Parc national des oiseaux du Djoudj
Facteurs affectant le bien en 2021*
- Chasse de subsistance
- Espèces envahissantes / exotiques d’eau douce
- Pêche/collecte de ressources aquatiques
- Ressources financières
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
- Autres menaces :
Salinisation des sols
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Espèces invasives
- Système intégré de gestion de l'eau non-opérationnel et manque de suivi hydrologique
- Salinisation des sols
- Pâturage de bétail
- Braconnage et pêche illégale
- Absence de plan de gestion et de financement à long terme (problème résolu)
- Faible capacité de gestion et changements continuels de personnel
- Faible capacité de gestion des visiteurs
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2021
300 000 dollars EU du gouvernement de la Norvège pour la période 2020-2022
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2021
Montant total approuvé : 332 493 dollars E.U.
2021 | Lutte contre l'Épizootie de la Grippe Aviaire au Parc ... (Approuvé) | 73 930 dollars E.U. |
2020 | Projet de renforcement de la protection et de ... (Approuvé) | 28 956 dollars E.U. |
2001 | Support to African countries to attend Regional ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
2000 | Lutte contre le Salvinia molesta dans le delta du ... (Approuvé) | 130 475 dollars E.U. |
1992 | Purchase of redwood and other materials for repairing ... (Approuvé) | 10 000 dollars E.U. |
1988 | Financial contribution to repair sluices in Djoudj ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
1982 | Equipment for biological research and surveillance at ... (Approuvé) | 29 132 dollars E.U. |
1980 | Joint mission to draw up a plan of protection for ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2021**
Septembre 2000 : Mission UNESCO/UICN/Ramsar ; avril 2004 : participation de l'UNESCO et de l'UICN à un atelier regroupant plusieurs parties concernées ; mai 2005 : mission de suivi UNESCO/UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2021
Le 31 janvier 2020, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien, disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/25/documents, et qui fournit les informations suivantes :
- L’intensification de la riziculture à proximité du bien due à l’aménagement des infrastructures hydro-agricoles entraine des rejets d’effluents à l’intérieur du bien, provoquant ainsi la pollution des eaux, la prolifération des espèces envahissantes connues comme le Typha australis et l’apparition de certaines comme Ceratophyllum demersum et Najas marina. La superficie colonisée par le Typha est estimée à environ 790,67 ha, presque 5% de la surface du bien. Sur la base des résultats des études menées sur les plantes envahissantes, des actions (notamment des arrachages) ont été entreprises pour limiter leur prolifération ;
- Des analyses physico-chimiques et chromatographiques des eaux du bien ont révélé la présence de résidus de pesticides entrainant l’eutrophisation accélérée des zones de rejets des effluents ;
- Un Plan d’aménagement et de gestion (2017-2022) a été adopté pour le bien mais la divagation du bétail et la pêche illégale dans le bien se poursuivent. La régularité des patrouilles de surveillance a permis l’arrestation de six braconniers, la saisie de sept pirogues, de presque une tonne de poissons et l’application des amendes transactionnelles pour plus de mille têtes de bétail;
- Concernant la divagation du bétail, en plus des actions d’information, d’éducation et de sensibilisation menées auprès des communautés, le répertoire des propriétaires de bétail a été créé et des enclos ont été construits ;
- D’importants travaux d’aménagement sont en cours et/ou prévus avec le soutien de la Fondation MAVA et de la coopération luxembourgeoise pour lutter contre la prolifération des espèces envahissantes et créer des conditions écologiques optimales. La construction d’une diguette et d’un canal le long des limites externes du parc est prévue pour limiter les intrants liés à la riziculture et la prolifération des espèces envahissantes, matérialiser les limites du bien, lutter contre la divagation du bétail et développer des voies d’accès vers les villages.
