Volcans du Kamchatka
Facteurs affectant le bien en 2008*
- Activités illégales
- Exploitation minière
- Grandes installations linéaires
- Incendies (d’origine naturelle)
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures liées aux énergies renouvelables
- Pétrole/gaz
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Pêche au saumon illégale ;
b) Extraction minière d'or ;
c) Gazoduc ;
d) Installation d'une centrale électrique géothermique ;
e) Incendies de forêt ;
f) Modification des limites du bien ;
g) Construction de la route Esso-Palana.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2008
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2008**
1997: mission d'information de l'UICN, 2004: mission conjointe Centre du patrimoine mondial / UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2008
Le 15 février 2008, l'Etat partie a remis son rapport sur l'état de conservation du bien.
Du 30 août au 7 septembre 2007, une mission conjointe Centre du patrimoine mondial / UICN a visité le bien, comme demandé par le Comité du patrimoine mondial, dans sa décision 30 COM 7B.25, adoptée à sa 30e session (Vilnius, 2006). Les membres de la mission ont rencontré des représentants de l'Etat partie, diverses parties prenantes, et le personnel de la zone protégée, ils ont pu visiter quatre des six sites composant le bien en série, la Réserve de biosphère de Kronotsky, une zone protégée sous tutelle fédérale et les parc naturels du Sud Kamchatka, de Bystrinski, et de Nalychevo, qui sont eux aussi des zones protégées mais sous tutelle régionale. Le rapport de mission peut être consulté sur Internet à l'adresse suivante: https://whc.unesco.org/archive/2008 .
Les membres de la mission ont estimé que la valeur universelle exceptionnelle du bien était maintenue et que, dans l'immédiat, elle ne courait aucun risque. La mission a cependant identifié des problèmes importants qui, s'ils ne sont pas résolus d'ici 2 à 3 ans, pourraient à l'avenir mettre en danger sa valeur universelle exceptionnelle et porter atteinte aux conditions requises à son intégrité. Les principaux problèmes ont trait à la protection légale, à la gestion du bien, et aux menaces potentielles créées par le développement de l'exploitation minière et par le braconnage de saumons.
a) Protection légale et gestion
La mission a jugé que le statut légal de protection des Parcs naturels n'était pas suffisant pour garantir une conservation optimale des valeurs de biodiversité du bien.
Dans les Parcs naturels, la propriété des terres fédérales n'a pas été transférée aux administrations régionales, et la situation juridique se révèle complexe car différentes agences régionales sont en charge des différentes ressources naturelles dans les parcs. La mission estime que les accords de gestion actuellement en cours empêchent les agences en charge de la gestion des Parcs naturels d'accomplir leur mission conformément à leurs objectifs en terme de conservation, et que ceci constitue un obstacle majeur à une gestion efficace du bien.
La mission a pris note de progrès majeurs accomplis depuis la visite de la mission précédente en 2004 dans les domaines du recrutement, avec l'augmentation du nombre d'employés, et du budget des quatre Parcs nationaux du bien, mais a remarqué que les budgets de deux zones fédérales protégées avaient légèrement diminué et n'étaient pas adaptés à une réponse adéquate aux besoins de gestion du bien.
b) Exploitation minière
Alors que la mission s'est montrée satisfaite des assurances données par l'Etat partie qu'aucun projet d'exploitation minière dans le périmètre du bien n'est actuellement à l'ordre du jour, des projets à venir pourraient se révéler inquiétants. Au cours de la mission, des représentants de l'Etat partie ont expliqué que si d'importants gisements minéraux, de gaz ou de pétrole, étaient découverts dans l'un des parcs, l'Etat partie se réservait le droit de demander une modification des limites du bien au Comité du patrimoine mondial mais les représentants de l'Etat partie ont bien insisté sur l'absence actuelle de tels projets. Le récent rapport de l'Etat partie affirme qu'aucune activité d'exploitation ou de prospection minière n'est actuellement menée dans le périmètre du bien. Le Centre du patrimoine mondial et l'UICN ont cependant été informés que, peu de temps après la fin de la mission, l'administration régionale a décidé de modifier la réglementation du parc naturel de Bystrinsky afin d'y permettre la prospection géologique dans deux zones du parc où des gisements d'or ont été localisés. A l'heure où le Centre du patrimoine mondial préparait ce rapport, il n'avait reçu aucune confirmation de la part de l'Etat partie sur ces sujets.
