Fort et jardins de Shalimar à Lahore
Facteurs affectant le bien en 2017*
- Cadre juridique
- Habitat
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures de transport souterrain
- Modification du régime des sols
- Ressources financières
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Démolition de deux des réservoirs et démolition partielle d'un troisième réservoir des ouvrages hydrauliques des jardins de Shalimar (problème résolu)
- Habitat; Modification du régime des sols (Empiètements et pression urbaine)
- Système de gestion/plan de gestion (Mécanismes de gestion inadéquats ; Absence de définition des limites du fort de Lahore et des jardins de Shalimar)
- Cadre juridique (Législation incomplète)
- Ressources financières (Ressources financières insuffisantes pour mettre en œuvre les mécanismes de gestion)
- Infrastructures de transport souterrain ; Infrastructures de transport de surface (Proposition d’installation de la ligne de métro orange (section aérienne))
Etat de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril
Adoptées, voir https://whc.unesco.org/fr/decisions/1290
Mesures correctives pour le bien
Adoptées, voir https://whc.unesco.org/fr/decisions/1290
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2017
Montant total accordé au bien : 975 000 dollars EU des fonds-en-dépôt norvégien et japonais, de la Fondation Getty et de l’Ambassade des États-Unis au Pakistan
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2017
Montant total approuvé : 121 000 dollars E.U.
2000 | Rescue programme for Fort and Shalamar Gardens, Lahore ... (Approuvé) | 50 000 dollars E.U. |
1999 | Archaeological, soil and design research and the ... (Approuvé) | 10 000 dollars E.U. |
1999 | Signage on-site at the Fort and Shalimar Gardens of ... (Approuvé) | 5 000 dollars E.U. |
1981 | Emergency restoration work at Lahore Fort (Approuvé) | 44 000 dollars E.U. |
1981 | Emergency restoration work at Shalimar Gardens (Approuvé) | 12 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2017**
Octobre 2000 : mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; avril 2001 et juin 2003 : missions de conseil d’experts UNESCO ; novembre 2005 : mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; février 2009 : mission de suivi réactif conjointe Bureau de l’UNESCO à Téhéran/ICOMOS ; avril/mai 2012 : mission conjointe de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2017
L’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien le 30 janvier 2017, disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/171/documents, qui répond comme suit à divers problèmes de conservation soulevés par le Comité lors de ses précédentes sessions :
- Le projet de la Ligne orange du métro a été conçu pour limiter l’impact des vibrations sur les jardins de Shalimar. Une étude d’impact visuel sera transmise dès qu’elle aura été menée ;
- Malgré les efforts déployés par le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS, l’État partie n’a pas invité la mission de suivi réactif demandée par le Comité à sa dernière session (Décision 40 COM 7B.43) au moment de la rédaction de ce rapport. L’État partie a écrit à la directrice du Centre du patrimoine mondial le 29 mars 2017 en indiquant que la mission ne serait invitée qu’après le verdict final de la Cour Suprême sur le projet de la Ligne orange du métro ;
- Les activités définies dans le plan de conservation de 2006 du bien ont été menées au cours des années passées, pour un coût de 2,89 millions de dollars EU. Ces activités comprennent la consolidation de monuments et des améliorations en matière d’équipements publics, de dispositifs de sécurité et de mesures de suivi des structures. S’agissant du fort de Lahore, des travaux ont été menés dans la cuisine royale où, après des années de négligence, des structures s’étaient effondrées et d’autres avaient disparu sous les broussailles. Les vestiges ont été intégralement documentés, les murs dégagés au niveau du sol et des murs de soutènement construits. Le sol contigu au mur sikh a été consolidé, tandis que le Mur d’images a été étudié et un rapport sur son état préparé en collaboration avec l’Aga Khan Culture Service Pakistan. Des améliorations ont également été apportées aux plantations et à la gestion hydraulique du jardin. Concernant les jardins de Shalimar, les travaux de restauration de l’ensemble Naqqar Khana (maintenant l’entrée) et du réservoir hydraulique, où des murs de renfort ont été construits, ont commencé en 2016 ;
