Zones historiques d'Istanbul
Facteurs affectant le bien en 2011*
- Activités de gestion
- Habitat
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures de transport souterrain
- Système de gestion/plan de gestion
- Autres menaces :
a) Dégradation continue de l’architecture vernaculaire dans les zones protégées (surtout des maisons en bois de la période ottomane dans les quartiers de Zeyrek et Süleymaniye) ;
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Dégradation continue de l’architecture vernaculaire dans les zones protégées (surtout des maisons en bois de la période ottomane dans les quartiers de Zeyrek et Süleymaniye) ;
b) Qualité des réparations et de la reconstruction des murs romains et byzantins et des structures des palais annexes, comme Tekfur Saray et le ‘donjon d’Anemas’ (palais des Blachernes) ;
c) Développement incontrôlé et absence de plan de gestion du patrimoine mondial ;
d) Absence de coordination entre les autorités nationales et municipales, et entre les instances décisionnaires dans le domaine de la sauvegarde du patrimoine mondial sur le site ;
e) Impacts potentiels des nouveaux bâtiments et des projets d'aménagement sur le site du patrimoine mondial, notamment dans le cadre de la Loi 5366, et absence d'étude d'impact avant la mise en œuvre de projets de grande envergure ;
f) l'impact potentiel du nouveau projet de pont de métro traversant la Corne d'Or.
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2011
Montant total accordé au bien : 211 900 dollars EU (conservation de Sainte-Sophie); 36 686,30 dollars EU (Convention France-UNESCO); 155 000 dollars EU (dans le cadre de la Campagne internationale de sauvegarde d'Istanbul et Göreme)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2011
Montant total approuvé : 452 208 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2011**
2000, 2001, 2002, 2003, 2004 : missions du Centre du patrimoine mondial ; avril 2006, mai 2008, mars 2009 : missions conjointes de suivi réactif Centre du patrimoine mondial / ICOMOS.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2011
Le 7 février 2011, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation.
a) Élaboration d’un plan de gestion
L’État partie a soumis un aperçu du projet de plan de gestion pour Istanbul, préparé par trois universités et un consultant privé (un cabinet d’architecte). A ce stade, il semble que ce projet ne reflète pas encore la complexité du bien urbain ni n’expose un système de gestion qui pourrait réunir toutes les principales parties prenantes pour qu’elles s’accordent sur les contraintes et mécanismes appropriés visant à garantir le maintien de la valeur universelle exceptionnelle (VUE). En outre, le projet de plan ne relie pas la gestion du plan au fait que quelque 40% de l’ensemble de la péninsule historique ont été déclaré zones de rénovation urbaine, dont la quasi totalité des rivages de la péninsule historique, qui reflètent les liens essentiels existant entre le bien inscrit et son développement maritime. Il semble que le projet ne fournisse que des orientations limitées sur la manière de traiter l’impact des travaux majeurs d’infrastructure et de transport sur le tissu historique, la péninsule historique et son cadre. La conservation urbainedes quartiers de Suleymaniye, de Zeyrek et d’autres quartiers de Fatih ne semble pas avoir été pleinement prise en considération dans le cadre des programmes majeurs de “régénération” proposés : ils ne comportent pas de politiques claires pour les quartiers – les derniers exemples subsistant des quartiers urbains de la période ottomane. Le projet ne prévoit pas non plus de politiques concernant le tourisme dans la péninsule historique, le maintien de l’intégrité du bien et la protection des principales perspectives et silhouettes.
