Parc national de l'Ichkeul
Facteurs affectant le bien en 2006*
- Eau (pluie/nappe phréatique)
- Infrastructures hydrauliques
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) impacts négatifs de la construction des barrages ;
b) apports d’eau insuffisants pour maintenir le système biologique ;
c) structure de gestion inadaptée ;
d) absence de plan de gestion.
Menaces pour lesquelles le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril
- construction de barrages entraînant des modifications du régime hydrologique ainsi que la perte d’espèces végétales et de populations d’oiseaux migrateurs ;
- infrastructures insuffisantes ;
- budget et capacités de gestion.
Mesures correctives pour le bien
Lors de sa 27e session (UNESCO, 2003), le Comité du patrimoine mondial a défini les repères suivants (27 COM 7A.8) :
a) renforcement de la structure de gestion du parc ; en particulier, création d’une structure autonome et permanente qui prenne en considération les spécificités de l’Ichkeul et la pérennité de ses valeurs et qui soit dotée des pouvoirs de décision appropriés ;
b) confirmation écrite que l’État partie considérera le bien comme un « consommateur » d’eau et qu’il s’engage à un apport d’eau annuel moyen de 80-120 millions de mètres cubes par des lâchers ou déversements d’eau à partir des barrages en amont ;
c) création d’un « Comité 21 » chargé d’élaborer un Agenda 21 local ;
d) achèvement d’un plan de gestion participative du bien dans le cadre du projet FEM/Banque mondiale.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2006
Montant total approuvé : 140 000 dollars E.U.
2002 | Elaboration d'un plan d'urgence pour la sauvegarde du ... (Approuvé) | 50 000 dollars E.U. |
1991 | Consultancy, equipment, design and construction costs ... (Approuvé) | 40 000 dollars E.U. |
1989 | Financial contribution to the preparation of exhibits ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
1981 | Study on Ichkeul National Park (Approuvé) | 30 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2006**
Mission UNESCO/UICN/Ramsar en 1999 ; mission UICN/Ramsar en 2000 ; et mission UICN en 2002.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2006
Dans une lettre de l’État partie datée du 2 février 2006, le Ministre de l’Environnement et du développement durable fait état de progrès considérables dans la régénération des écosystèmes de l’Ichkeul et demande que le bien soit retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril. La lettre indique que les efforts de la Tunisie pour gérer l’eau et mettre en œuvre un programme de surveillance et de recherche, combinés à des conditions climatiques favorables, ont permis à une grande partie du bien de retrouver les valeurs pour lesquelles il avait été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. La lettre souligne que l’Ichkeul a été reconnu comme un « consommateur » net d’eau dans le cadre du « Plan Directeur des Eaux du Nord » et que, par conséquent, la Tunisie veillera à déverser chaque année la quantité d’eau minimale requise pour la survie des écosystèmes. Enfin, l’État partie donne des informations sur le plan de gestion participative en cours d’élaboration ainsi que sur le projet FEM/Banque mondiale qui concerne trois parcs nationaux tunisiens, dont le Parc national de l’Ichkeul, et s’étend sur six ans (2003-2008). Le rapport 2006 de l’État partie contient également le rapport annuel de surveillance scientifique du parc pour 2004-2005 préparé par l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE). Ce rapport indique que dans certaines zones, les écosystèmes ont retrouvé un état proche de celui des années 1980 et, en particulier, que :
a) comme pendant l’hiver 2002/2003, les déversements d’eau à partir des barrages ont été en 2004/05 très importants (à hauteur de 345 millions de mètres cubes) et équivalents à l’apport d’eau du bassin avant que les barrages ne soient construits ;
b) le niveau élevé de l’eau pendant une longue période s’est traduit par des niveaux de salinité très faibles ainsi que par l’inondation de la quasi-totalité des marais pendant de longues périodes ;
c) on observe le développement et la régénération du potamot à feuilles en peigne (Potamogeton pectinatus), des joncs Scirpus et des roseaux Phragmites, qui sont d’importance critique pour l’ensemble de l’écosystème et des indicateurs de régénération ;
d) un grand nombre d’oiseaux aquatiques hivernants et d’oiseaux nicheurs sont revenus, ainsi que les poissons et les anguilles.
