Réserves de la cordillère de Talamanca-La Amistad / Parc national La Amistad
Facteurs affectant le bien en 2016*
- Infrastructures de transport de surface
- Infrastructures hydrauliques
- Modification du régime des sols
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Construction de barrages hydroélectriques près du bien au Panama et effets connexes (présence humaine accrue près du bien, interruption du couloir de migration d’espèces aquatiques)
- Empiètements (établissements humains, élevage bovin extensif)
- Projet de construction de routes à travers le bien dans la partie panaméenne
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2016
Montant total accordé: 30 000 dollars EU du Fonds de Réponse Rapide
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2016
Montant total approuvé : 276 350 dollars E.U.
1997 |
Technical assistance for Talamanca-La Amistad (NOT ...
(Approuvé)
Réapprobation : 08 Apr, 1998 (n°925 - 19900 dollars E.U.)
|
19 900 dollars E.U. |
1992 | Repair of damage to housing of staff at Talamanca -La ... (Approuvé) | 10 000 dollars E.U. |
1990 | La Amistad: construction of 3 guard posts, purchase of ... (Approuvé) | 50 000 dollars E.U. |
1990 | Various conservation and training activities for La ... (Approuvé) | 50 000 dollars E.U. |
1988 | Equipment and financial contribution for strengthening ... (Approuvé) | 30 000 dollars E.U. |
1985 | Improvement of infrastructure, implementation of the ... (Approuvé) | 40 000 dollars E.U. |
1985 | Strengthening the protection and management of ... (Approuvé) | 32 150 dollars E.U. |
1983 | Training programme, improvement of infrastructures and ... (Approuvé) | 30 000 dollars E.U. |
1982 | In situ training of wardens of La Amistad Reserve (Approuvé) | 14 300 dollars E.U. |
Missions sur le bien jusqu'en 2016**
Février 2008 : mission de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; décembre 2011 : mission de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN ; janvier 2013 : mission suivi réactif de l’UICN ; janvier 2016 : mission suivi réactif de l’UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2016
Le 3 février 2016, un rapport conjoint sur l’état de conservation du bien a été soumis par les États parties du Costa Rica et du Panama. En janvier 2016, une mission de suivi réactif a été accueillie sur le bien. Les deux rapports sont disponibles à l’adresse https://whc.unesco.org/fr/list/205/documents.
Les informations suivantes sont communiquées dans le rapport conjoint soumis par les deux États parties :
- Un nouveau processus d’évaluation environnementale stratégique (EES) pour le bien a été initié au Panama et sera entrepris en 2016. La réalisation éventuelle de l’EES au niveau binational est actuellement discutée avec l’État partie du Costa Rica ;
- Le niveau des impacts sur la biodiversité des milieux dulcicoles, dans pour le moins deux bassins, engendrés par les deux barrages hydroélectriques déjà achevés au Panama situés dans le voisinage du bien (Bonyic et Chan75), doit être évaluée à l’aide d’un suivi à plus long terme. Un système est en place pour surveiller la faune dulcicole potentiellement affectée et des mesures d’atténuation ont été élaborées pour les espèces de poissons affectées au niveau des barrages en service ;
- Les conflits sociaux sont rapportés comme ayant été résolus grâce à des réunions avec la Commission du peuple Naso et avec les populations affectées par le barrage CHAN75 ;
- Un plan de compensation et un plan de réinstallation involontaire ont été préparés pour les deux populations indigènes qui seront affectées par la construction du nouveau barrage Changuinola II (également appelé CHAN140) situé en aval du bien dans la forêt protégée de Palo Seco. Bien que la nouvelle centrale hydroélectrique soit située en dehors des limites du bien, les États parties notent qu’elle entraîne des impacts cumulés sur la faune aquatique et des impacts sur les zones terrestres ;
- Au Costa Rica, des mesures ont été prises pour régler la question des cultures illégales au sein du bien ;
- Les autres menaces (exploitation minière, routes, agriculture) n’ont pas progressé ;
- La collaboration transfrontalière s’est améliorée ; les réunions annuelles de l’Unité technique exécutante binationale pour la gestion du parc international La Amistad (UTEB-PILA) ont repris et de fréquentes patrouilles conjointes sillonnent le bien. Au Costa Rica, l’intégration des plans de gestion des aires protégées qui constituent le bien suit son cours ;
- La dotation en personnel et les budgets des aires protégées qui constituent le bien demeurent insuffisants.