Toutefois, le 17 mars 2011, l’État partie a informé le Centre du patrimoine mondial des progrès encore accomplis pour finaliser le plan de gestion. L’État partie a soumis, le 15 avril 2011, un exemplaire plus détaillé du premier projet rédigé en turc. Il a également précisé que le plan de gestion serait applicable à l’ensemble de la péninsule historique, conformément à la législation turque fixant son statut de site bénéficiant de la conservation. Le 22 avril 2011, l’État partie a annoncé au Centre du patrimoine mondial que le texte du plan de gestion avait été modifié conformément aux commentaires du “Conseil consultatif”. Et le 5 mai 2011, l’État partie a signalé que ce projet “final” avait encore été discuté par l’Autorité de gestion du site d’Istanbul. Le 16 mai 2011, peu avant la finalisation de ce document, l’État partie a soumis au Centre du patrimoine mondial la nouvelle version du projet de plan de gestion, datée avril 2011, rédigée en turc. Le Conseil de suivi et de coordination va poursuivre son examen du projet révisé, qui devrait être approuvé peu de temps après.
Le rapport sur l’étude de l’impact visuel (EIV) du pont de métro de la Corne d’Or, commandé par les autorités turques (voir (h) ci-dessous) contient des commentaires sur les nombreuses déficiences de communication au sein de la structure de gestion, aussi bien avec le Centre du patrimoine mondial qu’entre les autorités elles-mêmes. Il souligne également que des zones de protection existantes, situées au-delà du bien inscrit et associées à son intégrité visuelle, ne sont pas intégrées dans le plan de gestion, tandis que d’autres éléments faisant partie du cadre, tels que Kasimpasa et Uskadar, ne sont ni intégrés dans le plan, ni protégés. Il insiste sur la nécessité de protéger la péninsule historique en tant que partie du paysage plus vaste, dans la mesure où les zones urbaines d’Eyup, de Beyoglu/Galata et d’Uskudur (péninsule asiatique) et les îles des Princesses de la mer de Marmara contribuent à sa valeur globale et « devraient être incorporées dans le système de gestion du site aussi rapidement que possible ». Ceci vise à garantir que les futures mesures d’aménagement développement seront compatibles avec la valeur universelle exceptionnelle.
b) Stratégie / programme de réhabilitation de maisons ottomanes
L’État partie fait état d’un certain nombre de projets de restauration en cours dans les quartiers de Suleymaniye et Zeyrek. Le rapport de l’État partie mentionne, sans donner plus de détails, la mise en œuvre du « Programme de réparation de maisons en bois”, visant à fournir une assistance financière et technique aux propriétaires de bâtiments.
c) Projets de rénovation urbaine et évaluations de leur impact
Une lettre du directeur général du patrimoine mondial et des musées a été envoyée à toutes les autorités impliquées dans les sites inscrits sur la Liste patrimoine mondial ou sur la Liste indicative, leur demandant d’éviter tout projet majeur qui pourrait avoir un impact sur la valeur universelle exceptionnelle des biens du patrimoine mondial et nécessiterait une notification au Centre du patrimoine mondial, conformément aux dispositions du paragraphe 172 des Orientations. S’agissant des projets de rénovation urbaine, l’État partie confirme que les valeurs culturelles et les caractéristiques spatiales des zones concernées ont été prises en compte.
d) Déclaration rétrospective de la valeur universelle exceptionnelle
L’État partie a également soumis un projet de Déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle, qui sera examiné par le Comité du patrimoine mondial sous le point 8 de l’ordre du jour (Document WHC-11/35.COM/8E).
e) Plan de circulation
Aucune information spécifique n’a été fournie. Toutefois, l’étude de l’impact visuel du pont de métro de la Corne d’Or (voir (h) ci-dessous) contient des commentaires sur la stratégie des transports actuelle et sur le fait que les études de la circulation montrent que la planification actuelle du réseau ne sera pas suffisante pas pour répondre aux exigences futures.
f) Projet du tunnel du chemin de fer de Marmaray
L’État partie n’a pas donné de nouvelles informations sur ce projet, notamment sur l’impact des stations sur le paysage historique.
g) Projet du tunnel du Bosphore pour le passage de véhicules motorisés
L’État partie annonce que le projet a été approuvé dans son principe en octobre 2010 et comportait une étude de l’impact social et environnemental du projet de tunnel Eurasia.
