Vallée de Kathmandu
Facteurs affectant le bien en 2018*
- Habitat
- Infrastructures de transport aérien
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures de transport souterrain
- Installations localisées
- Système de gestion/plan de gestion
- Tremblement de terre
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Tremblement de terre (Violent séisme du 25 avril 2015)
- Habitat (Développement urbain incontrôlé ayant pour conséquence la perte du tissu urbain traditionnel, en particulier les maisons de propriétaires privés)
- Système de gestion/plan de gestion (Absence de mécanisme de gestion coordonné)
- Infrastructures de transport de surface (Construction d’une route à travers la forêt)
- Infrastructures de transport souterrain (Projet d’un tunnel routier dans la zone de monuments de Pashupati)
- Infrastructures de transport aérien (projet d’extension de l’aéroport international de Kathmandu)
- Services publics locaux (Nouveaux projets d’aménagement, en particulier, la reconstruction du temple Bhaidegah
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2018
Montant total accordé : 10 millions de dollars EU (1979-2001) de la Campagne de sauvegarde internationale ; 45 000 dollars EU (2005) et 20 000 dollars EU (2011) du Fonds-en-dépôt néerlandais. Plusieurs projets extrabudgétaires de l’UNESCO ont été approuvés fin 2015/début 2016 pour la sauvegarde, la conservation et la réhabilitation d’urgence après le séisme de la vallée de Kathmandu. Ils comprennent 1 million de dollars EU du groupe chinois Hainan Airlines (Fondation Cihang), 250 000 dollars EU de la Fondation Fok basée à Hong Kong, 145 000 dollars EU du Fonds-en-dépôt japonais de l'UNESCO, 100.000 dollars EU de la Banque d'investissement du Népal et 18.000 dollars EU de contributions volontaires.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Montant total approuvé : 417 619 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2018**
Février 2003 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; avril 2007 : mission de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; mars 2011 : mission conjointe de conseil d’un expert international de l’UNESCO ; novembre 2011 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; octobre-novembre 2015 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; mars 2017 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018
Le 31 janvier 2018, l'État partie a soumis un rapport sur l'état de conservation, disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/121/documents, qui met l'accent sur les points suivants :
- Après le tremblement de terre de 2015, le Département d'archéologie (DoA) du Népal a amélioré sa capacité à gérer le patrimoine culturel endommagé et sa réhabilitation à tous les niveaux. Les effectifs du DoA, en particulier les archéologues, ingénieurs, architectes et autres personnels de soutien, ont été renforcés et se concentrent sur les travaux de réhabilitation avec l’aide de différents spécialistes de haut niveau qui apportent leur concours au processus de conservation, de reconstruction et de réhabilitation post-sismiques. Des activités de recherche et de documentation poussées ont également été menées tout au long de la période couverte par le rapport ;
- Bien que les sept zones de monuments protégées aient souffert de la catastrophe et que les principaux monuments aient été touchés, cela ne représente qu’environ 17% de l’ensemble des monuments situés sur le territoire du bien du patrimoine mondial, chiffre que l'État partie ne considère pas comme particulièrement important ;
- L'État partie estime que ces monuments peuvent être réhabilités dans le cadre de la tradition népalaise de renouvellement cyclique et s'engage à utiliser des techniques traditionnelles de conservation et de reconstruction, ainsi que des matériaux de construction traditionnels, et les projets de conservation, de reconstruction et de réhabilitation post-sismiques ont été réalisés en utilisant le système traditionnel de conservation et de réhabilitation du patrimoine culturel ;
- Le DoA a préparé le plan de six ans et le Plan global de récupération, et a mis en œuvre des directives post-sismiques pour la conservation, la reconstruction et la réhabilitation. L'État partie considère qu'il n'y aura pas d'impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien à la fin du processus de reconstruction et de réhabilitation ;
- Les activités de conservation, reconstruction et réhabilitation post-sismiques ont été menées conformément au plan de six ans et au Plan global de récupération, et les travaux sont réalisés avec la participation des communautés, ce qui assure aux communautés locales des avantages sociaux et économiques ;