Le 12 avril 2016, l’État partie du Panama a soumis des informations complémentaires, incluant le plan d’amélioration de l’étude d’impact sur l’environnement (EIE) pour Changuinola II à partir de 2014 et le rapport sur l’évaluation de base de la biodiversité et de la qualité de l’eau dans la région, susceptibles d’être affectées par sa construction.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2016
Les informations communiquées par les États parties, selon lesquelles plusieurs facteurs affectant le bien (agriculture, construction de routes, exploitation minière) n’ont pas progressé et la collaboration transfrontalière s’est améliorée, sont favorablement accueillies. Cependant, la gestion des différentes aires protégées qui composent le bien ne s’est pas améliorée, à l’instar du manque de personnel et du manque de fonds de ses autorités de gestion. Les signalements de cultures illégales en hausse dans la partie costaricaine du bien sont très préoccupants : bien que n’affectant que de petites superficies au sein du bien, cela a des conséquences directes pour la sécurité des habitants et des gardes.
Le fait que le projet hydroélectrique se poursuive dans le voisinage immédiat du bien au Panama, sans qu’une EES globale pour le bien n’ait été réalisée, soulève de vives inquiétudes. Par sa décision 39 COM 7B.28, le Comité considérait que « tout développement de nouveau projet d’hydroélectricité avant la finalisation de l’EES conduirait à l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril ». Les préparatifs actuels pour la construction d’un nouveau barrage hydroélectrique sur la rivière Changuinola (Changuinola II/CHAN140), près des limites du bien, représentent clairement ce développement de nouveau projet d’hydroélectricité.
La mission de suivi réactif a noté que le ministère de l’Environnement avait demandé l’élaboration d’une EES pour la partie panaméenne du bien et a jugé que cette dernière, en plus d’avoir une bonne conception initiale, ciblait la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien et était coordonnée par une équipe de spécialistes internationalement reconnus. Toutefois, la décision de construire le barrage Changuinola II/CHAN140 a déjà été prise et des mesures préparatoires mises en place, notamment des dispositions de réinstallation pour les populations locales qui seraient affectées. La mission a également noté que la construction de CHAN140 est programmée pour débuter mi-2016. Par conséquent, la réalisation et l’approbation de l’EES avant que ne débute la construction de CHAN140 sont très improbables. Il est donc recommandé que le Comité du patrimoine mondial demande à l’État partie du Panama d’arrêter le projet Changuinola II/CHAN140 et tout autre projet hydroélectrique en cours afin que les résultats de l’EES puissent être pris en compte dans ces projets.
La mission, tout comme les États parties, confirment également que les barrages hydroélectriques déjà en service ont engendré des dommages irréversibles localisés sur la biodiversité dulcicole et ont conclu que la construction d’un barrage sur la rivière Changuinola et l’inondation d’une nouvelle zone auraient des impacts cumulés sur la biodiversité dulcicole.
En adéquation avec les observations de la mission, il est considéré qu’en raison de la poursuite du développement du projet hydroélectrique, un nouveau barrage ayant été approuvé alors qu’aucune EES générale n’a été réalisée, les impacts cumulés actuels et potentiels des aménagements en cours de centrales hydroélectriques représentent un péril à la fois avéré et potentiel, respectivement, pour la VUE du bien conformément au paragraphe 180 des Orientations. Il est par conséquent recommandé que le Comité du patrimoine mondial inscrive le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril et demande à l’État partie du Panama de mettre en œuvre les mesures correctives recommandées par la mission.
Décisions adoptées par le Comité en 2016
40 COM 7B.72
Réserves de la cordillère de Talamanca-La Amistad / Parc national La Amistad (Costa Rica / Panama) (N 205bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/16/40.COM/7B.Add,
- Rappelant la décision 39 COM 7B.28, adoptée à sa 39e session (Bonn, 2015),
- Félicite les États parties du Costa Rica et du Panama pour les progrès accomplis dans le renforcement de la coopération transfrontalière et de la stabilisation des menaces qui pèsent sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien résultant de l’empiètement agricole et du pâturage de bétail, ainsi que de la construction de routes et de projets d’exploitation minière potentiels ;
- Note avec inquiétude les cultures illégales dans la partie costaricaine du bien et ses implications pour la sécurité et demande à l’État partie du Costa Rica de poursuivre ses efforts pour résoudre ce problème ;
- Regrette vivement que, en dépit des décisions antérieures du Comité, un nouveau projet hydroélectrique sur la rivière Changuinola (Changuinola II ou CHAN 140) ait été approuvé et des mesures préparatoires déjà prises, sans que l’évaluation environnementale stratégique (EES) requise concernant tout le bien, n’ait été finalisée ;
- Réitère sa position selon laquelle tout développement de nouveau projet hydroélectrique avant finalisation et examen appropriés de l’EES concernant tout le bien, conduirait à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
- Notant le commencement du processus d’EES pour le bien par l’État partie du Panama et l’engagement de l’État partie du Costa Rica quant à son extension potentielle à l’ensemble du bien transfrontalier, conformément aux normes procédurales nationales et bonnes pratiques internationales, y compris la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale, et demande également aux deux États parties de soumettre la version conjointe finale de l’EES au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
