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Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel

Fédération de Russie
Facteurs affectant le bien en 2018*
  • Infrastructures de transport maritime
  • Pétrole/gaz
  • Autres menaces :

    Présence humaine accrue

Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Absence de plan de gestion (problème résolu)
  • Pétrole/gaz (Activités de prospection géophysique dans la zone maritime entourant le bien)
  • Infrastructures de transport maritime (Projet de construction d’une base navale sur le territoire du bien)
  • Présence humaine accrue
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2018
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2018

Une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN a visité le bien du 10 au 18 août 2017. L’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation pour le bien le 1er février 2018 qui est disponible, ainsi que le rapport de mission, à l’adresse http://whc.unesco.org/fr/list/1023/documents, et qui signale les points suivants :

  • Le personnel de la réserve a poursuivi le nettoyage des déchets dus aux activités économiques passées. 670 tonnes de déchets métalliques ont été retirées de l’île en 2017 et il est prévu d’en retirer 330 en 2018. Il est signalé que 5 ha situés à proximité de Somnitelnaya ont été nettoyés et que 200 fûts métalliques ont été déplacés dans un site de stockage. Des déchets ont également été retirés à Vezdehod et au pic Tundroviy ;
  • Au cours des dernières années, six refuges démontables alimentés par des sources d’énergie renouvelable ont été construits pour l’hébergement des visiteurs, en remplacement des locaux existants. Quelques refuges anciens ont été rénovés et trois autres refuges résidentiels ont été construits à Ushakovskoe pour héberger un bureau et du personnel du parc. Aucune infrastructure touristique supplémentaire qui pourrait affecter la valeur universelle exceptionnelle (VUE) n’est actuellement prévue. Néanmoins, la reconstruction de la station locale de Bukhta Popova est prévue en 2018 pour assurer la recherche sur les oies et éventuellement attirer les touristes et ornithologues amateurs. Il est prévu de créer des centres pour visiteurs en dehors du bien, au musée d’histoire locale et à l’aéroport d’Anadyr ;
  • La législation russe interdit tout forage, exploration ou exploitation de ressources minières au sein des limites du bien et de sa zone de protection marine. Il est indiqué que les activités actuelles de prospection sismique dans les mers voisines des Tchouktches et de Sibérie orientale n’affectent pas la partie marine du bien et sa zone de protection. Aucune activité d’exploitation pétrolière n’est actuellement prévue dans les zones marines qui jouxtent le bien ;
  • Une étude entomologique a permis l’identification de 100 nouvelles espèces d’insectes au sein du bien. Le personnel du parc collabore avec des scientifiques américains pour suivre la population d’ours polaires des Tchouktches et d’Alaska ainsi que la population d’oies des neiges.

Le Centre du patrimoine mondial a demandé le 20 février 2018 des éclaircissements supplémentaires sur le retrait des déchets, les licences d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures, et les locaux et activités militaires, mais n’a pas reçu de réponse au moment de la rédaction de ce rapport.

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2018

La mission de 2017 a évalué l’état de conservation du bien pour déterminer si les critères pour son inscription sur la liste du patrimoine mondial en péril étaient remplis.

Si aucune exploitation d’hydrocarbures n’est actuellement prévue à proximité du bien et qu’elle est légalement interdite au sein des limites du bien et de sa zone de protection, on notera avec grande préoccupation que l’article 2 de l’arrêté no 103-p, en date du 31 janvier 2013, accorde toujours une licence d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures pour les lots de sous-sol de Yuzhno-Chukotski, Severo-Vrangelski-1 et 2. Les lots de deux de ces trois licences coupent la zone protectrice de 36 milles nautiques de la stricte réserve naturelle de l’île de Wrangel à une distance de 12 milles nautiques de la limite marine du bien. S’il est signalé dans le rapport de l’État partie que la prospection sismique actuellement en cours n’affecterait pas la partie marine du bien, le motif de cette conclusion n’est pas clair. La mission a conclu que l’exploitation d’hydrocarbures dans les eaux situées à proximité du bien pourrait représenter un danger potentiel pour sa VUE. Il est par conséquent recommandé que le Comité demande à l’État partie de suspendre ces activités et de mener d’urgence une EIE répondant aux meilleures normes internationales, y compris une évaluation rigoureuse des impacts sur la VUE du bien, conformément à la Note consultative de l’UICN : l’évaluation environnementale, avant que toute activité de forage d’hydrocarbures soit menée ;

La mission a été informée du fait que les impacts négatifs des locaux militaires récemment construits au sein du bien resteraient limités et pourraient avoir des conséquences indirectes éventuellement positives. Toutefois, aucune information n’a été transmise à la mission pour lui permettre d’évaluer les impacts des locaux militaires et des activités qui y sont liées sur la VUE du bien. Par conséquent, il est recommandé que le Comité regrette que l’État partie n’ait pas fourni ces informations malgré les demandes répétées du Comité, et qu’il demande à l’État partie de fournir urgemment plus d’informations détaillées sur les impacts actuels et éventuels, afin de stopper immédiatement toute activité qui pourrait affecter négativement la VUE du bien, et de mettre en œuvre les mesures appropriées pour éviter et amoindrir les impacts, et atténuer tout impact résiduel.

