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Décision 35 COM 8B.15
Biens Mixtes - Zone protégée du Wadi Rum (Jordanie)

Le Comité du patrimoine mondial,

1. Ayant examiné les documents WHC-11/35.COM/8B, WHC-11/35.COM/INF.8B1 et WHC-11/35.COM/INF.8B2,

2. Inscrit la Zone protégée du Wadi Rum, Jordanie, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iii), (v) et (vii) ;

3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante:

Brève synthèse

L'Aire protégée du Wadi Rum (APWR) est située dans le sud de la Jordanie, près de la frontière avec l'Arabie saoudite, à environ 290 km au sud d'Amman et à 60 km au nord-est de la ville côtière d'Aqaba. La superficie totale de l'APWR est de 74.200 hectares. Le bien s'étend approximativement sur 42 km du nord au sud et 33 km d'est en ouest. Une zone tampon d'environ 5 km de large, à l'exception de quelques bandes de terre qui en sont exclues, entoure la zone et couvre une surface totale de 60.000 hectares.

Le Wadi Rum forme une partie importante du désert d'Hisma qui s'étend à l'est de la vallée du Jourdain et au sud de l'escarpement abrupt du plateau jordanien central. Ses valeurs naturelles présentent des formes de relief désertique développées dans des grès continentaux. Ces formations rocheuses se sont développées sous l'influence d'une conjugaison de facteurs de contrôle tels que la lithologie, les activités tectoniques (soulèvement rapide, nombreuses fractures et diaclases) et les processus de surface (incluant différents types d'altération et d'érosion associés au climat désertique ainsi qu'aux climats humides du passé) représentant des millions d'années d'évolution continue du paysage.

D'abondants pétroglyphes, inscriptions et vestiges archéologiques témoignent de 12.000 ans d'occupation humaine et d'interaction avec le milieu naturel, illustrant l'évolution des activités pastorales, agricoles et urbaines de la péninsule Arabique et l'histoire environnementale de la région.

Critère (iii) : L'aire protégée du Wadi Rum apporte un témoignage unique de la pratique de l'art rupestre et des inscriptions ayant perduré pendant des millénaires. La combinaison de 25 000 pétroglyphes avec 20.000 inscriptions et leur exécution continue sur une période d'au moins 12.000 ans distingue le Wadi Rum d'autres sites d'art rupestre et/ou inscriptions. Les pétroglyphes, représentant des humains et des animaux, sont gravés sur des rochers, des pierres et des parois rocheuses. Ils retracent l'évolution de la pensée humaine, les modèles à long terme des activités pastorales, agricoles et urbaines de la péninsule Arabique, et l'histoire environnementale d'une région distincte dont le climat doux et humide a évolué vers un climat semi-aride. Les gravures révèlent un sens développé de l'esthétique et de la culture graphique. De nombreuses inscriptions dans quatre écritures différentes du nord de l'Arabie témoignent de l'émergence très précoce d'alphabets, issus de représentations iconiques et de l'alphabétisation largement répandue parmi les sociétés pastorales de la péninsule Arabique.

Critère (v) : La diversité des reliefs à Wadi Rum a joué un rôle essentiel en encourageant l'établissement humain, avec pour résultat le développement d'une activité intellectuelle raffinée, documentée par d'abondants pétroglyphes et inscriptions rupestres. Ce témoignage graphique de diverses traditions culturelles et civilisations sur des millénaires est l'une des sources de documentation les plus riches du monde. Nulle part ailleurs dans le monde on ne peut trouver une telle profusion d'informations permettant d'étudier et de comprendre le continuum de styles de vie sédentaire ou nomade dans un paysage désertique illustrant l'adaptabilité et l'ingéniosité de communautés humaines qui ont tiré le meilleur parti des rares ressources pour assurer leur présence continue après l'évolution du climat vers un climat plus sec, à l'Âge du bronze.

Critère (vii) : Le Wadi Rum est mondialement reconnu comme un paysage de désert emblématique, célèbre pour ses séries spectaculaires de montagnes de grès et de vallées, d'arches naturelles et une diversité de gorges étroites, de falaises surplombant le tout, d'éboulis massifs et de cavernes spectaculaires façonnées par le climat. Parmi les  attributs clés des valeurs esthétiques du bien figurent  la diversité et l'ampleur des formes de relief, ainsi que la mosaïque de couleurs, les perspectives sur des canyons étroits et de très larges oueds et l'échelle des falaises. Le bien présente, dans un cadre protégé, une association exceptionnelle de formes de relief résultant de l'incision du drainage, d'une importante altération par le sel et autres processus, notamment biologiques, et du sapement des falaises de grès abruptes  par ces processus d'altération, ainsi que les réseaux d'altération en nid d'abeille les plus spectaculaires au monde. Ses associations avec les écrits de T.E. Lawrence, dont il est fortement question dans la proposition d'inscription,  ont conféré une grande notoriété au bien et ont  renforcé sa réputation de paysage de désert classique, tant au niveau mondial  que dans les États arabes.

