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Décision 41 COM 8B.8
Parc national de Los Alerces (Argentine)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B et WHC/17/41.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit le Parc national de Los Alerces, Argentine, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii) et (x), prenant note que les limites adoptées comprennent uniquement le Parc national de Los Alerces officiellement classé et incluent la Réserve nationale Los Alerces dans la zone tampon de la zone inscrite ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le Parc national de Los Alerces se trouve dans les Andes, au nord de la Patagonie et ses limites occidentales coïncident avec la frontière chilienne. Le bien coïncide avec le Parc national de Los Alerces officiellement classé et couvre 188 379 ha avec une zone tampon d’environ 207 313 ha comprenant la Réserve nationale Los Alerces contiguë (71 443 ha) ainsi qu’une zone supplémentaire (135 870 ha) qui forme une bande de 10 km de large entourant le bien sauf à la frontière chilienne.

    Les glaciations successives ont façonné le paysage de la région et créé une variété de formes géomorphologiques spectaculaires telles que des moraines, des dépôts fluvioglaciaires et glaciolacustres, des cirques glaciaires, des chapelets d’étangs, des lacs aux eaux claires, des vallées suspendues, des roches moutonnées et des vallées en U. Le Parc se situe sur le bassin du fleuve Futaleufú qui comprend un système complexe de rivières et de lacs successifs, régulant le drainage des abondantes précipitations de neige et de pluie. Le bien est dominé par la présence de la forêt patagonienne qui occupe une partie du sud du Chili et de l’Argentine. Cette forêt est un des cinq types de forêts tempérées du monde et la seule écorégion de forêts tempérées que l’on trouve en Amérique latine et Caraïbes. Le bien est vital pour la protection de certaines des dernières parcelles de forêt patagonienne d’un seul tenant, quasi vierge, et c’est l’habitat de nombreuses espèces de faune et de flore endémiques et menacées, notamment la plus ancienne population d’alerces ou cyprès de Patagonie (Fitzroya cupressoides), un conifère endémique d’Amérique du Sud.

    Critère (vii) : Le bien préserve une diversité de paysages et de décors. Il contient un vaste système de lacs et de rivières naturels limpides interconnectés, aux eaux parées de couleurs spectaculaires avec des tons changeants de vert, de bleu et de turquoise selon l’intensité de la lumière solaire et le moment de l’année. Les rivières et les lacs aux eaux cristallines sont entourés de forêts valdiviennes tempérées luxuriantes serties dans un écrin de montagnes, de glaciers et de sommets enneigés. La forêt de cyprès de Patagonie est un élément célèbre de ce paysage majestueux ; elle est particulièrement remarquable sur le bras nord du lac Menéndez où se trouve la Forêt millénaire de cyprès de Patagonie, dans un environnement de forêt pluviale de fougères, mousses, lichens, lianes et bambous, qui possède le plus grand et le plus ancien cyprès mesurant près de 60 mètres de hauteur et qui aurait à peu près 2 600 ans. Le Parc national de Los Alerces conserve un caractère naturel extrêmement prononcé et offre une expérience profonde aux visiteurs.

    Critère (x) : Le bien contient des zones mondialement importantes et non perturbées de forêts patagoniennes, influencées par des éléments de forêts tempérées valdiviennes, une écorégion prioritaire pour la conservation de la biodiversité à l’échelon mondial. L’écorégion valdivienne s’est développée en insularité biogéographique marquée, dans laquelle des processus importants de spéciation ont eu lieu, témoin de la présence de genres et même d’ordres taxonomiques reliques, ainsi que de nombreuses espèces endémiques et menacées : 34% des genres de plantes ligneuses sont endémiques et parmi eux 80% ne sont connus que d’une seule espèce et certains sont des reliques ayant survécu aux périodes de glaciation. Le cyprès de Patagonie menacé au plan mondial est la deuxième espèce d’arbre à la vie la plus longue du monde (> 3 600 ans). À la différence de beaucoup d’autres forêts de cyprès de Patagonie qui montrent des signes d’altération due à l’exploitation, à l’élevage de bétail ou aux incendies, la forêt de ce bien est en excellent état de conservation, ce qui contribue à la viabilité à long terme des populations naturelles de l’espèce.

    Intégrité

    La zone inscrite correspond au Parc national de Los Alerces, une aire protégée légalement équivalente à la Catégorie II de l’UICN. Le bien est inhabité et il n’y a aucune route à l’intérieur ; il contient d’importantes zones intégralement protégées (équivalant à la Catégorie I de l’UICN). Celles‑ci comprennent une « zone intangible » (comparable à la Catégorie Ib de l’UICN) et une « Réserve naturelle intégrale » (Catégorie Ia) dont la superficie totale est de 125 463 ha, soit deux tiers du bien. De plus, certaines forêts du bien jouissent d’un très haut degré de protection naturelle en raison de leur éloignement et de leur terrain accidenté, combiné à une longue histoire de conservation formelle, et sont donc exceptionnellement intactes. Le bien contient les peuplements les plus intacts et les moins vulnérables de la forêt tempérée valdivienne en Argentine et a une taille suffisante pour maintenir sa valeur universelle exceptionnelle. D'autres sites, en Argentine et au Chili voisin, offrent également un potentiel d'expansion future de ce bien.

