Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai
Facteurs affectant le bien en 2016*
- Activités illégales
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures hydrauliques
- Modification du régime des sols
- Système de gestion/plan de gestion
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
- Autres menaces :
Fragmentation de la forêt / Nécessité de corridors écologiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Activités illégales (braconnage et exploitation forestière illégale)
- Élargissement de routes, en particulier de l’autoroute 304
- Fragmentation de la forêt, connectivité et nécessité de corridors écologiques
- Empiètement
- Gestion prévisionnelle
- Tourisme et fréquentation touristique
- Barrages
- Pâturage de bétail
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2016
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2016**
Février-mars 2012 : mission conjointe UNESCO/UICN de suivi réactif ; janvier 2014 : mission UICN de suivi réactif
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2016
Le 26 janvier 2016, l’État partie a soumis un rapport complet sur l’état de conservation du bien, consultable sur https://whc.unesco.org/fr/list/590/documents, rapport qui présente les progrès accomplis sur un certain nombre de points précédemment soulevés par le Comité, dont :
- Les efforts faits pour lutter contre l’abattage illégal du palissandre du Siam, la fourniture d’équipements, le renforcement des capacités et l’allocation de ressources financières pour les gardes forestiers, les patrouilles conjointes gardes forestiers, armée et police des frontières, le renforcement des mesures de répression, la réhabilitation forestière et coopération internationale accrue, y compris avec l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est pour le développement du réseau des espèces (ASEAN-WEN) et le Cambodge, tant au niveau ministériel que des patrouilles coordonnées aux frontières ;
- Les statistiques comparées sur les coupes illégales de bois de rose montrant une hausse rapide des cas enregistrés entre 2012 et 2014 (où 421,05 m3 ont été saisis) et une baisse en 2015 (107,39 m3) ;
- La confirmation que l’abattage illégal du palissandre du Siam peut être considéré comme un péril prouvé pour le bien conformément au paragraphe 180 des Orientations en mettant l’accent sur le fait que la valeur universelle exceptionnelle (VUE) est maintenue ;
- Aucune preuve de braconnage de la faune en association avec l’abattage illégal n’est constatée ;
- En fin 2015, 443 cas d’empiètement ont été consignés dont 380 encore à diverses étapes du processus. Les forêts communautaires adjacentes au bien sont gérées par les populations locales en coopération avec le ministère royal des Forêts ;
- La mise en œuvre continue du plan d’action visant à atténuer l’impact environnemental du barrage de Huay Samong. Une évaluation d’impact environnemental (EIE) pour le barrage de Huay Satone à l’intérieur du bien n’a pas été autorisée ;
- La route 3462 qui traverse le bien est fermée de manière permanente au public. Aucune EIE n’a été autorisée pour l’élargissement de l’autoroute 348, et des études ont montré qu’il s’agissait d’une région riche en biodiversité ;
- La construction des corridors fauniques pour l’autoroute 304 devrait prendre fin en 2018. Aucun centre touristique ne sera construit dans leurs environs ;
- Un plan stratégique de tourisme dans un élément de patrimoine mondial naturel est en cours d’élaboration en vue d’être intégré dans le plan de gestion 2014-2018 du bien.
L’État partie rend également compte de la mise en œuvre du plan d’action pour le bien, présentée au Comité à sa 39e session (Bonn, 2015).
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2016
Le fait que l’État partie reconnaisse que la menace posée par les coupes illégales de palissandre du Siam représente un danger prouvé, conformément au paragraphe 180 des Orientations, tout en estimant que la VUE est néanmoins maintenue, doit être noté. Il convient de rappeler que le Comité, à sa 39e session, a décidé d’envisager, en cas de confirmation d’un péril potentiel ou prouvé pour la VUE, l’inscription éventuelle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril lors de sa 40e session. Il est par conséquent recommandé au Comité d’inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
La volonté politique manifestée par l’État partie pour s’attaquer en priorité aux coupes illégales de palissandre du Siam doit être saluée. La collaboration internationale pour prévenir et réprimer le commerce illégal de cette essence constitue un aspect essentiel de la réponse à cette menace. À cet égard, l’étroite collaboration avec le Cambodge pour la mise en place, aux frontières, de patrouilles coordonnées, est particulièrement appréciée.
