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Centre historique de Cordoue (Espagne)

L’Atlas du patrimoine urbain de l’UNESCO : Représentation culturelle des villes et établissements historiques

"La période glorieuse de Cordoue a commencé au VIIIe siècle quand elle a été conquise par les Maures et qu'ont été construits quelque 300 mosquées et d'innombrables palais et édifices publics, rivalisant avec les splendeurs de Constantinople, Damas et Bagdad. Au XIIIe siècle, sous Ferdinand III le Saint, la Grande Mosquée de Cordoue a été transformée en cathédrale et de nouvelles constructions défensives ont été édifiées, notamment l'Alcazar de los Reyes Cristianos et la tour-forteresse de la Calahorra."

Les attributs des bâtiments historiques

"Cordoue a grandi organiquement et continuellement pendant deux millénaires ; il en résulte que nombre de ses bâtiments parmi les plus importants portent la marque des changements successifs des goûts et des styles, les reconstructions suivant les destructions et les changements d’utilisation."


La Mosquée de Cordoue

Alors que le centre historique compte des centaines de bâtiments d'importance culturelle et historique, le monument le plus remarquable de la ville est la Grande Mosquée, connue aujourd'hui sous le nom de mosquée-cathédrale. La mosquée, élément central de la ville islamique, a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial en 1984 (le bien a été étendu en 1994 pour inclure le centre historique). C'est un monument emblématique de l'architecture religieuse islamique, une réalisation artistique unique et un terrain expérimental pour les techniques de construction, qui témoigne de la présence de l'islam en Europe occidentale. Il se caractérise par une juxtaposition de cultures et de styles architecturaux, incluant des éléments jusqu'alors peu courants dans l'architecture religieuse islamique: 

  • sa taille et la hauteur de ses plafonds;
  • doubles arches pour soutenir le toit au-dessus des nefs;
  • association de la voûte en croisée d’ogives avec un système d’arcs polylobés outrepassés donne de la stabilité et de la solidité à l’ensemble de la Mqsura;
  • association de la pierre et la brique en reprenant et intégrant des techniques romaines et wisigothes et réutilisation d’anciennes colonnes;
  • chapiteau en « nid d’abeille », diffère du chapiteau corinthien, et est une caractéristique de l’art califal.

    La conception et la configuration de la mosquée ont été modifiées par la suite, avec des extensions réalisées pendant trois siècles sous la domination islamique. En 1236, la mosquée a été convertie en cathédrale chrétienne. C'est à la Renaissance, entre 1523 et 1599, que la mosquée a été le plus reconstruite et agrandie, ce qui lui a conféré sa structure actuelle. L’édifice continue d’être utilisé en tant que cathédrale catholique. 
Façade de la mosquée-cathédrale © Ayuntamiento de Cordoba
Intérieur de la mosquée © Ayuntamiento de Cordoba
"Le modèle de cour traditionnelle de la ville, qui a inspiré le reste des cours, est celui de la cour de la Grande mosquée-cathédrale. Il s'agit de l'un des espaces ouverts les plus anciens de Cordoue, une grande cour qui a évolué parallèlement aux extensions et transformations successives du temple : ses enceintes à portique ont été construites à l'origine sous forme d'arcs en fer à cheval au Xe siècle, pour être ensuite reconstruites à l'époque moderne. Depuis sa construction, cette cour associe sa fonction religieuse à son rôle de place principale de la ville. 
La cour est connue sous le nom de Patio de los Naranjos [Cour des orangers], d'après le verger planté au XVIe siècle. Actuellement, le Patio de los Naranjos est une agréable cour-jardin surplombée par le clocher de la cathédrale, qui abrite l'ancien minaret. Cette cour est divisée en trois carrés, chacun doté d'une fontaine, et possède une végétation abondante d'orangers, de cyprès et de palmiers."
Conseil municipal de Cordoue

Cour de la mosquée-cathédrale © Ayuntamiento de Cordoba

Autres bâtiments emblématiques

Entre le VIIIe et le XIIIe siècle, quelque 300 mosquées ont été construites dans la ville de Cordoue. Après la conquête chrétienne en 1236, les bâtiments ont été réutilisés et convertis. Les anciens minarets sont devenus les clochers des nouvelles églises. Au XIIIe siècle, une importante vague de constructions a vu naître de nouvelles églises, comme celles de San Francisco et de San Nicolás, et la chapelle de San Bartolomé, dans un style gothique-mudéjar hybride. Dans la Judería (quartier juif), une synagogue a été construite au XIVe siècle, qui a survécu jusqu'à nos jours après avoir été réutilisée à diverses fins.

