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Décision 35 COM 8B.34
Biens Culturels - Paysage culturel de la Serra de Tramuntana (Espagne)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné les documents WHC-11/35.COM/8B et WHC-11/35.COM/INF.8B1,

2. Inscrit le Paysage culturel de la Serra de Tramuntana, Espagne, sur la Liste du patrimoine mondialsur la base des critères (ii), (iv) et (v);

3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante:

Brève synthèse

Le paysage culturel de la Serra de Tramuntana est un parfait exemple de paysage agricole méditerranéen qui, après avoir connu au cours des siècles passés des transformations de la morphologie du terrain destinées à exploiter les rares ressources disponibles et grâce à des conditions orogénétiques, climatiques et botaniques particulières, a été rendu productif et bien adapté à une installation humaine. Le système de terrasses commun à beaucoup de paysages méditerranéens est combiné avec un réseau articulé d'équipements destinés à la gestion de l'eau gravitant autour des fermes d'origine féodale.

Critère (ii) : Le paysage de la Serra de Tramuntana est un exemple exceptionnel de l'introduction par les Arabes d'un système complexe d'irrigation sur une île, connaissant de longues périodes de sécheresse, afin de créer des vergers et des jardins potagers destinés à une production de cultures vivrières et à l'enrichissement des habitants. Le réseau d'irrigation est associé à des systèmes de terrasses créés après la conquête chrétienne lorsque le changement vers une société de type féodal s'est répandu dans les zones de collines de culture en terrasses équipées d'un système complexe de drainage. Le paysage s'est transformé en se couvrant alors de collines en terrasses recouvertes d'oliveraies et passant du modèle islamique de petites exploitations à des grands domaines (posesiones), des villages et des villes qui forment désormais la Serra de Tramuntana. Ce paysage illustre un important échange culturel entre Musulmans et Chrétiens, entre le Nord et le Sud, qui est représentatif de la zone méditerranéenne.

Critère (iv) : Le paysage culturel de la Serra de Tramuntana constitue un exemple exceptionnel de l'utilisation de la technologie islamique d'adduction d'eau combinée avec des terrasses et d'autres éléments construits au moyen de la technique de la pierre sèche. Tout ceci a conduit, au cours des siècles, à la création d'un endroit unique où des expressions multiples et variées de l'architecture de pierre sèche et de la technologie d'adduction d'eau peuvent être observées. Le monde islamique a introduit la technique du percement de nombreuses galeries sous terraines qui traversent le sol horizontalement à la recherche d'eau, avec d'étroites galeries qui peuvent atteindre des centaines de mètres de long, voûtées et percées de puits d'aération verticaux. En conséquence, par un réseau complexe de rigoles d'irrigation et d'inclinaison minimum, l'eau était transportée vers des endroits où des terrasses irriguées pouvaient être créées pour la culture des agrumes ou l'exploitation de vergers. Les éléments en pierre sèche sont bien représentés par la construction au cours des siècles de kilomètres de murs en pierre sèche destinés à soutenir les cultures en terrasses, qui peuvent aller de quelques centimètres de haut à plusieurs mètres, couvrir des collines entières comme une échelle et retenir le peu de sol cultivable présent.  De la même façon, des systèmes sophistiques de drainage ont été mis en place afin d'aider à l'évacuation du surplus d'eau et d'éviter l'érosion. En outre, de très longs murs entourent les domaines et d'interminables routes pavées forment une toile d'araignée traversant les crêtes et les vallées des montagnes de la Tramuntana, ce qui en fait un des paysages de pierre sèche les plus spectaculaires au monde.

Critère (v) : La présence de l'homme dans la zone de la Tramuntana est un exemple vivant de l'évolution du modèle romain de colonisation d'un site vers un modèle de culture islamique et au-delà, témoignant de ses transformations progressives au cours des siècles afin de constituer le patrimoine de fermes, de villes et de villages qui la caractérise aujourd'hui. Les grands terrains appelés "posesiones" dessinent ce paysage sous la forme d'un modèle d'utilisation des terres qui comprend des zones rocheuses en haut des montagnes, des bandes de forêts, des collines avec des terrasses plantées d'oliviers, des terrasses de culture intensive près des habitations, des prairies d'élevage extensif, des champs de culture fourragère, des vignes ou diverses cultures fruitières non irriguées sur les terres moins pentues. Les maisons du domaine sont constituées d'une série de bâtiments entourant la cour centrale autour de laquelle se trouvent les locaux destinés au stockage des récoltes et aux habitations. Les villes et villages sont construits sur le modèle urbain médiéval de petites rues irrégulières avec des marches et des voies sans issue, marqués par le système complexe d'adduction d'eau qui a conduit à leur création. Des rigoles d'irrigation, des lavoirs publics, des vergers, des moulins et des réservoirs d'eau de type puits peuvent être observés entre les maisons de pierre empilées sur les collines, formant ainsi un fascinant ensemble urbain qui se mélange parfaitement avec son environnement naturel. La zone de la Tramuntana constitue donc un intéressant témoignage de la conservation et de l'évolution des installations humaines et des structures urbaines dans une zone accidentée de l'île caractérisée par ses fortes pentes.

