Massif de l’Ennedi : paysage naturel et culturel
Facteurs affectant le bien en 2024*
- Cadre juridique
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Nécessité de renforcer le statut de protection juridique du bien et d'étendre le bien pour inclure tous les attributs de la valeur universelle exceptionnelle (VUE)
- Plan de gestion inadapté et le manque d'autorité de gestion
- Nécessité d'une zonation assurant une protection intégrale aux zones clés pour la biodiversité
- Nécessité de garantir la participation pleine et entière des communautés locales et de leurs autorités traditionnelles à la gestion du bien
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2024
74 410 dollars EU du gouvernement norvégien entre 2023 et 2024
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2024
Montant total approuvé : 17 923 dollars E.U.
2024 | Assistance d'urgence pour l'évaluation des menaces et ... (Approuvé) | 17 923 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2024**
Néant
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2024
Le 31 janvier 2024, l'État partie a soumis un rapport sur l'état de conservation qui est disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1475/documents/ et rend compte de ce qui suit :
- La Réserve culturelle et naturelle de l'Ennedi a été créée par Décret n° 260/PR/PM/MCDT/2016 (2016). La responsabilité de sa gestion relève du Ministère des Affaires culturelles, du Patrimoine historique, du Tourisme et de l’Artisanat par l’entremise du Comité national inter-ministériel des sites du patrimoine mondial, de la Direction du patrimoine culturel, du Directeur du site et du Comité local de gestion ;
- Le Conseil d’administration, organe décisionnel, est constitué de représentants d’African Parks, du Ministère de l’Environnement et du Ministère des Affaires culturelles, du Patrimoine historique, du Tourisme et de l’Artisanat ;
- Des pourparlers ont commencé afin de réviser le plan de gestion en 2024 avec l’implication des communautés et de l’équipe de gestion ;
- Les opérations de gestion et de protection se poursuivent avec l’acquisition de véhicules et d’équipement, les patrouilles effectuées par 39 éco-gardes, des séances de sensibilisation à travers les réseaux sociaux et les panneaux d’information, les journées de salubrité et l’envoi de missions d’inspection ;
- 15 autruches à cou rouge ont été relâchées dans le bien en 2020 dans le cadre d’un programme de transfert ;
- Une étude d’anthropologie environnementale lancée en mai 2021 pour acquérir une compréhension socio-écologique sur la façon dont les populations pastorales qui vivent dans un rayon de 60 km du Guelta d'Archeï utilisent ses eaux ;
- Une étude archéologique sur les peintures rupestres du bien a été lancée en juillet 2021 afin d’élaborer un plan pour leur protection et leur valorisation ;
- Des rapports et manuels associés au bien ont été publiés, évoquant la richesse des espèces d’oiseaux, de plantes, de mammifères et l'art rupestre du Massif de l’Ennedi, ainsi que leur état de conservation. Plusieurs espèces de mammifères ont été observées dans le bien, tels le mouflon à manchettes, la gazelle dorca, la hyène rayée, le chacal, le fennec et le singe Patas. À ceux-là s’ajoutent les autruches à cou rouge, les oryx algazelles et les addax qui ont été réintroduits ;
- En réponse aux actes de vandalisme des sites d'art rupestre dans le bien, une mission de l'État partie s’est rendue à Fada en avril 2017. Elle a constaté un dégât énorme d’une superficie de 2,68 m2 à l’entrée du site et les mêmes dégâts à d’autres endroits. Aucun autre acte de vandalisme n’a été observé depuis.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2024
Malheureusement, le rapport de l'État partie fournit encore peu de nouvelles informations sur l'état de conservation du bien ni sur les actions menées pour mettre en œuvre la demande du Comité au moment de l’inscription (décision 40 COM 8B.15) et ultérieurement (décisions 42 COM 7B.64, 44 COM 7B.71 et 45 COM 7B.28). Il est important de rappeler que l’évaluation des Organisations consultatives de la proposition d’inscription de 2016 la jugeait prématurée pour l’inscription car le bien ne remplissait pas les obligations de protection et de gestion des Orientations et les limites proposées étaient considérées inadéquates pour protéger tous les attributs de la valeur universelle exceptionnelle (VUE). La législation de 2016 était considérée comme ne satisfaisant pas aux obligations des Orientations au moment de l’inscription. Aucune précision n’a été donnée au sujet du Décret de 2019 (n°018/PR/2018 du 10 janvier 2019) et l'État partie n’a pas répondu à la demande du Comité d’entreprendre une révision complète des dispositions législatives. Le développement d’un plan d'action qui traite les demandes et recommandations passées du Comité procurerait un cadre clair permettant d’aborder ces questions.