Eglise de San Francisco et San Eulogio © Sergei Gussev, CC BY 2.0, via Flickr
Chapelle mudéjare de San Bartolomé © Martin Furtschegger, CC BY 3.0, via Wikimedia Commons

Monuments civils

La plupart des bâtiments civils qui ont survécu jusqu'à nos jours datent du XVIe siècle. A l’instar de l'hôpital de San Jacinto ( actuellement le palais des congrès et des expositions), de style néo-gothique, du séminaire de San Pelagio, du palais de la famille Paez de Castillejo et de la maison du marquis de Fuensanta del Valle, tous construits au XVIe siècle. D'autres structures importantes, comme l'hôpital de Cardenal Salazar, datent du XVIIIe siècle. 

De plus, d'autres monuments tels que les "Triunfos de San Rafael" (statue ornementale de la ville) et la "Puerta del Puente" sont des éléments qui définissent l'espace public.

Habitat traditionnel

Outre les monuments civils et religieux, la majeure partie du tissu urbain de la ville historique de Cordoue est composée de maisons traditionnelles, de styles et d'époques différents, qui présentent un caractère d'authenticité considérable en ce qui concerne la forme, la conception, les matériaux et les usages. 

"Les deux typologies d'habitations présentes dans le centre historique sont définies par leurs caractéristiques architecturales et leurs modes d'occuper le bâtiment. En raison du caractère aristocratique que la médina possédait depuis au moins l'époque islamique, de nombreuses maisons ancestrales et nobles parsèment la ville. Des habitations plus modestes sont situées dans les zones périphériques, le quartier juif ou les limites avec l'Axerquía. Les deux types d'habitations ont cependant une série d'éléments en commun, notamment en ce qui concerne leur construction autour du patio, un élément central de l'habitat cordouan et un élément déterminant de la culture locale et de la façon d'habiter la ville."
Dossier d'inscription au patrimoine mondial 313bis, p. 40. 

Le meilleur exemple de type d'habitat cordouan est celui des maisons communautaires construites autour de cours intérieures avec de l'eau et de la végétation (casa-patio). Elles représentent l'adaptation de la maison romaine aux contextes climatique et culturel de Cordoue, apportant lumière, aération et fraîcheur pendant les mois d'été. Parmi les autres types architecturaux, figurent les casas solariegas (maisons ancestrales) et les corrales (maisons de rapport). 

Les attributs des éléments urbains

"Le Centre historique de Cordoue (…) illustre des milliers d’années d’occupation par différents groupes culturels – romains, wisigoths, islamiques, juifs et chrétiens – qui ont tous laissé leur marque. Ce lieu reflète la complexité urbaine et architecturale de l’époque romaine et la splendeur de la grande ville islamique qui, entre le VIIIe et le Xe siècle, constituait le principal foyer urbain et culturel du monde occidental."
Comité du patrimoine mondial, 38e Session. (2014). Document WHC-14/38.COM/8E Adoption des déclarations rétrospectives de la valeur universelle exceptionnelle, p. 128. 

Le centre historique de Cordoue se caractérise par un tissu urbain dense et homogène d'origine médiévale, aux rues étroites et sinueuses, parmi lesquelles émergent des monuments religieux et civils. L'authenticité du centre historique réside dans ses composantes urbaines, son contexte, ses traditions et techniques de construction et l'aménagement des espaces publics.

Les différentes périodes de développement de la ville, construite par couches superposées au fil du temps, sont encore visibles. Les vestiges de la ville romaine, de la médina islamique et du quartier juif (Judería) sont tous perceptibles. Les vestiges romains comprennent le pont à seize travées, construit à l'origine au Ier siècle avant notre ère, les mosaïques de l'Alcazar, les colonnes du temple du Ier siècle après J.-C. et des sections de la muraille romaine. Les minarets des lieux de culte construits pendant la période islamique ont survécu et servent maintenant de clochers aux églises construites ultérieurement.