Le rapport fait remarquer que la régénération actuelle de l’écosystème justifie la proposition de gestion des déversements d’eau sur une base pluriannuelle. Il fait valoir que l’écosystème actuel a été façonné par les variations des conditions environnementales et que, par conséquent, une gestion qui maintiendrait artificiellement l’écosystème de l’Ichkeul dans des conditions optimales constantes ne serait pas en accord avec les objectifs de conservation de l’écosystème.
Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN notent les améliorations de l’état de conservation du bien qui s’expliquent par la troisième saison consécutive de précipitations moyennes ou au-dessus de la moyenne et le déversement d’eau à partir des barrages, permettant une régénération considérable des écosystèmes du Parc national de l’Ichkeul. On peut espérer, maintenant que les barrages sont remplis, que cette régénération se poursuivra tant que des apports réguliers d’eau douce seront assurés. Une surveillance permanente est indispensable et semble être assurée par l’ANPE et le projet FEM/Banque mondiale. L’État partie est félicité pour la surveillance scientifique très professionnelle et les rapports très détaillés de l’ANPE et des organismes universitaires tunisiens.
Les progrès importants accomplis dans la réhabilitation du bien sont reconnus. Mais la décision de retirer ou non le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril doit reposer sur la réalisation des repères définis par le Comité du patrimoine mondial à sa 27e session. L’UICN considère que pour le moment tous les repères n’ont pas été totalement atteints. En particulier, les questions de gestion, notamment la création d’une structure de gestion autonome et permanente et l’élaboration d’un plan de gestion participatif, ne sont pas complètement réglées. Deux organismes, l’ANPE et le Département des forêts jouent actuellement un rôle dans la gestion et la surveillance du parc, mais il faut mettre en place une structure permanente harmonisée, dotée de processus décisionnels clairs. Les fonctions de programmation conjointe, de suivi de la mise en œuvre et de coordination sont actuellement assurées par l’équipe de gestion qui a été constituée pour le projet du FEM et qui regroupe différentes parties prenantes. Le rapport de l’État partie précise que cette structure sera maintenue après l’achèvement du projet pour garantir la mise en œuvre du plan de gestion du parc. L’UICN fait observer que les dispositions qui s’imposent pour la gestion du bien et qui devraient être prises par le Département des forêts sont critiques pour la conservation de ses valeurs universelles ; l’UICN compte évaluer l’ensemble des dispositions de gestion prises dans le cadre du projet du FEM quand elles seront disponibles.
L’État partie ne s’est par ailleurs pas encore engagé à assurer un apport d’eau déterminé dans le parc. Le Centre du patrimoine mondial et l’UICN considèrent que ce repère nécessite plus ample discussion. A la suite de la demande de l’État partie que le bien soit retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril, une mission conjointe UICN/UNESCO a été programmée en mai 2006 ; elle permettra de poursuivre les discussions sur ce sujet. Ses conclusions seront présentées lors de la 30e session du Comité du patrimoine mondial (Vilnius, 2006) et un projet de décision révisé pourrait être proposé pour les prendre en compte.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2006
30 COM 7A.12
Parc national de l'Ichkeul (Tunisie) (N 8)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-06/30 COM/7A,
2. Rappelant les décisions 27 COM 7A.8 et 29 COM 7A.8, adoptées respectivement lors de ses 27e (Paris, 2003) et 29e (Durban, 2005) sessions,
3. Remercie l'État partie d'avoir accueilli la mission de suivi UICN/UNESCO sur le bien du 31 mai au 2 juin 2006;
4. Reconnaît que des progrès considérables ont été accomplis ces dernières années dans la réhabilitation du bien, en particulier l'amélioration de la qualité de l'eau qui entraîne la restauration de la végétation critique pour le fonctionnement de l'écosystème, le retour graduel des oiseaux hivernants et nicheurs, sans toutefois atteindre en nombre les niveaux constatés lors de l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial, et la reconstitution des populations de poisson;