L’UICN, à travers le projet «Conservation des aires protégées et transfrontalière en vue d’une adaptation aux changements climatiques : Dong Phayayen-Khao Yai, site du patrimoine mondial» mis en œuvre par son bureau en Thaïlande avec le soutien financier du Fonds Keidanren pour la Préservation de la Nature (KNCF), a fourni un appui à l’État partie dans la lutte contre l’abattage illégal du palissandre du Siam, tout en favorisant la collaboration transfrontalière avec le Cambodge et le partage des enseignements sur la gestion des zones tampons et le développement des moyens de subsistance des populations. Suite la mise en œuvre de ce projet, l’UICN a constaté que les acteurs locaux aussi bien en Thaïlande et qu’au Cambodge sont très favorables à la collaboration en matière de conservation transfrontalière.
Malgré les efforts pour lutter contre le commerce et l’exploitation forestière illégale, ces menaces continuent de s’aggraver en raison de la hausse de la valeur marchande du palissandre du Siam. Il est donc recommandé au Comité de prier les États parties de Thaïlande, Cambodge, Chine, République démocratique populaire lao et Viet Nam de renforcer leur collaboration pour lutter contre l’abattage illégal à la source, réduire la demande à destination et intercepter les cargaisons de palissandre illégalespendant le transport. Bien que l’État partie déclare qu’aucun élément ne prouve la survenance de braconnage en association avec l’abattage illégal, ces activités illégales se produisent généralement en même temps, et l’UICN continue de recevoir des rapports indiquant que le braconnage est relativement fréquent dans certaines parties du bien. Il est par conséquent recommandé au Comité de demander à l’État partie de procéder à de nouvelles enquêtes pour déterminer dans quelle mesure le braconnage, associé ou non à l’abattage illégal, est une menace pour la VUE du bien.
L’empiètement reste un problème important au sein du bien. Si l’État partie rapporte qu’aucun nouvel empiètement à des fins de villégiature n’a été constaté en 2015, rien ne garantit que tel est le cas pour l’empiètement agricole. Les efforts de l’État partie pour échanger avec les populations locales afin de vérifier les droits fonciers dans les zones de forêt sont une étape importante pour résoudre les problèmes d’empiètement dans certaines régions ; il convient toutefois de noter que la clarification des droits fonciers est un processus généralement long et complexe. Il est recommandé que le Comité demande à l’État partie de veiller à ce que ce processus soit entrepris de manière totalement transparente et avec la participation active des populations locales.
La confirmation par l’État partie qu’aucun centre touristique ne sera construit près des corridors fauniques de l’autoroute 304 est appréciée et il est noté que des EIE pour le barrage de Huay Satone à l’intérieur du bien et pour l’élargissement de l’autoroute 348, également à l’intérieur du bien, n’ont pas été autorisées. Ne pouvant clairement établir si ce refus d’EIE laisse entendre que les projets concernés ne seront pas autorisés, il est recommandé au Comité de demander à l’État partie de le confirmer. On notera également que l’État partie envisage d’examiner si des corridors fauniques seront prévus au vu des résultats des inventaires de biodiversité autour de l’autoroute 348.
L’élaboration en cours d’un plan stratégique de tourisme dans un élément de patrimoine mondial naturel est également favorablement accueillie et il est recommandé au Comité de demander à l’État partie de soumettre une copie du projet de plan au Centre du patrimoine mondial et à l’UICN pour examen avant finalisation.
