Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan
Facteurs affectant le bien en 2021*
- Chasse commerciale
- Exploitation minière
- Infrastructures hydrauliques
- Système de gestion/plan de gestion
- Vastes infrastructures et/ou installations touristiques / de loisirs
- Autres menaces :
Diminution apparente des populations fauniques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Infrastructures hydrauliques (aménagements hydrauliques à grande échelle sur toutes les rivières principales et infrastructures afférentes)
- Exploitation minière (dans le bien et aux alentours)
- Systèmes de gestion/plan de gestion (absence d’un système et d’un plan de gestion général s’appliquant à l’ensemble du bien en série, y compris pour la gestion du tourisme ; manque de clarté concernant les limites du bien et absence de démarcation)
- Vastes infrastructures et/ou installations touristiques / de loisirs (infrastructures de tourisme allant à l’encontre des objectifs de conservation du bien)
- Chasse commerciale (déclin apparent des populations d’animaux sauvages, que l’on soupçonne être le résultat du commerce d’espèces sauvages et de leurs dérivés)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2021
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2021**
Avril 2006 : mission conjointe de suivi réactif UNESCO/UICN ; avril 2013 : mission de suivi réactif UICN.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2021
Le 26 novembre 2020, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation, qui est disponible à http://whc.unesco.org/fr/list/1083/documents/ et rend compte de ce qui suit :
- Les activités de prospection et d’extraction minières dans le périmètre du bien et de sa zone tampon demeurent suspendues. La surveillance des activités illégales, y compris minières, a été renforcée, notamment avec l’introduction de l’opération Green Shield Storm (OGSS) ;
- Les réformes institutionnelles initiées en 2018 ont été menées à bien aux niveaux national et provincial en 2019 mais sont toujours en cours aux niveaux des préfectures et des cantons. Le ministère des Ressources naturelles est désormais responsable de la restauration écologique et a publié des plans et des orientations pour la mise en œuvre de cette restauration. L’administration provinciale des forêts et des prairies du Yunnan est chargée de la mise en application sur le terrain. Seuls quelques sites en post-exploitation sélectionnés, où des catastrophes secondaires peuvent survenir, vont faire l’objet de mesures de restauration active. Tous les autres sites vont être laissés en régénération naturelle avec accès humain interdit ;
- Les efforts d’amélioration de l’évaluation environnementale stratégique (EES) se poursuivent mais un soutien technique supplémentaire sera également sollicité via le Centre du patrimoine mondial ;
- L’élaboration du plan de gestion de la conservation (PGC) du bien reprendra dès que la réforme institutionnelle sera terminée ;
- L’avis sur les directives de création du réseau d’aires naturelles protégées avec les parcs nationaux pour base (PNAS-NPM) a été publié en juin 2019. Une fois mis en place, un système d’évaluation générale de l’efficacité de la gestion sera appliqué à l’ensemble du bien ;
- La planification et la construction d’aménagements hydroélectriques demeurent inchangées et se poursuivent sur les fleuves Lancang et Jinsha. Il n’est pour l’heure aucunement envisagé de développer des projets hydroélectriques sur le fleuve Nujiang ;
- Les inquiétudes quant aux impacts des projets hydrauliques et infrastructures afférentes sur la connectivité entre composantes du bien sont rejetées au motif que ces projets sont situés à l’extérieur du bien et que des éléments naturels, tels que hautes montagnes et canyons, agissent comme des barrières entre les vallées des fleuves. En revanche, les paysages orientés nord-sud au sein des composantes du bien sont perçus comme des couloirs essentiels pour la migration des espèces ;
- Le développement et l’utilisation des ressources, comme l’énergie hydraulique, sont suggérés comme moyen de lutte contre la pauvreté dans la région.
Le 14 janvier 2021, l’État partie a soumis une évaluation d’impact sur l’environnement (EIE) pour un projet de ligne électrique traversant le bien.
Le 16 avril 2021, dans le cadre du troisième cycle de rapports périodiques pour la région Asie et Pacifique, l’État partie a soumis les cartes actualisées du bien incluant les superficies des 8 composantes au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2021
La clarification des responsabilités institutionnelles à la suite de la réforme et la publication de nouveaux plans et orientations pour « promouvoir avec rigueur la mise en œuvre de la restauration écologique » sont appréciées. Tandis que la demande au niveau provincial d’accélérer la restauration des zones en post-exploitation est favorablement accueillie, l’étendue de la restauration active semble être très limitée et exclut les zones de haute altitude. Il est recommandé qu’il soit demandé à l’État partie de fournir de plus amples précisions sur les mesures de restauration active et passive qui sont prises et de solliciter des conseils supplémentaires auprès de l’UICN pour promouvoir la régénération naturelle à des altitudes élevées. Il est également essentiel de garantir une surveillance et une répression appropriées pour prévenir toute réapparition des activités minières illégales.