Le 23 mars 2019, le Centre de patrimoine mondial a reçu les documents techniques du projet de construction d’une diguette et d’un canal Dans sa revue technique du 12 mars 2020, l’UICN a reconnu la nécessité d’agir pour préserver le site et l’intérêt du projet compte tenu des diverses menaces qui pèsent sur le bien. Elle a insisté sur la nécessité de veiller à ce que le projet identifie clairement et évite tout impact négatif potentiel sur le bien et sa valeur universelle exceptionnelle (VUE).
De plus, le Centre du patrimoine mondial grâce au financement du gouvernement de la Norvège contribue également à la mise en place de mesures de protection contre les impacts des projets agro-industriels situés à proximité du bien et au renforcement de la résilience des communautés.
Le 23 janvier 2021, l’État partie a signalé la mort d'au moins 750 pélicans blancs juvéniles dans le bien. Les résultats des analyses de laboratoire ont confirmé un foyer de grippe aviaire. A cet effet, l’UNESCO a organisé le 11 février 2021, une réunion virtuelle avec les autorités sénégalaises et mauritaniennes en charge de la gestion du bien, des Parcs nationaux du Diawling (PND) et Banc d'Arguin (PNBA) ainsi que les représentants de la FAO, de la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage (CMS), du Groupe de travail scientifique de la CMS sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages, de l’Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (AEWA), de la Convention de RAMSAR, de l’UICN, de la fondation MAVA, du Partenariat Régional pour la Conservation de la zone côtière et marine de l'Afrique de l'Ouest (PRCM) et de Oiseaux Migrateurs du Paléarctique Occidental (OMPO). La demande d’assistance d’urgence pour circonscrire l’épizootie et sensibiliser les communautés riveraines a été approuvée le 9 mars 2021.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2021
Il est rappelé que le bien avait été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2000 en raison de la prolifération des espèces envahissantes, notamment le Pistia et le Typha. Le retrait du bien de cette Liste en 2006 était justifié par la mise en œuvre d’un plan d’action ayant permis de mieux contrôler cette problématique. Malheureusement, il est très préoccupant que le développement accéléré des projets agro-industriels dans la zone tampon entraine une pollution des eaux du bien et la multiplication exponentielle de plusieurs espèces envahissantes, menaçant à nouveau la VUE. Il est crucial que l’État partie entreprenne des actions urgentes pour intercepter les flux de polluants dans le bassin versant et définir un plan d’urgence pour dépolluer les eaux.
L'engagement de l'État partie à résoudre les problèmes susmentionnés, y compris par le biais du projet financé par le Luxembourg et rétablir l’intégrité écologique du bien est noté avec satisfaction, cependant il est important que le Comité rappelle la nécessité de veiller à ce que ce projet identifie clairement et évite tout impact négatif potentiel sur la VUE du bien. L’UNESCO accompagne financièrement la mise en œuvre de certains travaux d’aménagement avec l’appui du gouvernement de la Norvège.
La multiplication des projets agro-industriels dans la zone tampon du bien est très préoccupante. Il est regrettable que le Centre du patrimoine mondial n’ait pas été informé du développement de ces multiples projets et il est recommandé que le Comité demande à l’État partie qu’aucun nouveau projet ne soit développé à proximité du bien sans qu’une étude d’impact environnemental et social (EIES) ou une évaluation environnementale stratégique (EES) ne soient réalisées afin d’évaluer les impacts sur la VUE du bien, y compris les effets cumulatifs de ces projets.
Notant la persistance de la divagation de bétail et de la pêche illégale dans le bien, il est recommandé que le Comité demande à l'État partie de renforcer les efforts de surveillance et de gestion et l’encourage à poursuivre les patrouilles et les actions de sensibilisation auprès des communautés, tout en mettant en œuvre les Plans d’occupation et d’affectation des sols pour mieux contrôler ces menaces. Les autres menaces mentionnées dans le passé pour le bien (sédimentation, adoucissement de l’eau, réduction des périodes naturelles d’assèchement) doivent également être traitées.