"Cette culture de la réaffectation est également présente dans les sites situés au-delà du bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial. Dans l'Axerquia, fondée au IXe siècle, des églises ont été construites là où se trouvaient des mosquées après la conquête chrétienne - certains minarets ont été conservés en tant que clochers. À cette époque, des places ont été aménagées et certaines des rues étroites déjà existantes ont été élargies. Ces quartiers ont été remarquablement préservés, la seule exception majeure étant la démolition des portes et de la plupart des murs d'enceinte. Églises, demeures bourgeoises, hôpitaux et couvents de quartiers comme San Lorenzo ou Santiago nous rappellent encore aujourd'hui la splendeur de la ville chrétienne médiévale dans des rues qui ont gardé leur authenticité."
Contribution de l'autorité de tutelle du site, Conseil municipal de Cordoue
Tour Calahorra et le pont romain © Municipalité de Cordoue
Vue de la ville depuis la rive © Ayuntamiento de Cordoba

"Les éléments qui servent de frontière entre le centre historique de Cordoue et la ville moderne sont les voies actuelles qui coïncident avec le tracé des anciennes murailles. Ce fait a, dans une large mesure, protégé le centre historique de l'étalement urbain de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, car ces larges avenues et allées longent le périmètre de la vieille ville, créant ainsi une sorte de ceinture d'espaces ouverts qui protègent le centre historique de Cordoue.
Depuis 1986, les révisions du Plan général de développement urbain (PGOU), instrument de la municipalité pour modifier la ville et planifier son évolution, ont principalement porté sur la protection de la ville historique et sa coexistence avec le présent. Ces mesures contre l'abandon et la destruction, ainsi que l'absence actuelle de toute expansion urbaine débridée à Cordoue, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres villes patrimoniales des environs, ont permis de préserver Cordoue en tant que ville de densité moyenne, bien conservée et authentiquey.
Au début du XXIe siècle, la ville comptait 351 000 habitants et en 2003, parallèlement au PGOU, le Plan spécial pour la protection du centre historique a été approuvé. Ces outils présentent les défis de la ville : d'abord conserver et améliorer, mais pas transformer ; ensuite réhabiter le centre historique et renforcer la proximité ; équilibrer les forces entre le tourisme et la viabilité ; revégétaliser la ville face au réchauffement climatique et promouvoir la culture de la réhabilitation par opposition à la spéculation."

Contribution du Conseil Municipal de Cordoue.

Eléments naturels: jardins et eau 

La relation entre le centre historique et le fleuve Guadalquivir constitue un élément essentiel du caractère de la ville. Le pont romain, reliant le centre historique aux tours de la Calahorra, témoigne du cadre original de la ville romaine. Les jardins de l'Alcazar, près de la mosquée-cathédrale, sont de parfaits exemples de l'aménagement des jardins andalous mauresques. Les vestiges des bains califaux monumentaux se trouvent également à proximité. 

Clocher et cour de la mosquée-cathédrale, avec la ville en arrière-plan © Municipalité de Cordoue

Carte interactive

Utilisez l'outil de cartographie interactive pour explorer les différentes couches qui composent le patrimoine urbain de Cordoue. Parcourez les onglets pour visualiser les différentes échelles de la ville et les attributs de l'identité de son patrimoine urbain. Développez la légende en bas à droite pour en savoir plus. Cliquez sur les icônes pour ouvrir des fenêtres contextuelles et en apprendre davantage sur les différentes composantes. .

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Les attributs du contexte élargi de la ville ou des localités urbaines

La vallée de Guadalquivir

"La ville, par ses dimensions, sa configuration ainsi que sa signification historique en tant qu’exemple vivant des diverses cultures qui s’y sont exprimées et sa relation avec le fleuve, forme un ensemble historique d’une extraordinaire valeur. Elle représentait un passage obligé entre le sud et la « meseta » et son port était important pour l’exportation des produits miniers et agricoles des montagnes et de la campagne."
Comité du patrimoine mondial, 38e Session. (2014). Document WHC-14/38.COM/8E Adoption des déclarations rétrospectives de la valeur universelle exceptionnelle, p. 128. 