L’étude de l’impact n’incluait pas d’étude spécifique de l’impact sur les attributs de la valeur universelle exceptionnelle du bien. Elle arrive cependant à la conclusion que « le projet est proche de la péninsule historique d’Istanbul, classée par l’UNESCO. Le projet a le potentiel d’avoir des impacts directs et indirects sur cet important site culturel international durant les travaux de construction et la réalisation du projet ». Elle souligne que des modifications ont été apportées à la conception afin qu’« aucune des structures ne dépasse une hauteur d’environ 6 m au-dessus du niveau du sol existant et qu’elles soient toutes en-dessous de la ligne dessinée par les anciennes digues et la ville située au-delà, de sorte qu’aucun élément structurel ne vienne perturber la perspective sur la vieille ville. Les révisions importantes de la conception portent notamment sur une réduction de la hauteur des bâtiments de service qui deviennent des structures à un étage et sur la suppression de la signalisation sur la barrière de péage. Elle indique en outre que le contact devrait être maintenu avec le Centre du patrimoine mondial pendant la durée de la construction. Selon l’État partie, ce projet réduira le volume du trafic à l’intérieur de la péninsule historique, même si quelques rues connaîtront une légère augmentation de la circulation.
h) Évaluation de l’impact du pont de métro de la Corne d’Or sur le patrimoine
L’État partie a soumis un rapport sur l’étude d’impact visuel (EIV) du pont du métro de la Corne d’Or, commandé à un groupe d’experts indépendants de l’Université d’Aix-la-Chapelle, en consultation avec un comité de pilotage international. L’État partie a également remis un rapport distinct établi par une autre équipe d’experts internationaux et intitulé Etude de l’impact visuel historique (EIVH). Cette étude fait partie de recherches menées dans le cadre d’un doctorat à l’université de Nuova Gorica et à l’université IUAV de Venise. Ces deux études ont été commandées par la municipalité métropolitaine d’Istanbul.
Les auteurs du rapport sur l’EIV reconnaissent que cette étude avait un caractère inhabituel dans la mesure où elle intervenait après l’approbation des appels d’offre, le démarrage de la construction des pylônes et la mise en place des lignes de métro aux deux extrémités.
Le rapport sur l’EIV examine l’impact potentiel sur la valeur universelle exceptionnelle du bien qui serait généré par un pont de métro à haubans, supporté par deux pylônes de 65 m et doté d’une station près de son centre. Il précise que l’analyse de cet impact a été entreprise en conformité avec le Guide de l’ICOMOS pour les évaluations d'impact sur le patrimoine appliquées aux biens du Patrimoine Mondial et basées sur la valeur universelle exceptionnelle. Le projet 2010 de déclaration rétrospective de valeur universelle exceptionnelle n’a visiblement pas été utilisé. L’EIV confirme la très grande envergure du pont proposé et le caractère sensible de son emplacement prévu au-dessus de la Corne d’Or. Diverses images incluses dans l’EIV montrent l’impact potentiel du pont sur la valeur universelle exceptionnelle du bien. Elle indique en conclusion qu’à partir de certaines perspectives, les pylônes rivalisent sur la ligne d’horizon avec le minaret de la mosquée Suleymaniye et que le tablier du pont ajoute un nouvel élément à la silhouette de la vielle ville, qui « doit être qualifié d’impact grave sur la ligne d’horizon de la ville ». En outre, le tablier du pont a une hauteur supérieure à celle des autres ponts et sa présence « modifie sensiblement le paysage urbain historique» et a « un grave impact sur le rivage qui est un élément sensible ». Il était également souligné dans un texte préliminaire que le pont proposé modifierait profondément les relations visuelles présentées par des points saillants de la péninsule historique et de Beyoglu/Galata et altérerait profondément l’impression générale dégagée par le paysage historique. D’une manière générale, il déclarait que la structure du pont perturberait le paysage urbain dans l’ensemble du cœur de la Corne d’Or et produirait de graves effets négatifs sur la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Afin d’atténuer cet impact, les experts de l’EIV, en collaboration avec le comité de pilotage, ont organisé un atelier en vue d’examiner des modifications à apporter au pont, avec les conseils d’ingénieurs du génie civil. La discussion sur les révisions a pris en compte les contraintes extrêmes – le creusement des fondations déjà réalisé pour les pylônes, la nécessité de réduire le nombre de supports pour abaisser les coûts, la nécessité d’optimiser le flux de l’eau et d’utiliser les lignes de métro déjà achevées aux deux extrémités. Les modifications possibles se limitaient donc à des ajustements de la hauteur des pylônes, ramenée à 48 m; à une légère diminution de leur largeur, à des changements apportés à la structure en verre de la station de métro en vue de l’alléger et à des modifications du positionnement du viaduc aux deux extrémités.
