Archipel de Socotra
Facteurs affectant le bien en 2018*
- Cadre juridique
- Déchets solides
- Espèces envahissantes/exotiques marines
- Gouvernance
- Infrastructures de transport de surface
- Pêche/collecte de ressources aquatiques
- Système de gestion/plan de gestion
- Troubles civils
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Cadres juridiques, gouvernance et systèmes de gestion
- Infrastructure de transport terrestre : réseau routier
- Pâturages : moutons, chèvres, bétail
- Espèces invasives
- Pêche et exploitation des ressources marines
- Déchets solides : essentiellement à l’intérieur et autour des principaux lieux de peuplement
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Montant total approuvé : 75 000 dollars E.U.
2017 | Mitigation of hurricanes impacts on endemic and ... (Approuvé) | 75 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2018**
Décembre 2012 : mission de l’UICN ; juin 2014 : mission UICN/Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH)
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018
L’État partie a confirmé le 16 mai 2018 au Centre du patrimoine mondial qu’un précédent courrier de l’Autorité de protection de l’environnement (APE) auprès du ministère de l’Eau et de l’Environnement de la République du Yémen, daté du 23 janvier 2018 et disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/1263/documents, devait être considéré comme un rapport officiel sur l’état de conservation du bien. Ce courrier informe de ce qui suit :
- Il y a des plans de réhabilitation des routes endommagées par les cyclones de 2015, sous réserve de la disponibilité des fonds. Certaines routes non revêtues ont été ouvertes par des villages du centre-est de Socotra, avec les moyens financiers de parents résidant dans les pays du Golfe, afin d’aider au développement de ces communautés ;
- Dans le cadre d’un projet de l’ONU Environnement sur l’île, l’Université Mendel (Tchéquie) a entamé des recherches sur l’érosion des sols ;
- Le Centre régional arabe pour le patrimoine mondial (ARC-WH) a été mandaté par l’État partie pour mettre en œuvre une demande d’assistance internationale pour la restauration de la flore endommagée par les cyclones ;
- La réhabilitation du port maritime inclut une extension limitée dans la zone qui a été couverte par l’évaluation d’impact environnemental (EIE) conduite au moment de la construction du port. Il est signalé que des évaluations supplémentaires ont été faites par l’APE pour éviter des impacts sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ;
- Il est affirmé qu’il n’y a aucune opération militaire sur Socotra. La coalition arabe a soutenu le développement des capacités de l’armée et de la police en fournissant un emploi à un grand nombre de socotrans. Selon l’État partie, cela a entraîné une réduction des pressions sur les ressources marines et terrestres ; il s’avère, par exemple, que le nombre de pêcheurs a diminué du fait qu’ils ont trouvé un emploi dans les secteurs public et privé avec l’appui financier des Émirats arabes unis ;
- Parmi les projets de développement entrepris jusqu’à maintenant figurent la réhabilitation de l’infrastructure éducative et sanitaire, et la construction de la Cité de Zayad (80 maisons) dans la partie sud de l’île. Il est indiqué qu’aucune évaluation d’impact n’a pu être réalisée par des experts extérieurs en raison de la situation sécuritaire.
Malgré les invitations de l’État partie, la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien demandée par le Comité (décisions 40 COM 7B.86 et 41 COM 7B.23) n’a pas pu être entreprise faute d’avoir reçu l’habilitation de sécurité requise.