c) Braconnage de saumon
La mission a en outre signalé des rapports incessants faisant état de la baisse du nombre de saumons résultant du braconnage mais n'a pu en évaluer l'impact sur la valeur universelle exceptionnelle, et ce, par manque de données. La mission a demandé à l'Etat partie de faire un rapport sur les populations de saumon dans tout le Kamchatka et en particulier dans le périmètre du bien. En réponse à cette demande, le rapport de l'Etat partie signale qu'aucune pêche au saumon n'est autorisée dans les deux zones fédérales protégées mais qu'une augmentation du braconnage a été observée dans le Refuge de faune sauvage du sud Kamchatka, la zone principale de ponte du saumon rouge. Pour y faire face, les mesures de protection ont été renforcées. Le rapport note cependant que la population de saumon est stable dans les deux zones protégées. Dans les Parcs naturels, la pêche commerciale est autorisée dans des zones bien définies, elle est soumise à autorisation et contingentée au moyen de quotas de pêche. En ce qui concerne spécifiquement, les Parcs naturels du sud Kamchatka et de Nalychevo, d'importantes rivières de ponte s'y trouvent et les populations de saumons sont jugées satisfaisantes dans les deux cas. Aucune donnée scientifique sur ces populations n'a cependant été fournie.
d) Autres problèmes
La mission a évalué les conséquences de l'important glissement de terrain qui s'est produit en juin 2007 dans la Vallée des geysers de la Réserve de biosphère de Kronotsky et a conclu qu'il s'agissait d'un phénomène normal lié aux dynamiques géologique et écologique du bien et faisant donc intrinsèquement partie de sa valeur universelle exceptionnelle. Une politique de non-intervention est recommandée afin que le processus naturel de restauration suive son cours.
La mission a pris note des inquiétudes exprimées par les populations locales quant à la baisse du nombre de mouflons des neiges et de zibelines et au manque de transparence dans l'attribution des zones de chasse dans certains secteurs du bien, en particulier le parc naturel de Bystrinsky. La mission a félicité l'Etat partie pour les efforts entrepris en ce qui concerne la rationalisation des quotas de chasse à l'ours dans la péninsule du Kamchatka.
La mission a aussi examiné les problèmes liés à l'exploitation forestière, aux incendies de forêt, et à la construction de la centrale géothermique de Mutnovsky mais a jugé que ces trois problèmes n'avaient pas d'impact important sur la valeur universelle exceptionnelle et l'intégrité du bien. Le projet de construction d'un gazoduc, qui ne traversera pas le bien, n'aura pas non plus d'impact direct sur le bien, mais comme il traverse plusieurs zones de ponte de saumons, il pourrait avoir des conséquences sur les populations de saumon de la péninsule.
