Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné les documents WHC-10/34.COM/8B et WHC-10/34.COM/INF.8B1,
2. Inscrit les Grottes préhistoriques de Yagul et Mitla au centre de la vallée de Oaxaca, Mexique, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base du critère (iii);
3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante:
Brève synthèse
Les grottes préhistoriques de Yagul et Mitla au centre de la vallée de Oaxaca est un vaste paysage culturel qui comprend des grottes et des abris sous-roche, dont l'un, la grotte de Guilá Naquitz a livré des restes botaniques extraordinairement bien préservés de cucurbitacées, de haricots et de courges et les premiers épis de maïs jamais trouvés, et deux autres grottes, les sites de Cueva Blanca et Gheo Shih, ont livré des restes d'animaux et des outils de pierre du Pleistocène, et révélé l'utilisation saisonnière des ressources abondantes en fruits d'été et petits mammifères.
Le passage progressif de groupes sociaux vivant essentiellement de la chasse à l'Etat de groupes sédentarisés vivant de l'agriculture s'est produit dans de nombreux endroits en même temps en Mésoamérique. Le bien témoigne, de manière exceptionnelle, de l'évolution du chasseur-cueillir vers une communauté sédentarisée dans la région de la vallée de Oaxaca.
Critère (iii) : Les restes botaniques de la grotte de Guilá Naquitz liées à la domestication d'autres plantes - courges, calebasses et haricots - associées aux vestiges archéologiques de Cueva Blanca et Gheo Shih, peuvent être considérés comme un témoignage exceptionnel de l'évolution des cueilleurs-chasseurs vers une société plus sédentarisée dans cette région d'Amérique centrale.
Intégrité
Les sites de Guilá Naquitz, Cueva Blanca et Gheo Shih comportent tous les éléments nécessaires à soutenir la valeur universelle exceptionnelle du site ; ceux-ci ne sont pas menacés bien qu'ils puissent être vulnérables au surpâturage en raison des changements climatiques.
Authenticité
La grotte de Guilá Naquitz ainsi que Cueva Blanca et de Gheo Shih peuvent s'envisger comme des sites où les premiers hommes ont domestiqué certaines plantes sauvages et progressé vers une semi-sédentarité. Pour ces site, l'authenticité peut être considérée comme intacte, même si les témoignages sur lesquels se fondent nos connaissance ne sont plus physiquement dans les grottes ni dans les sites.
Mesures de gestion et de protection requises
Même si Yagul bénéficie d'une protection par décret présidentiel, le reste des zones archéologiques et paysagères ne bénéficient pas actuellement de protection nationale ou municipale. Il existe des projets en cours pour la protection de ces parties du bien. Toutes les découvertes archéologiques visibles sont enregistrées sur des fiches pour chaque site, accompagnées de cartes et de photographies.
Les principales autorités responsables de la gestion du bien sont l'INAH, en charge de tous les sites culturels et archéologiques, et la Commission nationale pour les zones naturelles protégées (CONANP) ; les deux entités disposent d'agences ou de représentations locales. La CONANP est responsable de la conservation des espèces naturelles et des panoramas de la région de Yagul. Conjointement avec l'INAH, elle passe des accords avec les communautés, favorisant les pratiques traditionnelles d'occupation des sols. En 1999, un plan de gestion a été approuvé pour le corridor archéologique de la vallée de Oaxaca (CAVO), joint au plan de gestion existant de la Zone archéologique de Monte Alban. Le système de gestion du bien est globalement adapté, bien que son application soit récente et par conséquent encore dans une phase d'essai.
Il est nécessaire de mettre en place une protection juridique pour la totalité de la zone proposée pour inscription ; une politique de conservation active afin de garantir le contrôle de l'accès et du pacage et des mesures de préparation aux risques ; une stratégie d'accès basée sur la capacité d'accueil de la zone proposée pour inscription ; promouvoir un programme de recherche afin d'étudier si, avec le temps, des preuves plus convaincantes pourront être découvertes qui permettraient au paysage de l'Oaxaca d'être considéré comme ayant été le centre de la domestication des plantes et le lieu où s'effectua le passage vers une agriculture sédentaires qui soit exceptionnel dans le contexte de sa région géoculturelle.
4. Demande à l'État partie de:
a) Mettre en place une politique de conservation effective afin de garantir le contrôle de l'accès au paysage, et des mesures de préparation aux risques ;
b) Veiller à ce que le plan de gestion traite intégralement toutes les conditions d'intégrité, de protection et de gestion pour garantir la conservation à long terme, et le renforcement de la valeur universelle exceptionnelle du bien;
c) Mettre en place un programme de suivi et de recherche scientifique à long terme pour une meilleure connaissance du paysage culturel agricole;
d) Etablir un système général de gestion coordonnée par les autorités concernées, qui couvrent tous les sites, conformément aux dispositions du paragraphe 114 des Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial.