Zone de conservation de Ngorongoro
Facteurs affectant le bien en 2006*
- Activités illégales
- Espèces envahissantes/exotiques terrestres
- Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Modification du régime des sols
- Production de semences
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Accroissement de la population pastorale résidente ;
b) Immigration ; braconnage ;
c) Prolifération d’espèces envahissantes;
d) Pression touristique ;
e) Empiétement et cultures.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2006
Montant total approuvé : 245 426 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2006**
Mission de l’UICN 21-24 avril 1986
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2006
Le Centre du patrimoine mondial a reçu de l’État partie, le 6 janvier 2006, un rapport sur l'état de conservation du bien, par l’intermédiaire de la Ngorongoro Conservation Area Authority (NCAA), qui s’occupe de la gestion du site, ainsi qu’un rapport intitulé ‘The effects of congestion of vehicles on the environment – an Environmental Impact Assessment (EIA) in the Ngorongoro Crater, Results from the scoping process’.
Le rapport de l’État partie, qui met à jour les informations communiquées au Comité à sa 29e session, aborde les points suivants :
Gestion et planification
Le plan général de gestion en est à sa phase finale d’évaluation et devait être adopté en avril 2006. La NCAA a également mis sur pied un plan d'entreprise, un nouveau programme de service et un nouvel organigramme, bien que ces éléments ne soient pas décrits plus avant.
Gestion des visiteurs
Avec le soutien de nombreux partenaires, une EIE sur l'affluence excessive de véhicules dans le cratère du Ngorongoro est en préparation. Les résultats du processus d'application de l'EIE ont été présentés par l’État partie (17 janvier 2006). Entre-temps, la NCAA dit avoir pris plusieurs mesures de délestage pour réduire l’impact du tourisme, comme la réglementation du trafic, l'augmentation du péage et la diffusion d'informations. Les safaris à pied et le tourisme culturel auxquels sont associées les communautés locales, ainsi que les visites d’autres secteurs de la ZCN sont également encouragés. L’État partie envisage d’établir un système de réservation pour le cratère si les mesures qui précèdent ne parviennent pas à limiter le préjudice, bien qu'aucun délai n'ait été indiqué à cet égard.
Limites et empiètement
La NCAA signale qu'elle continue d'empêcher des immigrants de pénétrer à l’intérieur du bien et d’y faire des cultures en toute illégalité. Elle note un déclin des terres cultivées bien qu'aucun chiffre ne soit communiqué sur une zone précise. Suite à la nouvelle étude sur les limites du bien signalée en 2005, le titre de propriété n'a encore pas été délivré par le ministère des Terres. Le périmètre du bien a été délimité et, d’après les informations obtenues, cela a résolu le problème d'empiètement.
Population pastoraliste résidente
Le rapport de l'État partie indique que le bien du patrimoine mondial n'a pas la capacité de pourvoir à la subsistance des 60 000 Massaï et des 360 000 têtes de bétail qui l’occupent. La population a réussi à acquérir 400 ha de terres agricoles à l’extérieur du bien pour y installer des immigrants volontaires. Le développement des infrastructures pour répondre aux besoins élémentaires de la population locale est planifié sur les deux prochaines années de manière à ce que 200 ménages puissent s’installer de leur plein gré à l’extérieur de la ZCN. L'État partie reconnaît qu’il faut réduire la quantité et améliorer la qualité de production du bétail et trouver d’autres moyens de subsistance, par exemple grâce au tourisme. La NCAA a acheté un domaine de 430 ha juste avant la porte d'entrée principale de la ZCN en vue d’y installer son personnel et celui du lodge pour touristes qui logent actuellement au bord du cratère. Le rapport n'indique pas clairement si les terres réservées à la communauté Massaï et au personnel sont les mêmes.
Espèces envahissantes
L’État partie indique qu'un programme de brûlage imposé a été mis en place pour réduire la prolifération d’herbes envahissantes, 400 ha ayant pu être détruits par le feu en septembre 2005. Un mélange de désherbage manuel, de fauche et de brûlage a aussi été pratiqué dans les endroits du cratère infestés d’argémone qui, selon les informations obtenues, a été éradiquée.
