Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid
Facteurs affectant le bien en 2023*
- Habitat
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport de surface
- Système de gestion/plan de gestion
- Vastes infrastructures et/ou installations touristiques / de loisirs
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Système de gestion/Plan de gestion
- Habitat et développement
- Infrastructures de transport de surface
- Vastes infrastructures et/ou installations touristiques/de loisirs (projet de station de ski de Galičica)
- Impacts des activités touristiques/de loisirs des visiteurs
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2023
Montant total accordé : 20 000 dollars EU (Bureau régional de l’UNESCO pour la science et la culture en Europe)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2023
Montant total approuvé : 86 720 dollars E.U.
2021 | Strengthening the Capacities to Manage the Cultural ... (Approuvé) | 55 000 dollars E.U. |
2011 | Natural and cultural heritage of the Ohrid region (Approuvé) | 11 720 dollars E.U. |
2011 | Increasing the Public Awareness of significance of the ... (Non approuvé) | |
1986 | Provision of equipment for the control of microclimatic ... (Approuvé) | 20 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2023**
Septembre 1998 : mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN ; décembre 2013 : mission de conseil conjointe ICOMOS/UNESCO ; avril 2017, janvier 2020 : missions conjointes de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN ; décembre 2019 : mission de conseil conjointe ICOMOS/UICN ; avril 2022 : mission de conseil d’ICOMOS
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2023
Le 1er et 17 février 2022 respectivement, l’Albanie et la Macédoine du Nord ont présenté des rapports d’avancement distincts sur l’état de conservation. Le 6 février 2023, les États parties ont soumis un document conjoint contenant leurs rapports sur l’état de conservation. Ces trois documents sont disponibles à https://whc.unesco.org/fr/list/99/documents/. Les 3 et 31 mars 2023, la Macédoine du Nord et l’Albanie ont respectivement répondu à la demande d’informations supplémentaires du Centre du patrimoine mondial. Les avancées sur un certain nombre de sujets de conservation abordés par le Comité lors de ses précédentes sessions sont présentées comme suit dans ces documents :
Collaboration transfrontalière
- La réactivation de la gestion du bassin versant transfrontalier de la région d’Ohrid a été approuvée et le comité de gestion du bassin versant transfrontalier comprend désormais des représentants de haut niveau (c’est-à-dire des maires et des ministres) ;
- Le projet de plan de récupération stratégique pour la réhabilitation du patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid a été établi ;
- La Commission européenne a reconnu l’éligibilité du corridor ferroviaire VIII au financement européen, en demandant une étude de faisabilité portant sur un itinéraire alternatif pour le tronçon Struga-frontière albanaise ;
- La coopération transfrontalière sur la qualité de l’eau entre l’Institut hydrobiologique d’Ohrid, institut scientifique public (ISP), et un institut équivalent en Albanie n’a pas été possible, mais les échanges entre homologues se poursuivent.
Macédoine du Nord
- L’étude de faisabilité du plan d’urbanisme pour les zones et édifices d’importance nationale situés dans la ceinture côtière de la région d’Ohrid, préparée en 2021, a été attribuée et son achèvement est prévu en 2023 ;
- entre 2020 et 2021, 15 bâtiments ont été démolis et huit l’ont été partiellement. Les chiffres pour 2022 ne sont pas communiqués ; le parc national de Galichica a recensé les structures illégales présentes dans le parc, dont la liste d’élimination prioritaire a été communiquée à la municipalité d’Ohrid et au ministère concerné ;
- le plan de gestion du parc national de Galichica 2021-2030 a été adopté ;
- en 2021 et 2022, dans l’attente de la révision du plan directeur de la ville existant, la municipalité d’Ohrid a adopté des décisions reconnaissant les dispositions du plan de gestion du patrimoine mondial (2021-2029) comme prévalant sur la planification territoriale existante, à l’exception des infrastructures d’importance nationale et locale ; elle a également interrompu la reconstruction et l’agrandissement du quai Macedonia ;
- les études de définition de la zone tampon ont commencé et devaient s’achever en juin 2022 ;