La nomination d’experts en vue d’améliorer la qualité de l’EES est favorablement accueillie. Étant donné la pression continue exercée par le développement de l’hydroélectricité et des infrastructures dans la province et le long des trois fleuves (Nujiang, Lancang et Jinsha), il est considéré urgent que le projet d’EES soit encore amélioré et complété, conformément aux pratiques exemplaires internationales et à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale, afin que les résultats puissent guider la gestion et la prise de décision pour les aménagements futurs. La demande de conseils supplémentaires est notée et l’État partie pourrait être encouragé à inviter une mission de conseil de l’UICN en réponse.
Tout en accueillant favorablement la confirmation qu’il n’est pour l’heure aucunement envisagé de projets hydroélectriques sur le fleuve Nujiang, certaines inquiétudes demeurent concernant de potentiels futurs aménagements hydroélectriques et infrastructures connexes dans la province du Yunnan. À cet égard, l’EES est essentielle pour évaluer les impacts indirects et cumulés pour l’ensemble de la zone, y compris les bassins hydrographiques amont et aval des trois fleuves. La connectivité longitudinale nord-sud au sein de chaque vallée est un couloir essentiel pour la faune, comme noté par l’État partie. En plus de constituer des barrières physiques, les barrages interrompent également l’écoulement naturel et la dynamique du régime de crue, le transport des sédiments et nutriments, et conduisent à une fragmentation de l’écosystème. Un examen toujours plus approfondi des liens existant entre conservation et développement est par conséquent recommandé.
Un certain nombre de stratégies, lois et réglementations nouvelles ont été mises en œuvre aux niveaux national et provincial pour renforcer la protection environnementale, promouvoir le développement durable et agir efficacement contre les activités illicites. L’amélioration de l’efficacité de la gestion des zones protégées grâce aux réformes institutionnelles, la simplification des structures de gestion et la nouvelle directive sur la création des parcs nationaux sont des initiatives bienvenues. Tout en prenant acte de l’ampleur de ces réformes, il est préoccupant que le développement du PGC et le système d’évaluation de l’efficacité de la gestion (EEG) pour le bien aient été suspendus jusqu’à l’achèvement de la réforme, et il convient de poursuivre les efforts pour donner suite à toutes les recommandations en suspens de la mission de suivi réactif de 2013 de l’UICN, notamment pour établir un système de suivi de toutes les activités d'exploitation minière et de prospection entre les composantes du bien de Hong Shan et de la Montagne des Neiges du Haba, afin de comprendre les risques et les impacts, en particulier en ce qui concerne la connectivité du paysage et la faune sauvage. Le Comité peut souhaiter demander à l’État partie de soumettre le projet de PGC actualisé au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN.
L’EIE soumise pour le projet de ligne électrique propose un concept utilisant le réseau électrique de Nujiang pour alimenter en électricité la ville de Dulongjiang, située à l’intérieur du bien. La ligne électrique traverserait pas conséquent une grande partie de la réserve naturelle nationale de la composante du bien de Gaoligongshan. L’EIE identifie les impacts des phases de construction et d’exploitation sur la flore et la faune et sur les valeurs paysagères, en particulier là où la ligne traverse les fleuves et les gorges. Cela soulève d’importantes préoccupations sur les impacts cumulés du projet de ligne électrique avec d’autres développements d’infrastructures, notamment la nouvelle autoroute de Dulongjiang achevée en 2015 dans la composante de Gaoligongshan, qui est une des zones de biodiversité clés du bien, avec de nombreuses espèces rares et menacées. Tout en prenant acte de la volonté de lutter contre la pauvreté et de limiter la dépendance au bois de chauffage, la proposition est contraire à la recommandation de la mission de 2013, ultérieurement approuvée par le Comité (Décision 37 COM 7B.12), d’éviter la construction d’infrastructures de transport d’électricité au sein du bien et de sa zone tampon. Une autre option qui n’impacterait pas la VUE du bien devrait par conséquent être étudiée, et une stratégie globale élaborée pour la génération et le transport d’électricité afin de répondre aux besoins énergétiques à long terme sans recours croissant à l’énergie hydraulique.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2021
44 COM 7B.182
Aires protégées des trois fleuves parallèles au Yunnan (Chine) (N 1083bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant les Décisions 37 COM 7B.12 et 43 COM 7B.5, adoptées à ses 37e (Phnom Penh, 2013) et 43e (Bakou, 2019) sessions respectivement,
- Apprécie la clarification des responsabilités institutionnelles pour la restauration écologique des sites en post-exploitation et le développement de nouveaux plans et orientations de mise en œuvre, et demande à l’État partie d’apporter des précisions sur les mesures de restauration active et passive qui sont prises, de solliciter des conseils supplémentaires auprès de l’UICN pour promouvoir la régénération naturelle en haute altitude, et de veiller à ce que des mesures de surveillance et de répression appropriées soient appliquées pour prévenir toute réapparition des activités minières illégales ;