- Les autorités de la ville fortifiée de Lahore ont préparé un plan de conservation révisé pour le fort, qui est en cours d’approbation. Un plan de conservation révisé pour les jardins de Shalimar devrait être approuvé sous peu, et ces deux plans seront partagés avec le Centre du patrimoine mondial une fois approuvés. Un plan de relance pour l’Institut pakistanais de formation et de recherche archéologique a été préparé, ainsi qu’un ensemble de modules de formation dans les domaines de la conservation et de la gestion du patrimoine culturel. Ces modules comprennent des conseils sur les conditions en terme de ressources pour la gestion des biens du patrimoine mondial et d’autres patrimoines ;
- Un comité a été mis sur pied pour étudier un projet de modification des limites du bien et de sa zone tampon. Dans la mesure où il est envisagé de reloger des populations, le comité comprend des parties prenantes et des représentants des communautés concernées.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2017
Au moment de la préparation de ce document de travail, aucune étude d’impact visuel ni aucun rapport détaillé sur les avancées effectuées s’agissant de l’agrandissement de la zone tampon n’ont été transmis au Centre du patrimoine mondial. Il convient de noter que l’État partie avait déjà signalé en 2016 que la révision de la zone tampon avait déjà commencé. Il serait par conséquent important que le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives reçoivent un projet de cette proposition afin de pouvoir fournir un examen technique.
Les travaux de conservation entrepris au fort de Lahore et ceux en cours dans les jardins de Shalimar sont bien pris en compte. L’État partie devrait toutefois s’assurer que ce type de travaux est documenté et que les études archéologiques nécessaires sont effectuées.
Peu d’informations détaillées sur la Ligne orange du métro ont été fournies dans le rapport de l’État partie. Le gouvernement du Pendjab a fait appel du jugement de la Haute cour de Lahore d’août 2016, qui avait stoppé tous les travaux de construction dans un périmètre de 61m autour des onze édifices du patrimoine, y compris les jardins de Shalimar et cinq autres lieux spéciaux à Lahore. Toutefois, les travaux de la ligne de métro surélevée ont continué dans toutes les zones situées au-delà de cette limite de 61 m, et au moment de la préparation de ce document de travail, les travaux de construction étaient situés à 113 m à l’ouest et à 345 m à l’est de l’entrée des jardins de Shalimar. De plus, la distance moyenne entre le tablier du viaduc surélevé envisagé et les jardins de Shalimar est de 17,8 m à l’angle sud-ouest et 24 m à l’angle sud-est des jardins de Shalimar, tandis que la distance minimale entre l’entrée principale des jardins de Shalimar et le viaduc envisagé est de 36,1 m et celle avec le pilier du viaduc envisagé de 41,1 m. La distance verticale entre le niveau de la route et le tablier envisagé est de 12 m.
En s’appuyant sur le rapport du cabinet d’ingénierie pakistanais qui mène le projet (NESPAK), l’État partie soutient qu’il n’y aurait aucun impact potentiel négatif sur les jardins de Shalimar dû aux vibrations des structures près de la voie, mais il convient de souligner le fait que l’impact potentiel global du projet sur la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) des jardins de Shalimar excède largement celui des vibrations.
L’impact complet de la ligne Orange du métro n’a pas été formellement établi. En effet, l’évaluation d’impact visuel demandée n’a pas été terminée, et aucune évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) complète, conforme au Guide de l’ICOMOS, n’a été menée pour prendre en compte non seulement le problème des vibrations, mais aussi les impacts visuels et sonores. Il convient également de noter que l’EIP transmise par l’État partie en 2016 n’était pas conforme aux normes internationalement recommandées pour de telles études, et n’a par conséquent pas pris en compte l’ensemble des impacts du projet. On ignore donc sur quoi s’appuie la conclusion de l’État partie selon laquelle la Ligne Orange du métro n’aurait aucun impact négatif sur la VUE du bien, tout comme on ignore les raisons qui ont conduit le département d’archéologie du gouvernement du Pendjab à émettre un certificat de non-objection pour ce projet.