- le projet de programme annuel 2023 comprend la préparation de plans détaillés pour 19 ensembles urbains, un rapport sur la valorisation du patrimoine culturel de la région d’Ohrid est en cours de préparation et un projet de plan de gestion du monument naturel du lac d’Ohrid a été soumis au Centre du patrimoine mondial avec le rapport sur l’état de conservation le 6 février 2023 ;
- un projet de stratégie de développement touristique 2020-2025 a été préparé et a fait l’objet d’une évaluation environnementale stratégique. Cette stratégie sera soumise au Centre du patrimoine mondial une fois achevée ;
- la conception et la construction de l’autoroute A2 Trebenishta-Struga-Qafasan ont été attribuées et la société attributaire a reçu les recommandations du Comité. Concernant la section Kichevo-Ohrid de l’A2, en cours de construction, la Commission a approuvé cinq projets d’infrastructure ;
- la mission consultative de l’ICOMOS de 2022 sur le bien a évalué les impacts potentiels du projet de rénovation et d’extension de l’hôtel Palace ; conformément aux recommandations de la mission, aucune activité n’est en cours sur ce site ;
- le marais de Studenčišča a bénéficié d’une protection temporaire dans le cadre de la proclamation en cours de parc naturel. Le projet de port de plaisance du marais de Studenčišča a été abandonné ;
- la nouvelle proclamation du lac Ohrid en tant que monument naturel a été engagée, et un projet de loi devait être soumis au Parlement d’ici juillet 2022 ;
- le projet de détournement de la rivière Sateska dans son ancien lit s’est poursuivi ;
- la station d’épuration de Lozhani a été modernisée et a atteint 90 % de sa capacité, avec une meilleure fonctionnalité de récupération des eaux ;
- des mesures de stabilisation du niveau d’eau du lac d’Ohrid ont été adoptées ;
- une étude sur la pêche et l’aquaculture afin de maîtriser l’empoissonnement du lac a été lancée et devrait être publiée prochainement ;
- un financement a été affecté à un réseau régional de gestion des déchets, qui prévoit la fermeture de la décharge de Bukovo ;
- le financement de mini-stations d’épuration dans la partie macédonienne du lac d’Ohrid est assuré ;
- l’institut hydrobiologique d’Ohrid (ISP) a analysé les eaux du Drin noir, ce qui a débouché sur des propositions visant à éliminer/réduire au minimum les effets néfastes des polluants détectés ;
- un plan de gestion spécial visant à réduire les pressions anthropiques sur les sources de Saint-Naum est en cours de préparation.
Albanie
- La démolition des bâtiments illégaux a commencé et la plupart des fermes piscicoles ont été retirées du secteur des sources du Drilon (2021) ;
- le projet de parc aquatique Drilon-Tushemisht a été approuvé en décembre 2020. Ce projet comprend la réhabilitation du parc du Drilon, un centre d’accueil des visiteurs, un musée de l’eau situé sur une colline karstique, de nouvelles installations touristiques, des bâtiments résidentiels et des parcs de stationnement ;
- la suppression des décharges de Memelishte et d’Alarup a commencé en 2022, mais un délai supplémentaire sera nécessaire pour la première en raison de permis d’exploitation minière toujours en vigueur ;
- les berges du lac ont été remises en état et l’aménagement paysager a été achevé après que la route Lin-Pogradec ait été modernisée ;
- l’inspection des monuments protégés s’est poursuivie en 2021 et 2022, et des travaux d’entretien de l’église paléochrétienne de Lin et de suivi des attributs naturels ont été réalisés ;
- dans le cadre du « programme 100 villages touristiques », des projets sont en préparation à Lin et à Gurras pour améliorer les infrastructures, réhabiliter les bâtiments et démolir les constructions illégales, pour lesquelles une exclusion de la procédure de légalisation a été demandée ;
- parmi les autres grands projets :
- un ensemble touristique de chalets en bois à Bucimas, déjà achevé,
- un système d’approvisionnement en eau et d’assainissement à Bucimas et Pogradec, aujourd’hui achevé, ainsi que dans des zones plus éloignées à Guras, Geshtenjas, Verdove, Remenj,
- l’approvisionnement en eau potable à Lin, Memelisht et Udenisht ;
- la restauration/requalification du centre historique de Pogradec comprend la revitalisation des espaces publics au moyen d’aménagements et d’éclairages urbains ;
- des activités de promotion et de sensibilisation ont été mises en œuvre, telles que le ramassage des déchets au niveau local, le lancement de la ligne de ferry Pogradec–Saint-Naum–Ohrid et l’aménagement de pistes cyclables ;
- le plan local général de Pogradec, qui intègre les décisions antérieures du Comité, est en attente d’approbation par le Premier ministre.
