les documents de cadrage pour l’EIES pour le développement de la Phase 1 du Projet de Minerai de Fer de Nimba. Tout en rappelant l’engagement de la SMFG à réaliser une EIES complète et conforme aux normes internationales, à être évaluée de manière indépendante par l'UICN, avant de prendre toute décision qui serait difficile à inverser, il est essentiel qu’aucun certificat de conformité environnementale ne soit délivré pour le projet de la SMFG avant que les impacts du projet dans son entièreté n’aient fait l’objet d’une EIES conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial.
Au regard des impacts potentiels des différents projets miniers sur la VUE du bien, il convient également de rappeler qu’une EES dans ce contexte permettrait de fournir le cadre pour assurer une évaluation au niveau stratégique des impacts potentiels cumulés des différents projets miniers sur la VUE. Il est recommandé que le Comité réitère, une fois de plus, sa demande à l'État partie de la Guinée de ne pas délivrer de permis d'exploitation minière près du bien sans qu'une EES conforme aux standards internationaux ait été réalisée et soumise au Centre du patrimoine mondial.
L’implication du CEGENS dans le contrôle et le suivi de la mise en œuvre des dispositions nécessaires de gestion des impacts du projet routier Lola-N’zo – Danané, qui traverse la zone tampon du bien, est positive. Cependant, au regard des potentiels impacts directs et indirects de ce projet sur la VUE du bien, notamment dans la composante guinéenne, il est recommandé aux États parties de fournir des informations détaillées sur l’état d’avancement de ce projet ainsi que son tracé actuel et de s’assurer que ces impacts font l’objet d’une évaluation conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial avant toute prise de décisions.
Enfin, il est recommandé que le Comité maintienne le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Décisions adoptées par le Comité en 2024
46 COM 7A.45
Réserve naturelle intégrale du Mont Nimba (Côte d'Ivoire / Guinée) (N 155bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7A.Add.2,
- Rappelant les décisions 43 COM 7A.6, 44 COM 7A.40, et 45 COM 7A.4 adoptées respectivement à sa 43e session (Bakou, 2019), à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) et à sa 45e session élargie (Riyad, 2023),
- Note avec satisfaction les efforts actuellement déployés par les États parties dans des circonstances difficiles afin de mettre en œuvre les mesures correctives, y compris les patrouilles de surveillance transfrontalières conjointes, le financement pour soutenir les opérations de gestion, la surveillance, le suivi écologique, l'appui aux populations riveraines et les activités transfrontalières, et la restauration des zones dégradées, et demande aux États parties de poursuivre la mise en œuvre de toutes les mesures correctives pour améliorer l’état de conservation du bien;
- Apprécie le soutien d'un nombre croissant de partenaires nationaux et internationaux à la conservation du bien, notamment l'UNESCO, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'Union européenne (UE) et la Banque mondiale, et encourage les États parties à élaborer des programmes à long terme avec eux y compris des actions contribuant à l’atteinte des indicateurs du l'État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et à explorer d'autres opportunités de financement pour un maintien durable de l'intégrité écologique du bien ;
- Note avec préoccupation les avancées limitées dans le processus de validation du Plan d’aménagement et de gestion (PAG) de la partie guinéenne du bien ainsi que du Plan directeur incluant les deux composantes du bien, et demande également aux États parties de fournir des informations détaillées sur l’état d’avancement de ces deux processus et de s’assurer que ces processus sont finalisés dans les meilleurs délais ;
- Note également avec préoccupation que les données de suivi écologique des espèces clés qui représentent les attributs de la VUE du bien, notamment le chimpanzé, la micropotamogale et le crapaud vivipare restent très disparates d’une composante à l’autre, exprime son inquiétude concernant l’absence de données fiables sur le statut de la micropotamogale dans le bien, et demande en outre aux États parties d’élaborer et de mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, un système de suivi écologique et de lutte anti-braconnage harmonisé et opérationnel afin de suivre la tendance évolutive des espèces clés de la VUE du bien et de l’intégrité de leurs habitats.
