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Décision 22 BUR V.A.11
Parc national de l'Ichkeul (Tunisie)

Le Bureau a rappelé que le Comité avait inscrit l'Ichkeul sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 1996 et invité les autorités tunisiennes à proposer un programme de mesures correctives en vue de remédier à la dégradation du site. Il a mis celles-ci en garde contre la possibilité que le site soit radié de la Liste du patrimoine mondial si sa réhabilitation se révélait impossible. A l'issue du débat auquel a donné lieu le "Rapport sur le programme d'action pour la sauvegarde du Parc national de l'Ichkeul" soumis par le Ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire, qui avait fait l'objet d'une analyse critique de l'UICN et du Secrétariat de la Convention Ramsar, le Comité, à sa dernière session, a pressé l'État partie de donner suite aux recommandations d'une mission Ramsar entreprise antérieurement en 1997 et de soumettre au Comité, à sa vingt-troisième session en 1999, un rapport sur les mesures préventives adoptées.

Le Bureau a été saisi d'un rapport de l'UICN contenant des données techniques d'où il ressortait que le degré de salinité des eaux du lac avait peut-être atteint un niveau excessif et que les chances de restaurer les valeurs de patrimoine mondial du site risquaient de s'évanouir rapidement. L'UICN s'est déclarée préoccupée par le rythme et l'efficacité de la mise en œuvre du programme de réhabilitation par l'Etat partie.

L'observateur de la Tunisie a informé le Bureau de plusieurs mesures prises par son Gouvernement pour retenir les eaux douces dans les lacs tout au long de l'année et en réduire ainsi la salinité. En particulier, il a décrit de manière détaillée les réparations apportées aux vannes contrôlant l'entrée de l'eau douce dans le lac et l'alimentation de ce dernier en eau douce provenant d'un barrage récemment construit en vue d'en renforcer la conservation, ainsi que pour répondre aux besoins des habitants en matière d'irrigation et d'approvisionnement en eau, et plusieurs mesures d'incitation économique conçues pour réduire la dépendance des habitants à l'égard des ressources de la montagne voisine, qui fait partie d'une zone d'où les eaux ruissellent jusqu'au lac. L'observateur de la Tunisie a également fait observer que son Gouvernement surveillait étroitement le nombre d'oiseaux migrateurs arrivant sur le site durant l'hiver européen en vue d'évaluer dans quelle mesure l'Ichkeul demeurait un site d'importance internationale pour ces oiseaux. Il a également contesté certaines des données présentées par l'UICN au Bureau.

Le Bureau a recommandé que le Comité maintienne l'inscription du site sur la Liste du patrimoine mondial en péril et s'est dit préoccupé quant à la possibilité de réhabiliter effectivement ce site. Le Bureau a prié instamment l'État partie de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer une mise en œuvre rapide et efficace du programme de réhabilitation de l'Ichkeul. Il a recommandé au Comité de laisser du temps pour la mise en œuvre du programme et a une nouvelle fois invité l'État partie à soumettre au Comité, à sa vingt-troisième session en 1999, un rapport détaillé sur les résultats de cette mise en œuvre.

De plus, le Bureau a demandé au Centre de coopérer avec l'État partie pour l'envoi d'une mission d'experts sur le site, à l'exemple de celle qui avait été organisée aux Galapagos en 1995, en vue d'entreprendre un examen approfondi de l'état de conservation du site. Le Bureau a pris note de l'observation formulée par l'un de ses membres qui a relevé que la proposition initiale d'inscription de l'Ichkeul sur la Liste du patrimoine mondial, soumise en 1979, ne contenait pas de données de base suffisantes pour apprécier les résultats du programme de réhabilitation en cours. Le Bureau a recommandé en conséquence que la mission d'experts réunisse les indispensables données et informations de base, et prépare un rapport sur le bien-fondé des mesures de conservation prises et en propose éventuellement de nouvelles si l'état de conservation du site l'exige. Il a également recommandé la rédaction d'une déclaration des valeurs du patrimoine mondial du site, qui pourrait servir de cadre pour une évaluation objective du succès ou de l'échec du programme de réhabilitation actuellement mis en œuvre par l'Etat partie. Au cas où il était constaté que le programme de réhabilitation n'avait pas réussi à restaurer les valeurs de patrimoine mondial de l'Ichkeul, des mesures devraient être prises en vue de son éventuelle radiation de la Liste du patrimoine mondial, en application des paragraphes 89 (iii) et 50 (d) des Orientations. Toutefois, si le Bureau avait suggéré d'organiser une mission d'experts, c'était dans l'intention de prendre également en considération la possibilité de mettre sur pied un programme de réhabilitation amélioré de l'Ichkeul et de conserver à ce dernier son statut de site du patrimoine mondial.

Code de la Décision
22 BUR V.A.11
Thèmes
Conservation
États Parties 1
Année
1998
Rapports sur l'état de conservation
1998 Parc national de l'Ichkeul
Documents
Contexte de la Décision
WHC-98/CONF.201/9
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