Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les documents WHC/23/45.COM/8B et WHC/23/45.COM/INF.8B2,
- Rappelant les décisions 30 COM 8B.24 et 43 COM 8B.4 adoptées à ses 30e (Vilnius, 2006) et 43e (Bakou, 2019) sessions respectivement,
- Approuve la modification importante des limites des Forêts hyrcaniennes, République islamique d’Iran, pour y inclure les éléments constitutifs de « Dangyaband » et de la « Vallée d’İstisuchay », Azerbaïdjan, et devenir les Forêts hyrcaniennes, Azerbaïdjan, République islamique d’Iran, sur la Liste du patrimoine mondial, sur la base du critère (ix) ;
- Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Les Forêts hyrcaniennes forment un arc forestier vert, séparé du Caucase à l’ouest et des zones semi‑désertiques à l’est : un massif forestier unique qui s’étend du sud‑est de l’Azerbaïdjan en direction de l’est jusqu’à la province du Golestan, en Iran. Le bien du patrimoine mondial des Forêts hyrcaniennes est situé en Azerbaïdjan et Iran, dans l’écorégion des forêts mixtes hyrcaniennes de la Caspienne. Il s’étend environ sur 1000 km, le long du littoral sud et sud-ouest de la mer Caspienne et englobe environ 7 % des dernières forêts hyrcaniennes d’Iran.
Il s’agit d’un bien en série, comprenant 17 éléments constitutifs répartis dans trois provinces (Gilan, Mazandaran et Golestan) en Iran et deux districts (Lenkoran et Astana) en Azerbaïdjan, qui représente des exemples des différentes étapes et caractéristiques des écosystèmes de forêts hyrcaniennes. La plupart des caractéristiques écologiques des forêts mixtes hyrcaniennes de la Caspienne sont représentées dans le bien. Le terrain d’une partie considérable du bien est escarpé et inaccessible. Le bien contient des forêts de feuillus anciennes et exceptionnelles qui étaient autrefois beaucoup plus vastes mais ont reculé durant les périodes de glaciation pour s’étendre à nouveau lorsque les conditions climatiques se sont adoucies. Compte tenu de son isolement, le bien abrite de nombreuses espèces de la flore reliques, en danger et endémiques aux plans régional et local, qui contribuent à la grande valeur écologique du bien et de la région hyrcanienne en général.
Critère (ix) : Le bien est une série remarquable de sites conservant les écosystèmes forestiers naturels de la région hyrcanienne. Ses éléments constitutifs comprennent des forêts de feuillus exceptionnelles dont l’histoire remonte à 25 à 50 millions d’années, une époque où elles couvraient la majeure partie de la région tempérée septentrionale. Ces immenses forêts anciennes ont reculé durant les glaciations du Quaternaire puis se sont étendues à nouveau à partir de leurs refuges lorsque le climat s’est radouci. Le bien comprend la plupart des caractéristiques environnementales et des valeurs écologiques de la région hyrcanienne et représente les processus environnementaux clé ou les plus importants illustrant la genèse de ces forêts, notamment la succession, l’évolution et la spéciation.
La biodiversité floristique de la région hyrcanienne, comptant plus de 3 200 plantes vasculaires décrites, est remarquable à l’échelon mondial. Compte tenu de son isolement, le bien abrite de nombreuses espèces de plantes reliques, en danger et endémiques aux plans régional et local, contribuant à l’importance écologique du bien et de la région hyrcanienne en général. Environ 280 taxons sont endémiques et sous‑endémiques de la région hyrcanienne et environ 500 espèces de plantes sont des endémiques iraniens.
Les écosystèmes du bien abritent des populations de nombreux oiseaux et mammifères des forêts de la région hyrcanienne, importants à l’échelle nationale, régionale et mondiale. À ce jour, 180 espèces d’oiseaux, typiques des forêts tempérées de feuillus, ont été recensées dans la région hyrcanienne, notamment l’aigle des steppes, la tourterelle des bois, l’aigle impérial, le rollier d’Europe, le gobemouche à demi‑collier et la mésange d’Iran. Environ 58 espèces de mammifères ont été recensées dans la région, dont l’emblématique panthère de Perse et la chèvre sauvage, une espèce menacée.
Intégrité
Les éléments constitutifs du bien sont fonctionnellement liés par l’évolution commune de l’écorégion des forêts mixtes hyrcaniennes de la Caspienne et la plupart d’entre eux jouissent d’une bonne connectivité écologique, à travers la ceinture forestière presque continue de l’ensemble de la région des forêts hyrcaniennes. Khoshk-e-Daran est le seul élément constitutif isolé mais il est particulièrement intact et contribue aux valeurs globales de la série. Chaque élément constitutif participe à sa manière à la valeur universelle exceptionnelle du bien et ensemble, les éléments constitutifs soutiennent la viabilité à long terme des espèces et des écosystèmes clés, représentés dans toute la région hyrcanienne, ainsi que les processus évolutionnaires qui continuent de façonner ces forêts au fil du temps.