Intégrité

Le bien se caractérise par une grande uniformité, au sein de laquelle les éléments caractéristiques sont la disposition en terrasses, les oliveraies, l'organisation spatiale des domaines ruraux et le réseau d'adduction d'eau. Le bien est exemplaire des transformations historiques qui se sont déroulées dans la région de la Tramuntana et ont dessiné son aspect présent. Le bien proposé à l'inscription est protégé officiellement depuis 1973 en tant que "paysage pittoresque de l'île de Majorque" et cette protection a contribué à la conservation de ses valeurs et de son aspect. Les instruments légaux et de planification en place reconnaissent la valeur du paysage culturel de la Serra de Tramuntana et contribuent à sa conservation.

Authenticité

Le bien est le produit authentique de l'empreinte laissée par la présence ininterrompue de différentes cultures humaines sur l'environnement naturel, construisant petit à petit le paysage en érigeant des murs de pierre sèche, en nettoyant les terrains de leurs pierres, en créant un réseau d'adduction d'eau et transformant ainsi le paysage en une zone productive. L'aspect physique du bien témoigne du processus socio-économique qui s'est maintenu jusqu'à ce jour. Par ailleurs, une grande quantité de recherches et de publications scientifiques corroborent la preuve apportée par le paysage lui-même. La dimension tangible est enrichie d'expressions intangibles qui étayent et enrichissent la valeur du bien : les savoir-faire techniques persistent et contribuent au maintien des principales caractéristiques de ce paysage créé par la main de l'homme, de nombreux festivals et traditions locales se maintiennent, tout comme une riche toponymie. La présence et le travail d'artistes et d'écrivains amplifient la valeur évocatrice et associative du bien. Les matériaux et techniques utilisés pour réparer ou restaurer les structures traditionnelles sont identiques à ceux utilisés dans le passé, ce qui constitue une façon de conserver les techniques traditionnelles. Celles-ci ont été consciencieusement maintenues en créant une école pour les ouvriers fabriquant les murs en pierre sèche afin de contrecarrer les changements induits par l'évolution socio-économique.

Mesures de protection et de gestion

Tout le territoire du bien est inclus dans le Site pittoresque, soumis à une protection légale par un décret de 1972 (Décret 984/1972). Suite au vote de la Loi sur le patrimoine historique espagnol en 1985 et de la Loi sur le patrimoine historique des Baléares en 1998, le site a été déclaré Bien d'intérêt culturel en tant que site historique. La Loi des Baléares de 1991 régissant les espaces naturels et la réglementation sur la planification urbaine prévoit l'identification des zones à protéger pour leurs valeurs écologique, géologique et paysagère. L'instrument essentiel de planification est le Plan spatial de Majorque de 2004. Il prévoit des règlementations sur les zones habitées, sur l'usage des terres basé sur les caractéristiques, valeurs et vocations de diverses zones, ainsi que des activités et la protection de l'environnement. Le Plan reconnaît la valeur culturelle et naturelle de la zone de Tramuntana. Il existe d'autres plans pour des zones spécifiques : le Plan de réglementation des ressources naturelles de la zone de Tramuntana de 2007 et des plans de protection spéciale, pour la Protection du site historique du domaine de l'Archiduc Ludwig Salvator (2002), un pour la Route de pierre sèche (2008), pour la Protection de la route Artá-Lluc (2008), pour la Valeur historique, artistique, architecturale, écologique et panoramique de la Municipalité de Deiá, pour la Protection du village de Lluc, pour la Protection du village d'Escorca, et enfin, un autre pour la Protection du centre historique de Pollença. Le consortium "Serra de Tramuntana Paisatge Cultural" est l'entité en charge de la gestion du site. Il est composé du Gouvernement régional des Iles Baléares et du Conseil de Mallorca, et vise à coordonner toutes les politiques culturelles et naturelles mises en oeuvre sur le territoire de la Serra de Tramuntana. Il comprend également une structure en charge de l'implication des acteurs locaux.

 

4. Recommande que l'État partie:

a) poursuive la mise en œuvre du plan de gestion approuvé pour le bien,

b) poursuive la mise en œuvre des plans et programmes ainsi que les inventaires relatifs à la gestion et à la conservation des réseaux d'irrigation, des terrasses en pierres sèches et des autres éléments patrimoniaux caractérisant le paysage culturel,

c) continue les programmes de recherche scientifique sur les caractéristiques du paysage agraire en termes de nature et de structure de la mosaïque du paysage.

Code de la Décision
35 COM 8B.34
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2011
Documents
WHC-11/35.COM/20
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session (UNESCO, 2011)
Contexte de la Décision
WHC-11/35.COM/8B
WHC-11/35.COM/INF.8B1
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