La mission a en outre conclu que l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, si elle n’est pas recommandée à ce stade, pourrait être justifiée en cas de : 1) l’absence de preuve que la présence militaire au sein des limites du bien ne constitue pas un péril établi pour sa VUE ; ou dans le cas où 2) l’exploitation d’hydrocarbures soit poursuivie sans EIE préalable, conformément aux normes de performance 2012 de l’International Finance Corporation (IFC) et une évaluation rigoureuse des impacts sur le bien, conformément à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale.

Les efforts constants visant à débarrasser l’île de ses déchets, et ce, dans des conditions environnementales difficiles, sont accueillis favorablement. La mission a pris note de l’intention de retirer complètement les déchets d’ici environ cinq ans. Toutefois, la prévision selon laquelle 1 000 tonnes de déchets métalliques devaient être retirées pendant la période 2017-2018 est préoccupante au regard du fait que 1 200 tonnes ont été retirées en 2016. Pour atteindre l’objectif fixé au terme des cinq ans, il faudra redoubler d’efforts dans la mesure où le plan de gestion 2013-2017 du bien mentionnait 25 000 tonnes de déchets métalliques et 100 000 fûts métalliques. Il est regrettable que 13 ans après l’inscription du bien, des fûts de carburant restent disséminés sur l’île, particulièrement dans le lit des cours d’eau, et qu’une concentration de déchets existe toujours autour des anciens établissements. Il est recommandé que le Comité demande à l’État partie de fournir un calendrier clair s’agissant du nettoyage des déchets et des polluants associés afin de garantir son achèvement prévu d’ici cinq ans et de faire rapport sur la planification et la mise en œuvre de ces activités.

L’hébergement d’un nombre limité de visiteurs dans de nouveaux refuges démontables n’est pas actuellement un motif de préoccupation, tant que la fréquentation reste dans des limites soutenables.

Dans l’ensemble, la mission a observé une tendance à l’accroissement des activités humaines sur l’île de Wrangel et dans toute la région, y compris du trafic maritime, qui exerce une pression croissante sur les écosystèmes arctiques fragiles. Cette pression croissante est accentuée par les agressions supplémentaires exercées sur l’écosystème en raison des changements climatiques. La mission a par conséquent recommandé d’identifier la capacité de charge écologique du bien par une étude des éléments terrestres et marins du bien.

Décisions adoptées par le Comité en 2018
42 COM 7B.77
Système naturel de la Réserve de l'île Wrangel (Fédération de Russie) (N 1023rev)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
  2. Rappelant les décisions 39 COM 7B.25, 40 COM 7B.98, et 41 COM 7B.7, adoptées à ses 39(Bonn, 2015), 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
  3. Prenant note des conclusions de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN, exprime sa grande préoccupation quant aux menaces signalées sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et demande à l’État partie de pleinement mettre en œuvre toutes les recommandations de la mission ;
  4. Accueille favorablement les efforts continus pour le retrait des déchets de l’île de Wrangel, mais regrette que plusieurs milliers de tonnes de déchets demeurent sur l’île 13 ans après son inscription et demande également à l’État partie de fournir un programme avec des échéances pour accroître ces efforts afin de terminer le retrait des déchets et le nettoyage des polluants associés d’ici la fin de la période limite de cinq ans, et de faire rapport régulièrement sur les avancées quant à la mise en œuvre de ces activités, et de soumettre, d’ici le 1er février 2023, un rapport final confirmant que l’île est débarrassée des déchets et polluants associés ;
  5. Regrette également que l’État partie n’ait pas transmis d’informations sur les locaux militaires et les activités liées au sein du bien, comme demandé par le Comité à de multiples reprises, ce qui empêche par conséquent toute évaluation des impacts sur le bien, et prie instamment et fortement l’État partie de :
    1. Fournir plus d’informations détaillées sur les impacts actuels et éventuels des locaux militaires et des activités qui sont liées à la VUE du bien,
    2. Stopper immédiatement toute activité qui pourrait affecter négativement la VUE,
    3. Mettre en œuvre des mesures appropriées pour éviter et amoindrir les impacts et atténuer tout impact résiduel des locaux et activités militaires sur la VUE du bien, comme recommandé par la mission,
    4. Soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport sur les impacts des locaux et activités militaires et sur l’efficacité des mesures d’atténuation ; 
  6. Accueille également favorablement la confirmation par l’État partie qu’aucune activité d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbures n’est autorisée au sein du bien, mais exprime sa plus grande préoccupation quant au fait qu’une exploitation d’hydrocarbures pourrait toujours avoir lieu à l’avenir dans les eaux voisines du bien, et prie aussi instamment l’État partie de mener une EIE complète des impacts possibles sur la VUE du bien avant d’autoriser toute activité de forage d’hydrocarbures dans les lots Yuzhno-Chukotski, Severo-Vrangelski-1 et 2, et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
  7. Prend également note de la conclusion de la mission quant au fait que l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril pourrait être justifiée en cas de :
    1. L’absence de preuve que la présence militaire au sein des limites du bien ne constitue pas un péril établi pour sa VUE,
      Ou, dans le cas où :
    2. L’exploitation d’hydrocarbures soit poursuivie sans EIE préalable, conformément aux normes de performance 2012 de l’International Finance Corporation (IFC) et une évaluation rigoureuse des impacts sur le bien, conformément à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale ;
  8. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, y compris sur la mise en œuvre des recommandations de la mission, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.
Projet de décision : 42 COM 7B.77

