Ville historique de Grand-Bassam
Facteurs affectant le bien en 2021*
- Cadre juridique
- Habitat
- Ressources financières
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Système de gestion à renforcer (nécessité de préciser les limites du bien pour les parties terrestres en suivant les limites cadastrales, d’étendre les limites de la zone tampon unifiée au niveau du quartier du Petit Paris et du phare, de renforcer la dimension pratique et opérationnelle du Plan de conservation et de gestion du bien, de définir des indicateurs opérationnels de suivi correspondant à des actions précises, périodiques et quantifiées)
- Cadre juridique à renforcer (nécessité de clarifier la situation de la propriété foncière)
- Ressources humaines insuffisantes (nécessité de renforcer et préciser les moyens humains permanents du Comité local et/ou de la Maison du patrimoine culturel)
- Activités de gestion à renforcer (nécessité d’inscrire tous les « bâtiments d’intérêt patrimonial » du bien sur la Liste du patrimoine culturel national, de confirmer le rôle suspensif des avis de la Maison du patrimoine culturel dans le fonctionnement de la Commission des permis de construire de Grand-Bassam, à des fins de conservation du bien, de confirmer les mesures d’encouragement pour la restauration et la conservation des bâtiments privés)
- Ressources financières insuffisantes
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2021
Montant total accordé: 57 734 dollars EU de la Convention France-UNESCO ; 106 400 dollars EU du gouvernement de la Norvège en 2020
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2021
Montant total approuvé : 5 000 dollars E.U.
2020 | La malette pédagogique de la ville historique de ... (Non approuvé) | 0 dollars E.U. |
2015 | Atelier d’information et de sensibilisation sur le ... (Approuvé) | 5 000 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2021**
2013 et 2014 : Mission d’assistance technique dans le cadre de l’accord de coopération France-UNESCO en 2013 sur la gestion du bien et en 2014 sur la restauration de l’ancien Palais de Justice ; Mission d’assistance technique dans le cadre du projet AfriCAP2016 financé par l'Union Européenne dans le cadre du programme ACP Cultures+, 2019 : Mission d’urgence d’experts UNESCO suite aux inondations survenues sur le site en octobre 2019 financée par le Fonds d’urgence pour le patrimoine.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2021
Le 31 janvier 2020, suite aux inondations d’octobre 2019 et en réponse à la lettre du Centre du patrimoine mondial du 8 novembre 2019, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien, disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1322/documents/ et informant que :
- En octobre 2019, une forte pluviométrie provoquant une crue du fleuve Comoé et ses affluents (lagunes Ebrié et Ouladine) a causé des inondations touchant le village N’zima et provoquant des dégâts matériels ;
- L'État partie a mis en place un dispositif de gestion de la crise, lancé les travaux de réouverture de l’embouchure, relocalisé les populations sinistrées, et soumis une demande d'assistance auprès de l’UNESCO permettant l'envoi d'une mission d'urgence au titre du Fonds d'urgence pour le patrimoine ;
- L'impact constaté des inondations sur le bien est notamment :
- L’architecture a été la plus affectée, avec 17 monuments historiques inondés et les fondations et terrasses entièrement immergées, rendant nécessaires un suivi régulier et un plan global de restauration suite à la décrue,
- La valeur environnementale et paysagère a été affectée au niveau du plan d’eau lagunaire (réduction de la navigation et des activités de pêche) et du site de l’embouchure (son obstruction aggravant la résurgence des inondations),
- La célébration de l'Abissa a été reportée à deux reprises et son bosquet sacré a été inondé. La communauté N’zima a répondu à la crise par une gestion traditionnelle à travers des rituels visant à amorcer la décrue de la lagune Ouladine ;
- Des dysfonctionnements dans la gestion du bien s'expriment notamment par l'accélération de la dégradation de bâtiments patrimoniaux, des retards dans la restauration d’édifices emblématiques, et le non-respect des procédures constructives ;
- Les partenariats publics/privés pour la restauration du bâti sont encouragés, à l'instar de la Société Générale (transformation de l’ex-hôtel des postes et douanes en espace dédié à l’art avec engagement du partenaire à le restaurer et l’entretenir, appui financier pour la réhabilitation d’un bâtiment historique qui accueillera la Maison du patrimoine culturel) ;
- L’actualisation du Plan de conservation et de gestion du bien, incluant un plan de gestion de risques de catastrophes, est en cours ;
- Un plan d’action a été préparé par l'UNESCO pour soutenir l’État partie dans sa nouvelle stratégie de développement et conservation de la ville.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2021
En plus du rapport de l'État partie, cette analyse s'appuie sur celui de la mission d’urgence de novembre 2019 (soumis en mars 2020), qui explique l’origine des inondations d’octobre 2019 et évalue leurs impacts.