La mission a établi un certain nombre de recommandations visant à renforcer la gestion du bien du patrimoine mondial, les plus importantes se trouvent dans les paragraphes concernés du projet de décision.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2008
32 COM 7B.23
Volcans du Kamchatka (Fédération de Russie) (N 765 bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-08/32.COM/7B,
2. Rappelant les décisions 30 COM 7B.25 et 31 COM 7B.26, adoptées respectivement lors de sa 30e session (Vilnius, 2006) et 31e session (Christchurch, 2007),
3. Rappelant également la décision 24 COM VIII.44-49 (Cairns, 2000) sur le patrimoine mondial et l'exploitation minière et les engagements y afférant pris par les principaux acteurs de l'industrie minière (Conseil international sur les minéraux et métaux, 2003) de ne pas exploiter de mine dans les biens du patrimoine mondial,
4. Note que la valeur universelle exceptionnelle du bien est intacte et qu'aucune menace n'est actuellement à craindre mais que d'importants problèmes liés à l'intégrité et à la gestion du bien existent et qu'ils pourraient, s'ils ne sont pas résolus, mettre en danger la valeur universelle exceptionnelle et l'intégrité du bien ;
5. Prie instamment l'État partie de mettre en oeuvre les recommandations suivantes établies par la mission de 2007 afin de renforcer la protection et la gestion du bien :
a) Améliorer la législation concernant la protection des Parcs naturels régionaux, soit en leur accordant le statut de Parc national, comme initialement prévu par l'État partie, soit en révisant leur zonage afin de mieux conserver la valeur universelle exceptionnelle du bien et en particulier ses valeurs liées à la biodiversité ;
b) Mettre en place un mécanisme de gestion et une stratégie institutionnelle du bien, afin de s'assurer que toutes les ressources du bien sont gérées dans un objectif de conservation de la valeur universelle exceptionnelle du bien et de son intégrité ;
c) Établir un plan de gestion intégrée du bien considéré dans sa totalité, qui définit des objectifs de gestion basés sur sa valeur universelle exceptionnelle et qui associe des conditions d'intégrité, mettant en place des normes communes de gestion afin d'entretenir les valeurs du patrimoine mondial dans tout le bien et de définir les responsabilités de planification et de gestion pour chacune des entités de gestion ;
d) Mettre en place ou réviser les plans de gestion de chacune des six composantes du bien, plans considérés comme des éléments constitutifs du plan de gestion intégrée qui précisera comment chaque composante sera gérée afin d'entretenir les valeurs pour lesquelles le bien dans sa totalité a été inscrit, et comment ces plans seront financés afin qu'ils puissent être mis en oeuvre ;
e) Délimiter précisément le bien dans le cadre du plan de gestion, en transformant les limites établies lors de l'inscription en coordonnées géographiques précises ;
6. Demande à l'État partie de mettre en oeuvre les autres recommandations de la mission de 2007 afin de résoudre les problèmes liés à la conservation, en particulier :
a) Soumettre au Comité du patrimoine mondial les évaluations d'impact environnemental des exploitations minières, minérales et géothermiques en cours et prévues ainsi que des projets de prospection localisés près des limites du bien ;
b) Suivre de près l'exploitation minière en cours, le gazoduc, et la prospection minière ou géothermique près des limites du bien afin d'éviter des impacts considérables sur le bien et de s'assurer que les plus hautes normes environnementales sont appliquées ;
c) Remettre un rapport scientifique complémentaire sur l'état de conservation des populations de saumon du bien, identifiant des tendances depuis l'inscription ;
d) Élaborer, dans le cadre d'une politique globale du contrôle et de la limitation de l'accès, une politique d'accès au bien, à considérer comme une des composantes du cadre de gestion globale du bien ;
7. Prie également instamment l'État partie de remettre, d'ici le 1er novembre 2008, une documentation sur les prétendus changements de réglementation du parc naturel de Bystrinsky visant à autoriser la prospection géologique et sur les projets envisagés de modification des limites du Parc afin d'y accueillir des activités d'exploitation minière ;
8. Invite l'État partie à envisager les réponses à apporter aux problèmes de plan de gestion commun, de cadre de gestion, et de normes de gestion pour tous les biens naturels du patrimoine mondial, situés sur le territoire de la Fédération de Russie, composés de zones protégées sous tutelle régionale et fédérale, dans le cadre d'une loi nationale sur la gestion des biens du patrimoine mondial, qui soit conforme aux obligations qui lie l'État partie à la Convention ;
9. Demande également à l'État partie de remettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2010, un rapport sur l'état de conservation du bien et sur les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des recommandations de la mission de 2007, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 34e session, en 2010.