Skyline de la ville © Municipalité de Cordoue / Alvaro Carnicero

Le paysage de Cordoue est défini par deux facteurs géographiques : les montagnes de Sierra Morena jusqu’au nord de la ville, connue par sa richesse minière, et la rivière de Guadalquivir vers le sud, avec ses plaines agricoles. Cet emplacement a permis à la ville de s’affirmer en tant que port important pour les produits miniers et agricoles grâce au paysage environnant. Au Xe siècle, la «Ville califale de Medina Azahara» a été fondée à proximité de Cordoue, avec des liens étroits avec la ville et les collines environnantes. 

Ce cadre acquiert à Cordoue une valeur paysagère symbolique, notamment les vues donnant sur la ville depuis la rivière. 

Vue sur pont romain et son environnement © Municipalité de Cordoue
 Vergers d’Albolafia © Municipalité de Cordoue

Valeurs du patrimoine immatériel

Le centre historique de Cordoue et la mosquée-cathédrale sont tous deux des sites du patrimoine vivant, qui comprennent des dimensions immatérielles du patrimoine liées à l'identité et à l'appartenance. En particulier, la continuité de la fonction religieuse de la mosquée-cathédrale "explique en grande partie sa préservation" (VUE). 

"La cérémonie religieuse la plus représentative qui lie la Mosquée-Cathédrale et la ville historique est celle des défilés de la Semaine Sainte, une célébration qui dure 10 jours et qui a lieu chaque année au printemps en commémoration de la Passion du Christ. Pendant les festivités, les défilés sont organisés par les 50 confréries basées dans les églises paroissiales de la ville. Les costaleros [porteurs de cercueils] transportent des marches de cortège élaborées, qui comprennent des pièces sculptées et des offrandes de bougies, à travers les quartiers, en suivant un itinéraire précis pour l’occasion jusqu'à la Mosquée-Cathédrale. Elles sont suivies par les habitants de la ville et les visiteurs, qui remplissent les rues de la ville."

Conseil municipal de Cordoue
Défilé de la semaine Sainte traversant le pont romain © Rafael Madero Cubero
Vidéo : Célébrations de semaine Sainte à Cordoue

En ce qui concerne le centre historique, les pratiques du patrimoine vivant impliquent la perpétuation des traditions et des techniques de construction traditionnelles, la présentation et le traitement des espaces publics, la conception et l'utilisation des bâtiments historiques et traditionnels.

«L'artisanat est très présent dans la ville : le cuir, l'argent et la céramique sont artistiquement transformés à l'aide de techniques traditionnelles et modernes sur le marché local. Dans le vieux quartier de la Judería, on trouve des ateliers familiaux spécialisés dans les produits en cuir traditionnels locaux, comme le cordobán et le guadamecí, les deux techniques les plus utilisées dans la ville. Cet artisanat, qui remonte au Xe siècle, a fait la renommée de Cordoue à l'époque médiévale, mais il est en train de disparaître. Quant à la poterie, il existe différents types de pots, de bols et de vases traditionnels locaux qui, par leurs couleurs, reflètent les racines islamiques de la ville.»

Municipalité de Cordoue

Parallèlement, les maisons de Cordoue et, en particulier, leurs cours intérieures, connaissent des traditions qui leur sont propres. Parmi celles-ci, Fiesta de los Patios, inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

«Pendant douze jours, au début du mois de mai, la ville de Cordoue célèbre la fête des patios. Les maisons à patio sont des habitations communautaires, familiales ou plurifamiliales, ou des ensembles de maisons individuelles avec un patio commun, situées dans le quartier historique de la ville. Cet espace culturel représentatif est doté d'une abondante végétation et, pendant la fête, les habitants accueillent librement tous les visiteurs pour admirer leur beauté et l'habileté avec laquelle ils ont été créés. Les patios accueillent également des chants traditionnels, des guitaristes flamenco et des danseurs. Les pratiques ancestrales de coexistence communautaire durable sont partagées avec les visiteurs sous forme d'expressions d'affection et de partage de nourriture et de boissons. Elle requiert la coopération généreuse de nombreuses personnes de tous âges, de toutes classes sociales et de tous milieux, encourageant le travail d'équipe et contribuant à l'harmonie et à la convivialité locales. Il est guidé par des traditions, des connaissances et des compétences séculaires, qui prennent forme dans la créativité luxuriante, florale, chromatique, acoustique, aromatique et compositionnelle de chaque patio - une expression du symbolisme et des traditions de la communauté de Cordoue, et en particulier des résidents qui habitent ces maisons à patio.»
Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. (2012). Décision 7.COM 11.30

PAX: L'homme au cœur de la cour de Cordoue

Contribution du conseil municipal de Cordoue, autorité chargée de la gestion du bien du patrimoine mondial « Centre historique de Cordoue ». 