Le 7 mai 2018, l’Ambassadeur du Yémen auprès de l’UNESCO a écrit à la Directrice générale de l’UNESCO en reconnaissant la gravité des menaces sur le bien d’après les informations communiquées par diverses sources, en réitérant le besoin urgent d’une mission et en insistant sur le fait qu’un report d’une telle mission ne ferait qu’aggraver les menaces qui pèsent aujourd’hui sur le bien.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018
- Analyse et conclusions du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN
Les récents articles des médias et les documentaires de diverses chaînes, ainsi que les autres éléments d’information provenant de multiples sources fiables, confirmés par le courrier de l’Ambassadeur du Yémen, révèlent une nette inquiétude face à la détérioration du statut de conservation de Socotra. Des aménagements du littoral et de l’intérieur des terres sont signalés comme ayant été partiellement exécutés en violation du Plan de zonage pour la conservation des îles de Socotra (PZC) qui soutient la protection du bien. Des projets liés au tourisme et aux loisirs sont observés dans des zones écologiquement sensibles, y compris celles qui bénéficient d’une protection juridique comme les parcs nationaux ou les sanctuaires naturels (p. ex. la plage d’Hawlaf et le plateau de Diksam), sans avoir fait d’évaluation d’impact préalable et sans que le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives en soient informés, conformément au paragraphe 172 des Orientations. L’EIE menée pour le port maritime d’Hawlaf date de sa construction d’origine et ne peut être considérée comme un élément ayant constitué une juste évaluation des impacts de l’expansion portuaire récemment achevée. Les études supplémentaires réalisées par l’APE n’ont pas été soumises au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, comme stipulé dans les Orientations. D’autres aménagements, comme la construction de la Cité de Zayad et des projets de développement relevant de l’aide humanitaire n’ont pas été soumis à une EIE, comme confirmé par l’État partie.
Le risque d’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE) sur l’île est accentué par la plantation d’espèces exotiques en bordure des routes et le signalement de l’absence d’inspection des cargaisons déchargées dans le port maritime d’Hawlaf. Ce constat est particulièrement préoccupant quant aux effets potentiellement dévastateurs des EEE sur la biodiversité unique de Socotra.
Tandis que l’État partie affirme que la pression sur les ressources marines a diminué de par la fourniture d’emplois alternatifs, de profondes transformations dans le secteur de la petite pêche traditionnelle de l’île ont été observées au cours des deux dernières années, avec la réouverture d’une usine de poissons et la création d’une chaîne commerciale d’exportation de poisson socotri. Cela risque de causer une pression supplémentaire et intenable sur les pêcheries de l’île du fait de la surpêche commerciale.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN recommandent que le Comité exhorte l’État partie à mettre fin à toute activité ayant un impact potentiel sur le VUE du bien et à s’abstenir d’autoriser tout nouveau développement sur les lieux, jusqu’à ce que les activités et les projets prévus à l’intérieur du bien et de sa zone tampon aient été soumis au Centre du patrimoine mondial, conformément au paragraphe 172 des Orientations, pour examen par l’UICN.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN estiment que, d’après les éléments d’information disponibles lors de la rédaction de ce rapport, la VUE de Socotra est potentiellement menacée de manière significative par des développements incontrôlés, l’utilisation non durable des ressources naturelles et l’absence de mesures de biosécurité appropriées pour éviter l’introduction d’EEE.
Deux demandes adressées par le Comité pour examiner ces questions grâce à une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN n’ont pas pu aboutir en raison du défaut d’habilitation de sécurité de la mission. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN recommandent qu’une mission de suivi réactif soit entreprise de toute urgence sur le site.
Lors de la préparation de ce rapport, la région a été frappée par un cyclone qui a fait des victimes et provoqué des inondations subites. Le cyclone Mekunu s’est également abattu sur l’île à la fin de mai 2018 et le plein impact de ce cyclone sur le bien du patrimoine mondial reste encore à évaluer.
- Conclusions du Centre du patrimoine mondial
Le Centre du patrimoine mondial recommande que le Comité réitère le besoin de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN qui est indispensable pour évaluer l’état de conservation actuel du bien et le péril potentiel pour sa VUE.
Il est en outre recommandé que le Comité demande au Centre du patrimoine mondial d’engager d’urgence un dialogue avec les autorités yéménites afin d’assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant aussi à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra et de définir avec l’État partie les mesures urgentes à prendre à court terme aux fins de sa protection, et d’établir un mécanisme de travail structuré pour planifier, approuver et mettre en œuvre toute activité sur le site et sa zone tampon.
