Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les documents WHC/24/46.COM/8B et WHC/24/46.COM/INF.8B1,
- Inscrit Le paysage culturel de la zone archéologique d’Al-Faw, Arabie saoudite, sur la Liste du patrimoine mondial, en tant que paysage culturel, sur la base des critères (ii) et (v) ;
- Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Le paysage culturel de la zone archéologique d’Al-Faw est situé au point de jonction entre le désert du Quart Vide et les affleurements de grès de Wajid situés sur le plateau du Jebel Tuwayq et l’escarpement au sud de l’Arabie saoudite. Il s’agit d’un témoignage physique exceptionnel sur les occupations humaines successives depuis le Paléolithique jusqu’à l’époque préislamique tardive, montrant comment différentes populations se sont adaptées à l’évolution de l’environnement naturel dans la région intérieure de l’Arabie, qui a connu un climat beaucoup plus humide, avant de devenir une région plus sèche, et finalement l’un des déserts les plus arides du monde.
Le vaste paysage culturel relique renferme des vestiges archéologiques extrêmement riches, parmi lesquels les outils en silex des périodes du Paléolithique et du Néolithique, un très grand nombre d’« avenues » funéraires de structures en pierre, datant de la seconde moitié du IIle millénaire et du début du IIe millénaire avant notre ère et rayonnant à partir de l’oasis ; et de nombreux tumuli sur les contreforts du Jebel Tuwayq, remontant à 2000-1900 avant notre ère. Ceux-ci sont associés à un groupe de nomades rattachés au Golfe et à la civilisation mésopotamienne. Les vestiges de l’antique cité caravanière de Qaryat al-Faw avec son oasis, qui apparut au milieu du Ier millénaire avant notre ère et dura près de mille ans, jusqu’à ce que le tarissement irréversible des ressources en eau conduise à son abandon au Ve siècle de notre ère, présente un riche héritage urbain et architectural, avec un réseau d’irrigation très étendu et une vaste zone comprenant d’anciennes fosses de plantation destinées à soutenir l’économie de l’oasis. Représentant un important relais caravanier sur la route reliant Najran à l’Arabie centrale et orientale, les forts/caravansérails, les quartiers commerçants, les zones résidentielles et les nécropoles témoignent d’une cité caravanière florissante et cosmopolite qui fut la capitale du royaume de Kinda, une organisation fédérale de tribus arabes du désert. La présence de groupes différents se manifeste dans la variété linguistique des inscriptions et des gravures rupestres découvertes sur la montagne sacrée de Khashm Qaryah et dans les zones résidentielles et les nécropoles.
Critère (ii) : Le paysage culturel de la zone archéologique d’Al-Faw témoigne d’un important échange d’influences, depuis le milieu du Ier millénaire avant notre ère jusqu’au Ve siècle de notre ère, entre le sud de la péninsule Arabique, la mer Rouge et le Yémen, ainsi que le nord-ouest de l’Arabie, le Croissant fertile et le monde méditerranéen, et enfin la région du Golfe, la Mésopotamie et la Perse à l’est. La riche collection de découvertes archéologiques et d’inscriptions est une manifestation matérielle du rôle joué par le site en tant que lieu de rencontre important pour différents groupes de populations qui construisirent la cité caravanière de Qaryat al-Faw, ainsi que des influences et des échanges culturels entre les tribus du désert et les groupes de marchands qui occupèrent la zone et qui y résidèrent au fil du temps.
Critère (v) : Le paysage culturel de la zone archéologique d’Al-Faw est un exemple exceptionnel d’établissement humain traditionnel et d’utilisation du territoire durant des millénaires. La grande quantité et la variété des vestiges archéologiques fournissent de précieuses informations qui montrent les diverses façons dont les humains ont interagi avec l’environnement durant des millénaires, tirant parti des conditions naturelles à différentes époques. Il illustre également la vulnérabilité de l’établissement humain et de l’utilisation du territoire sous l’impact de changements climatiques irréversibles.