- Prie instamment l’État partie d’améliorer encore et de finaliser l’évaluation environnementale stratégique (EES), conformément aux pratiques exemplaires internationales et à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale, et de veiller à ce que l’EES inclue une évaluation des impacts indirects et cumulés des bassins hydrographiques amont et aval des fleuves Nujiang, Lancang et Jinsha, afin que les résultats puissent guider la gestion et la prise de décision pour les aménagements futurs ;
- Notant la sollicitation de l’État partie de conseils supplémentaires pour améliorer et finaliser l’EES, encourage l’État partie à inviter une mission de conseil de l’UICN à cet effet ;
- Accueille favorablement les progrès accomplis aux niveaux national et provincial pour renforcer la protection environnementale et promouvoir le développement durable mais réitère ses demandes d’accélérer l’élaboration du plan de gestion de la conservation (PGC) et de promouvoir le système d’évaluation de l’efficacité de la gestion (EEG) conformément aux recommandations de la mission de suivi réactif de 2013, et demande à l’État partie de soumettre le projet de PGC actualisé au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
- Demande urgemment à l’État partie de mettre également en œuvre les autres recommandations de la mission de suivi réactif de l’UICN de 2013, et en particulier de créer un système de suivi pour toutes les activités minières et de prospection entre les composantes du bien de Hong Shan et de la Montagne des Neiges du Haba afin d’en comprendre les risques et les impacts, en particulier vis-à-vis de la connectivité du paysage et de la faune ;
- Note avec inquiétude les possibles impacts directs, indirects et cumulés sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien du projet de ligne électrique traversant la réserve naturelle nationale de Gaoligongshan, composante du bien, et rappelant également la recommandation de la mission de suivi réactif de 2013 d’éviter toute construction d’infrastructure de transport d’électricité au sein du bien et de ses zones tampons, demande également à l’État partie d’étudier une autre option qui n’impactera pas la VUE du bien ;
- Demande en outre à l’État partie de veiller à l’élaboration d’un plan global sur la génération et le transport d’électricité qui garantit la protection de la VUE du bien ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session.
Projet de décision : 44 COM 7B.182
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant les Décisions 37 COM 7B.12 et 43 COM 7B.5, adoptées à ses 37e (Phnom Penh, 2013) et 43e (Bakou, 2019) sessions respectivement,
- Apprécie la clarification des responsabilités institutionnelles pour la restauration écologique des sites en post-exploitation et le développement de nouveaux plans et orientations de mise en œuvre, et demande à l’État partie d’apporter des précisions sur les mesures de restauration active et passive qui sont prises, de solliciter des conseils supplémentaires auprès de l’UICN pour promouvoir la régénération naturelle en haute altitude, et de veiller à ce que des mesures de surveillance et de répression appropriées soient appliquées pour prévenir toute réapparition des activités minières illégales ;
- Prie instamment l’État partie d’améliorer encore et de finaliser l’évaluation environnementale stratégique (EES), conformément aux pratiques exemplaires internationales et à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale, et de veiller à ce que l’EES inclue une évaluation des impacts indirects et cumulés des bassins hydrographiques amont et aval des fleuves Nujiang, Lancang et Jinsha, afin que les résultats puissent guider la gestion et la prise de décision pour les aménagements futurs ;
- Notant la sollicitation de l’État partie de conseils supplémentaires pour améliorer et finaliser l’EES, encourage l’État partie à inviter une mission de conseil de l’UICN à cet effet ;
- Accueille favorablement les progrès accomplis aux niveaux national et provincial pour renforcer la protection environnementale et promouvoir le développement durable mais réitère ses demandes d’accélérer l’élaboration du plan de gestion de la conservation (PGC) et de promouvoir le système d’évaluation de l’efficacité de la gestion (EEG) conformément aux recommandations de la mission de suivi réactif de 2013, et demande à l’État partie de soumettre le projet de PGC actualisé au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
- Demande urgemment à l’État partie de mettre également en œuvre les autres recommandations de la mission de suivi réactif de l’UICN de 2013, et en particulier de créer un système de suivi pour toutes les activités minières et de prospection entre les composantes du bien de Hong Shan et de la Montagne des Neiges du Haba afin d’en comprendre les risques et les impacts, en particulier vis-à-vis de la connectivité du paysage et de la faune ;
- Note avec inquiétude les possibles impacts directs, indirects et cumulés sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien du projet de ligne électrique traversant la réserve naturelle nationale de Gaoligongshan, composante du bien, et rappelant également la recommandation de la mission de suivi réactif de 2013 d’éviter toute construction d’infrastructure de transport d’électricité au sein du bien et de ses zones tampons, demande également à l’État partie d’étudier une autre option qui n’impactera pas la VUE du bien ;
- Demande en outre à l’État partie de veiller à l’élaboration d’un plan global sur la génération et le transport d’électricité qui garantit la protection de la VUE du bien ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session en 2023.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.