Une cour est généralement un espace libre dans une maison, mais à Cordoue, elle symbolise un mode de vie qui place l'homme au centre. Depuis l'époque romaine, la vie urbaine s'articule autour d'une cour. Il s'agit d'un espace hybride qui, tout au long de l'histoire de Cordoue, a réussi à faire entrer la place publique dans la sphère privée. Ce modèle d'habitat est récurrent dans le centre historique, preuve que la ville continue d'être centrée sur l'homme. La proximité dans l'urbanisme fait partie de l'ADN de la ville, comme en témoignent les galets des cours, les colonnes, les puits et les grilles, ainsi que les plantes et les arbres, souvent âgés de plusieurs siècles.

Au cours de la première moitié du XXe siècle, plusieurs familles ont modernisé leur mode de vie dans les maisons à cour, en appliquant certains éléments et pratiques qui peuvent clairement être utilisés pour améliorer le présent et l'avenir de nos sociétés. Les voisins qui vivaient dans ces maisons formaient une sorte de grande famille dans chaque communauté. Ils célébraient ensemble les mariages, Noël ou les réveillons, et entretenaient collectivement la cour et les voisins. Ainsi, ils ont créé, à leur insu, un mécanisme qui démontre la force du quartier, une cohésion qui transcende les sphères publiques et privées pour entrer dans la communauté. Un mode de vie que l'UNESCO a reconnu en 2012, en reconnaissant la précieuse dimension anthropologique de Patios Cordobeses et en inscrivant leur fête du mois de mai au patrimoine culturel immatériel.

Les villes d'aujourd'hui perdent leur mode de vie communautaire, ce qui constitue une autre vulnérabilité de notre époque. L'association PAX-Patios de la Axerquía a détecté ce problème actuel et s'efforce de sauver l'esprit de la vie de cour. À l'heure où les tendances en matière d'urbanisme évoluent dans une autre direction, cette association se bat pour récupérer les maisons à patio actuellement inoccupées dans le centre historique, en partant du principe que la coexistence établie dans une maison de rapport, dûment adaptée au présent, est un élément à protéger. Ainsi, les résidents locaux continuent de bénéficier de ce patrimoine immatériel qui est réhabilité, préservé et amélioré grâce à l'innovation sociale. Ainsi, le PAX et son projet travaillent à assurer la protection des droits de la ville et à réfléchir à la valeur environnementale de la ville méditerranéenne.

Ce groupe de personnes, composé d'architectes, d'urbanistes et d'universitaires spécialisés dans l'anthropologie, la géographie, les études environnementales et les coopératives, s'est mis au travail il y a quelques années et a identifié plus de cinquante maisons à cour abandonnées dans le centre historique de Cordoue. Ils ont lancé un appel aux autorités pour qu'elles fassent preuve de détermination et de soutien et ont sensibilisé la société civile à la mémoire de la ville et à la participation à sa réalité actuelle. Les groupes cibles étaient les associations, les personnes âgées et les jeunes en dehors du modèle traditionnel ou ayant des modèles de travail différents, qui ne veulent pas utiliser la voiture tous les jours et qui peuvent s'engager dans un modèle coopératif. En fin de compte, les participants sont des résidents qui veulent faire partie d'un projet d'innovation sociale adaptable et flexible à notre époque.

Le premier projet communautaire coopératif a permis de sauver une maison à patio au numéro 12 de la rue Montero, dans le quartier de San Agustín du district d'Axerquía à Cordoue. La cour a été primée lors de plusieurs concours de cours au milieu du XXe siècle grâce à la beauté de ses trois cours reliées entre elles. Aujourd'hui, six familles, la plupart avec des enfants en bas âge, y vivent et paient l'hypothèque pour la réhabilitation du bâtiment, ce qui leur permet de vivre dans leurs propres maisons dans un modèle d'économie collaborative. Les jeux des enfants dans la cour et la nature coopérative de cette communauté sont une évolution de la coexistence entre les familles qui avait lieu dans une cour. Il s'agit d'un processus alternatif et intermédiaire à la propriété et à la location qui, dans certains pays européens, est utilisée dans 50 % des propriétés et qui, ici, signifie un saut de la spéculation à la culture de la réhabilitation. Les fonds européens privilégient et favorisent cette voie et la coopérative était éligible et a reçu ce financement. Une alliance entre les autorités publiques et la société civile qui crée un nouveau modèle productif et efficace sur le plan climatique et qui aide les maisons à cour à avoir un avenir stable et à réactiver le centre historique de Cordoue, sans pour autant perdre son patrimoine ni son mode de vie.

