Parc national du Simien

• Construction d’une route traversant le bien
• Ligne à haute tension portant atteinte à la beauté naturelle exceptionnelle et aux conditions d’intégrité
• Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale et de la communauté
• Empiétement agricole aux limites du bien et cultures céréalières sur le site
• Dépendance croissante des ressources, population économiquement pauvre autour du parc national
• Surpâturage par le bétail
• Conflits entre l’homme et la faune sauvage, y compris attaques de léopard, prédation du bétail et dégâts dans les cultures
• Populations déclinantes du bouquetin d'Abyssinie (Walia ibex), du loup d’Éthiopie et d’autres espèces de grands mammifères
• Braconnage dans les zones reculées, y compris du bouquetin d’Abyssinie et du loup d’Éthiopie
• Impacts et risques associés au développement du tourisme et des visites
• Système de gestion souffrant du manque de ressources humaines et financières
• Faible participation locale à la gestion et à la gouvernance
• Modification des limites afin de tenir compte de l’importante extension du parc national
• Au cours des dernières années, précipitations et températures inhabituelles dues au changement climatique

• Déclin des populations de bouquetins d'Abyssinie (Walia ibex) et de loups d’Ethiopie et d'autres grands mammifères
• Empiètement agricole aux limites du bien
• Impacts liés à la construction d'une route traversant le bien

Adopté, voir page https://whc.unesco.org/fr/decisions/4085

Adoptées, voir page https://whc.unesco.org/fr/decisions/4085 

Montant total accordé : 100 000 dollars EU (2012-2015) pour soutenir le programme de conservation communautaire avec le co-financement du Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et le développement de la stratégie de réduction de la pression du pacage (Fonds-en-dépôt espagnols et Fonds-en-dépôt néerlandais)

Le 30 novembre 2022, l’État Partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien qui est disponible sur https://whc.unesco.org/fr/list/9/documents/, et rapporte les informations suivantes :

• Le plan de gestion général (PGG) 2020-2030 du bien est mis en œuvre depuis 2020. Il prend pleinement en compte la protection du bien et de sa zone tampon, avec pour objectif de protéger et promouvoir la valeur universelle exceptionnelle (VUE), et de maintenir la beauté naturelle et les paysages du bien.
• Les protocoles de suivi spécifique des espèces clés - bouquetin d’Abyssinie, loup d’Éthiopie et singe gelada – mis en place au cours des deux dernières années dans le cadre du PGG et du plan d’évaluation incluait des recensements saisonniers des espèces, le suivi des maladies de la faune sauvage, la gestion des conflits et la qualité de l’habitat ainsi que des mesures de contrôle de qualité ;
• En 2021, un piège photographique visant le loup d’Éthiopie a recensé 90 individus, chiffre considéré comme cohérent avec les données précédemment collectées en 2014, 2019 et 2020 par l’autorité de conservation de la vie sauvage d’Ethiopie (EWCP). Le recensement du Walia ibex de 2021 enregistrait 601 individus, soit un déclin de 13% par rapport aux données précédentes ;
• Le plan de développement touristique définit des priorités pour les dix prochaines années dans quatre domaines : le développement de produits, les services aux visiteurs, le développement du tourisme communautaire et la gestion et le financement ;
• Un certain nombre de demandes d’investissement dans des lodge implantés à l’intérieur du bien ont été annulées en raison de leur impact négatif potentiel sur la VUE et des efforts sont en cours afin de trouver d’autres sites d’implantation en dehors du bien ;
• Le lodge de Kibran est en cours de construction et la construction du lodge de Jacaranda n’a pas encore commencé. Un projet de lodge à l’ouest du parc sera achevé cette année. Le plan de gestion du tourisme recommande d’implanter les lodges en dehors du bien, et des infrastructures touristiques sont nécessaires pour passer le cadre d’une gestion sociale de l’environnement (ESMF) avec de plus grands éco-lodges exigeant une évaluation d’impact sur l’environnement (EIE) ;
• Un plan de gestion intégrée des incendies, élaboré par l’autorité de gestion et l’African Wildlife Foundation (AWF) est en cours de mise en œuvre. Une formation relative à la lutte contre les incendies a été entreprise ;
• La mise en oeuvre de la stratégie de réduction de la pression du pacage (GPRS) se poursuit avec les communautés, 75% du bien étant libre de tout pacage, un taux inférieur aux 78% indiqués dans le précédent rapport en raison de l’instabilité et de conflits internes ayant affectés le parc en 2021/2022;
• Plusieurs initiatives sont en cours avec l’AWF et la banque allemande de développement (KfW) afin de soutenir la gestion de bien ;
• Un soutien continu est apporté à la communauté Gich par le biais de plusieurs projets d’amélioration des moyens de subsistance mis en œuvre par l’AWF et l’autorité de gestion ;
• L'État partie a demandé le soutien financier de l'UNESCO pour l'élaboration d'un nouveau dossier de proposition d'inscription et l'établissement de la zone tampon. a demande d'harmonisation du nom du bien sera traitée dans le cadre du processus de proposition d'inscription ;
• La construction de la route alternative, retardée par la pandémie de COVID-19 et des problèmes de sécurité, se poursuit actuellement. Le réalignement de la ligne de transport d'électricité a été suspendu jusqu'à ce que la construction de la route réalignée soit achevée.