Synthèse
Le rapport de l’État partie est encourageant au regard des progrès accomplis sur un certain nombre de points. Toutefois, le Centre du patrimoine mondial et l'UICN ont reçu d’autres échos et commentaires sur le rapport fourni par l'État partie affirmant que la gestion pratiquée sur le terrain est inadéquate et que l'état de conservation actuel du bien est préoccupant. Ces observations rapportées au Centre du patrimoine mondial et à l'UICN indiquent que :
a) L'empiètement, la destruction de la forêt, l'érosion et les cultures à l’intérieur du site se poursuivent et augmentent, et les patrouilles effectuées sur le pourtour sont inadéquates. La politique et les moyens déployés pour stopper l'immigration sont insuffisants et les projets de déplacement de population et de réduction du bétail avancent trop lentement comparé aux augmentations en cours. De plus, des ONG étrangères ont introduit de nouveaux animaux d’élevage pour améliorer les conditions de vie des communautés pastorales, alors que des chameaux, espèce exotique, ont été introduits depuis peu.
b) L’afflux de touristes ajouté à une infrastructure inadéquate et à une mauvaise gestion pose de sérieux problèmes d’ordre écologique et entraîne une dégradation de l'environnement.
c) Degré insuffisant de participation, de développement des capacités et de partage équitable des revenus avec la communauté locale des Massaï.
d) Effets notoires sur les ressources en eau limitées, primordiales pour la faune et la flore sauvages et pour l'habitat et la population locale.
e) Plusieurs espèces végétales étrangères autres que l'argémone requièrent une certaine attention pour s'assurer qu'elles sont régulièrement contrôlées. La gestion dans ce domaine laisse beaucoup à désirer.
f) Mise en œuvre inadéquate du plan général de gestion (PGG) précédent.
g) Le rapport de l’État partie ne mentionne nulle part les plans de création d’un nouveau lodge cinq étoiles, le « Ngorongoro Mountain Lodge », qui devrait accueillir les touristes au bord du cratère, dans le périmètre du site du patrimoine mondial et, éventuellement, d’un autre lodge au bord du cratère à Empakai.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN qui sont en contact avec l'Institut d'analyse des ressources de l'Université de Dar es-Salaam, chargé de réaliser l'EIE en cours au nom des promoteurs du ‘Mountain Lodge’, ont demandé à être consultés afin d’examiner les résultats préliminaires de l'EIE. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN craignent que cette opération immobilière n’accentue la pression du tourisme sur le site et estiment qu'il serait préférable d’opter pour une extension du Wildlife Lodge déjà en place ou d’envisager le projet de construction en dehors du site du patrimoine mondial.
Dans son rapport, l’État partie ne donne pas les tendances révélées par le contrôle biannuel de la faune, tels les gnous et autres ongulés, dans la Zone de conservation. Le Comité, à la demande de la NCAA, a pris note à sa 26e session de l'étude « Ngorongoro Crater Ungulate Study 1996-1999, Final Report », publiée en 2002. Le rapport de l'État partie ne fait aucune mention de la mise en œuvre des recommandations préconisées dans cette étude, comme la création d'un comité scientifique pluridisciplinaire et la réalisation d’une étude hydrologique de toute la ZCN, ainsi que les résultats du contrôle des populations d’ongulés (voir Décisions 26 COM 21(b).22 et 29 COM 7B.1).