Depuis que le Comité a étudié ce projet l’année dernière, les travaux de construction ont continué des deux côtés des jardins de Shalimar, à tel point qu’ils impactent déjà leur cadre et leur intégrité. Si les sections existantes étaient raccordées par une voie surélevée passant aux abords immédiats des jardins, comme indiqué ci-dessus, cela compromettrait de manière irréversible l’authenticité et l’intégrité du bien, et menacerait par là-même potentiellement sa VUE.
Prenant en considération (i) les impacts des travaux de construction en cours sur le cadre et l’intégrité des jardins ; (ii) l’absence de dispositif de gestion global pour maîtriser et surveiller l’empiètement urbain ainsi que les projets d’aménagement aux abords du bien qui en découlent ; et (iii) l’absence de toute proposition de mesure d’atténuation par l’État partie, il est recommandé que le Comité inscrive immédiatement le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 179(b) des Orientations.
Il est également recommandé que le Comité demande à l’État partie d’inviter sans délai une mission de suivi réactif sur le bien, en vue de savoir si et comment des mesures d’atténuation pourraient être définies, et quelles mesures pourraient être mises en œuvre pour contrer ces menaces, en concertation avec les parties prenantes provinciales et nationales impliquées. Il est également recommandé que le Comité demande à l’État partie d’arrêter sur-le-champ les travaux de construction de la Ligne orange du métro à proximité des jardins de Shalimar.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2017
41 COM 7B.96
Fort et jardins de Shalimar à Lahore (Pakistan) (C 171)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/17/41.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 40 COM 7B.43, adoptée à sa 40e session (Istanbul/UNESCO, 2016),
- Note que la mission de suivi réactif sera invitée immédiatement après l’annonce de la décision de la Cour Suprême du Pakistan ;
- Note également que l’État partie prend des mesures pour maîtriser et suivre l’empiètement urbain, insiste sur le besoin d’accélérer ce processus autant que possible et demande à l’État partie de renforcer plus avant la collaboration avec les autorités nationales et locales pour la mise en œuvre du plan de gestion ;
- Demande également à l’État partie :
- d’achever en urgence l’étude d’impact visuel et de partager celle-ci au plus tard le 1er décembre 2017 avec le Centre du patrimoine mondial, tel que décidé par le Comité du patrimoine mondial à sa 40e session ;
- d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS sur le bien immédiatement après l’annonce de la décision de la Cour Suprême du Pakistan pour évaluer le projet de Ligne Orange du Métro, en débattre avec les autorités gouvernementales compétentes et revoir les dispositions de gestion et de protection du bien ;
- Considère que la priorité absolue doit être accordée au fait de considérer comment les jardins de Shalimar et leurs liens spirituels peuvent perdurer parallèlement aux mesures nécessaires visant à répondre aux besoins d’une ville en voie de développement, et ce en déterminant la nature précise et détaillée des impacts potentiels du projet de Ligne orange du métro sur la valeur universelle exceptionnelle du bien, et de considérer si des mesures d’atténuation pourraient être prises, et de quelle manière ;
- Réitère qu’il est très important de gérer de façon appropriée et de contrôler efficacement l’empiètement ainsi que le développement urbain au sein et aux abords du bien, et par conséquent demande en outre à l’État partie d’entreprendre immédiatement des études et des démarches à cet égard, lesquelles seront prises en compte dans la procédure d’agrandissement de la zone tampon du bien ;
- Note les travaux de conservation entrepris au fort de Lahore et en cours dans les jardins de Shalimar, et demande par ailleurs à l’État partie de garantir que ces travaux sont documentés et que les études archéologiques nécessaires sont effectuées ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2018, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 42e session en 2018.
