Parc national d'Iguaçu
Facteurs affectant le bien en 2023*
- Gouvernance
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures hydrauliques
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Impacts des activités touristiques / de loisirs / des visiteurs
- Infrastructure hydraulique (construction d’un barrage hydroélectrique)
- Infrastructures de transport de surface (projet de loi et pression pour rouvrir une route illégale)
- Exploitation forestière et chasse illégales (problème résolu)
- Gouvernance (absence de coopération transfrontalière et aménagements non coordonnés)
- Absence de financement durable (problème résolu)
- Systèmes de gestion / plan de gestion (problèmes liés à l'utilisation publique du bien et absence de plan d’utilisation publique)
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2023
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2023
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2023**
Mars 1999: mission UICN ; avril 2005 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; avril 2008: mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; mars 2015 : mission de suivi réactif UICNProblèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2023
L’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien le 13 janvier 2023, disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/355/documents/, qui fait état des éléments suivants :
- La centrale hydroélectrique de Baixo Iguaçu (HPP) poursuit ses activités. Une étude d’impact environnemental (EIE) a été réalisée pour le projet, qui comprenait une évaluation des impacts sur le bien. Le projet a été autorisé à la suite de l’étude, assorti de mesures d’atténuation et d’un suivi permanent des impacts de l’exploitation du barrage sur le bien ;
- La mise en œuvre des programmes de suivi institués par la centrale hydroélectrique de Baixo Iguaçu s’est poursuivie, notamment les programmes relatifs au débit, à l’hydrosédimentologie, à la limnologie et à la qualité de l’eau, ainsi qu’à l’ichtyologie ;
- Selon les rapports de suivi, le barrage est exploité conformément aux exigences imposées par l’Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio) et l’Institut de l’environnement du Paraná (IAP) ;
- Le débit minimal de 350 m3/s est globalement respecté depuis fin 2018, conformément à la réglementation, à l’exception d’une période de forte sécheresse durant laquelle le débit sortant le plus faible enregistré à ce jour a été constaté (287 m3/s) ;
- Le sous-programme de suivi de l’ichtyofaune vise à détecter toute évolution des populations et à étudier les zones de frai et le développement initial des espèces de poissons. Il couvre la rivière Iguaçu et ses affluents et comprend des données sur le surubim de l’Iguaçu (Steindachneridion sp), ainsi que sur 21 autres espèces endémiques qui représentent à elles seules 40 % de la diversité locale ;
- Divers programmes sont en cours pour promouvoir la protection de la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, notamment un plan de conservation de la faune aquatique du bassin inférieur de l’Iguaçu, un programme de protection des ressources naturelles et un programme de consolidation des corridors de biodiversité ;
- L’ancienne route de Colono qui traversait le bien est fermée depuis 2001 et la forêt de cette zone a atteint un stade avancé de régénération. Cependant, deux projets de loi sont en instance au Congrès national et proposent la réouverture de cette route ;
- La réouverture de la route ne serait pas compatible avec la loi nationale qui protège la forêt atlantique (loi nº 11428 du 22 décembre 2006) et le plan de gestion actuel du bien ;
- Le plan d’utilisation publique (PUP) a été publié en 2020 et est inclus dans le contrat de concession pour l’utilisation publique du bien. Ce PUP établit la stratégie visant à créer des pôles de visiteurs en se concentrant sur l’amélioration de l’expérience des visiteurs, l’extension des zones d’utilisation publique à d’autres municipalités voisines, l’élargissement de la politique d’inclusion, l’encouragement de l’intégration des filières de production locales et le suivi des impacts de la fréquentation afin de guider la gestion ;
- Le programme national de surveillance de la biodiversité (programme « Monitora »), opérationnel depuis 2016, se poursuit après une interruption en 2020. Deux stations d’échantillonnage sont actuellement en place et un suivi des mammifères, des oiseaux et des papillons frugivores a été effectué ;
- La coopération avec les autorités argentines du parc national d’Iguazu a été suspendue en raison de la pandémie de COVID-19. Le contact a été rétabli depuis lors ;
- Depuis 2009, des recensements semestriels de jaguars sont effectués simultanément au Brésil et en Argentine dans le cadre du projet Onças do Iguaçu, en partenariat avec le Proyecto Yaguareté (Argentine).
Le 28 avril 2023, le Centre du patrimoine mondial a transmis les informations reçues concernant le développement touristique au sein du bien, notamment un projet de construction de téléphérique.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2023
Il est regrettable que l’exploitation de la centrale hydroélectrique se soit poursuivie en l’absence de soumission de toute évaluation spécifique de ses impacts sur la VUE du bien, et ce, malgré les recommandations claires formulées à ce sujet par la mission de suivi réactif de 2015 et la décision 40 COM 7B.70, lesquelles demandaient à l’État partie de ne pas poursuivre l’aménagement du projet avant la soumission de cette évaluation spécifique au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN. Il est pris note de l’information selon laquelle les impacts sur le bien ont été pris en compte au cours de l’EIE du projet et que des exigences étendues ont été imposées par les autorités compétentes (l’ICMBio et l’IAP), et il est essentiel que ces exigences soient rigoureusement respectées. Les programmes de surveillance supplémentaires et l’assurance que les études ichtyologiques sont suffisamment représentatives de la diversité des espèces aquatiques sont également notés.