- Prend également note du dispositif réglementaire encadrant le développement des infrastructures dans la zone périphérique des parcs nationaux et réserves naturelles en Côte d’Ivoire, rappelle l’importance pour le bien de disposer d’une zone tampon comme décrite par les Orientations, et réitère une fois de plus sa demande auprès de l’État partie de la Côte d’Ivoire afin qu’il désigne et officialise une zone tampon pour la composante ivoirienne du bien selon les procédures des Orientations ;
- Accueillant favorablement l’implication du Centre de Gestion de l’Environnement des Monts Nimba-Simandou (CEGENS) dans le contrôle et le suivi de la mise en œuvre des dispositions nécessaires de gestion des impacts du projet routier Lola-N’zo – Danané qui traverse la zone tampon du bien dans la composante guinéenne, exprime également sa vive inquiétude quant aux potentiels impacts directs et indirects de ce projet sur la VUE du bien, et prie instamment les États parties de fournir dans les meilleurs délais des informations détaillées sur l’état d’avancement de ce projet ainsi que son tracé actuel et de s’assurer que ces impacts font l’objet d’une évaluation conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial avant toute prise de décisions ;
- Regrette que l’État partie de la Guinée n’ait fourni aucune information complémentaire concernant la soumission au Centre du patrimoine mondial de la version approuvée du projet de termes de référence (TdR) pour la mise à jour de l’étude d'impact environnemental et social (EIES) de Zali Mining SA, et réitère sa demande à l'État partie de soumettre les TdR approuvés au Centre du patrimoine mondial avant toute prise de décision ;
- Rappelant l’engagement de la Société des Mines de Fer de Guinée (SMFG) à réaliser une EIES complète du projet et conforme aux normes internationales, à être évaluée de manière indépendante par l'UICN, avant de prendre toute décision qui serait difficile à inverser, note avec la plus grande inquiétude la délivrance par le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable de la République de Guinée des approbations pour les TdR et les documents de cadrage de l’EIES pour le développement de la Phase 1 du Projet de Minerai de Fer de Nimba, malgré ses impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien comme indiqué par l’évaluation de la description succincte de la Phase 1 du projet, et demande par ailleursàl’État partie de la Guinée de s’assurer qu’aucun certificat de conformité environnementale ne soit délivré pour ce projet minier avant que ses impacts potentiels dans son entièreté n’aient fait l’objet d’une EIES ;
- Réitère également sa demande à l’État partie de la Guinée de veiller à ce que les EIES pour le projet de Minerai de Fer de Nimba et celui de la mine de fer de Zali Mining :
- soient réalisées selon les normes internationales les plus élevées, conformément au nouveau Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial, et en étroite concertation avec toutes les parties prenantes clés,
- identifient pleinement et quantifient les effets potentiels du projet sur la VUE du bien, à chaque phase de son cycle, y compris la construction et l’exploitation, en tenant compte des impacts synergiques et collatéraux également liés à la transformation sur site du minerai et à son transport, ainsi que des évolutions socioéconomiques à prévoir,
- soient soumises au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, avant toute décision d’approbation du projet;
- Note avec inquiétude les impacts individuels et cumulatifs potentiels des projets miniers sur la VUE du bien, essentiellement dans la composante guinéenne, et réitère également sa demande à l’État partie de la Guinée de ne pas accorder de nouveaux permis d’exploration ou d’exploitation minière autour du bien sans procéder à une évaluation environnementale stratégique (EES) afin évaluer les impacts, y compris les impacts synergiques et cumulatifs, de ces projets, et de la soumettre pour considération préalable au Centre du patrimoine mondial et pour examen par l'UICN, et de communiquer par ailleurs des éclaircissements supplémentaires concernant l’évaluation stratégique prévue par la Banque mondiale de tous les projets miniers en Guinée, en relation avec la VUE du bien ;
- Demande de plus aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2025, un rapport conjoint actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47esession ;
- Décide de maintenir la Réserve naturelle intégrale du mont Nimba (Côte d'Ivoire, Guinée) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
46 COM 8C.2
Mise à jour de la Liste du patrimoine mondial en péril (biens maintenus)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les rapports sur l’état de conservation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril (WHC/24/46.COM/7A, WHC/24/46.COM/7A.Add, WHC/24/46.COM/7A.Add.2, WHC/24/46.COM/7A.Add.3 et WHC/24/46.COM/7A.Add.4),
- Décide de maintenir les 55 biens suivants sur la Liste du patrimoine mondial en péril :
- Afghanistan, Paysage culturel et vestiges archéologiques de la vallée de Bamiyan
- Afghanistan, Minaret et vestiges archéologiques de Djam
- Autriche, Centre historique de Vienne
