Tour de Londres
Facteurs affectant le bien en 2007*
- Habitat
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
À sa 27e session (UNESCO, 2003), le Comité du patrimoine mondial avait recommandé à l'État partie d'éviter toute construction à proximité immédiate du bien, qui soit susceptible de porter atteinte au cadre et à l'intégrité des lieux, et avait demandé de soumettre un rapport pour examen à sa 28e session (Suzhou, 2004). Cette demande a été réitérée lors des deux réunions ultérieures sachant que l'État partie n’est pas parvenu à présenter une étude approfondie sur les impacts possibles des projets d’aménagement.
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2007
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2007**
Mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; novembre 2006
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2007
À sa 30e session (Vilnius, 2006), le Comité a noté avec une vive préoccupation que les nouveaux projets urbains proposés autour des biens du patrimoine mondial constitués par la Tour de Londres et le palais de Westminster, l'abbaye de Westminster et l'église Sainte-Marguerite, semblent ne pas respecter l'importance de ces biens du patrimoine mondial, ni leur cadre, ni les perspectives visuelles qui leur sont associés. La politique générale du Plan pour Londres, destinée à protéger le bien du patrimoine mondial et son environnement, ne semble pas se traduire dans les faits, le degré de protection statutaire des perspectives visuelles qui s’offrent vers la Tour et depuis celle-ci pourrait diminuer et le plan de gestion n’est toujours pas finalisé.
L'étude approfondie demandée sur l'impact possible des projets d’aménagement aux abords du bien du patrimoine mondial n'a pas été soumise et aucune étude détaillée du panorama urbain de la Tour, de son cadre et de ses perspectives visuelles n'a encore été faite. Le Comité a instamment prié l'État partie de réaliser dès que possible cette étude du panorama urbain afin de disposer d’un cadre qualitatif d’évaluation de l'impact des nouveaux aménagements sur les perspectives visuelles et le cadre qui contribuent à la valeur universelle exceptionnelle de la Tour.
Il a été demandé à l'État partie d'inviter dès que possible une mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS pour évaluer l'impact des projets actuels de planification, dans l'esprit du Mémorandum de Vienne de 2005 sur le patrimoine mondial et l’architecture contemporaine, Gestion du paysage urbain historique,et étudier la possibilité d'inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril, en incluant des repères de référence et des calendriers pour les mesures correctives. Il a été demandé à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial avant le 1er février 2007 un rapport actualisé sur l'avancement de ses engagements dans ce domaine et sur l'état de conservation du bien, pour examen par le Comité à sa 31e session en 2007.
Dans son rapport, la mission conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS (qui a visité les biens du patrimoine mondial constitués par la Tour de Londres et Westminster) constate que l'état de conservation général de ces deux biens est satisfaisant et relève seulement des problèmes mineurs affectant les biens, tel l'abattage des arbres prévu au pied de la Tour. Aucun problème majeur n'a été identifié dans la zone centrale de ces deux biens du patrimoine mondial.
Une stratégie de développement d’immeubles de grande hauteur activement préconisée par la Ville de Londres, en harmonie avec la politique urbaine du Maire de Londres (Greater London Authority – GLA), a eu pour conséquence la demande et l’approbation de permis de construire d’immeubles de plus de 100 m de haut, dont plusieurs se trouvent près de la Tour de Londres et sont regroupés dans la City. Les uns sont en rénovation, d’autres viennent d’être érigés ou sont en construction. Plusieurs autres permis de construire d’immeubles élevés ont été délivrés ou sont à l'étude.
Sur les deux cas discutés par le Comité du patrimoine mondial en 2006, le plan de construction de la tour Minerva de 216 m de haut pouvait être considéré comme une menace directe, puisque cette tour devait être bâtie à l’est de la City, avec donc un impact notoire sur la vue de la Tour de Londres en arrière-plan. Les promoteurs ont cependant annulé ce projet pour des raisons financières. La mission conclut qu'il est essentiel pour les autorités britanniques de combler l’écart existant entre la politique nationale du Royaume-Uni en matière de patrimoine mondial et son interprétation à l'échelon local. Il est nécessaire d'intégrer les politiques de développement local des quartiers (Boroughs) et les plans de gestion des biens du patrimoine mondial dans le plan de développement stratégique du GLA. L'absence de plans de gestion préparés par les instances compétentes, malgré leurs déclarations sur le respect et l'intégration du patrimoine culturel dans les concepts de développement, doit être surmontée.