Le bien, tel qu’il est inscrit aujourd’hui, ne comprend pas la partie nord du massif, laissant de côté d’importants sites d'art rupestre, sans oublier le site emblématique de Niola Doa. Au moment de l’inscription, le Comité a recommandé une extension du bien afin de protéger d’importants sites d'art rupestre dans le nord et le nord-ouest part du Massif de l'Ennedi. L'État partie ne donne aucune information sur les progrès accomplis au niveau de l’extension du bien demandée ou l’établissement d’un zonage.
Une grande partie des informations que présente l'État partie a été rapportée précédemment, y compris la structure du système de gestion, l’emploi d’éco-gardes, le lâcher d’autruches à cou rouge et l’étude d’anthropologie environnementale de la vie pastorale autour du Guelta d'Archeï.
Le bien est actuellement géré dans le cadre d’un accord de partenariat entre l'État partie et African Parks, financé par l'Union européenne et d’autres partenaires. Il est difficile de savoir quelles sont les échéances de ce partenariat.
Les discussions préliminaires autour de la révision du plan de gestion, comme demandé par le Comité au moment de l’inscription, sont les bienvenues et ce processus devrait s’accélérer. L’achèvement de plusieurs études est également accueilli avec d’autant plus de satisfaction qu’elles pourraient compléter la documentation des attributs au titre du critère (ix), comme demandé, mais les détails fournis sont limités et l'État partie n’a pas soumis les études au Centre du patrimoine mondial.
L'État partie a donné des informations complémentaires sur les dommages causés suite aux actes de vandalisme de 2017, mais n’a soumis aucun rapport détaillé sur l’étendue des dégâts ni sur les mesures prises pour réhabiliter les sites touchés, comme demandé par le Comité.
Quelques éléments d’information sont fournis sur la présence d’espèces de faune sauvage, mais aucune précision n’est disponible sur les nombres de population. D’autres sujets importants comme la viabilité génétique de la population relique de crocodiles ne sont pas traités non plus. Les efforts de réintroduction d’espèces sauvage emblématiques, notamment l’oryx gazelle, l’autruche à cou rouge et l’addax qui avaient disparu du bien suite au braconnage sont appréciés et l'État partie devrait être exhorté à fournir plus d’information à cet égard, y compris sur la stratégie de rétablissement de populations viables à l’intérieur du bien.