Le 22 avril 2022, le Centre du patrimoine mondial a transmis aux États parties des informations de tiers comprenant une analyse du projet de loi sur la proclamation du marais de Studenčišča en tant que parc naturel et alertant sur le fait que ce projet de loi ne parviendrait pas à protéger les valeurs et les besoins de cette zone humide, laquelle se détériore en raison de l’agriculture, du tourisme et du développement progressif des constructions. Le 15 août 2022, l’État partie de Macédoine du Nord a fourni des explications sur la procédure de déclaration de zone protégée, ainsi que sur les étapes et recommandations à venir. À la suite de l’adoption de la loi, la municipalité d’Ohrid, entité responsable de la gestion de la zone protégée, devra élaborer et adopter un plan de gestion comprenant un ensemble de mesures et d’activités visant à assurer la protection et la gestion du marais.
Le 20 décembre 2022, le Centre du patrimoine mondial a transmis aux États parties des informations de tiers exprimant leur grande préoccupation concernant le détournement de la rivière Sateska vers son lit d’origine, qui, bien que nécessaire, aurait été effectué en l’absence d’évaluation d’impact environnemental (EIE) complète et rigoureuse. Concernant ce projet mis en œuvre par l’intermédiaire du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire, l’État partie de Macédoine du Nord a répondu le 3 mars 2023 que plusieurs mesures étaient en cours de mise en œuvre et que ce projet devrait être achevé à la fin du mois de mars 2023. Il a ajouté que l’EIE avait été réalisée conformément aux orientations et étapes définies par le ministère de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire.
Dans une correspondance du 20 décembre 2022 et dans une autre lettre du 26 janvier 2023, des informations émanant de tiers ont été transmises aux États parties sur la vente éventuelle d’un site archéologique situé au sein du bien du patrimoine mondial. Le 3 mars 2023, l’État partie de Macédoine du Nord a répondu qu’aucun site archéologique n’était répertorié sur les parcelles mises en vente. Toutefois, étant donné que plusieurs sites archéologiques ont été découverts à proximité du site en question, la présence d’un archéologue a été demandée pendant l’exécution des travaux afin d’assurer une supervision archéologique et de prendre les mesures nécessaires.
Une mission d’évaluation sur site a eu lieu du 25 au 27 avril 2023 au lac Ohrid et au parc national de Galichica, en Macédoine du Nord, dans le cadre d’un dossier ouvert au titre de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Convention de Berne) sur les « impacts négatifs présumés sur les sites du lac Ohrid et du parc national de Galichica, candidats au Réseau Émeraude, en raison du développement d’infrastructures », notamment une station de ski, le corridor ferroviaire européen VIII, l’autoroute A2, un port de plaisance et plusieurs zones de développement touristique. Le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et le Secrétariat de la Convention RAMSAR ont participé à cette mission d’évaluation en qualité d’observateurs.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2023
La préparation d’un projet de plan de récupération stratégique commun dans le cadre d’une collaboration entre les deux États parties est accueillie favorablement.
Ce plan de récupération stratégique reconnaît l’extrême vulnérabilité du bien et les causes sous-jacentes de cette vulnérabilité, en particulier le caractère inadapté de la réglementation, l’absence de mise en œuvre des programmes et projets existants, ainsi que la présence de menaces effectives. Il définit des objectifs stratégiques et un plan de 167 actions qui reflètent les demandes répétées du Comité et les recommandations des missions de suivi réactif. Le plan de récupération stratégique constitue une base solide pour lancer la restauration du bien ; cependant, il doit être renforcé, notamment pour mieux hiérarchiser les actions en fonction des objectifs et priorités transfrontaliers, clarifier les mécanismes de mise en œuvre et d’intégration dans les politiques et plans nationaux et locaux, et préciser davantage le calendrier de réalisation des actions.