La finalisation du plan de gestion de la Tour de Londres et de ses Environs est primordiale et, dans ce plan de gestion, un principe de planification supplémentaire devrait être avancé pour garantir la protection statutaire des vues symboliques restantes qui s’offrent de la Tour sur la Tamise depuis la rive Sud. Ces perspectives visuelles ont été recensées dans une étude sur l’éventuel impact des projets d’aménagement, intitulée The London View Management Framework, actuellement en consultation.
a) La mission a examiné les paragraphes 178-186 des Orientations (Liste du patrimoine mondial en péril) et les paragraphes 192-198 (Procédure de retrait éventuel de biens de la Liste du patrimoine mondial) et a conclu que sur le plan de ‘l’altération grave de la cohérence architecturale et urbanistique’ (§ 179 a. iii), de ‘l'altération grave de l'espace urbain’ (§ 179 a. iv), ou des ‘menaces du fait de projets d'aménagement du territoire’ (§ 179 b. iv), les dangers imminents ou potentiels que représentent pour la Tour de Londres les permis de construire délivrés pour les tours Minerva (Houndsditch, 216 m) et de London Bridge (Shard of Glass, 303 m) ont été partiellement écartés suite à l'annulation du projet Minerva qui se trouvait dans l’axe de la vue symbolique de la rive Sud vers la Tour de Londres. Le « Shard of Glass » reste, cependant, un danger potentiel dont l'impact est difficile à mesurer en l’absence d’étude détaillée du panorama urbain de la Tour, de son cadre et de sa vue.
b) En ce qui concerne la ‘ modification du statut juridique du bien, de nature à diminuer le degré de protection’ (§ 179 b. i) ou la ‘carence d'une politique de conservation’ (§ 179 b. ii), des améliorations sont apportées aux politiques de protection des sites du patrimoine mondial de Londres avec, en particulier, la publication en mars 2007 du Livre blanc sur la protection du patrimoine (White Paper on Heritage Protection) du ministre de la Culture, des Communications et du Sport, l'étude approfondie sur l'impact possible des projets d'aménagement avec une proposition de protection de la vue de la Tour énoncée dans le Plan pour Londres (The London View Management Framework – Draft SPG) et la mise au point avancée du plan de gestion de la Tour de Londres.
La mission a fait les recommandations suivantes :
a) Les arbres plantés sur les lieux et aux abords de la Tour, qui seront supprimés à brève échéance, devraient être remplacés par un nouvel écran de verdure afin de créer une séparation visuelle entre la Tour et ses environs. Cela, ajouté à un ravalement d’ensemble de la Tour blanche, qui permettrait de dégager la vue du monument qui se détacherait mieux de son cadre urbain.
b) La Greater London Authority devrait adopter une politique de concentration des immeubles de grande hauteur dans la City, limitant ainsi l'impact sur le paysage urbain qui encadre la Tour de Londres. La mission a résolument estimé que le fait d'établir une protection statutaire de la vue symbolique qui s’offre depuis la rive Sud afin de ne pas obstruer le dernier axe visuel restant, est une mesure-clé pour la conservation de l'intégrité visuelle de la Tour. La proposition actuellement avancée dans le Plan pour Londres (London View Management Framework – Draft SPG, avril 2005) identifiant trois cercles limités à partir d’un point de vue qui va de City Hall à la Tour, améliore la situation, mais devrait être considérablement élargie pour inclure une zone tampon qui s'étendrait jusqu’à 1 km de la Tour de Londres à l’est de la City jusque dans le quartier de Tower Hamlets.
c) Le plan de gestion pour la Tour de Londres devrait être finalisé en temps utile pour être disponible à la 31e session du Comité. Il devrait inclure une protection des abords immédiats de la Tour au moyen d’une zone tampon adéquate, ce qui permettrait d’améliorer la protection et les directives concernant la hauteur et le volume des futurs projects en termes de planification. Ce plan, ainsi que les projets d'aménagement des quartiers, doivent être intégrés dans la stratégie de développement de la GLA.
L'État partie a soumis en janvier 2007 un rapport détaillé au Centre du patrimoine mondial, répondant à la décision du Comité de 2006, où il indique que les mesures suivantes ont été prises :
a) Les directives révisées sur les immeubles de grande hauteur préparées par English Heritage et la Commission de l'architecture et du patrimoine bâti, conseillers statutaires du gouvernement pour le cadre historique, ont été soumises au public pour commentaire.
b) Les modifications supplémentaires du Plan pour Londres contiendraient de nouvelles références pour renforcer la protection des biens du patrimoine mondial.
c) Un groupe de travail a été mis en place, qui travaille au plan de gestion de la Tour de Londres.
d) Une nouvelle vue protégée de la Tour serait incluse dans le London View Management Framework, protection dont la Tour bénéficierait pour la première fois. Il reste à finaliser les points de détail ; un plan détaillé sera soumis au Comité.
Le Livre blanc sur la protection du patrimoine (document de consultation), intitulé The UK Heritage Protection Review, publié en mars 2007, propose :
a) qu’une protection statutaire soit assurée dans le système de planification qui s’applique aux biens du patrimoine mondial afin de contrôler l’aménagement de l’espace à l’intérieur des biens et de leur cadre ;
b) que la politique de planification soit remaniée pour accroître la protection des biens du patrimoine mondial dans le système de planification ;
c) que des notifications de retrait spécifiques soient présentées dans le cas d’aménagements conséquents qui affectent les biens du patrimoine mondial ;
d) que les biens du patrimoine mondial soient dotés de zones tampons, s’il y a lieu.