L‘épidémie de grippe aviaire est préoccupante. Notant également les impacts potentiels dans les zones de migrations à l’échelle régionale, il est recommandé d’appliquer les orientations prodiguées par le Groupe de travail scientifique sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages pour circonscrire l’épizootie, de travailler en collaboration régionale et de surveiller et rendre compte des impacts sur la VUE du bien. Par ailleurs, il est regrettable que l’État partie n’ait fourni aucune information sur les résultats du suivi écologique, notamment sur les tendances des populations d’oiseaux résidents et migrateurs, et il est recommandé que le Comité demande à l’État partie de poursuivre ses efforts pour améliorer le suivi et la protection des espèces caractéristiques de la VUE et d’en informer le Centre du patrimoine mondial.
Au regard des menaces décrites ci-dessus, il est recommandé que le Comité demande à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN afin d’évaluer l’état de conservation du bien, notamment les impacts de la prolifération des espèces envahissantes et de la pollution des eaux liés à la multiplication des projets agro-industriels dans la zone tampon sur la VUE du bien, et évaluer si les conditions pour une nouvelle inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril sont réunies.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2021
44 COM 7B.83
Parc national des oiseaux du Djoudj (Sénégal) (N 25)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant la décision 35 COM 7B.4, adoptée lors de sa 35esession (UNESCO, 2011),
- Accueille favorablement les actions d’éducation, d’information et de sensibilisation initiées par l’État partie et ses partenaires en vue d’une meilleure implication des communautés dans la gestion du bien et encourage l’État partie à poursuivre la collaboration ;
- Exprime sa plus vive préoccupation quant à la multiplication des projets agricoles et agro-industriels dans la zone tampon du bien entrainant une pollution des eaux du bien et une nouvelle prolifération de différentes espèces envahissantes, qui constituent une menace potentielle pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, demande à l’État partie :
- qu’aucun nouveau projet ne soit développé à proximité du bien sans réaliser au préalable une Étude d’impact environnemental et social (EIES) ou une Évaluation environnementale stratégique (EES) à soumettre au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, afin d’évaluer les impacts, y compris cumulatifs de ces projets, conformément au paragraphe 172 des Orientations et à la Note consultative de l’UICN sur le Patrimoine mondial et l’évaluation environnementale,
- de prendre immédiatement des mesures d’urgence pour intercepter les flux de polluants dans le bassin versant et définir un plan pour la dépollution des eaux et lutter contre les espèces envahissantes ;
- Prend note des actions initiées par l’État partie et ses partenaires pour améliorer la gestion du bien et lutter contre la prolifération des espèces envahissantes, et demande également à l’État partie de veiller à ce que toute mesure d’intervention prise ne menace pas la VUE du bien ;
- Note avec satisfaction l’adoption du Plan d’aménagement et de gestion du bien (2017-2022), les efforts de surveillance déployés qui ont permis l’arrestation de plusieurs braconniers et la saisie de leur matériel, et demande à l’État partie de renforcer les mesures de gestion, en mettant en œuvre les Plans d’occupation et d’affectation des sols pour éradiquer les menaces qui affectent le bien ;
- S’inquiète de l’apparition de l’épidémie de grippe aviaire au Sénégal et en Mauritanie ayant engendré une forte mortalité de pélicans blancs juvéniles au sein du bien et encourage l’État partie et ses partenaires à appliquer les orientations du Groupe de travail scientifique sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages dans leurs efforts pour circonscrire l’épizootie, et demande en outre à l’État partie de surveiller les impacts sur la VUE et fournir un rapport au Centre du patrimoine mondial ;
- Remercie les bailleurs de fonds qui continuent à appuyer la conservation du bien, notamment les gouvernements du Luxembourg et de la Norvège ;