- Analyse complémentaire et conclusions de l’UICN
Malgré les évolutions positives constatées sur le plan humanitaire, l’UICN note qu’elle a reçu des rapports sur les impacts socio-économiques et socioculturels négatifs, y compris le coût inabordable du poisson pour la population locale en raison de la forte demande à l’exportation ; la monopolisation du tourisme par des tour-opérateurs non socotrans ; et les pratiques contraires à l’éthique qui sapent la notion d’utilisation durable des ressources naturelles. L’UICN a aussi reçu des rapports sur la destruction des coraux qui cause des impacts négatifs importants sur les valeurs marines du bien.
L’UICN conclut que les informations disponibles issues de sources diverses indiquent régulièrement que bon nombre des développements à risques ayant affecté Socotra au cours des deux dernières années impliquent des acteurs présumés venant des Émirats arabes unis. Un rapport du 11 mars 2018 publié sur le site Web de l’Agence de presse émirati confirme que la Fondation Khalifa bin Zayed Al Nahyan a inauguré le port d’Hawlaf dans le Gouvernorat de Socotra, ce qui est une évolution préoccupante rapportée dans les décisions antérieures du Comité.
L’UICN note que le 18 avril 2018, le Directeur exécutif de l’ONU Environnement a écrit à la Directrice générale de l’UICN en invoquant le rôle statutaire de l’UICN dans la Convention du patrimoine mondial de l’UNESCO et a demandé que ses avis soient portés à l’attention du Comité. Au vu des connaissances pratiques de l’ONU Environnement sur Socotra, le Directeur exécutif s’est dit préoccupé par les pressions du développement et leurs impacts sur le bien du patrimoine mondial. Le Directeur exécutif a constaté avec inquiétude qu’en l’absence d’action, l’écosystème unique de l’île allait continuer à se dégrader, peut-être de manière irrémédiable. En conséquence, le Directeur exécutif a appelé la communauté internationale à agir en faveur de la protection de l’environnement tout en répondant aussi aux aspirations de la population de Socotra en matière de développement. L’UICN note l’importance de l’information communiquée par le Directeur exécutif de l’ONU Environnement quant au risque croissant de dommages sur le bien et la confirmation que l’ONU Environnement est « d’avis que les autorités yéménites et les acteurs en lien avec les EAU sur le terrain doivent prendre des mesures d’urgence pour la protection de ce site [du patrimoine] globalement reconnu comme unique au monde ».
L’UICN conclut que l’état de conservation du bien s’est nettement détérioré au cours de la période qui s’est écoulée depuis le précédent rapport au Comité. Au vu de ce qui précède, l’UICN considère que l’évolution rapide et la gravité des multiples menaces qui pèsent sur le bien répondent manifestement aux critères d’inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 b) des Orientations. L’UICN recommande donc que le Comité inscrive le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril et réitère la nécessité d’envoyer de toute urgence la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN invitée sur le bien, afin d’évaluer les menaces qui pèsent sur sa VUE et d’établir, en consultation avec l’État partie et les partenaires concernés, un ensemble de mesures correctives proposées et un État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et de définir un calendrier pour leur mise en œuvre.