Une autre EIV fut alors entreprise sur les concepts révisés. Elle semblait indiquer une perturbation réduite de la perspective présentée par certains points situés à un niveau bas ou élevé, tout en précisant qu’à un niveau encore inférieur le changement serait gravement négatif et que les viaducs proposés conduiraient à perturber le tissu urbain d’une manière importante. En outre, il pourrait se produire une forte pollution sonore. Quoiqu’il en soit, cette question n’a pas pu être évoquée, par manque de temps.
Par ailleurs, l’EIV a recommandé que le lien entre la péninsule historique et l’eau, qui a joué un rôle déterminant dans le développement d’Istanbul, soit exprimé dans la déclaration de valeur universelle exceptionnelle et que les zones côtières proposées en tant que « zones de rénovation urbaine » dans le projet de plan de gestion soient examinées avec un soin extrême.
D’une manière générale, les experts ayant effectué l’EIV ont considéré que les recommandations concernant les modifications du pont constituaient simplement une étape initiale et que le développement ultérieur de ce projet devrait être guidé par une sorte de groupe d’experts qui serait chargé d’examiner également le cadre plus large de l’aménagement et de la gestion de la péninsule historique et, en particulier, les futurs projets d’infrastructure.
Le projet de pont avait été approuvé en 2005, mais avait été examiné pour la première fois en 2006 par le Comité qui avait alors demandé une étude d’impact en conformité avec les normes internationales. Malgré les nombreuses demandes réitérées concernant la prise en compte dans les études d’impact des solutions alternatives au pont à haubans, l’étude d’impact indépendante ne fut pas réalisée avant 2010, date à laquelle toutes les autorisations nécessaires étaient en place et où les travaux de construction avaient démarré. Les travaux furent suspendus en août 2010, en conformité avec les recommandations de la 34e session du Comité.
Le second rapport, intitulé Évaluation de l’impact visuel et historique,suggère d’utiliser une série d’indicateurs pour comprendre les projets et leur contexte, comme les significations fonctionnelles, visuelles etc. Sur la base de ces indicateurs, il propose des moyens pour effectuer une évaluation préliminaire de l’impact du pont de la Corne d’Or, basée sur le guide de l’ICOMOS.
Il estime que toute analyse doit commencer par une évaluation de l’état de conservation actuel des bâtiments, monuments, infrastructures etc., visant à définir les éléments perceptibles, symboliques, fonctionnels, historiques et visuels, mais qu’à l’heure actuelle il est nécessaire de réunir des informations en se servant de cartes et autres sources d’information, puisqu’en l’absence de plan de gestion, nombre de ces données ne sont pas disponibles. Ensuite, l’analyse doit identifier les perspectives chargées de sens et les diverses options dont l’impact est soumis à examen.