- Regrette que l’État partie n’ait fourni aucune information sur les résultats du suivi écologique notamment sur les tendances des populations d’oiseaux résidents et migrateurs et lui demande par ailleurs de poursuivre ses efforts pour améliorer le suivi et la protection des espèces caractéristiques de la VUE, et d’en informer le Centre du patrimoine mondial ;
- Demande de plus à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN afin d’évaluer l’état de conservation du bien, notamment les impacts de la prolifération des espèces envahissantes et de la pollution des eaux liés à la multiplication des projets agro-industriels dans la zone tampon sur la VUE du bien et évaluer si les conditions pour une nouvelle inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril sont réunies ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e
Projet de décision : 44 COM 7B.83
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant la décision 35 COM 7B.4, adoptée lors de sa 35esession (UNESCO, 2011),
- Accueille favorablement les actions d’éducation, d’information et de sensibilisation initiées par l’État partie et ses partenaires en vue d’une meilleure implication des communautés dans la gestion du bien et encourage l’État partie à poursuivre la collaboration ;
- Exprime sa plus vive préoccupation quant à la multiplication des projets agricoles et agro-industriels dans la zone tampon du bien entrainant une pollution des eaux du bien et une nouvelle prolifération de différentes espèces envahissantes, qui constituent une menace potentielle pour la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, demande à l’État partie :
- qu’aucun nouveau projet ne soit développé à proximité du bien sans réaliser au préalable une Étude d’impact environnemental et social (EIES) ou une Évaluation environnementale stratégique (EES) à soumettre au Centre du patrimoine mondial, pour examen par l’UICN, afin d’évaluer les impacts, y compris cumulatifs de ces projets, conformément au paragraphe 172 des Orientationset à la Note consultative de l’UICN sur le Patrimoine mondial et l’évaluation environnementale,
- de prendre immédiatement des mesures d’urgence pour intercepter les flux de polluants dans le bassin versant et définir un plan pour la dépollution des eaux et lutter contre les espèces envahissantes ;
- Prend note des actions initiées par l’État partie et ses partenaires pour améliorer la gestion du bien et lutter contre la prolifération des espèces envahissantes, et demande également à l’État partie de veiller à ce que toute mesure d’intervention prise ne menace pas la VUE du bien ;
- Note avec satisfaction l’adoption du Plan d’aménagement et de gestion du bien (2017-2022), les efforts de surveillance déployés qui ont permis l’arrestation de plusieurs braconniers et la saisie de leur matériel, et demande à l’État partie de renforcer les mesures de gestion, en mettant en œuvre les Plans d’occupation et d’affectation des sols pour éradiquer les menaces qui affectent le bien ;
- S’inquiète de l’apparition de l’épidémie de grippe aviaire au Sénégal et en Mauritanie ayant engendré une forte mortalité de pélicans blancs juvéniles au sein du bien et encourage l’Etat partie et ses partenaires à appliquer les orientations du Groupe de travail scientifique sur la grippe aviaire et les oiseaux sauvages dans leurs efforts pour circonscrire l’épizootie, et demande en outre à l’Etat partie de surveiller les impacts sur la VUE et fournir un rapport au Centre du patrimoine mondial ;
- Remercie les bailleurs de fonds qui continuent à appuyer la conservation du bien, notamment les gouvernements du Luxembourg et de la Norvège ;
- Regrette que l’État partie n’ait fourni aucune information sur les résultats du suivi écologique notamment sur les tendances des populations d’oiseaux résidents et migrateurs et lui demande par ailleurs de poursuivre ses efforts pour améliorer le suivi et la protection des espèces caractéristiques de la VUE, et d’en informer le Centre du patrimoine mondial;
- Demande de plus à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN afin d’évaluer l’état de conservation du bien, notamment les impacts de la prolifération des espèces envahissantes et de la pollution des eaux liés à la multiplication des projets agro-industriels dans la zone tampon sur la VUE du bien et évaluer si les conditions pour une nouvelle inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril sont réunies ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 45e session en 2022.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.