- Bolivie (État plurinational de), Ville de Potosí
- Côte d'Ivoire / Guinée, Réserve naturelle intégrale du mont Nimba
- Égypte, Abou Mena
- État de Palestine, Palestine : pays d’olives et de vignes – Paysage culturel du sud de Jérusalem, Battir
- État de Palestine, Vieille ville d’Hébron/Al-Khalil
- États-Unis d'Amérique, Parc national des Everglades
- Honduras, Réserve de la Biosphère Río Plátano
- Îles Salomon, Rennell Est
- Indonésie, Patrimoine des forêts tropicales ombrophiles de Sumatra
- Iraq, Assour (Qal'at Cherqat)
- Iraq, Hatra
- Iraq, Ville archéologique de Samarra
- Vieille ville de Jérusalem et ses remparts (site proposé par la Jordanie)
- Kenya, Parcs nationaux du Lac Turkana
- Liban, Foire internationale Rachid Karameh-Tripoli
- Libye, Ancienne ville de Ghadamès
- Libye, Site archéologique de Cyrène
- Libye, Site archéologique de Leptis Magna
- Libye, Site archéologique de Sabratha
- Libye, Sites rupestres du Tadrart Acacus
- Madagascar, Forêts humides de l’Atsinanana
- Mali, Tombeau des Askia
- Mali, Tombouctou
- Mali, Villes anciennes de Djenné
- Mexique, Îles et aires protégées du Golfe de Californie
- Micronésie (États fédérés de), Nan Madol : centre cérémoniel de la Micronésie orientale
- Niger, Réserves naturelles de l'Aïr et du Ténéré
- Ouzbékistan, Centre historique de Shakhrisyabz
- Panama, Fortifications de la côte caraïbe du Panama : Portobelo, San Lorenzo
- Pérou, Zone archéologique de Chan Chan
- République arabe syrienne, Ancienne ville d'Alep
- République arabe syrienne, Ancienne ville de Bosra
- République arabe syrienne, Ancienne ville de Damas
- République arabe syrienne, Villages antiques du Nord de la Syrie
- République arabe syrienne, Crac des Chevaliers et Qal’at Salah El-Din
- République arabe syrienne, Site de Palmyre
- République centrafricaine, Parc national du Manovo-Gounda St Floris
- République démocratique du Congo, Parc national de la Garamba
- République démocratique du Congo, Parc national de Kahuzi-Biega
- République démocratique du Congo, Réserve de faune à okapis
- République démocratique du Congo, Parc national des Virunga
- République-Unie de Tanzanie, Réserve de gibier de Selous
- Roumanie, Paysage minier de Roșia Montană
- Serbie, Monuments médiévaux au Kosovo
- Ukraine, Kyiv : Cathédrale Sainte-Sophie et ensemble des bâtiments monastiques et Laure de Kyiv-Petchersk
- Ukraine, Le centre historique d’Odesa
- Ukraine, Lviv – ensemble du centre historique
- Venezuela (République bolivarienne du), Coro et son port
- Yémen, Ancienne ville de Shibam et son mur d'enceinte
- Yémen, Hauts lieux de l'ancien royaume de Saba, Marib
- Yémen, Ville historique de Zabid
- Yémen, Vieille ville de Sana’a
Projet de décision: 46 COM 7A.45
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7A.Add.2,
- Rappelant les décisions 43 COM 7A.6, 44 COM 7A.40, et 45 COM 7A.4, adoptées respectivement à sa 43e session (Bakou, 2019), à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021) et à sa 45e session élargie (Riyad, 2023),
- Note avec satisfaction les efforts actuellement déployés par les États parties dans des circonstances difficiles afin de mettre en œuvre les mesures correctives, y compris les patrouilles de surveillance transfrontalières conjointes, le financement pour soutenir les opérations de gestion, la surveillance, le suivi écologique, l'appui aux populations riveraines et les activités transfrontalières, et la restauration des zones dégradées, et demande aux États parties de poursuivre la mise en œuvre de toutes les mesures correctives pour améliorer l’état de conservation du bien;
- Apprécie le soutien d'un nombre croissant de partenaires nationaux et internationaux à la conservation du bien, notamment l'UNESCO, l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), le Fonds pour l'environnement mondial (FEM), l'Union européenne (UE) et la Banque mondiale, et encourage les États parties à élaborer des programmes à long terme avec eux y compris des actions contribuant à l’atteinte des indicateurs du l'État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et à explorer d'autres opportunités de financement pour un maintien durable de l'intégrité écologique du bien ;
- Note avec inquiétude les avancées limitées dans le processus de validation du Plan d’aménagement et de gestion (PAG) de la partie guinéenne du bien ainsi que du Plan directeur incluant les deux composantes du bien et demande également aux États parties de fournir des informations détaillées sur l’état d’avancement de ces deux processus et de s’assurer que ces processus sont finalisés dans les meilleurs délais ;
- Note avec préoccupation que les données de suivi écologique des espèces clés qui représentent les attributs de la VUE du bien, notamment le chimpanzé, la micropotamogale et le crapaud vivipare restent très disparates d’une composante à l’autre, exprime son inquiétude concernant l’absence de données fiables sur le statut de la micropotamogale dans le bien et demande en outre aux États parties d’élaborer et de mettre en œuvre, dans les plus brefs délais, un système de suivi écologique et de lutte anti-braconnage harmonisé et opérationnel afin de suivre la tendance évolutive des espèces clés de la VUE du bien et de l’intégrité de leurs habitats.