La mise en œuvre réussie du plan nécessitera donc une amélioration de la coopération transfrontalière, l’allocation de ressources adéquates, un mandat clair pour le groupe de travail transfrontalier et les groupes de travail nationaux du plan de récupération stratégique, dotés d’un personnel qualifié et de ressources suffisantes, ainsi qu’un engagement politique et technique à long terme aux niveaux national et local, et le renforcement de la collaboration entre les administrations nationales et locales. C’est à ces conditions que le plan de récupération stratégique peut devenir la base transfrontalière et interinstitutionnelle de mesures spécifiques et proactives en faveur de la restauration de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) et le bras opérationnel de la politique établie dans les plans de gestion respectifs de chaque pays. Toutes ces conditions n’étant pas encore réunies, il est urgent de poursuivre la mise au point du plan de récupération stratégique et de consolider les efforts communs à long terme en vue de sa mise en œuvre. Dans le même temps, et parallèlement aux efforts visant à améliorer le plan de récupération stratégique, il convient de s’attaquer immédiatement aux menaces actuelles et émergentes, telles que l’aménagement de projets résidentiels et touristiques inappropriés qui continuent d’être envisagés et mis en œuvre.
Outre l’élaboration du projet de plan de récupération stratégique, les rapports des États parties montrent que certaines questions fondamentales commencent à être abordées, notamment la coopération transfrontalière grâce à la reprise de la gestion du bassin hydrographique transfrontalier, et la suspension du tronçon Kichevo-Lin du corridor ferroviaire VIII, qui représentait une menace majeure. Il convient de noter qu’une étude de faisabilité d’un autre itinéraire ferroviaire a été commandée ; une fois achevée, l’étude devra être soumise au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives.
Malgré ces évolutions positives, les avancées semblent limitées au regard de nombreuses recommandations de la mission et des demandes répétées du Comité.
Un certain nombre d’aménagements envisagés ou réalisés sans que le Centre du patrimoine mondial en ait été informé au préalable mettent en évidence l’absence persistante de politique commune pour l’avenir du bien et l’existence de choix et échelles d’aménagement ambitieux incompatibles avec le statut de patrimoine mondial. La proclamation du marais de Studenčišča et du lac d’Ohrid en tant que zones protégées est toujours en suspens. Par ailleurs, la démolition de bâtiments illégaux, l’élaboration de plans d’urbanisme pour 19 ensembles à Ohrid et la résolution de plusieurs problèmes graves, à savoir les décharges minières le long du lac Ohrid en Albanie, ou la définition d’une zone tampon n’ont pas progressé de manière significative ; aucune information n’est fournie sur les projets d’infrastructures énergétiques et la zone économique franche en Macédoine du Nord.
L’État partie de Macédoine du Nord devrait être invité à suspendre l’adoption des plans locaux d’aménagement et des amendements aux plans locaux d’urbanisme jusqu’à ce qu’une évaluation d’impact sur le patrimoine (EIP) ait été réalisée au niveau stratégique pour évaluer les impacts de ces plans. Il convient d’accueillir favorablement « l’étude de faisabilité d’un plan d’urbanisme pour les zones et structures d’importance nationale dans la zone côtière protégée de la région d’Ohrid » en tant que condition préalable à l’élaboration de plans d’urbanisme d’importance nationale en Macédoine du Nord, conformément à la loi sur l’urbanisme de 2020. La préparation de ce document technique indépendant, qui devrait améliorer la compréhension de l’intégrité et de l’authenticité du bien du patrimoine mondial et contribuer au recensement et à l’analyse des attributs qui transmettent sa VUE, est soutenue financièrement par plusieurs agences et programmes des Nations Unies, dont l’UNESCO, mais devrait néanmoins faire l’objet d’une étude technique par les Organisations consultatives.
Le plan de conservation des secteurs protégés du centre historique de Pogradec (zone tampon) constitue un premier pas vers l’amélioration de son état de conservation, mais aucun mécanisme de mise en œuvre clair ou ressource particulière ne sont mentionnés. Le projet d’éclairage ne met pas en valeur la qualité architecturale ou urbaine du quartier historique et n’est pas encouragé. Le plan local général de Pogradec approuvé doit être envoyé au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives.
Il convient également de rappeler que la mission de suivi réactif de 2020 avait conclu que le projet de parc aquatique Drilon-Tushemisht des sources du Drilon était inapproprié comme envisagé, en raison du volume des constructions et des impacts négatifs potentiels sur les sources. Ce projet a ensuite été approuvé, apparemment sans grands changements, sur la base d’une EIE qui n’a pas pris en compte les dimensions culturelles de la VUE. La mise en œuvre du projet de parc aquatique Drilon-Tushemisht doit donc être interrompue et la documentation complète du projet approuvé doit être envoyée rapidement au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives.
