Sanctuaire de faune de Manas
Facteurs affectant le bien en 2014*
- Activités illégales
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures hydrauliques
- Modification du régime des sols
- Production de semences
- Ressources humaines
- Troubles civils
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Evacuation forcée du personnel du parc ;
- Braconnage et exploitation forestière ;
- Culture illégale ;
- Financements lents ;
- Espèces envahissantes ;
- Développement d’infrastructures de groupes touristiques locaux incontrôlé ;
- Tentative d’installation de camps paramillitaires Sashastra Seema Bal
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2014
Montant total accordé au bien : depuis 2008, le bien bénéficie du programme indien du patrimoine mondial, financé par la Fondation des Nations Unies (UNF). Entre autres interventions, il est prévu d’améliorer l’efficacité de la gestion et le renforcement des capacités du personnel, d’accroître l’implication des communautés locales dans la gestion du bien et de promouvoir leur développement durable et, enfin, de renforcer la sensibilisation par des activités de communication et de conseil.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2014
Montant total approuvé : 165 000 dollars E.U.
1997 | Contribution towards the implementation of an Emergency ... (Approuvé) | 90 000 dollars E.U. |
1997 | Contribution to the implementation of an Emergency ... (Approuvé) | 75 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2014**
1992 : mission de l’UICN ; 1997: mission de l’UNESCO ; février 2002 : mission de suivi de l’UICN ; avril 2005, février 2008, janvier 2011 : mission de suivi Centre du patrimoine mondial / UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2014
L'État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien le 11 février 2014, dont un résumé disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/338/documents. Le rapport de L’État partie aborde les points suivants :
- Le retard dans le déblocage de fonds a été traité. Les revenus du tourisme sont mis directement à la disposition de la direction du parc par la Fondation pour la conservation du tigre de Manas, qui a également la possibilité de demander des prêts pour faciliter des activités de gestion ;
- Un large éventail d’activités de suivi et de recherche portant sur la faune et l’écologie ont été menées dans le bien ;
- 24 rhinocéros au total ont été réintroduits jusqu’à présent, et 9 bébés rhinocéros sont nés depuis 2012. 7 rhinocéros (près de 30 %) ont été victimes de braconnage depuis 2011, dont 5 en 2013. Plusieurs mesures d’urgence ont été prises, parmi lesquelles une intensification des patrouilles et l’embauche de personnel supplémentaire pour faire respecter la loi ;
- Un protocole détaillé et complet a été élaboré pour le transfert du cerf des marais occidental et est joint au rapport de l’État partie. L’État partie prévoit qu’après la vérification finale par le gouvernement de l’Inde, le programme de transfert pourrait commencer en 2014 ;
- Une stratégie du tourisme a été élaborée en tant que partie du plan de conservation des tigres pour la Réserve du tigre de Manas, dont le bien forme la partie centrale. Cette stratégie est jointe au rapport de l’État partie, et comprend des orientations concernant le nombre de visiteurs et des activités touristiques, comme demandé par le Comité dans la décision 36 COM 7B.10;
- Alors que le bien a été inscrit en tant que sanctuaire de faune d’une superficie de 391 kilomètres carrés, il est géré comme un parc national, qui couvre 520 kilomètres carrés, et l’État partie demande que le Comité ratifie le parc national comme constituant le bien. Le 28 février 2014, le Centre du patrimoine mondial a demandé à l’État partie de clarifier le point de savoir si cela constitue une demande de modification mineure des limites du bien. Aucune réponse n’avait été reçue au moment de la préparation du présent document. L’État partie note également que des efforts sont en cours pour agrandir le parc national en lui adjoignant 36 000 hectares de la réserve forestière.
- Il note en outre la coopération indo-bhoutanaise en cours concernant les problèmes de conservation transfrontalière et rappelle que l’État partie du Bhoutan a inscrit le parc national royal de Manas sur sa liste indicative. Au moment de la rédaction du présent rapport, aucune autre information n’avait été fournie par l’État partie du Bhoutan sur le projet de barrage hydroélectrique proposé à Mangdechhu.