Malgré ces assurances, il convient de noter que les résultats présentés dans le rapport de l’État partie sur les différents programmes de suivi sont presque toujours basés sur des données recueillies il y a plusieurs années. Il est essentiel que les programmes de suivi soient poursuivis afin de fournir des informations actualisées servant à la gestion évolutive de la centrale hydroélectrique. De plus, on ne sait toujours pas si les programmes de suivi ont été élaborés en coopération avec l’État partie de l’Argentine, comme l’a demandé le Comité du patrimoine mondial. Notant que la collaboration entre les États parties d’Argentine et du Brésil a été rétablie à la suite de la pandémie de COVID-19, il convient de demander à ces États parties d’élaborer un plan global de suivi, d’évaluation et d’action pour recenser et traiter les impacts négatifs potentiels de la centrale hydroélectrique de Baixo Iguaçu sur la VUE des deux biens contigus du Parc national d’Iguaçu (Brésil) et du Parc national d’Iguazu (Argentine), plan qui doit s’appuyer sur la participation effective des autorités compétentes de ces pays. Les conclusions du programme de suivi doivent être utilisées pour traiter tous les impacts négatifs sur les biens en étayant les plans d’action pour l’atténuation, la gestion évolutive et l’exploitation de la centrale hydroélectrique.
S’il est noté que la route de Colono qui traverse le bien reste fermée, il demeure très préoccupant que deux projets de loi (le nouveau PL 984/2019 et le PLC 61/2013 non archivé) soient toujours à l’étude, ce qui permettrait la réouverture de la route en tant que route de parc naturel. Il convient de rappeler que le Comité du patrimoine mondial a conclu dans plusieurs décisions que la réouverture de cette route représente toujours une menace pour la VUE du bien et crée les conditions d’une réinscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations. Il convient donc de prier à nouveau instamment l’État partie de veiller au maintien de la fermeture de la route de Colono, notamment au moyen de dispositions législatives appropriées.
L’achèvement du PUP est accueilli favorablement et l’État partie devrait être encouragé à mettre en œuvre la stratégie décrite dans ce plan afin d’assurer des usages et un développement touristique durables au sein du bien. La communication des résultats du programme national de surveillance de la biodiversité (« Monitora ») au sein du bien et la poursuite de la mise en œuvre d’autres programmes sont accueillies favorablement. Il est recommandé au Comité d’encourager l’État partie à poursuivre ces activités. Il convient de prier instamment l’État partie de collaborer avec l’État partie de l’Argentine en vue d’élaborer un plan d’action relatif à des activités de patrouille conjointes et de veiller à ce que ces activités soient régulièrement menées, ainsi que d’établir un programme de suivi des espèces majeures, en coopération avec le Parc national d’Iguazu, concernant le bien et la région au sens large, comme l’a recommandé la mission de suivi réactif de 2015, et de rendre compte de leurs conclusions.
Les plans annoncés pour développer le tourisme au sein du bien, en particulier le projet de construction d’un téléphérique et l’expansion d’autres infrastructures touristiques, sont préoccupants. Étant donné les impacts potentiels des projets envisagés sur la VUE du bien, il est recommandé de demander à l’État partie de veiller à ce que tous les projets fassent l’objet d’une évaluation d’impact environnemental, conformément au Guide et boîte à outils pour l’évaluation d’impact dans le cadre du patrimoine mondial, avant qu’une décision finale ne soit prise.