Les deux États parties doivent être instamment priés de renforcer leur coordination et leur coopération pour faire face aux graves menaces qui pèsent sur le bien et pour assurer la mise en œuvre systématique des évaluations d’impact, comme le demandent les Orientations et conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial, tout en communiquant des informations sur les plans et projets ayant des impacts potentiels sur la VUE du bien. Cela est particulièrement urgent dans le cas du tracé révisé du corridor ferroviaire VIII et du projet de détournement de la rivière Sateska. La documentation détaillée des projets approuvés relatifs à la section Kichevo-Ohrid de l’autoroute A2 doit être communiquée aux Organisations consultatives et au Centre du patrimoine mondial pour analyse afin de déterminer si des impacts significatifs sur la VUE du bien peuvent se produire.
S’il est considéré que le plan de récupération stratégique pose des bases pour contrer les périls prouvés et la mise en péril définis aux paragraphes 179 et 180 des Orientations, les besoins urgents de conservation de ce bien nécessitent toutefois une large mobilisation pour préserver sa VUE et la mise en œuvre de mesures d’urgence qui associent l’ensemble des parties prenantes concernées. Ces mesures doivent être prises immédiatement, parallèlement à la finalisation de ce plan de récupération stratégique, qui doit être soumis au Centre du patrimoine mondial avant d’être approuvé et d’entrer en vigueur. Il est donc recommandé de demander aux États parties d’inviter d’urgence une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN/ICOMOS sur le bien pour examiner la mise en œuvre effective des mesures d’urgence, le niveau de mobilisation et de coordination des parties prenantes impliquées ainsi que la mise en œuvre des recommandations de la mission de 2020 et des demandes répétées du Comité, et pour évaluer l’état de conservation général du bien.
Décisions adoptées par le Comité en 2023
45 COM 7B.104
Patrimoine naturel et culturel de la région d’Ohrid (Albanie, Macédoine du Nord) (C/N 99quater)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.7[7], adoptée à sa 44esession élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Accueille favorablement les efforts conjoints des États parties pour élaborer un plan de récupération stratégique du bien, mais appelle les États parties à veiller au respect des points suivants :
- la fixation d’un calendrier de mise en œuvre, d’un budget et d’un ordre de priorité pour chaque action du plan de récupération stratégique,
- l’extension à l’Albanie de la mise en œuvre d’actions envisagées uniquement en Macédoine du Nord mais pertinentes pour les deux États parties,
- des équipes nationales dotées de personnel, de ressources et de mandats appropriés pour assurer la liaison et la coordination avec toutes les institutions concernées afin de garantir l’intégration des actions du plan de récupération stratégique dans les politiques et plans nationaux, ainsi qu’un effort interinstitutionnel pour stopper et faire reculer les menaces et atteindre les objectifs fixés dans le plan de récupération stratégique ;
- Prie instamment les États parties de mettre en place des mesures d’urgence immédiates afin de réunir tous les acteurs concernés pour mettre un terme aux nouvelles menaces et faire reculer les menaces existantes avant la finalisation, l’approbation et la mise en œuvre du plan de récupération stratégique ;
- Note avec grande préoccupation l’évaluation figurant dans la partie 4 du plan de récupération stratégique concernant la vulnérabilité du bien et les facteurs négatifs qui l’affectent, et demande urgemment que :
- les amendements aux plans locaux d’urbanisme et l’approbation des plans locaux d’aménagement en dehors des agglomérations soient suspendus jusqu’à ce qu’une évaluation d’impact sur le patrimoine au niveau stratégique soit effectuée et démontre que les attributs qui sous-tendent la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ne sont pas affectés négativement par ces plans,
- des plans d’urbanisme généraux d’Ohrid et de Struga et des instruments de planification territoriale pour les zones non bâties soient élaborés de toute urgence, et ce, dans le plein respect des attributs qui sous-tendent la VUE du bien ;
- Demande à l’État partie de Macédoine du Nord de soumettre au Centre du patrimoine mondial, dès qu’elle sera achevée, l’étude de faisabilité du plan d’urbanisme des zones et édifices d’importance nationale situés dans la ceinture côtière de la région d’Ohrid, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Prie instamment l’État partie de Macédoine du Nord de finaliser la proclamation du marais de Studenčišča en tant que parc naturel et du lac d’Ohrid en tant que monument naturel, et de veiller à ce que les mesures de gestion permettent de conserver les processus et caractéristiques écologiques fondamentaux qui contribuent à la VUE du bien ;