Le Centre du patrimoine mondial a reçu des informations de l’UICN le 3 mars 2014, concernant de nouveaux empiètements sur le bien dans l’aire orientale de Bhuyanpara, de même que dans des parties du système fluvial de Manas Beki. Un article à ce sujet a également été publié dans le journal Assam Tribune. Le Centre du patrimoine mondial a écrit, le 27 mars 2014, à l’État partie de vérifier cette information. Au moment de la finalisation du présent rapport, aucune réponse n’avait encore été reçue de la part de l’État partie.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2014
L’information de l’État partie, selon laquelle le retard dans le déblocage des fonds a été traité a bien été notée. L’État partie peut se voir demander de continuer à rendre compte de cette situation dans de futurs rapports au Comité, afin de montrer que les progrès actuels sont maintenus.
L’élaboration d’une stratégie du tourisme avec des dispositions relatives aux activités touristiques et aux des nombres maximaux de touristes autorisés à un moment donné dans la Réserve du tigre de Manas est également notée, de même que l’élaboration d’un protocole de transfert pour le cerf des marais oriental, et sa mise en œuvre attendue en 2014.
Il existe cependant de vives inquiétudes au sujet de braconnage signalé pour des rhinocéros, et de rapports dans des médias indiquant que cela a été lié à la recrudescence des activités de groupes insurgés et à la détérioration de la situation sécuritaire dans le bien. Il conviendrait de rappeler qu’au moment de l’inscription sur la Liste du patrimoine mondial, l’État partie estimait que 100 rhinocéros vivaient dans le bien. En 1992, le Comité a inscrit le bien sur la Liste du patrimoine en péril, en raison des dommages causés par l’envahissement du bien par des militants. En 1997, le nombre de rhinocéros était tombé à 39, et en 2001, les rhinocéros avaient disparu du bien. À sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012), le Comité a noté que la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien en cours de récupération était encore fragile, cette fragilité est considérée comme cruellement mise en évidence par l’augmentation du braconnage signalée. Il est recommandé que le Comité prie instamment l’État partie de s’assurer que les gardes forestiers sont équipés et formés de manière appropriée pour protéger le bien vis-à-vis des braconniers et maintenir des patrouilles régulières, afin d’assurer la sécurité des populations de rhinocéros et d’autres animaux en phase de récupération et de garantir que le transfert prévu du cerf des marais oriental puisse être effectué d’une manière efficace.
Des rapports reçus par l’UICN concernant de nouveaux empiètements dans l’aire de Bhuyanpara à l’intérieur du bien ont également été notés. Le Comité peut exprimer ses inquiétudes au sujet de la situation actuelle, en rappelant la situation qui prévalait au moment de l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine en péril en 1992. Une autre détérioration de la situation sécuritaire, associée à l’intensification du braconnage et à des préoccupations concernant des empiètements, pourraient créer les conditions de réinscription du bien sur la Liste du patrimoine en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations.
En outre, la proposition de projet hydroélectrique de Mangdechhu au Bouthan, avec ses impacts potentiels sur le bien, demeure un sujet de préoccupation. Il est recommandé que le Comité réitère sa demande à l’État partie du Bhoutan de soumettre une copie de l’évaluation de l’impact sur l’environnement (EIA) de ce projet, conformément à la décision 36 COM 7B.10.
Par ailleurs, compte tenu des multiples problèmes de conservation affectant le bien, il est recommandé que le Comité demande à l’État partie d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien afin d’évaluer son état de conservation, en particulier par rapport aux activités illégales signalées qui sont liées à la situation sécuritaire détériorée dans le bien, au braconnage associé et aux empiètements rapportés, et pour apprécier si le bien est confronté à un danger prouvé ou potentiel, tel que défini au paragraphe 180 des Orientations.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2014
38 COM 7B.65
Sanctuaire de faune de Manas (Inde) (N 338)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC-14/38.COM/7B,
- Rappelant la décision 36 COM 7B.10 prise à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012),
- Accueille favorablement les informations fournies par l’État partie selon lesquelles le retard dans le déblocage des fonds a été traité, et recommande que l’État partie fournisse des mises à jour de la situation financière du bien dans les futurs rapports au Comité ;
- Note avec appréciation les résultats positifs obtenus jusqu’en 2013 avec la réintroduction du grand rhinocéros unicorne, ainsi que l’élaboration d’un protocole complet sur le transfert du cerf des marais oriental, dont la mise en oeuvre devrait commencer en 2014 ;