Le rapport fait référence aux documents suivants, en annexe, qui n’étaient pas inclus : le plan de gestion du tourisme, les EIE pour les lodges de Jacaranda et de Kibran et un plan de gestion intégrée des incendies. Le Centre du patrimoine mondial a assuré un suivi avec l’État partie le 13 février et le 17 avril 2023, en lui demandant ces documents. Aucune réponse n’a été fournie au moment de la rédaction du présent rapport.

Les efforts continus de l’État partie, avec le soutien de ses partenaires AWF et KfW, pour répondre aux décisions du Comité sont salués. La finalisation et la mise en œuvre du plan de gestion général (PGG) du bien sont encourageantes. Bien qu’aucun détail ne soit fourni sur la manière dont les valeurs esthétiques du bien relevant du critère (vii) seront gérées, la confirmation de l’État partie que le PGG prend pleinement en compte la protection de la VUE et que des objectifs ont été définis afin de conserver la beauté naturelle et les paysages du bien est notée. À cet égard, la protection de la VUE, selon les critères (vii) et (x), devrait rester le principal objectif de gestion pendant la mise en œuvre du PGG. Il devrait être demandé à l’État partie de soumettre une copie du PGG au Centre du patrimoine mondial.

Il est satisfaisant que les protocoles de suivi des trois espèces clés aient été mis en place et qu’il soit indiqué que les mesures de contrôle de la qualité sont incluses. Tout en notant qu’aucune information n’a été fournie sur le Gelada, ces protocoles permettront aux autorités d’établir une approche cohérente de suivi à long-terme afin de contribuer à la protection et à la gestion des espèces-clés du bien. Les résultats du suivi du loup d’Éthiopie, qui montrent que les populations sont stables, sont encourageants, mais le déclin de 13% de la population de Walia ibex est inquiétant. Il est recommandé que l’État partie approfondissent les recherches entamées afin d’identifier les causes de ce déclin et prennent des mesures appropriées pour les traiter, y compris en prenant conseil auprès de la Commission de la sauvegarde des espèces de l’UICN, si besoin.

Il est rappelé que le plan de développement du tourisme, fourni par l’État partie avec son rapport sur l’état de conservation de 2022, a été considéré comme un point de départ encourageant pour traiter le développement touristique, mais il a été estimé qu’il manquait une stratégie de gestion afin d’évaluer d’un point de vue stratégique la manière de suivre et de gérer les impacts du développement touristique proposé, et il a été demandé à l’État partie d’y ajouter un plan de gestion du tourisme. Bien que le rapport actuel se réfère à un plan de gestion du tourisme annexé, il est regrettable qu’aucun plan de ce type n’ait été fourni et il reste à déterminer si l’État partie a répondu à la demande du Comité.

Bien qu’il soit appréciable qu’un certain nombre de demandes d’investissement dans des lodges à l’intérieur du bien aient été annulés, il est inquiétant que des lodges continuent d’être construits à l’intérieur du bien. Rappelant la demande du Comité de ne pas autoriser le développement d’infrastructures touristiques à l’intérieur du bien et de soumettre des EIE pour toutes les propositions de lodges au Centre du patrimoine mondial, l’État partie devrait être de nouveau prié instamment de suspendre ces projets et de s’assurer de l’évaluation de leurs impacts potentiels sur la VUE conformément au nouveau Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial.

Les EIE devraient être soumises au Centre du patrimoine mondial pour examen avant toute prise de décision qui serait difficilement réversible. Il est également regrettable que les EIE pour les lodges de Jacaranda et Kibran n’aient pas été annexés comme indiqué.

Il est appréciable qu’une stratégie de gestion des incendies ait été élaborée et que des activités de formation aient été entreprises. Toutefois, aucune information n’a été fournie sur la zone touchée, les impacts et la récupération, et la stratégie de gestion des incendies n’a pas été jointe comme indiqué. Il devrait être à nouveau demandé à l’État partie de fournir des informations complémentaires sur la zone affectée et l’impact sur la VUE, de suivre la régénération de la végétation et de soumettre la stratégie de gestion des incendies dès que possible.

La poursuite de la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pression du pacage (GPRS) afin de réduire le pacage des animaux d’élevage dans le bien est appréciée et les efforts réalisés pour traiter ce problème devraient être poursuivis.

La poursuite du soutien des moyens de subsistance à la communauté Gich délocalisée et à d’autres communautés locales est appréciée et devrait être maintenue ;

Notant les retards supplémentaires induits, la poursuite de l’engagement de l’État partie dans l’élaboration d’une proposition de modification importante des limites de l’ensemble du Parc national des montagnes du Simien, y compris par le biais d’une demande d’aide internationale, et l’intention de formaliser simultanément la zone tampon et d’harmoniser les noms du Parc national des montagnes du Simien et du bien, sont les bienvenus.

La poursuite du projet de route alternative est notée ; toutefois, la demande répétée d’EIE pour la partie de la route qui traverse le Parc national des montagnes du Simien devrait être soumise au Centre du patrimoine mondial aussitôt que possible. Tout en notant que le réalignement de la ligne de transport d’électricité a été suspendu jusqu’à l’achèvement de la route, il est important de rappeler l’impact potentiel de ce projet sur la beauté naturelle exceptionnelle et les conditions d’intégrité du bien, et il devrait être à nouveau demandé à l’État partie d’évaluer les impacts potentiel, conformément au nouveau Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial, et de soumettre l’EIE au Centre du patrimoine mondial pour examen avant le début de toute activité.