- Exprime sa plus grande préoccupation quant à l’approbation du projet de parc aquatique Drilon-Tushemisht en l’absence de mise en œuvre des recommandations correspondantes de la mission de suivi réactif de 2020 et demande à l’État partie d’Albanie d’interrompre toute mise en œuvre du projet et de transmettre au Centre du patrimoine mondial la documentation détaillée du projet approuvé, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Demande à l’État partie de Macédoine du Nord de fournir au Centre du patrimoine mondial une documentation détaillée des projets approuvés pour le tronçon Kichevo-Ohrid de l’autoroute A2, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Demande également aux États parties de continuer à traiter la question des bâtiments et structures illégaux et de veiller à ce que ceux qui ont déjà été supprimés ne soient pas rebâtis et que de nouvelles structures illégales ne voient pas le jour ;
- Demande en outre aux États parties d’assurer l’évaluation systématique des impacts des plans et projets, y compris, mais sans s’y limiter, le projet de détournement de la rivière Sateska et du tracé révisé du corridor ferroviaire VIII dans sa section située entre les frontières de la Macédoine du Nord et de l’Albanie, sur les attributs de la VUE du bien, conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial ;
- Regrette que, malgré les efforts initiaux des États parties pour remédier aux menaces qui pèsent sur le bien, des résultats tangibles se fassent attendre et risquent d’être compromis par des menaces toujours plus nombreuses et par l’absence d’une politique cohérente partagée par tous les acteurs pour conserver la VUE du bien, et prie instamment et résolument les États parties de mettre en œuvre des mesures d’urgence immédiates pour faire face aux menaces existantes et empêcher les menaces émergentes d’avoir un impact négatif sur la VUE du bien ;
- Demande en outre aux États parties de renforcer leur coordination et leur coopération transfrontalières pour faire face aux menaces qui pèsent sur le bien en :
- améliorant la communication et la coordination réciproques au sujet des plans et projets susceptibles d’avoir un impact sur les attributs qui sous-tendent la VUE du bien,
- renforçant plus avant les ressources du groupe de travail transfrontalier établi pour la préparation du plan de récupération stratégique et dont le mandat est de soutenir la mise en œuvre opérationnelle du plan ;
- Demande aux États parties d’inviter d’urgence une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN/ICOMOS sur le bien pour examiner la mise en œuvre effective des mesures d’urgence immédiates, le niveau de mobilisation et de coordination des//de toutes les parties prenantes impliquées ainsi que la mise en œuvre des recommandations de la mission de 2020 et des demandes répétées du Comité, et pour évaluer l’état de conservation général du bien ;
- Demande aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2024, un projet révisé du plan de récupération stratégique ainsi qu’un rapport conjoint actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46esession, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 45 COM 7B.104
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.7, adoptée à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Accueille favorablement les efforts conjoints des États parties pour élaborer un plan de récupération stratégique du bien, mais appelle les États parties à veiller au respect des points suivants :
- la fixation d’un calendrier de mise en œuvre, d’un budget et d’un ordre de priorité pour chaque action du plan de récupération stratégique,
- l’extension à l’Albanie de la mise en œuvre d’actions envisagées uniquement en Macédoine du Nord mais pertinentes pour les deux États parties,
- des équipes nationales dotées de personnel, de ressources et de mandats appropriés pour assurer la liaison et la coordination avec toutes les institutions concernées afin de garantir l’intégration des actions du plan de récupération stratégique dans les politiques et plans nationaux, ainsi qu’un effort interinstitutionnel pour stopper et faire reculer les menaces et atteindre les objectifs fixés dans le plan de récupération stratégique ;
- Prie instamment les États parties de mettre en place des mesures d’urgence immédiates afin de réunir tous les acteurs concernés pour mettre un terme aux nouvelles menaces et faire reculer les menaces existantes avant la finalisation, l’approbation et la mise en œuvre du plan de récupération stratégique ;