L’UICN souscrit à la nécessité d’engager d’urgence un dialogue avec les autorités yéménites et recommande d’y inclure les autres États parties concernés, l’ONU Environnement, ainsi que les autres parties prenantes afin de développer des actions propres à assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2018
42 COM 7B.100
Archipel de Socotra (Yémen) (N 1263)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B.Add2,
- Rappelant les décisions 40 COM 7B.86 et 41 COM 7B.23 adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
- Se félicite des invitations répétées de l’État partie pour la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien demandé à ses 40e et 41e sessions, mais regrette que la mission n’ait pas pu s’effectuer compte tenu de la situation sécuritaire au Yémen ;
- Exprime sa préoccupation devant les victimes et les inondations subites causées par le cyclone Mekunu qui a frappé le bien à la fin de mai 2018 et appelle tous les États membres de l’UNESCO à soutenir les mesures d’urgence pour la sauvegarde du bien, y compris par l’intermédiaire du Fonds d’urgence du patrimoine de l’UNESCO ;
- Exprime sa plus vive inquiétude quant aux multiples menaces signalées pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, résultant de développements incontrôlés, l’utilisation non durable des ressources naturelles et l’absence de mesures de biosécurité appropriées pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE), et considère que tous ces facteurs représentent un péril potentiel pour la VUE du bien ;
- Prie instamment l’État partie de mettre fin à toute activité susceptible d’avoir un impact potentiel sur la VUE du bien et de s’abstenir d’autoriser tout nouveau développement sur le bien, jusqu’à ce que les activités et les projets prévus à l’intérieur du bien et de sa zone tampon aient été soumis au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, préalablement à toute prise de décision concernant leur mise en œuvre qui serait difficilement réversible, conformément au paragraphe 172 des Orientations ;
- Réitère la nécessité pour la mission de suivi réactif conjointe, Centre du patrimoine mondial/UICN, invitée sur le bien, d’être effectuée de toute urgence afin d’évaluer son état de conservation actuel, en particulier en ce qui concerne les menaces susmentionnées, et de vérifier si le bien remplit les conditions d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril et demande à l'État partie de garantir des mesures de sécurité satisfaisantes ;
- Demande également au Centre du patrimoine mondial de faciliter de toute urgence une réunion technique avec les autorités yéménites, l’UICN et les parties concernées sur la manière d’assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant aussi à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra ;
- Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019, afin de considérer, dans le cas de la confirmation d’un péril potentiel ou prouvé pour la valeur universelle exceptionnelle, l’inscription éventuelle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 42 COM 7B.100
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B.Add.2,
- Rappelant les décisions 40 COM 7B.86 et 41 COM 7B.23 adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
- Se félicite des invitations répétées de l’État partie pour la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien demandée à ses 40e et 41e sessions, mais regrette que la mission n’ait pas pu s’effectuer compte tenu de la situation sécuritaire au Yémen ;
- Exprime sa préoccupation devant les victimes et les inondations subites causées par le cyclone Mekunu qui a frappé le bien à la fin de mai 2018 et appelle tous les États membres de l’UNESCO à soutenir les mesures d’urgence pour la sauvegarde du bien, y compris par l’intermédiaire du Fonds d’urgence du patrimoine de l’UNESCO ;
Option A recommandée par le Centre du patrimoine mondial
5. Exprime sa plus vive inquiétude quant aux multiples menaces signalées pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, résultant de développements incontrôlés, l’utilisation non durable des ressources naturelles et l’absence de mesures de biosécurité appropriées pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE), et considère que tous ces facteurs pourraient représenter un péril potentiel pour la VUE du bien ;
6. Prie instamment l’État partie de mettre fin à toute activité susceptible d’avoir un impact potentiel sur la VUE du bien et de s’abstenir d’autoriser tout nouveau développement sur le bien, jusqu’à ce que les activités et les projets prévus à l’intérieur du bien et de sa zone tampon aient été soumis au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, préalablement à toute prise de décision concernant leur mise en œuvre qui serait difficilement réversible, conformément au paragraphe 172 des Orientations ;
7. Réitère la nécessité pour la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN invitée sur le bien d’être effectuée de toute urgence, afin d’évaluer son état de conservation actuel et les périls potentiels pour sa VUE, définir avec l’État partie les mesures d’urgence à prendre à court terme pour en assurer la protection et établir un mécanisme de travail structuré pour planifier, approuver et mettre en œuvre toutes les activités à l’intérieur du bien et de sa zone tampon;
8. Demande au Centre du patrimoine mondial d’engager un dialogue avec les autorités yéménites sur la manière d’assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant aussi à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra ;
9. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.
