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Décision 46 COM 8B.10
La ville historique et site archéologique de Gedi (Kenya)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/24/46.COM/8B et WHC/24/46.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit La ville historique et site archéologique de Gedi, Kenya, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ii), (iii) et (iv) ;
  3. Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    La ville historique et site archéologique de Gedi fut l’une des villes swahilies les plus importantes et les plus densément peuplées de la côte de l’Afrique de l’Est au cours de la période allant du Xe au XVIIe siècle (et plus particulièrement entre le XVe et le XVIIe siècle). Durant cette période, Gedi faisait partie d’un réseau complexe d’échanges commerciaux et culturels qui traversait l’océan Indien, reliant les centres côtiers et intérieurs africains aux ports de la mer d’Arabie et l’Asie du Sud. Gedi ayant été abandonnée, ses ruines subsistantes témoignent clairement des caractéristiques architecturales et urbanistiques swahilies.

    Gedi était un établissement opulent, caractérisé par deux murs d’enceinte au tracé irrégulier, des bâtiments publics et privés, des rues, des tombes, un ensemble palatial élaboré et une grande mosquée. Dans l’enceinte intérieure, les vestiges de l’architecture domestique, civile et religieuse, tous construits en roche corallienne locale et mortier de chaux, sont disposés selon un plan de rues quadrillé, les mosquées et les tombes étant embellies par des sculptures et incrustées de porcelaine chinoise. Entre les murs intérieur et extérieur, il subsiste des traces de maisons plus modestes construites pour la majorité des habitants. La ville était équipée de puits et d’un système élaboré d’ingénierie hydraulique et de gestion de l’eau encore lisible.

    Les produits de luxe importés de Chine, de Perse, d’Inde et de Venise découverts à Gedi démontrent son rôle dans les réseaux commerciaux internationaux, qui étaient soutenus par les exportations d’or, d’ivoire et d’autres minéraux, et du bois, ainsi que par la traite des esclaves. Gedi est située à l’intérieur des terres, à 6,5 kilomètres du littoral de l’océan Indien et est entourée de vestiges de forêt côtière. Gedi a fait l’objet de recherches approfondies et pourra contribuer à une meilleure compréhension des établissements côtiers swahilis et de l’histoire du commerce.

    Critère (ii) : La ville historique et site archéologique de Gedi témoigne d’un important échange de valeurs en matière d’architecture, de technologie et d’urbanisme du fait de sa participation, pendant plusieurs siècles, au système de commerce de l’océan Indien entre la côte de l’Afrique de l’Est, la mer d’Arabie et l’Asie du Sud. La fusion des croyances africaines et islamiques se manifeste dans le plan de la ville, dans les formes architecturales distinctives de ses bâtiments en roche corallienne, dans les détails décoratifs de ses mosquées et de ses tombes, ainsi que dans le savoir-faire technique des puits et des systèmes hydrauliques qui ont alimenté un grand établissement urbain pendant de plusieurs siècles d’occupation.

    Critère (iii) : La ville historique et site archéologique de Gedi apporte un témoignage exceptionnel sur la force des traditions culturelles swahilies qui se développèrent et s’épanouirent du fait du commerce maritime entre la côte de l’Afrique de l’Est et l’océan Indien entre le Xe et le XVIIe siècle. Gedi était un établissement urbain de premier ordre, doté de caractéristiques urbanistiques, architecturales et infrastructurelles exceptionnelles. Gedi se distingue par l’échelle et la densité de son établissement urbain, sa disposition spatiale inhabituelle et complexe et son ingénierie hydraulique élaborée.

    Critère (iv) : La ville historique et site archéologique de Gedi est un exemple exceptionnel d’établissement swahili du Xe au XVIIe siècle, qui reflète une période pendant laquelle la côte de l’Afrique de l’Est faisait partie d’un réseau de commerce mondial reliant l’Afrique de l’Est à l’Inde et à l’Asie du Sud en passant par la mer d’Arabie et l’océan Indien. Gedi est l’un des établissements swahilis islamiques abandonnés les plus vastes, les mieux préservés et les mieux étudiés de la côte de l’Afrique de l’Est. Les éléments architecturaux et archéologiques de Gedi témoignent de son opulence ainsi que de sa stratification sociale.

    Intégrité

    Les limites du bien sont bien définies et contiennent tous les attributs de la ville historique, notamment les murs d’enceinte intérieure et extérieure, les infrastructures hydrauliques et les puits, les tombes, les mosquées, les cours en contrebas, le palais, les résidences privées, les rues et les allées. Les attributs sont bien documentés et les structures et matériels archéologiques sont généralement en bon état de conservation, bien qu’ils soient vulnérables et requièrent suivi et entretien. Des matériaux et des méthodes de construction traditionnels ont été utilisés pour l’entretien des structures. L’’intégrité visuelle du site est également bonne, grâce à la protection offerte par les vestiges de la forêt côtière africaine environnante situés dans la zone tampon qui est gérée avec l’aide du Service kényan des forêts.