Le 15 avril 2011, l’État partie a annoncé au Centre du patrimoine mondial que les autorités turques avaient apporté des modifications à la conception du pont, conformément aux conclusions des deux études d’impact. Les autorités turques indiquaient que la structure des haubans serait abaissée à 47 m, que les deux tiers de la structure de la station de métro avaient été annulés, que le diamètre des pylônes du pont avait été réduit à 8,5 m, que les câbles de suspension courbes ne faisaient plus que 17 cm et que des panneaux transparents pour prévenir la pollution sonore et des projets d’aménagement paysager avaient été ajoutés (bien qu’aucun détail n’ait été fourni à leur sujet).
i) Sensibilisation
Par ailleurs, l’État partie a informé le Centre du patrimoine mondial, le 26 avril, de la traduction en turc des orientations de l’ICOMOS pour les évaluations d'impact sur le patrimoine appliquées aux biens du patrimoine mondial, aux fins de sa diffusion, par voie de circulaire, aux autorités compétentes en vue d’orienter le processus de la future évaluation du projet. En outre, le Centre du patrimoine mondial a été informé d’une campagne à but non lucratif intitulée « We should not ignore it » (Nous ne devrions pas l’ignorer) organisée par un grand groupe privé de médias visant à sensibiliser les citoyens et les communautés locales et à les inviter à s’engager en faveur de la protection du patrimoine culturel de la Turquie.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2011
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives prennent note de l’EVI détaillée réalisée pour le pont du métro de la Corne d’Or et basée sur le Guide de l’ICOMOS et, en particulier, de sa conclusion indiquant que le pont proposé aurait un grave impact négatif sur ce que le rapport de l’EVI décrit comme « le paysage urbain d’Istanbul le plus intact, représentant un trésor inestimable, qui est étroitement interconnecté avec les valeurs et les attributs du bien du patrimoine mondial ».
L’EVI a été effectuée dans des circonstances difficiles, quelque cinq années après l’approbation de l’emplacement du pont et postérieurement au démarrage de ses travaux de construction. Cet impact négatif étant reconnu, la marge de manœuvre était étroite pour pouvoir identifier des mesures d’atténuation. Dans les limites extrêmement étroites de leurs attributions, les experts ont recommandé une réduction de la hauteur des pylônes du pont et un allègement de la toiture de la station de métro, recommandations désormais acceptées par l’État partie. Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives notent que le rapport reconnaît que les changements proposés ne supprimeraient pas l’impact négatif global mais qu’elles pourraient l’atténuer dans une certaine mesure, pour certaines perspectives, et améliorer légèrement l’impact des viaducs aux deux extrémités du pont.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives observant que, nonobstant le fait que le Comité du patrimoine mondial a déjà débattu de la conservation du bien à ses 27e, 28e, 29e, 30e, 31e, 32e, 33e et 34e sessions (de 2003 à 2010), ce projet majeur n’avait pas été porté à l’attention du Comité du patrimoine mondial au stade le plus précoce possible et que les travaux n’avaient été arrêtés qu’à la suite des recommandations émises à la 34e session.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives recommandent que le Comité du patrimoine mondial souligne le caractère regrettable de cette situation qui reflète de graves discontinuités dans la communication au sein des autorités de gestion et de planification d’Istanbul, l’absence de communication adéquate avec le Centre du patrimoine mondial, l’absence de stratégie générale pour la gestion du trafic et l’absence de plan de gestion solide et approuvé pour le bien. Ils rappellent qu’à plusieurs reprises lors des sept dernières sessions, le Comité du patrimoine mondial a exprimé ses inquiétudes au sujet des dispositions législatives et de l’absence de zone tampon de protection.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives prennent note du fait qu’un plan de gestion est en préparation et que les autorités doivent encore en soumettre la version finale. Ils considèrent que l’aperçu du projet, tel que soumis en février 2011, ne traite pas suffisamment les besoins complexes et multidisciplinaires de la ville. Le plan exige d’être plus amplement développé afin de définir une approche de la gestion structurée et coordonnée, avec une définition claire des rôles et responsabilités, pour garantir l’efficacité du système de gestion du paysage urbain historique du bien, et avec prise en compte de la complexité et de la taille du bien, de ses multiples défis et de la nécessité d’obtenir des renseignements de la part d’un large éventail de parties prenantes, tant publiques que privées. Pour y parvenir, il est nécessaire d’instaurer des partenariats actifs entre toutes les autorités compétentes, les citoyens et les groupes de parties prenantes. Le plan de gestion devrait refléter le développement d’un cadre de planification et de protection qui soit basé sur une analyse approfondie des éléments du patrimoine qui maintiennent la valeur universelle exceptionnelle Le plan doit également s’appuyer sur des plans de tourisme et de circulation pour assurer une synergie entre les moyens employés pour traiter les divers besoins et exigences du bien dans le contexte du maintien de la valeur universelle exceptionnelle.