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN se déclarent préoccupés par les rapports qu'ils ont reçus sur l'état de conservation de ce bien, en contradiction avec celui de l'État partie. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent, par conséquent, qu'il est nécessaire d'organiser une mission de suivi sur place pour rencontrer l'État partie et les autres acteurs concernés de manière à mieux comprendre la situation et à avancer des recommandations claires au Comité du patrimoine mondial en 2007.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2006
30 COM 7B.2
Etat de conservation (Zone de conservation de Ngorongoro)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM 7B,
2. Rappelant la décision 29 COM 7B.1, adoptée à sa 29e session (Durban, 2005),
3. Encourage la Ngorongoro Conservation Area Authority (NCAA) à appliquer sans plus tarder les mesures prévues pour réglementer et contrôler rigoureusement l'afflux de touristes à l'intérieur du cratère et déplacer la population immigrante et les personnels de la NCAA et du lodge à l'extérieur du bien;
4. Note que le Centre du patrimoine mondial et l'UICN ont reçu un certain nombre de rapports soulevant des inquiétudes quant à l'état de conservation du bien;
5. Prie instamment l'État partie à entamer de larges consultations, y compris avec l'UICN et le Centre du patrimoine mondial, à propos de l'Évaluation d'impact environnemental (EIE) concernant l'implantation d'un nouveau lodge au bord du cratère et à étudier attentivement les autres options proposées telles que l'extension du lodge existant ou encore la construction d'un lodge en dehors du bien;
6. Demande à l'État partie d'inviter une mission conjointe de suivi Centre du patrimoine mondial/UICN à se rendre sur place en vue de pouvoir soumettre au Comité du patrimoine mondial, à sa 31e session en 2007, un rapport détaillé sur l'état de conservation du bien, en accordant une attention particulière à la gestion globale et aux moyens de financement, à la gestion des visiteurs et au développement des infrastructures, à la population pastorale résidente, aux cultures illicites et à l'empiètement;
7. Invite l'État partie à présenter un rapport détaillé d'ici le 1 février 2007 sur les résultats des EIE concernant l'aménagement du lodge et l'affluence excessive de véhicules; les mesures destinées à atténuer les effets néfastes du tourisme et à augmenter les recettes pour la gestion du bien et les communautés locales; les mesures de contrôle des terres cultivées, des empiètements, de l'immigration et du nombre d'animaux d'élevage; et le transfert des immigrants vers les terres agricoles situées en dehors du bien.
Projet de décision : 30 COM 7B.2
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-06/30.COM 7B,
2. Rappelant la décision 29 COM 7B.1, adoptée à sa 29e session (Durban, 2005),
3. Encourage la Ngorongoro Conservation Area Authority (NCAA) à appliquer sans plus tarder les mesures prévues pour réglementer et contrôler rigoureusement l’afflux de touristes à l’intérieur du cratère et déplacer la population immigrante et les personnels de la NCAA et du lodge à l’extérieur du bien ;
4. Note que le Centre du patrimoine mondial et l’UICN ont reçu un certain nombre de rapports alarmants sur l'état de conservation du bien, qui relèvent notamment les mauvaises pratiques de gestion, les effets d’un tourisme non planifié et incontrôlé, l’extension d’un lodge, l'accroissement de la population pastoraliste résidente, les terres cultivées illégalement et l'empiètement ;
5. Prie instamment l’État partie à entamer de larges consultations, y compris avec l'UICN et le Centre du patrimoine mondial, à propos de l'Évaluation d’impact environnemental (EIE) concernant l’implantation d’un nouveau lodge au bord du cratère et à étudier attentivement les autres options proposées telles que l’extension du lodge existant ou encore la construction d'un lodge en dehors du bien ;
6. Demande à l’État partie d'inviter une mission conjointe de suivi UNESCO / UICN à se rendre sur place en vue de pouvoir soumettre au Comité du patrimoine mondial, à sa 31e session, un rapport détaillé sur l'état de conservation du bien, en accordant une attention particulière à la gestion globale et aux moyens de subsistance, à la gestion des visiteurs et au développement des infrastructures, à la population pastorale résidente, aux cultures illicites et à l'empiètement ;
7. Invite l’État partie à présenter un rapport détaillé d’ici le 1er février 2007 sur les résultats des EIE concernant l’aménagement du lodge et l'affluence excessive de véhicules ; les mesures destinées à atténuer les effets néfastes du tourisme et à augmenter les recettes pour la gestion du bien et les communautés locales ; les mesures de contrôle des terres cultivées, des empiètements, de l'immigration et du nombre d’animaux d’élevage ; et le transfert des immigrants vers les terres agricoles situées en dehors du bien.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.