Tout en notant les demandes répétées d’informations plus détaillées sur le système de gestion et l’efficacité, le zonage, et l’acte de vandalisme de 2017, il est recommandé que le Comité demande à l'État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN à se rendre sur le bien. La mission devrait procéder à une évaluation du fonctionnement du système de gestion, rendre compte des dégâts suite au vandalisme de l'art rupestre à Fada, examiner les progrès réalisés et donner des conseils quant à l’actualisation du plan de gestion, revoir la stratégie pour l’inventaire botanique et le zonage d’utilisation, et rendre compte des progrès accomplis dans la mise en œuvre de la demande et des recommandations du Comité émises depuis l’inscription du bien en 2016.Décisions adoptées par le Comité en 2024
46 COM 7B.47
Massif de l'Ennedi : paysage naturel et culturel (Tchad) (C/N 1475)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7B.Add,
- Rappelant les décisions 40 COM 8B.15, 42 COM 7B.64, 44 COM 7B.71 et 45 COM 7B.28 adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016), 42e (Manama, 2018) sessions, et ses 44e(Fuzhou/en ligne, 2021) et 45e (Riyad, 2023) sessions élargies, respectivement,
- Se déclare préoccupé du fait que l'État partie a fourni à plusieurs reprises des informations limitées sur l'état de conservation du bien et sur les mesures prises pour mettre en œuvre la demande du Comité au moment de l’inscription et dans les décisions ultérieures, y compris sa recommandation à l'État partie d'étendre les limites nord du bien pour y inclure tous les attributs soutenant la valeur universelle exceptionnelle (VUE), y compris les sites d'art rupestre, et prie de nouveau instamment l'État partie de consulter le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives avant de finaliser la proposition de démarcation de la Réserve culturelle et naturelle de l'Ennedi afin de garantir que toutes les zones importantes soient incluses et qu’une zone tampon appropriée soit prévue, et soumettre une demande de modification des limites pour examen par le Comité du patrimoine mondial ;
- Demande que l'État partie établisse et soumette d’urgence un plan d’action avec une feuille de route pour la mise en œuvre des demandes et recommandations antérieures du Comité ;
- Note que le bien continue d’être géré au moyen d’un partenariat public privé, sous la surveillance d’un contingent d’éco-gardes, et que des activités de sensibilisation des parties prenantes ont été entreprises, et encourage l'État partie et son partenaire à poursuivre leurs efforts, en disposant particulièrement de ressources financières et techniques suffisantes pour assurer la préservation de la VUE du bien ;
- Se félicite que des discussions préliminaires pour la révision du plan de gestion aient été entamées, demande également l’accélération de ce processus et réitère sa demande que le plan de gestion révisé offre la continuité de la gestion et de la conservation pour l’ensemble du bien, satisfaisant aux normes internationales et comprenant un calendrier de mise en œuvre opérationnelle de toutes les étapes nécessaires pour atteindre ce but, qui clarifie comment les responsabilités du nouveau système de gestion seront intégrées aux systèmes de gestion traditionnels établis ; le plan de gestion devrait clairement :
- Détailler les mesures prévues pour faire face aux principales menaces potentielles et préciser les opérations de gestion pour conserver les valeurs du patrimoine mondial,
- Inclure un zonage permettant la protection intégrale des zones clés pour la biodiversité,
- Clarifier le régime de gestion institutionnelle, la dotation en personnel et le budget pour assurer une gestion effective du bien,
- Garantir la participation pleine et entière des communautés locales et de leurs autorités traditionnelles dans la gestion du bien ;
- Note également l’achèvement annoncé de nombreux rapports, manuels et autres études qui pourraient contribuer à documenter les attributs au titre du critère (ix), demande en outre à l'État partie de soumettre les études effectuées au Centre du patrimoine mondial, et réitère également sa demande de :
- Établir un inventaire botanique détaillé du site, identifier toutes les zones et les refuges importants pour la flore relique afin de documenter les attributs du bien à l’appui du critère (ix),
- Présenter de plus amples détails sur le statut de la biodiversité, y compris les espèces emblématiques comme la population relique de crocodiles, avec sa viabilité génétique ;
- Apprécie les efforts visant à réintroduire les espèces de faune sauvage emblématiques qui avaient disparu du bien en raison du braconnage et demande à l'État partie de fournir davantage d’informations à cet égard, y compris sur la stratégie de rétablissement des populations viables dans le bien ;
- Note en outre qu’aucun autre acte de vandalisme de l'art rupestre n’a été observé sur le bien depuis 2017 ;
- Demande en outre à l'État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN à évaluer l'état de conservation du bien et les progrès réalisés dans la mise en œuvre de toutes les demandes et recommandations du Comité depuis l’inscription en 2016, à savoir le fonctionnement du système de gestion et la mise à jour du plan de gestion, le compte rendu des dégâts suite au vandalisme de l'art rupestre à Fada en 2017, la nécessité de documenter les attributs au titre du critère (ix), et la création d’un système de zonage permettant la protection intégrale des zones clés pour la biodiversité ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 48e session.