En 2022, l'initiative PAX-Patios de la Axerquía a été récompensée par le 20e Prix du patrimoine européen / Europa Nostra dans la catégorie « Engagement des citoyens et sensibilisation ». Le jury a reconnu le travail du PAX  dans la consolidation d'une communauté patrimoniale autour de la régénération urbaine, ainsi que la restauration d'un riche patrimoine matériel qui laisse place à un autre patrimoine immatériel, lié au centre historique et aux cours, tel que reconnu par l'UNESCO. « Le projet PAX-Patios de la Axerquía est digne d'éloges pour avoir abordé la question du dépeuplement et du mode de vie durable et pour avoir mis l'accent sur l'action climatique », a déclaré le jury du Prix du patrimoine européen / Europa Nostra lors de l'annonce de la nomination.

La maison à cour de Cordoue du XXIe siècle, située au 12 de la rue Montero, apparaît comme une nouvelle expérience qui nous permet d'aller de l'avant en nous inspirant des bonnes pratiques du passé. Ce projet vise à repeupler le centre historique et à renforcer la proximité en équilibre avec les forces extérieures du tourisme. La cour comme modèle réduit représentant la porosité de la ville méditerranéenne. Un microcosme à partager avec les citoyens pour réinventer le futur.

Première coopérative PAX après la réhabilitation du PAX © Sergio Flores
Membres et communauté du patrimoine lors de la cérémonie de remise des prix du patrimoine européen en septembre 2022 © PAX Patios de la Axerquia
Première coopérative PAX après la réhabilitation du PAX © Gaia Redaelli
Première coopérative PAX après la réhabilitation du PAX © Sergio Flores
Références

Liens
Décisions / Résolutions (3)
Code : 38COM 8E

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC-14/38.COM/8E,
  2. Félicite les États Parties pour l’excellent travail accompli dans l’élaboration de Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle pour les biens du patrimoine mondial dans leurs territoires ;
  3. Adopte les Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle, telles que présentées dans l’Annexe I du Document WHC-14/38.COM/8E, pour les biens du patrimoine mondial suivants :

AMERIQUE LATINE ET CARAIBES :

  • Argentine : Parc national de Los Glaciares; Parcs naturels d’Ischigualasto / Talampaya ; Presqu'île de Valdés ;
  • Belize : Réseau de réserves du récif de la barrière du Belize ;
  • Bolivie : Ville de Potosí ;
  • Brésil : Brasilia ; Centre historique de la ville de Diamantina ; Centre historique de la ville de Goiás ; Centre historique de la ville d'Olinda ; Centre historique de Salvador de Bahia ; Centre historique de São Luís ; Sanctuaire du Bon Jésus à Congonhas ; Ville historique d'Ouro Preto ;
  • Colombie : Parc national de Los Katíos ;
  • Costa Rica / Panama : Réserves de la cordillère de Talamanca-La Amistad / Parc national La Amistad ;
  • Cuba : Centre historique urbain de Cienfuegos ; Château de San Pedro de la Roca, Santiago de Cuba ; Paysage archéologique des premières plantations de café du sud-est de Cuba ; Vallée de Viñales ;
  • Guatemala : Parc national de Tikal ;
  • Panama : Fortifications de la côte caraïbe du Panama : Portobelo, San Lorenzo ; Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine ;
  • République dominicaine : Ville coloniale de Saint-Domingue ;
  • Suriname : Centre ville historique de Paramaribo ; Réserve naturelle du Suriname central ;

ASIE ET PACIFIQUE :