Ils notent également que les propositions actuellement envisagées pour améliorer le transport, parmi lesquelles le Projet du tunnel du Bosphore pour le passage de véhicules motorisés et le projet du tunnel du chemin de fer de Marmaray ne sont pas considérés comme appropriés pour procurer un système de transport général et durable, comme le rapport de l’EIV le reconnaît. Le plan de gestion devrait également prendre en compte le cadre plus vaste du bien et, en particulier, le lien stratégique existant entre la terre et l’eau. Il est recommandé que le Comité du patrimoine mondial indique la nécessité de mettre en place une zone tampon de protection afin de reconnaître les relations de symbiose entre le bien et son cadre, d’une part, le bien et la ligne d’horizon, d’autre part. Cette question et celle d’une gestion et planification intégrées n’a pas été abordée, malgré les demandes du Comité du patrimoine mondial à ses sessions précédentes.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives sont d’avis que, même en cas de modifications conformes aux suggestions, le pont de la Corne d’Or proposé aurait un impact négatif sur la valeur universelle exceptionnelle. Bien que le pont rejoigne des lignes de métro existantes, que les travaux aient commencé sur les piliers (quoique maintenant arrêtés) et que la marge de manœuvre semble extrêmement limitée pour modifier la structure d’ensemble, ils soulignent néanmoins que tous les efforts devraient être entrepris pour envisager d’autres mesures atténuation qui pourraient être possibles, reprenant à leur compte la suggestion d’un groupe consultatif d’experts indépendants, telle qu’exposée par les experts ayant réalisé l’EIV.
Le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives soulignent en outre que le projet de pont est symptomatique d’une vaste gamme de menaces pesant sur le bien, identifiées dans les rapports du Comité du patrimoine mondial au cours des sept dernières années, qui n’ont pas été systématiquement traitées au travers du développement d’un système de gestion coordonnée, de stratégies de conservation coordonnées, de stratégies de développement spécifiques, y compris des stratégies de tourisme et de circulation, comme demandé par le Comité du patrimoine mondial, si bien que l’ensemble du bien est vulnérable à des menaces constantes, persistantes et d’une grande portée.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2011
35 COM 7B.111
Zones historiques d'Istanbul (Turquie) (C 356)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-11/35.COM/7B.Add,
2. Rappelant les décisions 32 COM 7B.11, 33 COM 7B.124 et 34 COM 7B.102 adoptées respectivement à ses 32e (Québec, 2008), 33e (Séville, 2009) et 34e (Brasilia, 2010) sessions,
3. Reconnaît les efforts de l'État partie dans la préparation des évaluations détaillées de l'impact du pont de la Corne d'Or, effectuées par des experts internationaux sur la base des orientations de l'ICOMOS, et constate avec inquiétude les conclusions que le concept de pont qu'il avait examiné à sa dernière session aurait un impact grave et préjudiciable sur la valeur universelle exceptionnelle du bien;
4. Note les modifications mineures du concept du pont proposées par les experts, en particulier, la réduction de la hauteur des pylônes et la modification de la couverture de la station de métro, ce qui pourrait constituer des améliorations quant à l'impact perçu depuis certaines perspectives, et exprime sa profonde préoccupation par le fait que, même modifié suivant les propositions, le pont aurait encore un impact globalement négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du bien;
5. Regrette profondément que le principe du pont ait été approuvé, en principe en 2005, sans en référer au Centre du patrimoine mondial, contrairement aux dispositions du paragraphe 172 des Orientations, et que ce tracé ait été déterminé en fonction de travaux sur des tunnels de métro aux deux extrémités du pont et qu'il semble quasiment impossible d'apporter d'autres modifications importantes à ce tracé et à cette conception;