- Prend également note du dispositif réglementaire encadrant le développement des infrastructures dans la zone périphérique des parcs nationaux et réserves naturelles en Côte d’Ivoire, rappelle l’importance pour le bien de disposer d’une zone tampon comme décrite par les Orientations et réitère une fois de plus sa demande auprès de l’État partie de la Côte d’Ivoire afin qu’il désigne et officialise une zone tampon pour la composante ivoirienne du bien selon les procédures des Orientations ;
- Tout en accueillant favorablement l’implication du Centre de Gestion de l’Environnement des Monts Nimba-Simandou (CEGENS) dans le contrôle et le suivi de la mise en œuvre des dispositions nécessaires de gestion des impacts du projet routier Lola-N’zo – Danané qui traverse la zone tampon du bien dans la composante guinéenne, exprime également sa vive inquiétude quant aux potentiels impacts directs et indirects de ce projet sur la VUE du bien, et prie instamment les États parties de fournir dans les meilleurs délais des informations détaillées sur l’état d’avancement de ce projet ainsi que son tracé actuel et de s’assurer que ces impacts font l’objet d’une évaluation conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial avant toute prise de décisions ;
- Regrette que l’État partie de la Guinée n’ait fourni aucune information complémentaire concernant la soumission au Centre du patrimoine mondial de la version approuvée du projet de termes de référence (TdR) pour la mise à jour de l’étude d'impact environnemental et social (EIES) de Zali Mining SA et réitère sa demande à l'État partie de soumettre les TdR approuvés au Centre du patrimoine mondial avant toute prise de décision ;
- Rappelant l’engagement de la Société des Mines de Fer de Guinée (SMFG) à réaliser une EIES complète du projet et conforme aux normes internationales, à être évaluée de manière indépendante par l'UICN, avant de prendre toute décision qui serait difficile à inverser, note avec la plus grande inquiétude la délivrance par le Ministère de l'Environnement et du Développement Durable de la République de Guinée des approbations pour les TdR et les documents de cadrage de l’EIES pour le développement de la Phase 1 du Projet de Minerai de Fer de Nimba, malgré ses impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien comme indiqué par l’évaluation de la description succincte de la Phase 1 du projet et demande par ailleurs à l’État partie de la Guinée de s’assurer qu’aucun certificat de conformité environnementale ne soit délivré pour ce projet minier avant que ses impacts potentiels dans son entièreté n’aient fait l’objet d’une EIES;
- Réitère également sa demande à l’État partie de la Guinée de veiller à ce que les EIES pour le projet de Minerai de Fer de Nimba et celui de la mine de fer de Zali Mining :
- soient réalisées selon les normes internationales les plus élevées, conformément au nouveau Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial, et en étroite concertation avec toutes les parties prenantes clés,
- identifient pleinement et quantifient les effets potentiels du projet sur la VUE du bien, à chaque phase de son cycle, y compris la construction et l’exploitation, en tenant compte des impacts synergiques et collatéraux également liés à la transformation sur site du minerai et à son transport, ainsi que des évolutions socioéconomiques à prévoir,
- soient soumises au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, avant toute décision d’approbation du projet;
- Note avec inquiétude les impacts individuels et cumulatifs potentiels des projets miniers sur la VUE du bien, essentiellement dans la composante guinéenne, et réitère également sa demande à l’État partie de la Guinée de ne pas accorder de nouveaux permis d’exploration ou d’exploitation minière autour du bien sans procéder à une évaluation environnementale stratégique (EES) afin évaluer les impacts, y compris les impacts synergiques et cumulatifs, de ces projets, et de la soumettre pour considération préalable au Centre du patrimoine mondial et pour examen par l'UICN, et de communiquer par ailleurs des éclaircissements supplémentaires concernant l’évaluation stratégique prévue par la Banque mondiale de tous les projets miniers en Guinée, en relation avec la VUE du bien ;
- Demande de plus aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2025, un rapport conjoint actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47esession ;
- Décide de maintenir Réserve naturelle intégrale du mont Nimba (Côte d'Ivoire, Guinée) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.