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/18/42.COM/7B,
  2. Rappelant les décisions 39 COM 7B.25, 40 COM 7B.98, et 41 COM 7B.7, adoptées à ses 39e(Bonn, 2015), 40e (Istanbul/UNESCO, 2016) et 41e (Cracovie, 2017) sessions respectivement,
  3. Prenant note des conclusions de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN, exprime sa grande préoccupation quant aux menaces signalées sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et demande à l’État partie de pleinement mettre en œuvre toutes les recommandations de la mission ;
  4. Accueille favorablement les efforts continus pour le retrait des déchets de l’île de Wrangel, mais regrette que plusieurs milliers de tonnes de déchets demeurent sur l’île 13 ans après son inscription et demande également à l’État partie de fournir un programme avec des échéances pour accroître ces efforts afin de terminer le retrait des déchets et le nettoyage des polluants associés d’ici la fin de la période limite de cinq ans, et de faire rapport régulièrement sur les avancées quant à la mise en œuvre de ces activités, et de soumettre, d’ici le 1erfévrier 2023, un rapport final confirmant que l’île est débarrassée des déchets et polluants associés ;
  5. Regrette également que l’État partie n’ait pas transmis d’informations sur les locaux militaires et les activités liées au sein du bien, comme demandé par le Comité à de multiples reprises, ce qui empêche par conséquent toute évaluation des impacts sur le bien, et prie instamment et fortement l’État partie de :
    1. Fournir plus d’informations détaillées sur les impacts actuels et éventuels des locaux militaires et des activités qui sont liées à la VUE du bien,
    2. Stopper immédiatement toute activité qui pourrait affecter négativement la VUE,
    3. Mettre en œuvre des mesures appropriées pour éviter et amoindrir les impacts et atténuer tout impact résiduel des locaux et activités militaires sur la VUE du bien, comme recommandé par la mission,
    4. Soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2019, un rapport sur les impacts des locaux et activités militaires et sur l’efficacité des mesures d’atténuation ; 
  6. Accueille également favorablement la confirmation par l’État partie qu’aucune activité d’exploration ou d’exploitation d’hydrocarbures n’est autorisée au sein du bien, mais exprime sa plus grande préoccupation quant au fait qu’une exploitation d’hydrocarbures pourrait toujours avoir lieu à l’avenir dans les eaux voisines du bien, et prie aussi instamment l’État partie de mener une EIE complète des impacts possibles sur la VUE du bien avant d’autoriser toute activité de forage d’hydrocarbures dans les lots Yuzhno-Chukotski, Severo-Vrangelski-1 et 2, et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
  7. Prend également note de la conclusion de la mission quant au fait que l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril pourrait être justifiée en cas de :
    1. L’absence de preuve que la présence militaire au sein des limites du bien ne constitue pas un péril établi pour sa VUE,

Ou, dans le cas où :

b) 
L’exploitation d’hydrocarbures soit poursuivie sans EIE préalable, conformément aux normes de performance 2012 de l’International Finance Corporation (IFC) et une évaluation rigoureuse des impacts sur le bien, conformément à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale 

8.  Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2019, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, y compris sur la mise en œuvre des recommandations de la mission, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 43e session en 2019.

Année du rapport : 2018
Fédération de Russie
Date d'inscription : 2004
Catégorie : Naturel
Critères : (ix)(x)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2018) .pdf
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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