6. Regrette également l'absence de communication adéquate et l'absence de réponses appropriées à ses recommandations concernant le pont et la nécessité de disposer de plans de conservation, d'un système de gestion efficace, de stratégies de développement pour le tourisme et la circulation et d'une zone tampon;
7. Prend acte des efforts de l'État partie dans la préparation d'un projet de plan de gestion, mais considère que l'aperçu soumis concernant ce projet de plan reste en deçà du document efficace, multidisciplinaire et d'une grande portée, qui serait nécessaire, et devrait être encore développé de façon à proposer un cadre de conservation et de protection efficace et un système de gestion solide, qui impliquera les parties prenantes concernées, encouragera le dialogue entre les autorités et fera participer les citoyens et leurs groupes d'intérêt et répondra d'une manière adéquate aux défis majeurs auxquels le paysage urbain historique de la vieille ville doit faire face;
8. Reconnaît également les informations de l'État partie sur l'avancement de l'approbation du plan de gestion et demande à l'État partie de soumettre la version finale du plan de gestion complètement développé, telle qu'approuvée par les autorités, en anglais ou en français, d'ici le 1er octobre 2011, au Centre du patrimoine mondial, pour examen par les Organisations consultatives;
9. Recommande à l'État partie de nommer un comité consultatif d'experts indépendants pour le bien en consultation avec le Centre du patrimoine mondial, afin qu'il conseille sur le développement d'un cadre stratégique pour l'aménagement et la conservation de l'infrastructure, oriente la gestion du bien, et également, d'envisager tous les moyens possibles pour atténuer les impacts du pont de la Corne d'Or;
10. Demande également à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2012, un rapport mis à jour sur l'état de conservation du bien et sur la mise en œuvre de ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 36e session en 2012.
35 COM 8E
Adoption des Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le Document WHC-11/35.COM/8E,
2. Adopte les Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle, telles que présentées dans l'Annexe I du document WHC-11/35.COM/8E, pour les biens du patrimoine mondial suivants :
- Afghanistan: Minaret et vestiges archéologiques de Djam; Paysage culturel et vestiges archéologiques de la vallée de Bamiyan;
- Afrique du Sud: Parc de la zone humide d'iSimangaliso; Robben Island; Paysage culturel de Mapungubwe; Aires protégées de la Région florale du Cap; Dôme de Vredefort;
- Allemagne: Vallée du Haut-Rhin moyen;
- Bahreïn: Qal'at al-Bahreïn - ancien port et capitale de Dilmoun;
- Bénin: Palais royaux d'Abomey;
- Botswana: Tsodilo;
- Cameroun: Réserve de faune du Dja;
- Chine: Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan;
- Inde: Sanctuaire de faune de Manas;
- Kenya: Parcs nationaux du lac Turkana; Vieille ville de Lamu;
- Malawi: Art rupestre de Chongoni;
- Mali: Villes anciennes de Djenné;
- Ouganda: Forêt impénétrable de Bwindi; Monts Rwenzori;
- Pakistan: Fort et jardins de Shalimar à Lahore;
- Pérou: Zone archéologique de Chan Chan;
- Philippines: Rizières en terrasses des cordillères des Philippines;
- République centrafricaine: Parc national du Manovo-Gounda St Floris;
- République-unie de Tanzanie: Ruines de Kilwa Kisiwani et de Songo Mnara;
- Sénégal: Île de Saint-Louis;
- Togo: Koutammakou, le pays des Batammariba;
- Turquie: Zones historiques d'Istanbul;
- Yémen: Ancienne ville de Shibam et son mur d'enceinte; Vieille ville de Sana'a;
- Zimbabwe: Parc national de Mana Pools, aires de safari Sapi et Chewore;
3. Décide que les déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle des biens du patrimoine mondial en péril seront passées en revue en priorité;
4. Décide également que, compte tenu du grand nombre de déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle à examiner, l'ordre dans lequel elles seront passées en revue suivra le deuxième cycle de soumission de Rapports périodiques, tel que:
- biens du patrimoine mondial dans les États arabes;
- biens du patrimoine mondial en Afrique;
- biens du patrimoine mondial en Asie et Pacifique;
- biens du patrimoine mondial en Amérique latine et aux Caraïbes;
- biens du patrimoine mondial en Europe et Amérique du Nord.