5. Félicite l'État partie de sa ferme volonté d'agir pour la conservation du bien et, en particulier, d'avoir mis en place un programme de surveillance scientifique de grande qualité qui contribue à la production de rapports réguliers sur les progrès accomplis;
6. Note que l'État partie met actuellement à jour le modèle hydrologique du bien initialement élaboré dans le cadre du projet BCEOM afin d'évaluer les impacts potentiels des trois nouveaux barrages proposés sur le bien;
7. Considère qu'il reste du travail à accomplir pour garantir le maintien et la restauration des valeurs pour lesquelles le bien a été inscrit sur la Liste du patrimoine mondial et assurer sa gestion efficace à long terme;
8. Demande à l'État partie de mettre en œuvre les recommandations de la mission de suivi UICN/UNESCO 2006 dans le même esprit constructif que lors de la mise en œuvre des recommandations précédentes;
9. Remercie l'État partie pour son engagement à considérer le Parc national d'Ichkeul comme un consommateur net d'eau et demande de poursuivre cette politique en tenant compte de la nécessité d'afflux occasionnels d'eau pour éliminer toute concentration de sel;
10. Encourage l'État partie à demander le soutien financier du Fonds du patrimoine mondial pour organiser un atelier au début de l'hiver 2006/07 en collaboration avec l'UICN et le Centre du patrimoine mondial, afin de discuter du projet de plan de gestion du bien et de l'application des recommandations de la mission;
11. Demande à l'État partie de fournir au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1février 2007, un rapport actualisé sur l'état de conservation du bien et en particulier sur:
a) La mise en place d'une structure de gestion intégrée et autonome, dotée de pouvoirs de décision et d'un soutien financier lui permettant de travailler efficacement;
b) La finalisation et l'adoption du plan de gestion, en tenant compte du statut conféré au bien en tant que bien du patrimoine mondial, des conclusions de la mise à jour du modèle hydrologique et de la création d'un comité local ‘Action 21' pour sensibiliser le public au parc dans l'ensemble du bassin versant;
12. Décide de retirer le Parc national de l'Ichkeul (Tunisie) de la Liste du patrimoine mondial en péril;
13. Prévient que si les progrès à suivre ne sont pas satisfaisants, le bien sera réinscrit sur la Liste du patrimoine mondial en péril à sa 31e session en 2007.
30 COM 8C.3
Mise à jour de la Liste du patrimoine mondial en péril (biens retirés)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les rapports sur l'état de conservation des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial en péril (WHC-06/30.COM/7A et WHC-06/30.COM/7A.Add.Rev),
2. Retire les biens suivants de la Liste du patrimoine mondial en péril :
- Algérie, Tipasa (décision 30 COM 7A.18)
- Allemagne, Cathédrale de Cologne (décision 30 COM 7A.30)
- Inde, Ensemble monumental de Hampi (décision 30 COM 7A.24)
- Sénégal, Parc national des oiseaux du Djoudj (décision 30 COM 7A.11)
- Tunisie, Parc national de l'Ichkeul (décision 30 COM 7A.12)
Projet de décision : 30 COM 7A.12
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-06/30 COM/7A,
2. Rappelant les décisions 27 COM 7A.8, 28 COM 15A.5 et 29 COM 7A.8, adoptées à ses 27e (UNESCO, 2003), 28e (Suzhou, 2004) et 29e (Durban, 2005) sessions respectivement,
3. Félicite l’État partie pour les progrès accomplis à ce jour dans la réhabilitation du bien ainsi que pour la surveillance scientifique et la production de rapports réguliers sur ces progrès ;
4. Considère que de nouveaux progrès doivent être faits par rapport aux repères pour pouvoir retirer le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, en particulier en ce qui concerne la gestion du bien et l’engagement de déversements d’eau dans le lac à partir des barrages construits en amont ;
5. Prie instamment l’État partie de nouer le dialogue avec l’UICN, le Centre du patrimoine mondial et d’autres partenaires pour mettre en place une structure de gestion et un plan de gestion adaptés afin de garantir une gestion efficace du bien ;
6. Demande à l’État partie de fournir au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2007, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et les progrès accomplis pour atteindre chacun des repères définis par le Comité pour retirer le bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 31e session en 2007 ;
7. Décide de maintenir le Parc national de l’Ichkeul (Tunisie) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.