    La Réserve nationale Los Alerces contiguë de 71 443 ha fait partie de la zone tampon du bien et est également une aire protégée équivalente à la Catégorie VI de l’UICN, ce qui signifie qu’une utilisation durable de ses ressources est autorisée. La réserve nationale est habitée par un petit nombre de personnes et est utilisée pour le pâturage. On y trouve la plupart des activités touristiques et elle contient les infrastructures principales et les services réservés aux visiteurs. C’est aussi dans la réserve nationale que se trouve le barrage de Futaleufú, la retenue et l'infrastructure hydroélectrique associée datant des années 1970. La retenue créée par le barrage pénètre dans certaines zones du bien. Un des intérêts les plus frappants du bien est sa beauté esthétique impressionnante. L’ensemble de montagnes majestueuses, partiellement englacées, passant à des forêts denses et en majeure partie intactes dans la majeure partie du bien, uniquement interrompues par les innombrables lacs cristallins, rivières et sources, est visuellement époustouflant. Le barrage est un élément artificiel majeur du paysage qui constitue une caractéristique de longue date portant préjudice de façon permanente au paysage naturel.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien fait partie du Réseau national d’aires protégées d’Argentine (SNAP - Sistema Nacional de Áreas Protegidas de la Argentina), qui est sous la juridiction de l’Administration des parcs nationaux (APN), un organisme autonome, créé par la Loi no 12,103 en 1934, réglementé par la Loi nationale no 22,351 de 1980. L’objectif juridique global du bien est la protection et la conservation pour la recherche scientifique, l’éducation et le plaisir des générations présentes et futures. Tout le territoire appartient au domaine public, conformément aux dispositions juridiques.

    Il y a des conflits depuis longtemps dans la réserve nationale, qui fait partie de la zone tampon, concernant les droits fonciers sur la propriété privée. Les terres privées n’existent que sur une petite superficie, mais les droits d'utilisation s'étendent à des zones beaucoup plus vastes de la réserve nationale. Il est important de rechercher une solution satisfaisante en collaborant avec les communautés locales pour limiter les impacts et optimiser les avantages de l’inscription au patrimoine mondial pour les parties prenantes.

    Un plan de gestion du bien a été adopté légalement en 1997 et sera révisé et mis à jour selon les besoins. Il comprend des dispositions pour renforcer l’approche participative de la gestion. Le bien bénéficie de ressources humaines et financières adéquates pour sa gestion et dispose d’un corps de garde extrêmement professionnel, responsable de la surveillance sur le terrain et de l’application des lois. Cependant, les ressources opérationnelles sont très limitées et devraient être améliorées.

    L’une des valeurs clés du bien étant son caractère naturel très élevé, il est impératif d’éviter tout développement supplémentaire pouvant entraîner le morcellement du bien. Les impacts du barrage de Futaleufú, de la retenue et de l’infrastructure associée devront être soigneusement surveillés pour atténuer les impacts passés, actuels ou futurs. Tout changement important de cette infrastructure devra être évité. Toute maintenance de routine ou mise à niveau inévitable devront faire l'objet d'une évaluation rigoureuse de l'impact sur l'environnement afin de protéger la valeur universelle exceptionnelle du bien contre tout impact.

    La mise en place d’un tourisme et de loisirs durables est un objectif important de la gestion et fait l’objet d’un zonage prévoyant de grandes restrictions du point de vue spatial et en matière de gestion. Malgré ces mesures, la croissance du tourisme et des loisirs, poussée par une demande locale croissante des villes voisines, est une préoccupation. Cette demande pourrait augmenter avec l’inscription du parc sur la Liste du patrimoine mondial. Les espèces envahissantes, qui constituent une menace majeure dans toute la région, nécessitent des mesures de contrôle effectives, en particulier pour éviter les impacts sur les écosystèmes d’eau douce fragiles présents dans le bien.

  4. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial une nouvelle carte des limites du bien inscrit et de la zone tampon d’ici le 1er décembre 2017 ;
  5. Demande également à l’État partie de surveiller attentivement les opérations et l'impact du barrage de Futaleufú, de la retenue et de l'infrastructure associée, pour éviter et/ou atténuer les impacts négatifs sur la valeur universelle exceptionnelle, et de s’assurer que la maintenance de routine ou toute mise à niveau prévue soit, au préalable, soumise à une étude d'impact environnemental et social rigoureuse ;
  6. Demande en outre à l’État partie, en coopération avec l’État partie Chili, s’il y a lieu, d’envisager l’extension future potentielle du bien pour inclure des zones additionnelles le long du corridor écorégional de la Réserve de biosphère Andino Norpatagonica qui renforceraient la conservation des valeurs naturelles des forêts tempérées valdiviennes et habitats associés de l’écorégion dans son ensemble ;
  7. Se félicite des efforts déployés par l’État partie pour réduire le morcellement des habitats et atténuer les effets du changement climatique dans le cadre du projet du Fonds pour l’environnement mondial et de l’Initiative Réserve de biosphère qui sont actuellement appliqués dans la région où se trouve le bien, et recommande à l’État partie d’examiner soigneusement les résultats et recommandations de ce projet et de cette initiative lorsqu’il préparera une extension potentielle du bien, comme recommandé ci‑dessus ;
  8. Encourage l’État partie, avec le soutien de l’UICN si la demande en est faite, à s'efforcer de résoudre les relations avec les propriétaires fonciers privés dans la zone tampon en s’appuyant sur les leçons apprises dans d'autres biens du patrimoine mondial sur l'accès et le partage des avantages afin d’améliorer les relations et de favoriser l'intendance par la communauté locale.
Code de la Décision
41 COM 8B.8
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2017
Documents
WHC/17/41.COM/18
Décisions adoptées lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial (Cracovie, 2017)
Contexte de la Décision
WHC-17/41.COM/8B
WHC-17/41.COM/INF.8B2
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