Le statut des biens du patrimoine mondial deviendrait équivalent en termes de planification à celui des autres aires protégées telles que les Zones de conservation, les Parcs nationaux et les Aires d'une beauté naturelle exceptionnelle (ABNE).
La mission a conclu que le bien remplirait les critères d'inscription de la Liste en péril (en référence aux paragraphes 178-182 des Orientations), soit si la protection statutaire de la vue symbolique de la rive Sud vers la Tour, qui est déterminante pour la conservation de l'intégrité visuelle du bien, n'était pas mise en place au moment où le Comité du patrimoine mondial se réunirait pour sa 31e session, soit si le plan de gestion incluant une protection des abords immédiats de la Tour grâce à la création d’une zone tampon adéquate définie d'un commun accord, n'était pas finalisé au moment où le Comité du patrimoine mondial tiendrait sa 31e session.
La protection statutaire de la vue symbolique et le plan de gestion pourraient aussi être considérés comme des repères de référence pour un retrait éventuel du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril.
Le 16 mars 2007, l'État partie a répondu au rapport de la mission et a assuré le Centre du patrimoine mondial de l'engagement du Royaume-Uni en faveur de la protection du site du patrimoine mondial. Une réponse constructive aux questions soulevées dans le rapport de la mission sera disponible en temps opportun pour la 31e session du Comité du patrimoine mondial.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2007
31 COM 7B.90
Tour de Londres (Royaume-Uni)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-07/31.COM/7B,
2. Rappelant la décision 30 COM 7B.74, adoptée à sa 30e session (Vilnius, 2006),
3. Exprime sa satisfaction des mesures prises par l'État partie en réponse aux demandes préalables du Comité et note qu’un London View Management Framework (Cadre de gestion des vues de Londres) va entrer en vigueur le 13 juillet 2007, tout en reconnaissant que l’étude d’impact visuel demandée par le Comité n’est pas encore finalisée ;
4. Encourage l'État partie à adopter les mesures figurant dans l’Heritage Protection White Paper (Livre blanc sur la protection du patrimoine) et demande instamment à l’État partie d’appliquer fermement le principe de regroupement des bâtiments de grande hauteur de manière à ce qu’ils n’aient pas d’incidence négative sur la valeur universelle exceptionnelle des sites du patrimoine mondial de Londres, et à mettre à jour les limites et les zones tampons du site ;
5. Demande à l'État partie de préparer et de présenter au Comité du patrimoine mondial une étude dynamique d’impact visuel sur le bien du patrimoine mondial afin de faciliter une évaluation approfondie et rapide de futures demandes d’aménagements ;
6. Prend acte du fait que l’État partie a finalisé le plan de gestion du bien du patrimoine mondial de la Tour de Londres ;
7. Demande, compte tenu de la finalisation récente du plan de gestion et du cadre de gestion des perspectives de Londres, que le Centre du patrimoine mondial et l’ICOMOS étudient ces documents pour juger de leur efficacité à assurer la protection appropriée du cadre et des perspectives du site, et qu’ils rendent compte au Comité à sa 32e session ;
8. Note que l’État partie a manifesté son engagement à répondre favorablement à la demande du Comité (décision 30 COM 7B.74) de protéger le bien du patrimoine mondial, son cadre et ses perspectives visuelles ;
9. Demande en outre à l'État partie de soumettre un rapport d'avancement au Centre du patrimoine mondial avant le 1er février 2008, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 32e session, en 2008.
Projet de décision : 31 COM 7B.90
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-07/31.COM/7B,
2. Rappelant la décision 30 COM 7B.74, adoptée à sa 30e session (Vilnius, 2006),
3. Note les mesures prises par l'État partie en réponse aux demandes préalables du Comité et prend note du London View Management Framework (Cadre de gestion des vues de Londres) en discussion, tout en reconnaissant que ce plan ne satisfait pas entièrement à la demande du Comité concernant la réalisation d’une étude approfondie sur l'impact possible des projets d'aménagement aux abords immédiats du bien du patrimoine mondial ;
4. Encourage l'État partie à adopter les mesures proposées dans le Heritage Protection White Paper (Livre blanc sur la protection du patrimoine) ;
5.
Option 1 : Considère que l'État partie n’a pas répondu favorablement à la demande exprimée par le Comité dans la décision 30 COM 7B.74 et que le bien est donc en péril conformément au chapitre IV.B des Orientations et décide d'inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril ;
Option 2 : Prend note que l'État partie a manifesté son engagement à répondre favorablement à la demande du Comité (décision 30 COM 7B.74) de protéger le bien du patrimoine mondial et son cadre et ses perspectives visuelles, et diffère l'examen de l'inscription sur la Liste en péril à sa 32e session en 2008 ;
6. Demande à l'État partie de soumettre un rapport d'avancement au Centre du patrimoine mondial d'ici au 1er février 2008, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 32e session en 2008.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.