Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine
Facteurs affectant le bien en 2017*
- Cadre juridique
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport maritime
- Pêche/collecte de ressources aquatiques
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
- Élevage de bétail / pacage d’animaux domestiques
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Élevage (présence et pâturage d’animaux domestiqués)
- Système de gestion (mise en œuvre retardée du plan de gestion)
- Infrastructure de transport maritime (projet de construction d'une base navale)
- Cadre juridique (absence de réglementation explicite)
- Pêche/ collecte de ressources aquatiques
- Ressources humaines (capacités de gestion insuffisantes)
- Impacts des activités touristiques / de loisirs / des visiteurs
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2017
Montant total accordé au bien : 350 000 dollars EU (planification de gestion, installation de bouées d'amarrage pour les bateaux de plongée, travail avec les communautés locales, renforcement des capacités, plan d'utilisation du bien par le public, travaux visant à une meilleure compréhension par les intervenants locaux des mesures de protection juridique)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2017
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2017**
Janvier 2014 : mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN ; décembre 2016 : mission de suivi réactif UICN
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2017
Une mission de suivi réactif UICN a visité le bien du 28 novembre au 3 décembre 2016. Le 30 janvier 2017, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation du bien. Les deux rapports sont disponibles à https://whc.unesco.org/fr/list/1138/documents/. L’État partie communique les informations suivantes :
- Une équipe inter-agence a entamé le travail de retrait du bétail de l’île de Coiba, avec trois opérations déjà mises en œuvre sur le terrain et la deuxième phase du programme d’éradication actuellement en cours ;
- Le travail destiné à concevoir les mécanismes financiers du Fonds de Coiba a été conclu par un consultant, et il est prévu que les mesures destinées à créer un fonds fiduciaire pour rendre opérationnel le Fonds de Coiba soient mises en œuvre d’ici la mi-2017 ;
- Aucune autre infrastructure n’a été construite sur la base navale et le nombre total de militaires présents sur l’île demeure peu élevé (5 par période de garde). Le personnel du parc national organise des réunions avec les militaires présents sur l’île auxquels il dispense également des formations ;
- Un Plan d’utilisation publique (PUP) du bien est encore en cours d’élaboration. Il définira sa capacité d’accueil et les limites de changement acceptable conformément au plan de gestion ;
- Aucun nouveau projet d’aménagement ou de développement dans les limites du bien ou sur la zone côtière n’est envisagé, et un décret qui intégrait une partie du territoire du bien dans une « zone de développement spécial » a récemment été amendé afin d’exclure les parties du bien de cette zone ;
- Le Plan d’utilisation durable de la pêche, en vigueur depuis 2013, vise à établir des directives opérationnelles temporaires pour l’octroi de permis de pêche dans le Parc national de Coiba et constitue un cadre réglementaire qui définit les sites de pêche, les espèces et les tailles de poissons et les équipements de pêche autorisés ;
- Un Plan de gestion des pêcheries pour la Zone spéciale de protection marine (ZSPM) est en cours d’élaboration par l’Autorité en charge des ressources aquatiques du Panama (ARAP) et le ministère de l’Environnement afin d’établir des réglementations pour l’activité des pêcheries dans la ZSPM, sur la base des travaux de recherche scientifique menés sur le terrain. Un projet de réglementations et de zonage a été présenté dans le rapport, avec notamment des réglementations pour les différents types de pêche (artisanale, sportive, à la palangre verticale, à la palangre de fond, pêche industrielle du thon restreinte à une période de deux mois par an) ainsi que pour l’observation de la faune et la plongée.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2017
Il conviendrait d’accueillir avec satisfaction les mesures prises par l‘État partie pour mettre en œuvre quelques-unes des recommandations de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN de 2014 et de la décision 40 COM 7B.76, en particulier les progrès accomplis dans la retrait du bétail sauvage de l’île de Coiba et l’introduction d’amendements destinés à assurer la continuité de l’interdiction légale du développement et de l’aménagement (à l’exception d’infrastructures à faible impact liées à l’écotourisme et la recherche scientifique) sur le territoire du bien. À cet égard, il est pris note de la conclusion de la mission de 2016 selon laquelle la composante terrestre du bien semble être correctement préservée. La mission a par ailleurs signalé que le développement et l’aménagement d’infrastructures à l’extérieur du bien (c’est-à-dire sur le continent), qui pourraient avoir des conséquences sur sa valeur universelle exceptionnelle (VUE), ne semblent pas constituer actuellement une menace en raison de l’éloignement des zones concernées et de leur faible intérêt économique potentiel mais nécessiteraient un suivi renforcé afin de s’assurer qu’ils ne deviennent pas un problème à l’avenir. En outre, le PUP du bien, actuellement en cours d’élaboration et destiné à définir et réglementer sa capacité d’accueil, doit être finalisé de toute urgence. Des mesures de biosécurité, y compris le renforcement des capacités du personnel, devront tout particulièrement être élaborées, en conformité avec le PUP, et mises en vigueur afin d’accueillir les touristes et de juguler la menace liée à l’introduction accidentelle d’espèces envahissantes par le personnel du parc, de la marine et de la police.