  • Chine : Région d'intérêt panoramique et historique de Wulingyuan ;
  • Japon : Mémorial de la paix d'Hiroshima (Dôme de Genbaku) ; Monuments historiques de l'ancienne Nara ; Sites Gusuku et biens associés du royaume des Ryukyu ; Villages historiques de Shirakawa-go et Gokayama ;
  • Sri Lanka : Réserve forestière de Sinharaja ;
  • Viet Nam : Ensemble de monuments de Huê ; Vieille ville de Hoi An ;

EUROPE ET AMERIQUE DU NORD :

  • Albanie : Butrint ;
  • Allemagne : Abbaye et Altenmünster de Lorsch ; Cathédrale Sainte-Marie et église Saint-Michel d'Hildesheim ; Châteaux d'Augustusburg et de Falkenlust à Brühl ; Châteaux et parcs de Potsdam et Berlin ; Collégiale, château et vielle ville de Quedlinburg ; Complexe industriel de la mine de charbon de Zollverein à Essen ; Église de pèlerinage de Wies ; Île monastique de Reichenau ; La Wartburg ; Le Bauhaus et ses sites à Weimar et Dessau ; Le royaume des jardins de Dessau-Wörlitz ; Monuments commémoratifs de Luther à Eisleben et Wittenberg ; Résidence de Wurtzbourg avec les jardins de la Cour et la place de la Résidence ; Usine sidérurgique de Völklingen ;
  • Allemagne / Pologne : Parc de Muskau / Parc Mużakowski ;
  • Arménie : Monastère de Gherart et la Haute vallée de l’Azat ;
  • Autriche : Ligne de chemin de fer de Semmering ; Paysage culturel de la Wachau ;
  • Azerbaïdjan : Cité fortifiée de Bakou avec le palais des Chahs de Chirvan et la tour de la Vierge ;
  • Belgique : Cathédrale Notre-Dame de Tournai ; Complexe Maison-Ateliers-Musée Plantin-Moretus ; Habitations majeures de l'architecte Victor Horta (Bruxelles) ; Minières néolithiques de silex de Spiennes (Mons) ;
  • Biélorussie / Estonie / Finlande / Lettonie / Lituanie / Moldavie / Norvège / Fédération de Russie / Suède / Ukraine : Arc géodésique de Struve ;
  • Bosnie-Herzégovine : Quartier du Vieux pont de la vieille ville de Mostar ;
  • Chypre : Paphos ;
  • Danemark : Fjord glacé d’Ilulissat ;
  • Espagne : Architecture mudéjare d’Aragon ; Cathédrale de Burgos ; Centre historique de Cordoue ; Chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle ; Ensemble archéologique de Mérida ; Monastère de Poblet ; Monastère et site de l'Escurial (Madrid) ; Monastère royal de Santa María de Guadalupe ; Monuments d’Oviedo et du royaume des Asturies ; Œuvres d’Antoni Gaudí ; San Cristóbal de la Laguna ; Vieille ville d'Ávila avec ses églises extra-muros ; Vieille ville de Caceres ; Vieille ville de Saint-Jacques-de-Compostelle ; Vieille ville de Salamanque ; Vieille ville de Ségovie et son aqueduc ;
  • États-Unis d’Amérique : Independence Hall ; La culture chaco ; Monticello et Université de Virginie à Charlottesville ; Parc national de Mesa Verde ; Site historique d'Etat des Cahokia Mounds ; Statue de la Liberté ;
  • Fédération de Russie / Mongolie : Bassin d’Ubs Nuur ;
  • Fédération de Russie : Centre historique de la ville de Yaroslavl ; Église de l'Ascension à Kolomenskoye ; Kizhi Pogost ;
  • Finlande : Ancienne Rauma ; Forteresse de Suomenlinna ; Site funéraire de l'âge du bronze de Sammallahdenmäki ; Usine de traitement du bois et de carton de Verla ; Vieille église de Petäjävesi ;
  • Géorgie : Haut Svaneti ; Monuments historiques de Mtskheta ;
  • Islande : Parc national de Þingvellir ;
  • Italie / Saint-Siège : Centre historique de Rome, les biens du Saint-Siège situés dans cette ville bénéficiant des droits d'extra-territorialité et Saint-Paul-hors-les-Murs ;
  • Italie : Centre historique de Florence ; Centre historique de Naples ; Ferrare, ville de la Renaissance, et son delta du Pô ; Jardin botanique (Orto botanico), Padoue ;
  • Lituanie / Fédération de Russie : Isthme de Courlande ;
  • Lituanie : Site archéologique de Kernavė (Réserve culturelle de Kernavė) ;
  • Malte : Hypogée de Hal Safliéni ; Temples mégalithiques de Malte ; Ville de La Valette ;
  • Monténégro : Contrée naturelle et culturo-historique de Kotor ;