- Note avec une sérieuse inquiétude le braconnage récemment signalé de près d’un tiers de la population de rhinocéros en cours de récupération, ce qui rappelle brutalement la fragilité de la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) en récupération du bien, et prie instamment l’État partie de s’assurer que les gardes forestiers sont équipés et formés de manière appropriée pour protéger le bien vis-à-vis des braconniers et maintenir des patrouilles efficaces, afin d’assurer la sécurité des populations de rhinocéros et d’autre faune en phase de récupération, et de garantir que le transfert prévu du cerf des marais oriental puisse être effectué d’une manière efficace ;
- Demande à l’État partie de prendre des mesures d’urgence pour traiter les nouveaux empiètements signalés dans l’aire de Bhuyanpara à l’intérieur du bien, et réhabiliter des zones dégradées ;
- Note également avec une extrême inquiétude la détérioration signalée de la situation sécuritaire dans le bien, et considère qu’une nouvelle aggravation de la situation sécuritaire, associée à l’intensification du braconnage et à des préoccupations concernant des empiètements pourraient créer les conditions de réinscription du bien sur la Liste du patrimoine en péril ;
- Réitère sa demande à l’État partie du Bhoutan de soumettre un exemplaire de l'évaluation d'impact environnemental (EIE) du projet hydroélectrique de Mangdechhu selon la décision 36 COM 7B.10, comprenant une évaluation des impacts potentiels sur la VUE du bien et des impacts potentiels cumulés en relation avec l'actuel barrage de Kurichu, conformément à la Note de conseil de l’UICN pour les évaluations d’impact environnemental appliquées au patrimoine mondial;
- Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2015, un rapport détaillé sur l’état de conservation du bien, sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés et les mises à jour de la situation financière du bien, incluant un résumé exécutif d’une page, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 39e session en 2015.
Projet de décision: 38 COM 7B.65
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-14/38.COM/7B,
2. Rappelant la décision 36 COM 7B.10 prise à sa 36e session (Saint-Pétersbourg, 2012),
3. Accueille favorablement l’information fournie par l’État partie selon laquelle le retard dans le déblocage des fonds a été traité, et recommande que l’État partie fournisse des mises à jour de la situation financière du bien dans les futurs rapports au Comité ;
4. Note avec appréciation les résultats positifs obtenus jusqu’en 2013 avec la réintroduction du grand rhinocéros unicorne, ainsi que l’élaboration d’un protocole complet sur le transfert du cerf des marais oriental, dont la mise en oeuvre devrait commencer en 2014 ;
5. Note
avec une sérieuse inquiétude le braconnage récemment signalé de près d’un tiers de la population de rhinocéros en cours de récupération, ce qui rappelle brutalement la fragilité de la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) en récupération du bien, et prie instamment l’État partie de s’assurer que les gardes forestiers sont équipés et formés de manière appropriée pour protéger le bien vis-à-vis des braconniers et maintenir des patrouilles efficaces, afin d’assurer la sécurité des populations de rhinocéros et d’autre faune en phase de récupération, et de garantir que le transfert prévu du cerf des marais oriental puisse être effectué d’une manière efficace ;
6. Demande à l’État partie de prendre des mesures d’urgence pour traiter les nouveaux empiètements signalés dans l’aire de Bhuyanpara à l’intérieur du bien, et réhabiliter des zones dégradées ;
7. Note également avec une extrême inquiétude la détérioration signalée de la situation sécuritaire dans le bien, et considère qu’une nouvelle aggravation de la situation sécuritaire, associée à l’intensification du braconnage et à des préoccupations concernant des empiètements, pourraient créer les conditions de réinscription du bien sur la Liste du patrimoine en péril ;
8. Réitère sa demande à l’État partie du Bhoutan de soumettre un exemplaire de l'évaluation de l'impact sur l’environnement (EIE) du projet hydroélectrique de Mangdechhu selon la décision 36 COM 7B.10, comprenant une évaluation des impacts potentiels sur la VUE du bien et impacts potentiels cumulés en relation avec l'actuel barrage de Kurichu, conformément à la Note de conseil de l’UICN sur le patrimoine mondial, qui traite l’évaluation de l’environnement ;
9. Demande également à l’État partie de l’Inde d’inviter une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien afin d’évaluer son état de conservation, en particulier par rapport aux activités illégales signalées qui sont liées à la situation sécuritaire détériorée, et pour apprécier si le bien est confronté à un danger prouvé ou potentiel, tel que défini au paragraphe 180 des Orientations ;
10. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2015, un rapport détaillé sur l’état de conservation du bien, sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés et les mises à jour de la situation financière du bien, incluant un résumé exécutif d’une page, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 39e session en 2015.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.