    Authenticité

    Gedi est un établissement abandonné dont les murs subsistent et qui contient des vestiges archéologiques enfouis. L’abandon de l’établissement et l’absence d’occupation ultérieure ont assuré un haut niveau d’authenticité. Les vestiges des bâtiments et des murs sont en place dans leur situation d’origine et le plan de la ville est apparent. Les puisards et autres éléments d’infrastructure sont en place. Les matériaux de construction d’origine ont été respectés lors des travaux de conservation et tous les travaux sont documentés. Des mesures de conservation appropriées sont en place et un plan de gestion de la conservation détaillé pour Gedi est en préparation, ce qui devrait renforcer l’authenticité du bien.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien bénéficie d’une protection juridique depuis 1927 et est un monument national protégé par la loi kényane sur les Musées nationaux et le patrimoine (2006). Les valeurs naturelles de la forêt environnante sont aussi protégées par la loi kényane. Au niveau local, Gedi est protégé par les processus de planification du développement intégré des comtés et le cadre de développement spatial. Tous les développements réalisés dans le bien et la zone tampon doivent recueillir l’autorisation des Musées nationaux du Kenya et sont soumis aux processus d’évaluation d’impact sur le patrimoine.

    Gedi est gérée par les Musées nationaux du Kenya en coopération avec le musée de Malindi, les autorités nationales et locales compétentes, et la population locale. Un plan de gestion (2022-2027) et un plan d’action sont en place et ont été préparés en collaboration avec les principales parties prenantes et la population locale. Gedi est vulnérable aux incendies et la gestion des incendies ainsi que la formation sont des priorités dans le plan de préparation aux risques de catastrophes en cours de préparation. Il est prévu de développer des stratégies et des plans pour la gestion des visiteurs, le tourisme durable, la recherche archéologique, l’interprétation et la conservation. Le plan de gestion comprend des actions de renforcement des capacités et de transfert des compétences traditionnelles. Un suivi approprié est en place, bien que celui-ci doive être amélioré par un suivi régulier de la végétation et le développement d’indicateurs plus spécifiques permettant de suivre les tendances et d’identifier les problèmes émergents.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. recueillir et archiver les rapports et les dossiers de conservation pour servir de base aux décisions relatives à la conservation, et enregistrer les travaux de restauration dans le système de documentation du site,
    2. poursuivre la documentation des attributs de Gedi, notamment par l’imagerie LiDAR et 3D,
    3. envisager la création d’un mécanisme consultatif pour les questions de conservation afin de compléter le système de gestion existant, avec des représentants des Musées nationaux du Kenya, des autorités chargées des forêts et de la faune sauvage, ainsi que de la population locale,
    4. s’assurer que les évaluations d’impact sur le patrimoine sont réalisées pour tous les projets de développement, y compris les installations destinées aux visiteurs et les infrastructures prévues pour le site,
    5. finaliser en priorité le plan de gestion de la conservation détaillé, notamment en ce qui concerne l’approche développée pour les restaurations,
    6. achever le plan de préparation aux risques de catastrophe et élaborer un plan de gestion des risques d’incendie comprenant des dispositions relatives à l’équipement et aux formations nécessaires,
    7. mettre en œuvre le plan et la stratégie de recherche pour Gedi prévus sur cinq à dix ans, avec des priorités en matière de cartographie culturelle, d’archéologie, d’histoire, de biodiversité et d’impacts du changement climatique,
    8. élaborer en priorité une stratégie d’interprétation pour le bien, notamment en établissant un cadre thématique, des itinéraires de visites et des informations qui transmettent l’importance et les rôles de Gedi dans la région plus vaste. La stratégie d'interprétation devrait inclure des récits de la communauté et des ressources en langue locale swahilie, ainsi qu’une présentation des valeurs de la biodiversité des forêts environnantes,
    9. achever la stratégie de tourisme durable et élaborer un plan de gestion des visiteurs détaillé,
    10. intégrer dans le plan de gestion le patrimoine culturel immatériel de Gedi, y compris les pratiques rituelles et religieuses locales.
Code de la Décision
46 COM 8B.10
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2024
Documents
WHC/24/46.COM/17
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 46e session (New Delhi, 2024)
Contexte de la Décision
WHC-24/46.COM/8B
WHC-24/46.COM/INF.8B1
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