Intégrité
La vaste zone du bien comprend tous les vestiges archéologiques, tels que les outils en pierre paléolithiques et néolithiques, les structures effilées, les cairns et les constructions circulaires ; les inscriptions rupestres, les peintures et les gravures sur la falaise de la montagne sacrée de Khashm Qaryah et d’autres parties du bien ; le grand nombre de tumuli et de cairns dans la vallée ; les forts/caravansérails ; l’oasis et son système de gestion de l’eau ; et les ruines de la ville de Qaryat al-Faw. Ces vestiges archéologiques et le paysage dans la zone du bien témoignent, ensemble, des cultures aux multiples facettes et des systèmes de croyance des populations qui occupèrent le site autrefois, de leur interaction avec l’environnement ainsi que d’autres parties du monde à travers des activités commerciales, politiques et militaires. Préservées par l’environnement désertique depuis l’abandon du site au Ve siècle de notre ère, les ressources archéologiques sont restées intactes. Si quelques facteurs affectent le bien, comme la détérioration naturelle des vestiges archéologiques exposés et l’exploitation agricole dans la zone tampon, ces facteurs sont sous contrôle grâce à des interventions préventives et à des dispositions juridiques.
Authenticité
Isolé par son environnement désertique, le bien est resté inchangé depuis son abandon soudain au Ve siècle de notre ère. Les activités humaines ont épargné les structures et les vestiges archéologiques, et seule une lente détérioration naturelle s’est produite au fil du temps. Le cadre naturel et le paysage du bien ont connu un certain degré d’évolution naturelle, comme l’effondrement de certaines parties de la falaise, qui a enseveli quelques tumuli et cairns au niveau de l’escarpement. Étant donné que la détérioration naturelle des vestiges archéologiques et l’évolution naturelle du paysage font également partie du processus authentique de l’histoire du bien, les sources d’information préservées sur le bien sont crédibles.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien est enregistré en tant que site du patrimoine national et protégé en vertu de la loi sur les antiquités, les musées et le patrimoine urbain. L’escarpement et le plateau sont également protégés en vertu de la loi sur les aires protégées en tant que partie intégrante de la zone protégée d’Uruq Bani Mu’arid. La loi tribale contribue à la protection du paysage face aux perturbations. La totalité du bien appartient à l’État. La vaste zone tampon comprend une portion importante de la falaise, de l’escarpement et du désert et est essentiellement constituée de terres publiques. Elle apporte un surcroît de protection au paysage culturel, tandis que la zone de respect fournit un complément de protection à la qualité visuelle du paysage, empêchant de futurs empiètements sur le bien dus à l’agriculture ou à d’autres types de développement.
La responsabilité de la gestion du bien est partagée entre la Commission du patrimoine du ministère de la Culture saoudien et le Centre national de la faune. Un cadre de gestion conjointe est en train d’être mis en place afin de coordonner les efforts des secteurs de la conservation de la culture et de la nature. Ce cadre suit les lignes directrices de la Charte de gestion et est soutenu par le Comité supérieur, le Comité scientifique et le Comité local. Le plan de gestion représente un arrangement contractuel et un engagement collectif du royaume d’Arabie saoudite, du ministère de la Culture, de la Commission du patrimoine, du Centre national de la faune et des autorités locales concernées. Il s’agit d’un document d’orientation à moyen et à long terme pour la protection, la conservation, la gestion et le suivi du bien. Le mécanisme d’évaluation d’impact sur le patrimoine a été intégré dans le système de gestion, et le processus de prise de décision est accessible aux populations locales. De futures recherches sont planifiées tant sur l’archéologie du bien que sur les artefacts trouvés lors des fouilles. La gestion du tourisme en est à un stade initial, et la présentation et l’interprétation des valeurs du site devraient être améliorées en inscrivant les dans le contexte régional. - Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
- achever en priorité la mise en place du cadre de gestion conjointe proposé qui intègre les secteurs culturels et naturels, conformément à la Charte de gestion, et renforcer les mécanismes de participation des communautés,
- traiter en priorité le développement des capacités du personnel du site,
- mettre en œuvre le plan de déviation de la route pour réduire l’impact de la circulation sur le bien,
- poursuivre les recherches et les expérimentations sur les interventions de conservation concernant les structures exposées,
- élaborer une stratégie de recherche à long terme pour combler les lacunes dans la connaissance du site,
- achever les plans de gestion des visiteurs et d’interprétation, en prévoyant notamment le renforcement de l’éducation et l’implication des jeunes dans l’interprétation des valeurs patrimoniales,
- améliorer la présentation et l’interprétation des valeurs du bien en inscrivant les dans le contexte régional.