Intégrité

Les limites du bien incluent les attributs culturels et naturels fondamentaux et sont bien définies. La faible densité de population et l'absence d'impact de développement ont contribué à maintenir l'APWR dans un état relativement intact. Il y a néanmoins un certain nombre de menaces qui nécessitent une attention rigoureuse et accrue, notamment les impacts causés par la pression des visiteurs et les traces des véhicules, et dans une moindre mesure  la possibilité d'empiètement du village de Rum, l'exploitation des eaux souterraines et le ramassage du bois de feu par la population locale.

Les limites du bien ont été clairement définies et la zone tampon de 5 km qui l'entoure est correctement configurée pour tenir compte des menaces pesant sur la zone et venant de l'extérieur.

Authenticité

L'art rupestre est encore dans son cadre d'origine, largement inchangé à l'exception des effets du temps qui ont conduit à des effacements et à l'érosion par la pluie et le vent, rendant certains éléments difficiles à distinguer. En outre, dans certains cas, on observe l'ajout de graffiti modernes. Néanmoins, le fait qu'un si grand nombre d'éléments aient été documentés signifie que leur capacité de transmettre les traditions culturelles des peuples les ayant réalisés a été saisie et qu'ils peuvent être étudiés.

Mesures de protection et de gestion

L'APWR a été classée « aire protégée » en 1997 pour conserver les formes de relief et écosystèmes de désert, ainsi que leurs valeurs culturelles associées. Le bien se trouve dans la Zone économique spéciale d'Aqaba (ASEZA) et a été déclaré « Zone à règlementation spéciale » à perpétuité en deux phases. En 1997, 54.000 hectares ont ainsi été classés et en 2002, 18.000 hectares supplémentaires.

La totalité du bien relève d'une réglementation spéciale considérée comme le cadre de  gouvernance le plus rigoureux pour une aire protégée en Jordanie.

Le premier plan guidant le programme de gestion et de développement de l'APWR est le plan d'occupation des sols de l'ASEZA qui couvre l'ensemble du gouvernorat d'Aqaba. Le bien nécessite le maintien et la mise à jour continue d'un plan de gestion efficace ;

4. Demande à l'État partie de faire en sorte que le plan de gestion prévoie des politiques efficaces soutenues par des ressources humaines et financières nécessaires pour permettre une gestion effective du bien et de sa zone tampon, ycompris la réglementation des activités de développement, des infrastructures et des équipements touristiques, et pour développer une stratégie pour la gestion des visiteurs incluant le contrôle des itinéraires carrossables à l'intérieur du bien;

5. Demande également à l'État partie d'assurer, lors de la mise en œuvre du plan de gestion, l'attribution à l'unité de gestion du bien de personnel additionnel et dûment formé spécialisé en recherche, protection et présentation des valeurs géologiques, géomorphologiques et culturelles du bien, et la participation d'institutions de recherche nationale et internationale au système de gestion du bien;

6. Recommande à l'État partie de s'assurer de la mise en œuvre d'un programme de suivi intégré à la fois pour les valeurs naturelles et culturelles;

7. Recommande également de mettre davantage l'accent sur la gestion des attributs culturels du bien impliquant pleinement le Département des antiquités dans la gestion du bien et le Ministère de l'environnement ;

8. Encourage l'État partie à accroître le financement des éléments naturels et culturels du bien;

9. Recommande en outre que l'État partie prenne en considération les points suivants en relation avec les attributs culturels du bien:

a) Établir un système de gestion des déchets solides et liquides pour le village de Rum et les terrains de camping,

b) S'assurer de la mise en œuvre effective de la stratégie pour la gestion des visiteurs, incluant le contrôle des itinéraires carrossables,

c) Observer avec une grande prudence ce qui concerne la reconstruction extérieure des sites archéologiques, qui pourrait avoir un impact sur leur authenticité. Les vestiges semblent être suffisants pour permettre la compréhension, et les travaux de reconstruction devraient cesser;

10. Demande en outre à l'État partie d'inviter une mission conjointe du Centre du patrimoine mondial/Organisations consultatives sur le bien afin de mesurer les progrès accomplis dans l'application des recommandations qui précèdent et d'en faire rapport au Comité du patrimoine mondial à sa 38e session, en 2014.

Code de la Décision
35 COM 8B.15
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2011
Documents
WHC-11/35.COM/20
Décisions adoptées par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session (UNESCO, 2011)
Contexte de la Décision
WHC-11/35.COM/8B
WHC-11/35.COM/INF.8B1
WHC-11/35.COM/INF.8B2
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