Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7A.Add.2,
- Rappelant les décisions 44 COM 7A.47 et 45 COM 7A.10 adoptées à ses 44e(Fuzhou/en ligne, 2021) et 45e (Riyad, 2023) sessions élargies, respectivement,
- Prend note de la mise en œuvre continue par l'État partie du plan de gestion des Parcs nationaux du Lac Turkana et réitère sa demande à l'État partie d’envisager d'établir un plan opérationnel et un système d'évaluation et de suivi du plan de gestion permettant de rassembler les trois éléments constitutifs du bien en une seule unité de gestion intégrée axée sur la préservation de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) et assortie d’un système de cogestion convenu avec les communautés locales pour l'utilisation des ressources, en vertu des recommandations de la mission de suivi réactif de 2020 ;
- Note avec satisfaction la soumission d’un État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR) actualisé, fondé sur les observations de l'UICN et par le biais de l'atelier DSOCR de l’UNESCO organisé en avril 2024 avec le soutien financier du Gouvernement de la Norvège ;
- Réitère sa demande à l'État partie de l’Éthiopie de fournir d’urgence une mise à jour de tous les projets de développement prévus et en cours dans le bassin de l'Omo-Turkana, qui pourraient avoir un impact négatif sur le bien, et de soumettre l'évaluation d'impact environnemental (EIE) du projet de développement sucrier Kuraz, du barrage Gibe IV (Koysha) en construction et du barrage Gibe V planifié, pour examen par le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives ;
- Note avec satisfaction que les États parties du Kenya et de l’Éthiopie ont convenu de convoquer à nouveau le Comité technique d'experts (JTEC) créé sous l’autorité de la Commission ministérielle mixte Éthiopie-Kenya, pour discuter de la mise au point de l'évaluation environnementale stratégique (EES) afin de mesurer les impacts cumulatifs des développements dans le bassin de l'Omo-Turkana, qui est indispensable pour planifier la protection de la VUE du bien et qui est en attente depuis 2014, et demande également aux États parties d’établir un plan et un calendrier réalistes pour l’EES ;
- Prie instamment l'État partie de veiller à ce que l'impact potentiel de tout projet individuel qui serait préjudiciable pour la VUE soit évalué au moyen d’EIES individuelles menées conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d'impact dans un contexte de patrimoine mondial ;
- Rappelant également les précédents rapports d’inondations du lac Turkana, demande en outre à l'État partie de fournir une mise à jour sur le statut du niveau de l'eau du lac Turkana et de surveiller l'impact potentiel de la variation du niveau d'eau sur la VUE du bien ;
- Réitère en outre sa demande à l'État partie du Kenya de faire le point sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre des recommandations de la mission de suivi réactif de 2020, en particulier :
- définir un plan d'action en faveur de la biodiversité propre au site afin de conserver et protéger les populations de faune sauvage dans le bien,
- mener une étude scientifique approfondie afin d’évaluer les impacts actuels du pacage et élaborer une stratégie viable de réduction de la pression du pacage, basée sur les capacités de pacage, afin de traiter la question de l'empiètement,
- établir un système de gestion centralisé avec les communautés locales qui stipule une réglementation claire sur l'utilisation des ressources dans le bien,
- établir un système de suivi à long terme pour la collecte et l'analyse de données hydrologiques et limnologiques du lac Turkana afin d'évaluer les changements écologiques du système lacustre et l'incidence respective sur la VUE du bien,
- établir un plan directeur national global pour le développement dans la zone du lac Turkana et alentour afin d'éviter tout impact négatif sur le système lacustre et la VUE du bien,
- créer une zone tampon du bien prenant en considération d'autres aires aquatiques et terrestres critiques avec des restrictions juridiques et/ou coutumières complémentaires relatives à son utilisation et son développement ;
- Adopte l’État de conservation souhaité en vue du retrait du bien de la Liste du patrimoine mondial en péril (DSOCR), dont un projet a été préparé par le biais de la mission de suivi réactif de 2020 puis élaboré plus avant lors d’une réunion en décembre 2022, et qui, suite à des réunions en ligne avec le Centre du patrimoine mondial, a été soumis en janvier 2024 pour examen et finalisé pendant l’atelier UNESCO d’avril 2024 sur le DSOCR par l’État partie, le Centre du patrimoine mondial et l’UICN à Nairobi, au Kenya, pour commencer la mise en œuvre des mesures correctives identifiées en partenariat avec le Centre du patrimoine mondial, l’UICN et des partenaires extérieurs ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session ;
- Décide de maintenir les Parcs nationaux du Lac Turkana (Kenya) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.