Si les inondations n'ont pas porté atteinte à la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, elles ont néanmoins mis en avant des faiblesses inhérentes à sa conservation et sa gestion, en particulier la gestion des risques.
La réactivité de l’État partie suite aux inondations est à saluer, notamment en mettant en place un dispositif de gestion de la crise, relocalisant les populations sinistrées et demandant l’organisation d’une mission d’urgence de l’UNESCO. La réouverture de l’embouchure du fleuve Comoé, initiée le 11 novembre 2019, arrive à temps.
Ce projet s'inscrit dans le cadre du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody et de la lagune Ebrié (PABC), financé par l’État partie avec l’appui de bailleurs de fonds. lI est regrettable que ce projet, susceptible d'affecter la VUE du bien, n’ait pas préalablement été présenté au Centre du patrimoine mondial conformément au paragraphe 172 des Orientations. Il inclut notamment la construction de digues qui, bien que constituant une solution aux inondations, pourrait affecter l’écosystème du bien et ses qualités environnementales et paysagères. Il est recommandé que l'État partie soumette le projet au Centre du patrimoine mondial afin d’adapter l'approche aux recommandations du rapport de mission, notamment pour le projet de digues, pour évaluation par les Organisations consultatives. Par ailleurs, selon le rapport de mission, l’ouvrage de génie civil également prévu par le PABC aurait une hauteur pouvant occasionner une rupture d’échelle avec celle des maisons de la zone non lotie du village situé à proximité. Il devrait faire l’objet d’une étude d’impact visuel et patrimonial.
La dégradation de plusieurs édifices patrimoniaux est préoccupante, comme sur le Palais de justice, le phare ou l’ex-hôtel des postes et douane. Les initiatives de coopération prises pour la restauration du patrimoine, notamment à travers des accords de partenariats public/privé, sont accueillies favorablement, mais elles doivent être planifiées de façon à privilégier les opérations groupées, et renforcées par des actions telles que la consolidation et la mise à jour de l’inventaire du patrimoine existant, l’établissement de diagnostics architectural et culturel approfondis, le renforcement du suivi et du contrôle des règles d’urbanisme et de construction et de l’application des règlements par tous les acteurs, le renforcement des capacités des professionnels et l'établissement d'un comité de suivi des travaux de restauration.
Ces actions doivent être coordonnées par la Maison du patrimoine, instance principale de la gestion du bien, à laquelle il est important de donner plus de moyens et de relocaliser dans un bâtiment patrimonial, lui conférant un caractère emblématique et exemplaire. Par ailleurs, le projet de révision du plan de conservation et de gestion (incluant un plan de gestion des risques) est à saluer et sa prompte finalisation à encourager.
Il est à noter que le gouvernement de la Norvège a approuvé un financement de 106 400 dollars EU pour un programme d'appui à la préservation du site, incluant notamment le travail d’inventaire, la finalisation du plan de gestion et la révision et publication d'un guide d'interventions sur le site. Ces mesures, en plus du renforcement de la gestion et de la conservation du bien, devraient améliorer la gestion des risques de catastrophe.
Enfin, la crise a démontré la force du patrimoine immatériel des N’zima comme vecteur de résilience à sauvegarder et promouvoir.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2021
44 COM 7B.2
Ville historique de Grand-Bassam (Côte d’Ivoire) (C 1322rev)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.67, adoptée à sa 41esession (Cracovie, 2017),
- Salue la réactivité de l’État partie suite aux inondations, en mettant en place un dispositif de gestion de la crise, en relocalisant les populations sinistrées et en demandant l’organisation d’une mission d’urgence de l’UNESCO ;
- Note la mise en œuvre du projet de réouverture du fleuve Comoé dans le cadre du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody et de la lagune Ebrié (PABC), et regrette que ce projet n’ait pas au préalable été présenté au Centre du patrimoine mondial conformément au paragraphe 172 des Orientations, et demande à l’État partie de soumettre le PABC au Centre du patrimoine mondial, dès que possible, pour examen par les Organisations consultatives afin que des solutions soient trouvées pour adapter l'approche aux recommandations fournies dans le rapport de la mission d'urgence d'octobre 2019, et plus particulièrement de :
- Soumettre au Centre du patrimoine mondial, avant toute intervention, le projet de digues avec ses différents scénarios de hauteur pour évaluation par les Organisations consultatives,
- Réaliser une étude d’impact visuel et patrimonial du projet d’ouvrage de génie civil prévu pour une hauteur de 6 mètres ;
- Exprime sa vive préoccupation quant à l’accélération de la dégradation de l’état de conservation de plusieurs édifices patrimoniaux, dont le Palais de justice, le phare et l’ex-hôtel des postes et douane et, tout en accueillant favorablement les initiatives de coopération prises par l’État partie en faveur de la restauration du patrimoine, notamment à travers des accords de partenariats public/privé, demande également à l’État partie de :