- L'État partie a alloué un budget suffisant pour la conservation, la reconstruction et la réhabilitation du patrimoine culturel. Le DoA a également reçu un important soutien de la communauté internationale, surtout un appui technique, humain et financier, et cherche l'appui de sources gouvernementales et non gouvernementales et de la communauté internationale pour soutenir le processus de réhabilitation post-sismique ;
- L'État partie s'apprête à inviter une mission consultative de l'UNESCO avant la 42e session du Comité du patrimoine mondial, afin d’obtenir des conseils et des orientations pour le Plan global de récupération existant ;
- Enfin, l'État partie indique qu'il a travaillé dur pour la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien et demande au Comité du patrimoine mondial de ne pas inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Le rapport fournit également quelques informations sur les progrès accomplis pour les différents monuments des sept zones de monuments protégées du bien.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018
Il est recommandé au Comité de reconnaître l'engagement de l'État partie et le travail considérable qu'il a fourni pour la restauration du bien, notamment ses efforts pour renforcer les capacités, ainsi que le travail effectué par d'autres agences internationales. Cependant, il faut reconnaître que l'ampleur et la portée de la catastrophe vont bien au-delà des capacités et des ressources du DoA, qui ne permettent pas d’apporter des solutions suffisantes ou de coordonner le travail des autres agences.
Au moment de la rédaction du présent document, le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives n'avaient ni reçu l'invitation de l’État partie à une mission consultative sur le bien, ni les termes de référence de celle-ci, comme le Comité l’y avait fortement encouragé dans sa décision précédente.
Les résultats détaillés des missions de suivi réactif d'octobre 2015 et de mars 2017 montrent clairement que le bien est confronté à une grave détérioration de sa cohérence architecturale et urbanistique. Cela est dû non seulement aux conséquences immédiates du tremblement de terre, mais également, et de façon préoccupante, à la plupart des travaux entrepris au cours du processus de récupération qui a suivi, et qui s’ajoutent à la perte progressive de l'intégrité et de l'authenticité du bien. Le rapport de mission de 2017 décrit en détail l’ampleur et la portée des dommages observés dans toutes les zones de monuments deux ans après le tremblement de terre, le manque de soutien ou de protection pour de nombreuses zones endommagées, la démolition des structures annexes et la dégradation des zones résidentielles et des locaux commerciaux. La lenteur dans la récupération du bien et les travaux de restauration préjudiciables effectués sur certains monuments semblent illustrer les faiblesses de la gestion actuelle, l’absence de planification ou de coordination adéquate et le manque total de capacités à entreprendre le travail nécessaire de documentation, de recherche et d’analyse devant étayer tous les travaux. Il est regrettable que les recommandations des deux missions n'aient pas été systématiquement et pleinement suivies et mises en œuvre par l'État partie.
Les menaces potentielles et avérées identifiées par les missions susmentionnées sont si considérables que le processus de récupération doit être accéléré et rendu plus efficace. Pour réaliser la tâche immense qui reste à accomplir pour assurer la restauration du bien qui a besoin de plus soutien et plus de structures permettant une réponse proportionnée aux menaces importantes auxquelles il est confronté ; il lui faut également un plan global de récupération cohérent et coordonné, ainsi que des plans de récupération pour les différentes zones de monuments. Des mécanismes plus solides sont également nécessaires pour coordonner et contrôler les projets entrepris par les agences internationales, ainsi que des orientations générales applicables à tous les projets, et l'élaboration de justifications claires pour les interventions basées sur des preuves et de la documentation. À ces fins, il est recommandé au Comité d’encourager l'État partie à mettre en place, avec l'appui technique du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives, un mécanisme international de pilotage et de coordination scientifique, chargé d'aider l'État partie à mettre en place des structures pour coordonner et guider la récupération du bien et de sa VUE et équilibrer les besoins du tissu du bien avec les besoins sociaux et économiques de ses communautés.