Tandis que les progrès réalisés pour rendre opérationnel le Fonds de Coiba sont encourageants, il est noté qu’il ne sera mis en œuvre qu’à la mi-2017 alors que l’État partie avait précédemment évoqué 2016 comme date à laquelle le fonds serait opérationnel.
La principale menace pour la VUE du bien demeure la gestion des pêcheries tant dans le Parc national de Coiba que dans sa ZSPM. Bien que l’État partie estime que l’état de conservation du bien est bon, il est difficile d’établir des conclusions concrètes sur cet état en raison de l’absence de données de suivi global. Toutefois, la mission a pris note d’informations émanant d’ONG et de tour-operators selon lesquelles on observait une baisse des principales valeurs marines due à une pêche non durable, et des conclusions d’une récente étude (Vega et al. (2016)) de la pêche artisanale dans le périmètre du bien selon lesquelles, d’une part, l’activité de certaines pêcheries industrielles n’était pas durable et, d’autre part, certaines des ressources marines du bien étaient en péril.
Le projet de réglementations destinées à gérer la ZSPM présenté dans le rapport de l’État partie prévoit certaines mesures, telles que l’autorisation de la pêche au harpon et de la pêche industrielle du thon, qui sont incompatibles avec le statut de patrimoine mondial du bien, en particulier en ce qui concerne la pêche industrielle. En rappelant les préoccupations exprimées à plusieurs reprises par le Comité quant à l’absence de réglementations efficaces de l’activité des pêcheries sur le territoire du bien, il est recommandé au Comité de prier instamment l’État partie de prendre des mesures immédiates afin de s’assurer que la pêche est strictement contrôlée et que l’activité des pêcheries autorisées dans le périmètre du bien est durable. Ces mesures doivent, entre autres, prévoir de renforcer l’application des réglementations dans le Parc national de Coiba et de réviser le projet de réglementations pour la ZSPM afin de veiller à ce que dans cette zone ne soit autorisée aucune activité de pêche qui serait incompatible avec son statut de patrimoine mondial, en particulier la pêche industrielle. Au cas où l’on n’observerait pas de tendances à la reconstitution des stocks halieutiques, il conviendrait d’envisager un moratoire temporaire sur toute la pêche dans le périmètre du bien, conformément aux recommandations de la mission. Il est recommandé au Comité de demander à l’État partie de traiter de façon prioritaire les questions liées à la gestion de la composante marine du bien, en particulier les réglementations de l’activité des pêcheries, afin de pouvoir rendre compte de progrès notables dans la résolution de ces problèmes d’ici le 1er février 2018.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2017
41 COM 7B.17
Parc national de Coiba et sa zone spéciale de protection marine (Panama) (N 1138rev)
Projet de décision : 41 COM 7B.17
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/17/41.COM/7B,
- Rappelant la décision 40 COM 7B.76, adoptée à sa 40e session (Istanbul/UNESCO, 2016),
- Accueille avec satisfaction les progrès réalisés par l’État partie dans le retrait du bétail sauvage de l’île de Coiba et l’introduction d’amendements destinés à assurer la continuité de l’interdiction légale des projets de développement et d’aménagement (à l’exception d’infrastructures à faible impact liées à l’écotourisme et à la recherche scientifique) sur le territoire du bien ;
- Accueille également avec satisfaction l’élaboration d’un Plan d’utilisation publique (PUP) du bien et demande à l’État partie de finaliser ce plan d’ici le 1er février 2018, en veillant à ce qu’il améliore réellement l’expérience des visiteurs sur l’île, sans pour autant accroitre l’espace occupé par les infrastructures existantes, et qu’il inclue un plan de biosécurité, et de soumettre le projet de PUP au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN, dans le cadre du rapport actualisé sur l’état de conservation du bien ;
- Note les informations selon lesquelles les mesures pour rendre opérationnel le Fonds de Coiba devraient être finalisées à la mi-2017, et prie instamment l’État partie de se conformer à ce calendrier ;
- Prend note avec une préoccupation croissante des conclusions de la mission de suivi réactif UICN de 2016 selon lesquelles, d’une part, la composante terrestre du bien semble être correctement préservée, les menaces précédemment identifiées étant en recul, et d’autre part, la gestion de sa composante marine continue à être confrontée à des défis considérables, avec des baisses observées pour certaines des principales valeurs marines et peu de progrès rapportés dans la mise en œuvre des demandes du Comité relatives à la gestion et au contrôle des pêcheries, et prie aussi instamment l’État partie de mettre en œuvre, à titre tout à fait prioritaire, ces demandes ;
- Demande également à l’État partie de mettre en œuvre de façon pleine et entière toutes les recommandations des missions de 2014 et 2016 ;
- Prend note du projet de réglementations soumis pour la Zone spéciale de protection marine (ZSPM), mais note avec la plus vive préoccupation qu’il prévoit des dispositions pour des types d’activités qui seraient incompatibles avec le statut de patrimoine mondial du bien, en particulier la pêche industrielle, et prie en outre instamment l’État partie de réviser ce projet afin de garantir qu’aucune activité de ce genre n’est autorisée sur le territoire du bien, et de soumettre le projet révisé de règlementations pour la ZSPM au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN ;
- Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erfévrier 2018, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 42e session en 2018, afin de considérer, en l’absence de progrès notables dans la protection du bien contre les activités non durables des pêcheries, la possible inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.