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Parcs nationaux du Lac Turkana

Kenya
Facteurs affectant le bien en 2014*
  • Activités illégales
  • Infrastructures hydrauliques
  • Modification du régime des sols
  • Pétrole/gaz
  • Système de gestion/plan de gestion
  • Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Impact du barrage Gibe III,
  • Exploration pétrolière,
  • Populations animales et pression liée au braconnage et pacage du bétail,
  • Impacts de la vision de développement étendu pour le nord du Kenya,
  • Capacité de gestion du KWS et des MNK, et
  • Définition du site du patrimoine mondial
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2014
Demandes approuvées : 2 (de 2000-2001)
Montant total approuvé : 35 300 dollars E.U.
2001 Finalising the nomination files for "Lake Turkana ... (Approuvé)   10 000 dollars E.U.
2000 Management Plan Project: "Sibiloi/Central Island ... (Approuvé)   25 300 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2014**

Mars 2012 : mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN 

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2014

Le 31 janvier 2014, l’État partie du Kenya a soumis un bref rapport d’avancement qui est disponible à l’adresse suivante : https://whc.unesco.org/fr/list/801/documents/.

Le rapport évoque la réunion de haut niveau qui s’est tenue en janvier 2014 entre les États parties du Kenya et d’Éthiopie afin d’envisager les modalités d’un partage d’informations et de la préparation d’une évaluation environnementale stratégique (EES) des aménagements de la rivière Omo en Éthiopie. Il a été convenu que :

  • L’État partie d’Éthiopie soumettrait toutes les informations nécessaires sur le contexte des aménagements sur la rivière Omo susceptibles d’avoir un impact sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, pour examen par l’État partie du Kenya (février - avril 2014) ;
  • Une réunion de suivi de tiendrait en mai 2014 afin de débattre des problèmes, de définir un plan d’action et de constituer une équipe pluridisciplinaire de consultants qui entreprendront une EES du bassin du Lac Turkana, et d’identifier des mesures d’atténuation adaptées à la conservation de la VUE du bien ;
  • Lors de la réunion de mai 2014 évoquée ci-dessus, des représentants de l’État partie du Kenya seront invités à visiter le site du barrage Gibe III ;
  • Un projet de rapport sur l’état de conservation sera achevé avant décembre 2014 et finalisé à temps afin d’être soumis par l’État partie du Kenya avant le 1er février 2015.

Contrairement à ce qui avait été demandé par le Comité à ses 35e, 36e et 37e sessions, l’État partie d’Éthiopie n’a pas invité de mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN à examiner les impacts du barrage Gibe III et des aménagements connexes.

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2014

Des discussions préliminaires bilatérales ont eu lieu entre les États parties du Kenya et d’Éthiopie, le Comité est invité à accueillir favorablement cet événement. Bien que le rapport fasse état de discussions à propos de l’évaluation environnementale stratégique des aménagements dans le bassin de la rivière Omo et de leur impact sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, le rapport n’évoque aucun calendrier précis de préparation de cette évaluation.

La construction du barrage Gibe III et l’aménagement de systèmes d’irrigation à grande échelle dans la basse vallée de l’Omo semblent s’être poursuivis malgré les demandes précédemment formulées par le Comité à l’État partie d’Éthiopie afin qu’il interrompe tous les aménagements dans l’attente de l’achèvement de l’EES et qu’il invite une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN. Il conviendrait de rappeler que le Comité a décidé par deux fois de ne pas inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril afin de permettre la visite de la mission et d’examiner ses conclusions, et avant que les graves conséquences éventuelles, tant écologiques que sociales, pour le Lac Turkana, le bien et les moyens de subsistance des communautés avoisinantes n’aient été correctement envisagées par l’EES.

Il est pris bonne note de reportages qui précisent que le début du remplissage du réservoir du barrage est prévu pour cette année. Un courrier a été adressé à l’État partie d’Éthiopie le 31 mars 2014 pour vérifier cette information mais aucune réponse n’a été reçue à l’heure de la rédaction du présent rapport. Il conviendrait également de rappeler que l’aménagement en cours de systèmes d’irrigation à grande échelle pourrait considérablement amplifier les impacts particulièrement forts du remplissage du réservoir du barrage car cela réduirait encore plus le flux d’eau vers le lac. Le plus important système d’irrigation, appelé Kuraz Sugar, est aménagé par l’entreprise publique Ethiopian Sugar Corporation. Selon le site web de cette entreprise, 175 000 hectares de canne à sucre seront plantés et irrigués par un système de détournement des flux de la rivière Omo.

Des images satellite récemment rendues publiques de la basse vallée de l’Omo permettent d’observer avec évidence des canaux d’irrigation récemment construits et un développement agricole de grande envergure.

Un certain nombre de nouvelles études confirment les possibles modifications, entre autres hydrologiques, que le remplissage du barrage et les systèmes d’irrigation provoqueront. Selon ces études, le remplissage du barrage aura pour conséquence une baisse du niveau des eaux du lac de 2 mètres. Le système d’irrigation Kuraz Sugar pourrait priver le Lac Turkana de 50% de ses apports en eau, ce qui, selon des estimations d’experts, pourrait provoquer une baisse du niveau du lac de 20 mètres et un déplacement des rives nord du lac de 40 kilomètres. S’il est mis en œuvre dans son intégralité, l’ambitieux plan de développement agricole de la basse vallée de l’Omo pourrait ne plus permettre du tout aux eaux de la rivière Omo de remplir le Lac Turkana, conduire sans doute aucun à la perte de la VUE du bien et avoir des impacts préjudiciables sur les moyens de subsistance des communautés locales qui dépendent du lac.

Au vu de la gravité des impacts potentiels et de l’immédiateté de la menace, avec le remplissage imminent du barrage et le détournement des eaux vers les systèmes d’irrigation, l’inscription immédiate par le Comité du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril est recommandée.

Décisions adoptées par le Comité en 2014
38 COM 7B.90
Parcs nationaux du Lac Turkana (Kenya) (N 801bis)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC-14/38.COM/7B.Add,
  2. Rappelant la décision 37 COM 7B.4 adoptée à sa 37e session (Phnom Penh, 2013),
  3. Accueille favorablement la mise en place de discussions bilatérales entre les États parties du Kenya et de l’Éthiopie sur l’impact potentiel du barrage Gibe III et des projets d’irrigation agricole connexes sur le bien, et l’intention déclarée d’entreprendre une évaluation environnementale stratégique (EES) des aménagements sur la rivière Omo dont l’achèvement est prévu en décembre 2014 ;
  4. Prend note avec préoccupation de la poursuite de la construction de systèmes d’irrigation à grande échelle et de la mise en eau du réservoir du barrage Gibe III qui devrait débuter cette année, avant même l’achèvement prévu de l’EES et l’identification et la mise en œuvre des mesures d’atténuation appropriées ;
  5. Estime que l’achèvement imminent du barrage Gibe III et la mise en eau de son réservoir, et l’aménagement en cours de projets connexes d’irrigation à grande échelle dans la vallée de la rivière Omo pourraient conduire à une perte irréversible de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien et constituer un danger potentiel précis pour la VUE du bien, conformément au paragraphe 180 des Orientations;
  6. Accueille favorablement l’invitation par l’État partie de l’Éthiopie d’une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN afin d’examiner les impacts du barrage Gibe III, des autres aménagements hydroélectriques prévus et des projets connexes d’irrigation à grande échelle dans la région de l’Omo sur la VUE du bien ;
  7. Décide de réexaminer cette question à sa 39e session en 2015, afin de considérer, dans le cas de la confirmation d’un péril potentiel ou prouvé pour sa valeur universelle exceptionnelle, l’inscription éventuelle du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril;
  8. Prie instamment l’État partie de l’Éthiopie de ne pas procéder à la mise en eau du barrage et d’interrompre la construction des projets d’irrigation à grande échelle avant l’achèvement de l’EES et l’identification de mesures d’atténuation appropriées destinées à garantir un apport suffisant en eau pour le Lac Turkana et des variations saisonnières suffisantes afin de conserver la VUE du bien ;
  9. Demande aux États parties du Kenya et de l’Éthiopie d’établir, avec l’aide du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN, une série de mesures correctives, devant inclure des actions et des indicateurs visant à garantir que les impacts du remplissage du barrage et des projets d’irrigation sur la VUE du bien seront évités, pour examen par le Comité à sa 39e session en 2015 ;
  10. Rappelle sa demande auprès de l’État partie du Kenya, en concertation avec l’État partie de l’Éthiopie, afin qu’il soumette au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2015, un rapport actualisé, incluant un résumé exécutif d’une page, sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des recommandations de la mission de suivi de 2012, ainsi que celles incluses dans le rapport de la mission conjointe du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN mentionnée au paragraphe 6 ci-dessus, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 39e session en 2015.

Projet de décision :  38 COM 7B.90

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC-14/38.COM/7B.Add,
  2. Rappelant la décision 37 COM 7B.4 adoptée à sa 37e session (Phnom Penh, 2013),
  3. Accueille favorablement la mise en place de discussions bilatérales entre les États parties du Kenya et d’Éthiopie sur l’impact potentiel sur le bien du barrage Gibe III et des projets d’irrigation agricole connexes, et l’intention déclarée d’entreprendre une évaluation environnementale stratégique (EES) des aménagements sur la rivière Omo dont l’achèvement est prévu en décembre 2014 ;
  4. Prend note avec la plus vive préoccupation de la poursuite de la construction de systèmes d’irrigation à grande échelle et de la mise en eau du réservoir du barrage Gibe III qui devrait débuter cette année, avant même l’achèvement prévu de l’EES et l’identification et la mise en œuvre des mesures d’atténuation appropriées ;
  5. Regrette que l’État partie d’Éthiopie n’ait pas invité une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN afin d’examiner les impacts du barrage Gibe III, des autres aménagements hydroélectriques prévus et des projets connexes d’irrigation à grande échelle dans la région de l’Omo sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, et ce, malgré les demandes exprimées par le Comité depuis sa 35e session (UNESCO, 2011) afin que l’État partie d’Éthiopie invite une telle mission ;
  6. Estime que l’achèvement imminent du barrage Gibe III et la mise en eau de son réservoir, et l’aménagement en cours de projets connexes d’irrigation à grande échelle dans la vallée de la rivière Omo pourraient conduire à une perte irréversible de la VUE du bien et constituer un danger potentiel précis pour la VUE du bien, conformément au paragraphe 180 des Orientations ;
  7. Décide d’inscrire les Parcs nationaux du Lac Turkana (Kenya) sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
  8. Prie instamment l’État partie d’Éthiopie de ne pas procéder à la mise en eau du barrage et d’interrompre la construction des projets d’irrigation à grande échelle avant l’achèvement de l’EES et l’identification de mesures d’atténuation appropriées destinées à garantir un apport suffisant en eau pour le Lac Turkana et des variations saisonnières suffisantes afin de conserver la VUE du bien ;
  9. Demande aux États parties du Kenya et d’Éthiopie d’établir, avec l’aide du Centre du patrimoine mondial et de l’UICN, une série de mesures correctives et un projet d’État de conservation souhaité pour le retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril, qui devra prévoir des actions et des indicateurs visant à garantir que les impacts du remplissage du barrage et des projets d’irrigation sur la VUE du bien seront évités, pour examen par le Comité à sa 39e session en 2015 ;
  10. Rappelle sa demande auprès de l’État partie du Kenya, en concertation avec l’État partie d’Éthiopie, afin qu’il soumette au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2015, un rapport actualisé, incluant un résumé exécutif d’une page, sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre des recommandations de la mission de suivi de 2012, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 39e session en 2015.
Année du rapport : 2014
Kenya
Date d'inscription : 1997
Catégorie : Naturel
Critères : (viii)(x)
Liste en péril (dates) : 2018-présent
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2014) .pdf
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* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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