Malgré les bonnes mesures adoptées par l'État partie, le processus de récupération n'est pas actuellement à un niveau suffisant pour traiter les principaux problèmes survenus suite au tremblement de terre. Il est inquiétant de constater l’absence de preuves pour étayer les travaux engagés, qui souvent ne respectent pas les structures, les matériaux et les pratiques locales traditionnelles spécifiques. Cela a des conséquences sur la VUE du bien et pourrait lui faire subir des dommages encore plus graves à l'avenir. Par conséquent, il est évident que le bien est confronté actuellement à des menaces réelles et potentielles pour sa VUE, conformément au paragraphe 179 des Orientations.
Compte tenu de ce qui précède, il est vivement recommandé au Comité d’envisager d'inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, afin que des mesures immédiates puissent être prises pour concentrer la récupération sur des projets qui soutiennent les attributs de la VUE, en particulier les structures et les matériaux de construction spécifiques, afin d'éviter des actions de reconstruction et de conservation problématiques et préjudiciables à l'authenticité. Il est également recommandé d’encourager la communauté internationale à continuer d’apporter son soutien, pour aider les communautés locales en matière de logement et de besoins sociaux, ainsi que pour la conservation et la reconstruction.
Enfin, il convient de rappeler que la mission de mars 2017 a discuté en détail avec l'État partie des mesures techniques, juridiques, de planification et de gestion nécessaires pour la récupération des attributs de la VUE. Ces mesures pourraient être considérées comme une contribution à l’Etat de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR), que l'État partie devrait proposer à la suite d'une inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2018
42 COM 7B.12
Vallée de Kathmandu (Népal) (C 121bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.95 adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
- Reconnaît l'engagement résolu de l'État partie et le travail qu’il a entrepris pour la récupération du bien, en particulier ses efforts dans le domaine du renforcement des capacités, ainsi que les efforts des agences internationales et le plan sexennal pour la reconstruction des monuments endommagés par le tremblement de terre ;
- Reconnaît également l'ampleur et la portée de la catastrophe (telles que décrites dans les rapports de missions conjointes de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM sur le bien d’octobre 2015 et de mars 2017), le travail louable entrepris et la détérioration grave et continue de la cohérence architecturale et urbanistique du bien occasionnée par les impacts immédiats des tremblements de terre ;
- Constate que le rythme des travaux de récupération du bien et les travaux de restauration qui ont endommagé certains monuments semblent attester le besoin actuel d’amélioration des capacités de gestion de l’ensemble du bien afin d’entreprendre les travaux de documentation, de recherche et d’analyse nécessaires qui devraient étayer tous les travaux de récupération ;
- Demande que les recommandations des missions d'octobre 2015 et de mars 2017 soient systématiquement mises en œuvre et pleinement suivies, de la meilleure façon possible, par l'État partie ;
- Encourage l'État partie à inviter le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives à apporter leur appui technique afin de l’aider à mettre en place des structures destinées à coordonner et guider la récupération du bien et de sa valeur universelle exceptionnelle (VUE) ;
- Estime également que les menaces potentielles et avérées sur la valeur universelle exceptionnelle du bien sont si considérables que le processus de récupération doit être rendu plus efficace, que l'ampleur et la portée de la catastrophe et la réponse requise vont bien au-delà de la capacité et des ressources du Département d'archéologie du Népal (DoA) et estime également qu’une intervention, une collaboration et une coordination considérablement renforcées sont nécessaires de la part de la communauté internationale ;
- Demande à l’État partie de s’engager résolument à utiliser des méthodes et des matériaux adéquats pour les travaux de récupération ;
- Réitère sa demande auprès de l’État partie afin qu’il intègre le plan global de récupération (PGR) du bien dans un programme socioéconomique global de revitalisation des communautés urbaines, qu’il encourage les résidents et les entrepreneurs locaux à prendre part à ce processus de récupération et qu’il veille à ce que ce processus procure de grands avantages sociaux et économiques ;
- Appelle la communauté internationale à soutenir le travail urgent de récupération entrepris par l'État partie en octroyant une assistance financière, technique ou une expertise tout en soutenant les communautés locales pour leur logement et leurs besoins sociaux ;
- Suggère à l’État partie d’inviter une mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM afin d’estimer les progrès réalisés par l’État partie dans la mise en œuvre du PGR sexennal et le soutien accordé à celui-ci, et de dispenser des conseils pour sa révision, et recommande que cette mission ait lieu d’ici la fin 2018 ;
- Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019 afin de garantir le maintien de la VUE du bien.