Projet de décision : 32 COM 7B.23
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-08/32.COM/7B,
2. Rappelant les décisions 30 COM 7B.25 et 31 COM 7B.26, adoptées respectivement lors de ses 30e (Vilnius, 2006) et 31e sessions (Christchurch, 2007),
3. Rappelant également la décision 24 COM VIII.44-49 (Cairns, 2000) sur le patrimoine mondial et l'exploitation minière et les engagements y afférant pris par les principaux acteurs de l'industrie minière (Conseil international sur les minéraux et métaux, 2003) de ne pas exploiter de mine dans les biens du patrimoine mondial,
4. Note que la valeur universelle exceptionnelle du bien est intacte et qu'aucune menace n'est actuellement à craindre mais que d'importants problèmes liés à l'intégrité et à la gestion du bien existent et qu'ils pourraient, s'ils ne sont pas résolus, mettre en danger la valeur universelle exceptionnelle et l'intégrité du bien ;
5. Prie instamment l'Etat partie de mettre en œuvre les recommandations suivantes établies par la mission de 2007 afin de renforcer la protection et la gestion du bien:
a) Améliorer la législation concernant la protection des Parcs naturels régionaux, soit en leur accordant le statut de Parc national, comme initialement prévu par l'Etat partie, soit en révisant leur zonage afin de mieux conserver la valeur universelle exceptionnelle du bien et en particulier ses valeurs liées à la biodiversité ;
b) Mettre en place un mécanisme de gestion et une stratégie institutionnelle du bien, afin de s'assurer que toutes les ressources du bien sont gérées dans un objectif de conservation de la valeur universelle exceptionnelle du bien et de son intégrité ;
c) Etablir un plan de gestion intégrée du bien considéré dans sa totalité, qui définit des objectifs de gestion basés sur sa valeur universelle exceptionnelle et qui associe des conditions d'intégrité, mettant en place des normes communes de gestion afin d'entretenir les valeurs du patrimoine mondial dans tout le bien et de définir les responsabilités de planification et de gestion pour chacune des entités de gestion ;
d) Mettre en place ou réviser les plans de gestion de chacune des six composantes du bien, plans considérés comme des éléments constitutifs du plan de gestion intégrée qui précisera comment chaque composante sera gérée afin d'entretenir les valeurs pour lesquelles le bien dans sa totalité a été inscrit, et comment ces plans seront financés afin qu'ils puissent être mis en œuvre ;
e) Délimiter précisément le bien dans le cadre du plan de gestion, en transformant les limites établies lors de l'inscription en coordonnées géographiques précises ;
6. Demande à l'Etat partie de mettre en œuvre les autres recommandations de la mission de 2007 afin de résoudre les problèmes liés à la conservation, en particulier:
a) Soumettre au Comité du patrimoine mondial les évaluations d'impact environnemental des exploitations minières, minérales et géothermiques en cours et prévues ainsi que des projets de prospection localisés près des limites du bien ;
b) Suivre de près l'exploitation minière en cours, le gazoduc, et la prospection minière ou géothermique près des limites du bien afin d'éviter des impacts considérables sur le bien et de s'assurer que les plus hautes normes environnementales sont appliquées ;
c) Remettre un rapport scientifique complémentaire sur l'état de conservation des populations de saumon du bien, identifiant des tendances depuis l'inscription ;
d) Elaborer, dans le cadre d'une politique globale du contrôle et de la limitation de l'accès, une politique d'accès au bien, à considérer comme une des composantes du cadre de gestion globale du bien ;
7. Prie également instamment l'Etat partie de remettre, d’ici le 1er novembre 2008, une documentation sur les prétendus changements de réglementation du parc naturel de Bystrinsky visant à autoriser la prospection géologique et sur les projets envisagés de modification des limites du parc afin d'y accueillir des activités d'exploitation minière ;
8. Invite l'Etat partie à envisager les réponses à apporter aux problèmes de plan de gestion commun, de cadre de gestion, et de normes de gestion pour tous les biens naturels du patrimoine mondial, situés sur le territoire de la Fédération de Russie, composés de zones protégées sous tutelle régionale et fédérale, dans le cadre d'une loi nationale sur la gestion des biens du patrimoine mondial, qui soit conforme aux obligations qui lie l'Etat partie à la Convention ;
9. Demande également à l'Etat partie de remettre au Centre du patrimoine mondial, d’icile 1er février 2010, un rapport sur l'état de conservation du bien et sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations de la mission de 2007, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 34e session en 2010.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.