Décisions adoptées par le Comité en 2023
45 COM 7B.64
Parc national d'Iguaçu (Brésil) (N 355)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.112, adoptée à sa 44esession élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Regrette qu’aucune évaluation spécifique des impacts de la centrale hydroélectrique de Baixo Iguaçu (HPP) sur la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien n’ait été soumise avant la construction et l’exploitation de la centrale HPP, comme le demandait le Comité dans sa décision 40 COM 7B.70, prend note du fait que les impacts sur le bien ont été pris en compte lors de l’étude d’impact environnemental du projet, que de nombreuses exigences ont été imposées par l’Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio) et l’Institut environnemental du Paraná (IAP), et considère qu’il est essentiel de se conformer strictement aux exigences imposées ;
- Prend note des informations transmises (résultats de suivi) selon lesquelles le barrage fonctionne conformément aux normes requises dans le cadre de son autorisation, mais demande à l’État partie de veiller à ce que les données actualisées des programmes de suivi continuent d’étayer la gestion évolutive de la centrale hydroélectrique HPP ;
- Note également que la collaboration entre les États parties d’Argentine et du Brésil a été rétablie à la suite de la pandémie de COVID-19, et réitère sa demande aux deux États parties d’élaborer un plan global de suivi, d’évaluation et d’action pour recenser et traiter les impacts négatifs potentiels de la centrale hydroélectrique HPP sur la VUE des deux biens contigus du Parc national d’Iguaçu et du Parc national d’Iguazu ;
- Exprime à nouveau sa grande préoccupation quant aux conséquences législatives potentielles des deux projets de loi à l’étude, lesquels proposent la réouverture de la route de Colono et pourraient, s’ils étaient approuvés, créer les conditions d’une réinscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations, et prie à nouveau instamment l’État partie de maintenir la fermeture de la route de Colono ;
- Accueille favorablement l’achèvement du plan d’utilisation public (PUP) et encourage l’État partie à mettre en œuvre la stratégie décrite dans ce plan afin d’assurer des usages et un développement touristique durables au sein du bien ;
- Note avec satisfaction les conclusions du programme national de suivi de la biodiversité (« Monitora ») au sein du bien et la poursuite de la mise en œuvre d’autres programmes, notamment le projet Onças do Iguaçu, le programme de consolidation des corridors de biodiversité et le programme de protection des ressources naturelles ;
- Encourage également l’État partie à collaborer avec l’État partie de l’Argentine et à rendre compte de la suite donnée aux recommandations de la mission de suivi réactif de 2015 afin de :
- Élaborer un plan d’action relatif aux activités de patrouille conjointe et veiller à ce que ces activités soient entreprises régulièrement ;
- Mettre en place un programme de suivi des espèces majeures présentes au sein du bien et, en coopération avec le parc national d’Iguazu, dans l’ensemble de la région ;
- Note avec préoccupation les plans annoncés pour développer davantage le tourisme au sein du bien, notamment un projet de téléphérique, et demande également à l’État partie de s’assurer que tous les projets envisagés feront l’objet d’une évaluation d’impact environnemental, conformément au Guide et boîte à outils pour l’évaluation d’impact dans le cadre du patrimoine mondial, avant que toute décision de mise en œuvre ne soit prise ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session.
Projet de décision : 45 COM 7B.64
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.112, adoptée à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Regrette qu’aucune évaluation spécifique des impacts de la centrale hydroélectrique de Baixo Iguaçu sur la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien n’ait été soumise avant la construction et l’exploitation de la centrale, comme le demandait le Comité dans sa décision 40 COM 7B.70, prend note du fait que les impacts sur le bien ont été pris en compte lors de l’étude d’impact environnemental du projet, que de nombreuses exigences ont été imposées par l’Institut Chico Mendes pour la conservation de la biodiversité (ICMBio) et l’Institut environnemental du Paraná (IAP), et considère qu’il est essentiel de se conformer strictement aux exigences imposées ;
- Prend note des informations transmises (résultats de suivi) selon lesquelles le barrage fonctionne conformément aux normes requises dans le cadre de son autorisation, mais demande à l’État partie de veiller à ce que les données actualisées des programmes de suivi continuent d’étayer la gestion évolutive de la centrale hydroélectrique ;
- Note également que la collaboration entre les États parties d’Argentine et du Brésil a été rétablie à la suite de la pandémie de COVID-19, et réitère sa demande aux deux États parties d’élaborer un plan global de suivi, d’évaluation et d’action pour recenser et traiter les impacts négatifs potentiels de la centrale hydroélectrique sur la VUE des deux biens contigus du Parc national d’Iguaçu et du Parc national d’Iguazu ;
- Exprime à nouveau sa grande préoccupation quant aux conséquences législatives potentielles des deux projets de loi à l’étude, lesquels proposent la réouverture de la route de Colono et pourraient, s’ils étaient approuvés, créer les conditions d’une réinscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations, et prie à nouveau instamment l’État partie de maintenir la fermeture de la route de Colono ;
- Accueille favorablement l’achèvement du plan d’utilisation public (PUP) et encourage l’État partie à mettre en œuvre la stratégie décrite dans ce plan afin d’assurer des usages et un développement touristique durables au sein du bien ;
- Note avec satisfaction les conclusions du programme national de suivi de la biodiversité (« Monitora ») au sein du bien et la poursuite de la mise en œuvre d’autres programmes, notamment le projet Onças do Iguaçu, le programme de consolidation des corridors de biodiversité et le programme de protection des ressources naturelles ;
- Encourage également l’État partie à collaborer avec l’État partie de l’Argentine et à rendre compte de la suite donnée aux recommandations de la mission de suivi réactif de 2015 afin de :
- Élaborer un plan d’action relatif aux activités de patrouille conjointe et veiller à ce que ces activités soient entreprises régulièrement ;
- Mettre en place un programme de suivi des espèces majeures présentes au sein du bien et, en coopération avec le parc national d’Iguazu, dans l’ensemble de la région ;
- Note avec préoccupation les plans annoncés pour développer davantage le tourisme au sein du bien, notamment un projet de téléphérique, et demande également à l’État partie de s’assurer que tous les projets envisagés feront l’objet d’une évaluation d’impact environnemental, conformément au Guide et boîte à outils pour l’évaluation d’impact dans le cadre du patrimoine mondial, avant que toute décision de mise en œuvre ne soit prise ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.