Projet de décision : 41 COM 7B.96
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/17/41.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 40 COM 7B.43, adoptée à sa 40esession (Istanbul/UNESCO, 2016),
- Réitère son extrême préoccupation quant à l’impact potentiel de la Ligne orange surélevée du métro, censée passer à une distance entre 17,8 et 24 m des jardins de Shalimar ; et note avec préoccupation que les travaux de construction de cette ligne, menés depuis la dernière session du Comité à l’est et à l’ouest du bien, ont déjà un impact avéré sur le cadre et l’intégrité de celui-ci ;
- Regrette profondémentque l’État partie n’ait pas invité la mission de suivi réactif, comme le demandait le Comité à sa 40e session, et qu’aucune évaluation d’impact exhaustive de ce projet n’ait été entreprise, y compris l’évaluation visuelle demandée par le Comité, afin de déterminer tous les impacts possibles du projet sur la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et par conséquent si ces impacts pourraient être atténués, et de quelle manière ;
- Exprime sa plus grande préoccupation quant à l’émission d’un certificat de non-objection par le département d’archéologie, et quant au fait que la Cour Suprême du Pakistan émette vraisemblablement une décision sur le projet de ligne Orange du métro avant que la mission de suivi réactif ne visite le bien ;
- Prenant en compte (a) l’avancée des travaux de construction aux abords du bien des jardins de Shalimar ; (b) l’absence d’un dispositif de gestion global pour maîtriser et surveiller l’empiètement urbain ; et (c) la non-observation des demandes du Comité par l’État partie et l’absence de proposition ou de plan pour répondre aux menaces, considère que les travaux de construction entrepris et planifiés pour la ligne Orange du métro représentent une menace pour la VUE du bien, particulièrement son intégrité et son authenticité, conformément au paragraphe 179(b) des Orientations ;
- Décide, par conséquent, d’inscrire Fort et jardins de Shalimar à Lahore (Pakistan) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
- Demande à l’État partie de préparer, en concertation avec le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives, une proposition d’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) et un ensemble de mesures correctives assorti d’un calendrier pour leur mise en œuvre, pour approbation par le Comité du patrimoine mondial à sa 42esession en 2018 ;
- Prie instamment l’État partie de suspendre sans délai tous les travaux à proximité immédiate des jardins de Shalimar, et demande également à l’État partie, de toute urgence :
- d’identifier un autre emplacement pour cette section spécifique du projet de la Ligne orange du métro, qui pourrait sinon continuer à avoir des impacts préjudiciables importants sur le bien ;
- de mener dès que possible une évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) complète, conformément au Guide de l'ICOMOS pour les évaluations d'impact sur le patrimoine appliquées aux biens du patrimoine mondial, y compris une étude d’impact visuel et une étude d’impact sonore, afin de contribuer à la recherche d’emplacements alternatifs ;
- d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS sur le bien, au plus tard avant la fin de l’année 2017, afin de débattre, avec les autorités compétentes, des localisations alternatives ainsi que des mesures d’atténuation des impacts négatifs déjà causés par le projet, et de revoir les dispositions de gestion et de protection du bien, y compris l’agrandissement de la zone tampon ;
- Considère que la priorité absolue doit être accordée au fait de considérer comment les jardins de Shalimar et leurs liens spirituels peuvent perdurer parallèlement aux mesures nécessaires visant à répondre aux besoins d’une ville en voie de développement, et ce en déterminant la nature précise et détaillée des impacts potentiels du projet de Ligne orange du métro sur la VUE du bien, et de considérer si des mesures d’atténuation pourraient être prises, et de quelle manière, avant que toute décision irréversible ne soit prise ;
- Réitère qu’il est très important de gérer de façon appropriée et de contrôler efficacement l’empiètement ainsi que du développement urbain au sein et aux abords du bien, et par conséquent demande en outre à l’État partie d’entreprendre immédiatement des études et des démarches à cet égard, lesquelles seront prises en compte dans la procédure d’agrandissement de la zone tampon du bien ;
- Note les travaux de conservation entrepris au fort de Lahore et en cours dans les jardins de Shalimar, et demande par ailleurs à l’État partie de garantir que ces travaux sont documentés et que les études archéologiques nécessaires sont effectuées ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2018, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 42e session en 2018.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.