- Prenant en considération l’engagement exprimé par l’État partie du Panama afin de mettre en œuvre les recommendations formulées par la mission de suivi réactif de 2016, notamment d’utiliser les résultats de l’EES comme des lignes directrices pour la planification et l’exécution de tout nouveau grand projet d’aménagement d’infrastructures dans le bien et ses environs y compris le projet hydroélectrique CHAN140 récemment approuvé, note qu’un certain nombre d’étapes supplémentaires seront requises ultérieurement, comme cela a été défini dans l’ESS, notamment la préparation d’ici à 2018 d’une évaluation globale des impacts cumulatifs ;
- Demande en outre aux deux États parties d’établir des mécanismes appropriés afin de respecter leurs engagements, ainsi que d’éviter et d’atténuer tout impact sur la VUE du bien, et enfin de soumettre au Centre du patrimoine mondial des informations supplémentaires sur des actions concrètes qui seront proposées à cet égard ;
- Prend note également de l’engagement exprimé par l’État partie du Panama pour renégocier le contrat de concession avec l’hydroélectrique Hidroecológica del Teribe S.A. (Bonyic) dans le but de respecter les résultats de l’EES, y compris la mise en œuvre des accords conclus avec les communautés autochtones dans le cadre de l’élaboration de l’EES ;
- Demande par ailleurs à l’État partie du Panama, en concertation avec l’État partie du Costa Rica, d’élaborer un programme de suivi biologique à long terme afin de mettre en oeuvre les mesures d’atténuation qui minimisent les impacts négatifs causés par les deux projets hydrolélectriques sur la biodiversité des milieux dulcicoles des rivières Changuinola et Bonyic ;
- Demande de plus aux États parties de mettre en œuvre toutes les autres recommandations formulées par la mission de suivi réactif de 2016 ;
- Demande enfin aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2017, un rapport actualisé conjoint sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017, afin de considérer, en cas d’absence d’avancées significatives quant à la mise en œuvre de ces recommandations, l’éventuelle inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 40 COM 7B.72
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/16/40.COM/7B.Add,
- Rappelant la décision 39 COM 7B.28, adoptée à sa 39e session (Bonn, 2015),
- Félicite les États parties du Costa Rica et du Panama pour les progrès accomplis dans le renforcement de la coopération transfrontalière et de la stabilisation des menaces qui pèsent sur la Valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien résultant de l’empiètement agricole et du pâturage de bétail, ainsi que de la construction de routes et de projets d’exploitation minière potentiels ;
- Note avec inquiétude l’accroissement des cultures illégales dans la partie costaricaine du bien et ses implications pour la sécurité et demande à l’État partie du Costa Rica de poursuivre ses efforts pour résoudre ce problème ;
- Note le début d’élaboration d’une évaluation environnementale stratégique (EES) globale pour le bien par l’État partie du Panama et les discussions binationales avec l’État partie du Costa Rica sur son extension potentielle à l’ensemble du bien transfrontalier mais regrette vivement que, en dépit des décisions antérieures du Comité, un nouveau projet hydroélectrique sur la rivière Changuinola (Changuinola II ou CHAN140) ait été approuvé et des mesures préparatoires déjà prises, sans que ladite EES n’ait été finalisée ;
- Réitérant sa position selon laquelle tout développement de nouveau projet hydroélectrique avant finalisation et examen appropriés de l’EES conduirait à l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, considère que les impacts cumulés actuels et potentiels des aménagements en cours de centrales hydroélectriques en l’absence continue d’une EES représentent un péril à la fois avéré et potentiel, respectivement, pour la VUE du bien, conformément au paragraphe 180 des Orientations ;
- Décide d’inscrire les Réserves de la cordillère de Talamanca-La Amistad / Parc national La Amistad (Costa Rica, Panama) sur la Liste du patrimoine en péril ;
- Demande également à l’État partie du Panama de mettre en œuvre, dans un délai d’un an, les mesures correctives suivantes :
- En consultation avec l’État partie du Costa Rica, finaliser l’EES pour le bien, conformément aux normes procédurales nationales et bonnes pratiques internationales, y compris la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale, et en garantissant la participation des populations indigènes ayant des droits territoriaux (reconnus ou coutumiers) sur le bien et ses environs,
- Veiller à ce que, par l’élaboration de mécanismes appropriés, les résultats de l’EES soient utilisés pour guider la planification et l’exécution de tout nouveau grand projet d’aménagement d’infrastructures dans le bien et ses environs et stopper tout projet en cours, y compris le projet hydroélectrique CHAN140 récemment approuvé, afin que les résultats de l’EES puissent être pris en considération dans ces projets ;
- Demande également aux États parties de mettre en œuvre toutes les autres recommandations formulées par la mission de suivi réactif de 2016 ;
- Demande en outre aux États parties, en consultation avec le Centre du patrimoine mondial et l’UICN, d’élaborer une proposition d’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, pour adoption par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017 ;
- Demande enfin aux États parties de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2017, un rapport actualisé conjoint sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 41e session en 2017.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.