- Note avec grande préoccupation l’évaluation figurant dans la partie 4 du plan de récupération stratégique concernant la vulnérabilité du bien et les facteurs négatifs qui l’affectent, et demande urgemment que :
- les amendements aux plans locaux d’urbanisme et l’approbation des plans locaux d’aménagement en dehors des agglomérations soient suspendus jusqu’à ce qu’une évaluation d’impact sur le patrimoine au niveau stratégique soit effectuée et démontre que les attributs qui sous-tendent la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien ne sont pas affectés négativement par ces plans,
- des plans d’urbanisme généraux d’Ohrid et de Struga et des instruments de planification territoriale pour les zones non bâties soient élaborés de toute urgence, et ce, dans le plein respect des attributs qui sous-tendent la VUE du bien ;
- Demande à l’État partie de Macédoine du Nord de soumettre au Centre du patrimoine mondial, dès qu’elle sera achevée, l’étude de faisabilité du plan d’urbanisme des zones et édifices d’importance nationale situés dans la ceinture côtière de la région d’Ohrid, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Prie instamment l’État partie de Macédoine du Nord de finaliser la proclamation du marais de Studenčišča en tant que parc naturel et du lac d’Ohrid en tant que monument naturel, et de veiller à ce que les mesures de gestion permettent de conserver les processus et caractéristiques écologiques fondamentaux qui contribuent à la VUE du bien ;
- Exprime sa plus grande préoccupation quant à l’approbation du projet de parc aquatique Drilon-Tushemisht en l’absence de mise en œuvre des recommandations correspondantes de la mission de suivi réactif de 2020 et demande à l’État partie d’Albanie d’interrompre toute mise en œuvre du projet et de transmettre au Centre du patrimoine mondial la documentation détaillée du projet approuvé, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Demande à l’État partie de Macédoine du Nord de fournir au Centre du patrimoine mondial une documentation détaillée des projets approuvés pour le tronçon Kichevo-Ohrid de l’autoroute A2, pour examen par les Organisations consultatives ;
- Demande également aux États parties de continuer à traiter la question des bâtiments et structures illégaux et de veiller à ce que ceux qui ont déjà été supprimés ne soient pas rebâtis et que de nouvelles structures illégales ne voient pas le jour ;
- Demande en outre aux États parties d’assurer l’évaluation systématique des impacts des plans et projets, y compris, mais sans s’y limiter, le projet de détournement de la rivière Sateska et du tracé révisé du corridor ferroviaire VIII dans sa section située entre les frontières de la Macédoine du Nord et de l’Albanie, sur les attributs de la VUE du bien, conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial ;
- Regrette que, malgré les efforts initiaux des États parties pour remédier aux menaces qui pèsent sur le bien, des résultats tangibles se fassent attendre et risquent d’être compromis par des menaces toujours plus nombreuses et par l’absence d’une politique cohérente partagée par tous les acteurs pour conserver la VUE du bien, et prie instamment et résolument les États parties de mettre en œuvre des mesures d’urgence immédiates pour faire face aux menaces existantes et empêcher les menaces émergentes d’avoir un impact négatif sur la VUE du bien ;
- Demande en outre aux États parties de renforcer leur coordination et leur coopération transfrontalières pour faire face aux menaces qui pèsent sur le bien en :
- améliorant la communication et la coordination réciproques au sujet des plans et projets susceptibles d’avoir un impact sur les attributs qui sous-tendent la VUE du bien,
- renforçant plus avant les ressources du groupe de travail transfrontalier établi pour la préparation du plan de récupération stratégique et dont le mandat est de soutenir la mise en œuvre opérationnelle du plan ;
- Demande aux États parties d’inviter d’urgence une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN/ICOMOS sur le bien pour examiner la mise en œuvre effective des mesures d’urgence immédiates, le niveau de mobilisation et de coordination des parties prenantes impliquées ainsi que la mise en œuvre des recommandations de la mission de 2020 et des demandes répétées du Comité, et pour évaluer l’état de conservation général du bien ;
- Demande aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2024, un projet révisé du plan de récupération stratégique ainsi qu’un rapport conjoint actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2023) .pdfRapport (2022) .pdf
Rapport (2022) .pdf
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.