Projet de décision: 35 COM 7B.111
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-11/35.COM/7B.Add,
2. Rappelant les décisions 32 COM 7B.11, 33 COM 7B.124 et 34 COM 7B.102 adoptées respectivement à ses 32e (Québec, 2008), 33e (Séville, 2009) et 34e (Brasilia, 2010) sessions,
3. Reconnaît les efforts de l’État partie dans la préparation des évaluations détaillées de l’impact du pont de la Corne d’Or, effectuées par des experts internationaux sur la base des orientations de l’ICOMOS, et constate avec inquiétude les conclusions que le concept de pont qu’il avait examiné à sa dernière session aurait un impact grave et préjudiciable sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
4. Note les modifications mineures du concept du pont proposées par les experts, en particulier, la réduction de la hauteur des pylônes et la modification de la couverture de la station de métro, ce qui pourrait constituer des améliorations bénéfiques quand à l’impact perçu dans certaines perspectives, et exprime sa profonde préoccupation par le fait que, même modifié suivant les propositions, le pont aurait encore un impact globalement négatif sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
5. Regrette profondément que le pont ait été approuvé, en principe en 2005, sans en référer au Centre du patrimoine mondial, contrairement aux dispositions du paragraphe 172 des Orientations, et que ce tracé ait été déterminé en fonction de travaux sur des tunnels de métro aux deux extrémités du pont et qu’il semble quasiment impossible d’apporter d’autres modifications importantes à ce tracé et à cette conception ;
6. Regrette également l’absence de communication adéquate et l’absence de réponses appropriées à ses recommandations concernant le pont et la nécessité de disposer de plans de conservation, d’un système de gestion efficace, de stratégies de développement pour le tourisme et la circulation et d’une zone tampon ;
7. Reconnaît également les efforts de l’État partie dans la préparation d’un projet de plan de gestion, mais considère que l’aperçu soumis concernant ce projet de plan reste en deçà du document efficace, multidisciplinaire et d’une grande portée, qui est nécessaire, et devrait être encore développé de façon à exposer un cadre de conservation et de protection efficace et un système de gestion solide, qui impliquera les parties prenantes concernées, encouragera le dialogue entre les autorités et fera participer les citoyens et leurs groupes d’intérêt et répondra d’une manière adéquate aux défis majeurs auxquels le paysage urbain historique de la vieille ville doit faire face ;
8. Reconnaît en outre les informations de l’État partie sur l’avancement de l’approbation du plan de gestion et demande à l’État partie de soumettre la version finale du plan de gestion complètement développé, telle qu’approuvée par les autorités, en anglais et en français, d’ici le 1er octobre 2011, au Centre du patrimoine mondial, pour examen par les Organisations consultatives ;
9. Recommande à l’État partie de nommer un comité consultatif d’experts indépendants pour le bien en consultation avec le Centre du patrimoine mondial, afin qu’il donne des conseils sur le développement d’un cadre stratégique pour l’aménagement et la conservation de l’infrastructure, oriente la gestion du bien, et, également, d’envisager tous les moyens possibles d’atténuer les impacts du pont de la Corne d’Or ;
10. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2012, un rapport mis à jour sur l’état de conservation du bien et sur la mise en oeuvre de ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 36e session en 2012, afin de considérer, en l’absence de progrès substantiels, l’inscription potentielle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.