Par le passé, plusieurs éléments constitutifs ont souffert d’un manque de protection juridique et continuent, aujourd’hui, de subir, dans une certaine mesure, les effets négatifs du pâturage saisonnier et du ramassage de bois. La gestion durable de ces activités est un facteur critique pour la protection à long terme de l’intégrité du bien et exige une attention rigoureuse et permanente des États parties.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Tous les éléments constitutifs du bien appartiennent à l’État et sont rigoureusement protégés par les législations nationales respectives, en Azerbaïdjan et en Iran. Les deux éléments constitutifs d’Azerbaïdjan sont englobés dans le parc national d’Hirkan, placé sous la responsabilité du Ministère de l’écologie et des ressources naturelles, et sont régis par un régime de protection strict. Les 15 éléments constitutifs d’Iran sont protégés par la Loi sur la conservation de la nature et la Loi sur le patrimoine. Il importe d’harmoniser et de simplifier le régime de gestion et de protection à l’échelle du bien transnational.
En Azerbaïdjan, la gestion des éléments constitutifs du bien relève du Plan de gestion du Parc national d’Irkan et elle est assurée par environ 100 employés. L’administration du parc national gère les éléments constitutifs et leur zone tampon en coopération avec les parties prenantes locales, en particulier le peuple Talysh qui réside dans le parc national. Les Talysh ont pratiquement un mode de vie durable, ce qui a joué en faveur de la protection de cette forêt précieuse jusqu’à aujourd’hui. Ils jouissent de droits d’usage des terres de la zone tampon du parc national.
En Iran, la gestion des éléments constitutifs du bien est placée sous la responsabilité de trois organismes nationaux, l’Organisation iranienne d’aménagement du territoire et des forêts, parcours et bassins versants (FRWO), le Département de l’environnement (DoE) et l’Organisation pour le patrimoine culturel, l’artisanat et le tourisme (ICHHTO). Un Comité national directeur coordonne la série dans son ensemble. Ce mécanisme doit être maintenu pour qu’à l’avenir, le bien soit géré de manière exhaustive, et que la gestion repose sur une vision commune, soutenue par un financement adéquat. Chaque élément constitutif a un plan de gestion, mais un « Plan de gestion directeur » transnational pour l’ensemble du bien est aussi un impératif à long terme. Les plans nationaux et spécifiques aux éléments constitutifs doivent être maintenus, renforcés et mis à jour régulièrement, simultanément, par les institutions chargées de la gestion, en coopération avec les ministères, les universités et les ONG, dans les deux États parties.
L’accès du public et l’utilisation de la région sont réglementés par la loi. La coupe de bois, le pâturage, la chasse et la plupart des autres activités qui pourraient avoir un effet négatif sur le bien sont strictement interdits dans tous les éléments constitutifs. L’accès des véhicules et d’autres utilisations et activités qui pourraient avoir des effets négatifs sur le bien sont également interdits ou rigoureusement réglementés. Toutefois, les règlements sur l’accès et l’utilisation ne sont pas toujours efficacement appliqués et doivent être renforcés. Une attention particulière est requise pour maintenir et améliorer, si possible, la connectivité écologique entre les éléments constitutifs et pour garantir une réglementation efficace du pâturage saisonnier et du ramassage du bois, en consultation avec les populations locales.
- Prend note du potentiel de Khanbulan (Azerbaïdjan) en tant qu’élément constitutif additionnel à cette série et encourage l’État partie Azerbaïdjan, avant d’envisager de soumettre une éventuelle nouvelle proposition d’inscription de cet élément constitutif, de faire correspondre les limites de l’élément constitutif proposé Khanbulan (Azerbaïdjan) aux limites du Parc national d’Hirkan, en consultation avec les populations locales ;
- Prend également note du potentiel de ce bien de remplir aussi le critère (x) et recommande aux États parties Azerbaïdjan et République islamique d’Iran, de poursuivre leurs travaux pour terminer les inventaires d’espèces et confirmer la composition des espèces et le statut de conservation des populations dans chacun des éléments constitutifs, et d’envisager de soumettre une nouvelle proposition d’inscription du bien si les nouvelles études semblent confirmer que les valeurs pertinentes suffisent à remplir le critère (x).