Projet de décision : 42 COM 7B.12
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.95 adoptée à sa 41e session (Cracovie, 2017),
- Reconnaît l'engagement résolu de l'État partie et le travail qu’il a entrepris pour la récupération du bien, en particulier ses efforts dans le domaine du renforcement des capacités, ainsi que les efforts des agences internationales ;
- Reconnaît également l'ampleur et la portée de la catastrophe (telles que décrites dans les rapports de missions conjointes de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/ICCROM sur le bien d’octobre 2015 et de mars 2017), la réponse louable, mais lente et inadéquate mise en place pour la récupération du bien ;
- Se déclare préoccupé par la détérioration continue et sérieuse de sa cohérence architecturale et urbanistique du bien résultant non seulement des conséquences immédiates du tremblement de terre, mais aussi de certains travaux entrepris pendant le processus de récupération qui a suivi, et qui s’ajoutent à la perte progressive de l'intégrité et de l'authenticité du bien ; et que les travaux de restauration dommageables entrepris sur certains monuments illustrent les faiblesses de la gestion actuelle du bien, l’absence de contrôle ou de coordination adéquate, et le manque total de capacités à entreprendre le nécessaire travail de documentation, de recherche et d’analyse qui devrait étayer tous travaux de récupération ;
- Regrette que les recommandations des missions d'octobre 2015 et de mars 2017 n'aient pas été systématiquement et pleinement suivies et mises en œuvre par l'État partie ;
- Estime que, pour mener à bien le travail considérable nécessaire pour récupérer le bien, il convient de mettre en place des structures de collaboration et de coordination beaucoup plus solides autour du soutien apporté par la communauté internationale ;
- Encourage l'État partie à mettre en place, avec l'appui technique du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives, un mécanisme international de pilotage et de coordination scientifique, afin de l’aider à mettre en place des structures destinées à coordonner et guider la récupération du bien et de sa valeur universelle exceptionnelle (VUE) ;
- Estime également que les menaces potentielles et avérées sur la valeur universelle exceptionnelle du bien sont si considérables que le processus de récupération doit être rendu plus efficace, que l'ampleur et la portée de la catastrophe et la réponse requise vont bien au-delà de la capacité et des ressources du Département d'archéologie du Népal (DoA) ;
- Estime en outre que l'inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril garantira que des mesures immédiates seront prises pour concentrer la récupération sur des projets qui soutiennent les attributs de la VUE, particulièrement les structures et matériaux de construction spécifiques, afin d'éviter que la reconstruction et la conservation ne soient problématiques et préjudiciables à l'authenticité ;
- Décide donc, conformément au Paragraphe 179 des Orientations, d'inscrire la Vallée de Kathmandou (Népal) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
- Demande à l'État partie d’établir, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, une proposition concernant l’Etat de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et une série de mesures correctives, ainsi que le calendrier de leur mise en œuvre, pour adoption par le Comité à sa 43e session en 2019 ;
- Appelle la communauté internationale à soutenir le travail urgent de récupération entrepris par l'État partie en octroyant une assistance financière, technique ou une expertise tout en soutenant les communautés locales pour leur logement et leurs besoins sociaux ;
- Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.