Option B recommandée par l’UICN
5. Exprime sa plus vive inquiétude devant les multiples menaces signalées pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, résultant de développements incontrôlés, l’utilisation non durable des ressources naturelles et l’absence de mesures de biosécurité appropriées pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE), et considère que tous ces facteurs représentent manifestement un péril potentiel pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, conformément au paragraphe 180 des Orientations ;
6. Décide d’inscrire Archipel de Socotra (Yémen) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
7. Prie instamment l’État partie de mettre fin à toute activité susceptible d’avoir un impact potentiel sur la VUE du bien et de s’abstenir d’autoriser tout nouveau développement sur le bien, jusqu’à ce que les activités et les projets prévus à l’intérieur du bien et de sa zone tampon soient soumis au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, avant de prendre toute décision concernant leur mise en œuvre qui serait difficilement réversible, conformément au paragraphe 172 des Orientations ;
8. Réitère la nécessité pour la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN invitée sur le bien d’être effectuée de toute urgence, afin d’évaluer son état de conservation actuel et d’établir, en consultation avec l’État partie et avec les partenaires concernés, un ensemble de mesures correctives proposées et un État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et de fixer un calendrier pour leur mise en œuvre ;
9. Demande au Centre du patrimoine mondial de faciliter de toute urgence une réunion de haut niveau avec les autorités yéménites, les États parties concernés, l’UICN et l’ONU Environnement, ainsi que les autres parties prenantes sur la manière d’assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant aussi à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra ;
10. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.
PROJET DE DECISION REVISE PROPOSE PAR LE CENTRE DU PATRIMOINE MONDIAL ET L'UICN DURANT LA 42COM:
Projet de décision : 42 COM 7B.100
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B.Add.2,
- Rappelant les décisions 40 COM 7B.86 et 41 COM 7B.23 adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
- Se félicite des invitations répétées de l’État partie pour la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien demandé à ses 40e et 41e sessions, mais regrette que la mission n’ait pas pu s’effectuer compte tenu de la situation sécuritaire au Yémen ;
- Exprime sa préoccupation devant les victimes et les inondations subites causées par le cyclone Mekunu qui a frappé le bien à la fin de mai 2018 et appelle tous les États membres de l’UNESCO à soutenir les mesures d’urgence pour la sauvegarde du bien, y compris par l’intermédiaire du Fonds d’urgence du patrimoine de l’UNESCO ;
- Exprime sa plus vive inquiétude quant aux multiples menaces signalées pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, résultant de développements incontrôlés, l’utilisation non durable des ressources naturelles et l’absence de mesures de biosécurité appropriées pour éviter l’introduction d’espèces exotiques envahissantes (EEE), et considère que tous ces facteurs représentent un péril potentiel pour la VUE du bien ;
- Prie instamment l’État partie de mettre fin à toute activité susceptible d’avoir un impact potentiel sur la VUE du bien et de s’abstenir d’autoriser tout nouveau développement sur le bien, jusqu’à ce que les activités et les projets prévus à l’intérieur du bien et de sa zone tampon aient été soumis au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, préalablement à toute prise de décision concernant leur mise en œuvre qui serait difficilement réversible, conformément au paragraphe 172 des Orientations ;
- Réitère la nécessité pour la mission de suivi réactif conjointe, Centre du patrimoine mondial/UICN, invitée sur le bien, d’être effectuée de toute urgence afin d’évaluer son état de conservation actuel, en particulier en ce qui concerne les menaces susmentionnées, et de vérifier si le bien remplit les conditions d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril et demande à l'État partie de garantir des mesures de sécurité satisfaisantes.
- Demande également au Centre du patrimoine mondial de faciliter de toute urgence une réunion technique avec les autorités yéménites, l’UICN et les parties concernées sur la manière d’assurer la protection de la VUE du bien tout en veillant aussi à promouvoir un développement durable satisfaisant pour la population de Socotra ;
- Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019, afin de considérer, dans le cas de la confirmation d’un péril potentiel ou prouvé pour la valeur universelle exceptionnelle, l’inscription éventuelle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.