Projet de décision : 46 COM 7B.47
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7B.Add,
- Rappelant les décisions 40 COM 8B.15, 42 COM 7B.64, 44 COM 7B.71 et 45 COM 7B.28, adoptées à ses 40e (Istanbul/UNESCO, 2016), 42e (Manama, 2018) sessions, et ses 44e(Fuzhou/en ligne, 2021) et 45e (Riyad, 2023) sessions élargies, respectivement,
- Se déclare préoccupé du fait que l'État partie a fourni à plusieurs reprises des informations limitées sur l'état de conservation du bien et sur les mesures prises pour mettre en œuvre la demande du Comité au moment de l’inscription et dans les décisions ultérieures, y compris sa recommandation à l'État partie d'étendre les limites nord du bien pour y inclure tous les attributs soutenant la valeur universelle exceptionnelle (VUE), y compris les sites d'art rupestre, et prie de nouveau instamment l'État partie de consulter le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives avant de finaliser la proposition de démarcation de la Réserve culturelle et naturelle de l'Ennedi afin de garantir que toutes les zones importantes soient incluses et qu’une zone tampon appropriée soit prévue, et soumettre une demande de modification des limites pour examen par le Comité du patrimoine mondial ;
- Demande que l'État partie établisse et soumette d’urgence un plan d’action avec une feuille de route pour la mise en œuvre des demandes et recommandations antérieures du Comité ;
- Note que le bien continue d’être géré au moyen d’un partenariat public privé, sous la surveillance d’un contingent d’éco-gardes, et que des activités de sensibilisation des parties prenantes ont été entreprises, et encourage l'État partie et son partenaire à poursuivre leurs efforts, en disposant particulièrement de ressources financières et techniques suffisantes pour assurer la préservation de la VUE du bien ;
- Se félicite que des discussions préliminaires pour la révision du plan de gestion aient été entamées, demande également l’accélération de ce processus et réitère sa demande que le plan de gestion révisé offre la continuité de la gestion et de la conservation pour l’ensemble du bien, satisfaisant aux normes internationales et comprenant un calendrier de mise en œuvre opérationnelle de toutes les étapes nécessaires pour atteindre ce but, qui clarifie comment les responsabilités du nouveau système de gestion seront intégrées aux systèmes de gestion traditionnels établis ; le plan de gestion devrait clairement :
- Détailler les mesures prévues pour faire face aux principales menaces potentielles et préciser les opérations de gestion pour conserver les valeurs du patrimoine mondial,
- Inclure un zonage permettant la protection intégrale des zones clés pour la biodiversité,
- Clarifier le régime de gestion institutionnelle, la dotation en personnel et le budget pour assurer une gestion effective du bien,
- Garantir la participation pleine et entière des communautés locales et de leurs autorités traditionnelles dans la gestion du bien ;
- Note également l’achèvement annoncé de nombreux rapports, manuels et autres études qui pourraient contribuer à documenter les attributs au titre du critère (ix), et demande en outre à l'État partie de soumettre les études effectuées au Centre du patrimoine mondial, et réitère également sa demande de :
- Établir un inventaire botanique détaillé du site, identifier toutes les zones et les refuges importants pour la flore relique afin de documenter les attributs du bien à l’appui du critère (ix),
- Présenter de plus amples détails sur le statut de la biodiversité, y compris les espèces emblématiques comme la population relique de crocodiles, avec sa viabilité génétique ;
- Apprécie les efforts visant à réintroduire les espèces de faune sauvage emblématiques qui avaient disparu du bien en raison du braconnage et demande à l'État partie de fournir davantage d’informations à cet égard, y compris sur la stratégie de rétablissement des populations viables dans le bien ;
- Note en outre qu’aucun autre acte de vandalisme de l'art rupestre n’a été observé sur le bien depuis 2017 ;
- Demande en outre à l'État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS/UICN à évaluer l'état de conservation du bien et les progrès réalisés dans la mise en œuvre de toutes les demandes et recommandations du Comité depuis l’inscription en 2016, à savoir le fonctionnement du système de gestion et la mise à jour du plan de gestion, le compte rendu des dégâts suite au vandalisme de l'art rupestre à Fada en 2017, la nécessité de documenter les attributs au titre du critère (ix), et la création d’un système de zonage permettant la protection intégrale des zones clés pour la biodiversité ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 48e session.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.