- Penser ces initiatives de façon planifiée en privilégiant notamment les opérations groupées,
- Renforcer ces initiatives par :
- La consolidation et la mise à jour de l’inventaire du patrimoine déjà existant,
- L’établissement de diagnostics architectural et culturel approfondis,
- Le renforcement du suivi et du contrôle des règles d’urbanisme et de construction et de l’application des règlements par tous les acteurs concernés, publics et privés,
- Le renforcement des capacités des professionnels du patrimoine et de la construction,
- L'établissement d'un comité de suivi des travaux de restauration ;
- Demande en outre à l’État partie de renforcer la gestion du site, en donnant plus de moyens à la Maison du patrimoine et de la relocaliser dans un bâtiment patrimonial, lui conférant ainsi un caractère emblématique et exemplaire au cœur du site ;
- Salue également le projet de révision du plan de conservation et de gestion (incluant un plan de gestion des risques) et encourage l’État partie à le finaliser ;
- Remercie le gouvernement de la Norvège pour son soutien financier à la mise en œuvre d'un programme d'appui à la préservation du bien, qui inclut notamment le travail d’inventaire, la finalisation du plan de gestion, la révision et publication d'un guide d'interventions sur le bien et l'établissement d'un comité de suivi des travaux de restauration ;
- Encourage également l'État partie à renforcer les mesures de sauvegarde et de promotion du patrimoine immatériel de la communauté N'zima ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e
Projet de décision : 44 COM 7B.2
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/21/44.COM/7B,
- Rappelant la décision 41 COM 7B.67, adoptée à sa 41esession (Cracovie, 2017),
- Salue la réactivité de l’État partie suite aux inondations, en mettant en place un dispositif de gestion de la crise, en relocalisant les populations sinistrées et en demandant l’organisation d’une mission d’urgence de l’UNESCO ;
- Note la mise en œuvre du projet de réouverture du fleuve Comoé dans le cadre du projet de sauvegarde et de valorisation de la baie de Cocody et de la lagune Ebrié (PABC), et regrette que ce projet n’ait pas au préalable été présenté au Centre du patrimoine mondial conformément au paragraphe 172 des Orientations, et demande à l’État partie de soumettre le PABC au Centre du patrimoine mondial, dès que possible, pour examen par les Organisations consultatives afin que des solutions soient trouvées pour adapter l'approche aux recommandations fournies dans le rapport de la mission d'urgence d'octobre 2019, et plus particulièrement de :
- Soumettre au Centre du patrimoine mondial, avant toute intervention, le projet de digues avec ses différents scénarios de hauteur pour évaluation par les Organisations consultatives,
- Réaliser une étude d’impact visuel et patrimonial du projet d’ouvrage de génie civil prévu pour une hauteur de 6 mètres ;
- Exprime sa vive préoccupation quant à l’accélération de la dégradation de l’état de conservation de plusieurs édifices patrimoniaux, dont le Palais de justice, le phare et l’ex-hôtel des postes et douane et, tout en accueillant favorablement les initiatives de coopération prises par l’État partie en faveur de la restauration du patrimoine, notamment à travers des accords de partenariats public/privé, demande également à l’État partie de :
- Penser ces initiatives de façon planifiée en privilégiant notamment les opérations groupées,
- Renforcer ces initiatives par :
- La consolidation et la mise à jour de l’inventaire du patrimoine déjà existant,
- L’établissement de diagnostics architectural et culturel approfondis,
- Le renforcement du suivi et du contrôle des règles d’urbanisme et de construction et de l’application des règlements par tous les acteurs concernés, publics et privés,
- Le renforcement des capacités des professionnels du patrimoine et de la construction,
- L'établissement d'un comité de suivi des travaux de restauration ;
- Demande en outre à l’État partie de renforcer la gestion du site, en donnant plus de moyens à la Maison du patrimoine et de la relocaliser dans un bâtiment patrimonial, lui conférant ainsi un caractère emblématique et exemplaire au cœur du site ;
- Salue également le projet de révision du plan de conservation et de gestion (incluant un plan de gestion des risques) et encourage l’État partie à le finaliser ;
- Remercie le gouvernement de la Norvège pour son soutien financier à la mise en œuvre d'un programme d'appui à la préservation du bien, qui inclut notamment le travail d’inventaire, la finalisation du plan de gestion, la révision et publication d'un guide d'interventions sur le bien et l'établissement d'un comité de suivi des travaux de restauration ;
- Encourage également l'État partie à renforcer les mesures de sauvegarde et de promotion du patrimoine immatériel de la communauté N'zima ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er décembre 2022, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session en 2023.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.