  • Norvège : Fjords de l’Ouest de la Norvège – Geirangerfjord et Nærøyfjord ; Vegaøyan – Archipel de Vega ;
  • Pays-Bas : Zone historique de Willemstad, centre ville et port, Curaçao ;
  • Pologne : Centre historique de Varsovie ; Halle du Centenaire de Wroclaw ;
  • Portugal : Centre historique d'Évora ; Monastère d'Alcobaça ; Monastère des Hiéronymites et tour de Belém à Lisbonne ; Paysage viticole de l’île du Pico ;
  • Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord : Île d'Henderson ; Îles de Gough et Inaccessible ; Ville historique de St George et les fortifications associées, aux Bermudes ;
  • Saint-Siège : Cité du Vatican ;
  • Slovaquie : Réserve de conservation de la ville de Bardejov ; Vlkolínec ;
  • Slovénie : Grottes de Škocjan ;
  • Turquie : Hattousa : la capitale hittite ; Site archéologique de Troie ; Ville de Safranbolu ; Xanthos-Letoon ;
  • Ukraine : Kiev : cathédrale Sainte-Sophie et ensemble des bâtiments monastiques et laure de Kievo-Petchersk ;
4.  Décide que les Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle des biens du patrimoine mondial en péril seront passées en revue par les Organisations consultatives en priorité ;
5.  Décide également que, compte tenu du grand nombre de Déclarations rétrospectives de valeur universelle exceptionnelle à examiner, l’ordre dans lequel elles seront passées en revue par les Organisations consultatives suivra le deuxième cycle de soumission de Rapports périodiques, tel que :
  • biens du patrimoine mondial dans les États arabes,
  • biens du patrimoine mondial en Afrique,
  • biens du patrimoine mondial en Asie et Pacifique,
  • biens du patrimoine mondial en Amérique latine et aux Caraïbes,
  • biens du patrimoine mondial en Europe et Amérique du Nord ;
6.  Prend note que le Centre du patrimoine mondial a lancé le processus d'harmonisation de l'ensemble des sous-titres dans les Déclarations adoptées de valeur universelle exceptionnelle et, le cas échéant, reflète les modifications de noms des biens du patrimoine mondial dans le texte des Déclarations comme requis par le Comité lors de sa 37e session, et demande au Centre du patrimoine mondial de mettre à jour également la taille de la propriété et/ou de sa zone tampon, le cas échéant, à la suite des décisions ultérieures du Comité du patrimoine mondial concernant des modifications mineures de limites 
7.  Demande aux États parties de fournir un soutien au Centre du patrimoine mondial pour la traduction des Déclarations adoptées de valeur universelle exceptionnelle vers l’anglais ou le français selon les cas, et demande finalement au Centre de publier les versions dans les deux langues sur son site Internet.

En savoir plus sur la décision
Code : 18COM IX

Puebla (Mexique)

Le Comité a rappelé que le plan de réhabilitation d'une partie de ce site du patrimoine mondial, la zone du Rio de San Francisco, a été brièvement discuté à la 17e session du Comité. Des informations plus détaillées ont été fournies à la 18e session du Bureau, sur la base d'un rapport de l'Institut national mexicain d'anthropologie et d'histoire (INAH) et du rapport d'un expert de l'UNESCO en réhabilitation et conservation urbaine qui a visité Puebla en juin 1994.

Le Comité a été informé qu'à la suite de la dix-huitième session du Bureau et à la demande du Gouvernement mexicain, le même expert avait entrepris une série de missions à Puebla afin de conseiller les autorités pour la préparation d'un plan de développement urbain de la Zone du Rio de San Francisco. Le Comité a félicité les autorités mexicaines, l'Etat de Puebla et la municipalité de leur réaction positive aux conseils de l'expert et les a invités à tenir le Secrétariat régulièrement informé des nouveaux développements du projet de la zone de San Francisco.

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Code : 08COM IXA

La cathédrale de Burgos

316

Espagne

C(ii)(iv)(vi)

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