Décisions adoptées par le Comité en 2016
40 COM 7B.90
Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai (Thaïlande) (N 590rev)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/16/40.COM/7B,
- Rappelant la décision 39 COM 7B.17, adoptée à sa 39e session (Bonn, 2015),
- Félicite l’État partie pour les efforts considérables accomplis pour contrer la menace de l’abattage illégal du palissandre du Siam, et accueille favorablement la collaboration internationale, notamment les patrouilles coordonnées avec l’État partie du Cambodge, pour prévenir et supprimer le commerce illégal du palissandre du Siam ;
- Note que l’abattage illégal constitue toujours un grave sujet de préoccupation en raison de la hausse de la valeur marchande du palissandre du Siam et par conséquent, demande à l’État partie de fournir des statistiques actualisées sur l’abattage illégal de palissandre du Siam lors des exercices fiscaux 2014 à 2016 ainsi que les résultats de la mise en œuvre du Plan d’action visant à empêcher et supprimer l’abattage illégal du palissandre du Siam au sein du Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai (CFDPKY) ;
- Prie instamment les États parties de Thaïlande, Cambodge, Chine, République démocratique populaire Lao et Viet Nam de renforcer leur collaboration pour lutter contre l’abattage illégal à la source, réduire la demande à destination et intercepter les cargaisons de palissandre coupé illégalement pendant le transport ;
- Demande également à l’État partie de procéder à de nouvelles enquêtes pour déterminer dans quelle mesure le braconnage, associé ou non à l’abattage illégal, est une menace pour la VUE du bien ;
- Note avec satisfaction les efforts accomplis par l’État partie pour résoudre les problèmes d’empiètement et de construction de centres de villégiature illégaux, et demande en outre à l’État partie de veiller à ce que le processus de clarification des droits fonciers soit entrepris de manière totalement transparente et avec la participation active des populations locales concernées ;
- Note également que les évaluations d’impact environnemental (EIE) pour le barrage de Huay Satone et l’élargissement de l’autoroute 348, tous deux à l’intérieur du bien, n’ont pas été autorisées, et demande par ailleurs à l’État partie de confirmer de façon explicite et par écrit que ces projets ne seront pas autorisés ;
- Demande de plus à l’État partie d’inviter une mission UICN de suivi réactif pour suivre et évaluer la mise en œuvre effective du plan d’action 2014-2019 visant à empêcher et supprimer l’abattage illégal du palissandre du Siam au sein du Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai ;
- Demande aussi à l’État partie de fournir une version électronique et trois exemplaires imprimés du plan stratégique de tourisme dans un élément de patrimoine mondial naturel pour examen par le Centre du patrimoine mondial et l’UICN ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2017, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des points qui précèdent, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017, afin de considérer, à la lumière de l’évaluation de la mission de suivi réactif, l’éventuelle inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 40 COM 7B.90
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/16/40.COM/7B,
- Rappelant la décision 39 COM 7B.17, adoptée à sa 39e session (Bonn, 2015),
- Félicite l’État partie pour les efforts considérables accomplis pour contrer la menace de l’abattage illégal du palissandre du Siam, et accueille favorablement la collaboration internationale, notamment les patrouilles coordonnées avec l’État partie du Cambodge, pour prévenir et supprimer le commerce illégal du palissandre du Siam ;
- Note avec inquiétude que l’abattage illégal continue de représenter une menace importante et de plus en plus grave pour le bien en raison de la hausse de la valeur marchande du palissandre du Siam ;
- Note également que l’État partie confirme que l’abattage illégal du palissandre du Siam au sein du bien peut être considéré comme un péril prouvé conformément au paragraphe 180 des Orientations, mais qu’il estime que la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien est néanmoins maintenue ;
- Décide d’inscrire le Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai (Thaïlande) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
- Prie les États parties de Thaïlande, Cambodge, Chine, République démocratique populaire Lao et Viet Nam de renforcer leur collaboration pour lutter contre l’abattage illégal à la source, réduire la demande à destination et intercepter les cargaisons de palissandre coupé illégalement pendant le transport ;
- Demande à l’État partie de procéder à de nouvelles enquêtes pour déterminer dans quelle mesure le braconnage, associé ou non à l’abattage illégal, est une menace pour la VUE du bien ;
- Note avec satisfaction les efforts accomplis par l’État partie pour résoudre les problèmes d’empiètement et de construction de centres de villégiature illégaux, et demande également à l’État partie de veiller à ce que le processus de clarification des droits fonciers soit entrepris de manière totalement transparente et avec la participation active des populations locales concernées ;
- Note également que les évaluations d’impact environnemental (EIE) pour le barrage de Huay Satone et l’élargissement de l’autoroute 348, tous deux à l’intérieur du bien, n’ont pas été autorisées, et demande par ailleurs à l’État partie de confirmer de façon explicite et par écrit que ces projets ne seront pas autorisés ;
- Demande en outre à l’État partie d’élaborer, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et l’UICN, une série de mesures correctives et une proposition d’état de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, pour examen par le Comité à sa 41e session en 2017 ;
- Demande également à l’État partie de fournir une version électronique et trois exemplaires imprimés du plan stratégique de tourisme dans un élément de patrimoine mondial naturel pour examen par le Centre du patrimoine mondial et l’UICN ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2017, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des points qui précèdent, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.