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2. Politiques relatives à la Crédibilité de la Liste du patrimoine mondial
2.2. Valeur universelle exceptionnelle
2.2.5. Protection et gestion
2.2.5.3. Systèmes de gestion
2.7. Types de biens du patrimoine mondial
2.7.3. Biens en série

Jurisprudence - Gestion des éléments constitutifs individuels

Extrait

Synthèse basée sur les décisions pertinentes du Comité

Synthèse basée sur les décisions pertinentes du Comité

Le Comité du patrimoine mondial demande d'assurer la gestion d'un bien en série comme un tout unifié, avec une coordination opérationnelle efficace et explicite entre les plans de gestion existant pour les éléments constitutifs individuels du site et le plan de gestion global du bien (basé sur une jurisprudence en matière de décisions sur des propositions d’inscription).
Date année : 2021 2019 2016
Termes associés : Élément constitutif individuel Individual component
Voir par exemple les décisions (4)
Code : 44 COM 8B.15

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit Quanzhou : emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan, Chine, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base du critère (iv) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Situé sur la côte sud-est de la Chine, le bien en série Quanzhou : emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan illustre d’une manière exceptionnelle la structure spatiale qui combine production, transport et commercialisation avec les principaux facteurs institutionnels, sociaux et culturels qui contribuèrent à l’essor et à la prospérité spectaculaires de Quanzhou en tant que plaque tournante du commerce de l’est et du sud-est de l’Asie au cours des Xe-XIVe siècles de notre ère. Le système de l’emporium de Quanzhou des dynasties Song et Yuan était centralisé et impulsé par la ville située à la jonction de la rivière et de la mer, avec les océans au sud-est qui la reliaient au monde, avec des montagnes dans le lointain nord-ouest qui pourvoyaient à la production, et avec un réseau de transport par terre et par mer qui les reliait tous ensemble.

    Les éléments constitutifs et les composant contributifs du bien comprennent des sites de bâtiments et structures administratifs, des édifices et statues religieuses, des sites et monuments culturels commémoratifs, des sites de production de céramique et de fer, et un réseau de transport formé de ponts, de quais et de pagodes qui guidaient les voyageurs. Ils reflètent de manière complète le caractère unique des structures maritimes territoriales, socio-culturelles et commerciales de la ville de Quanzhou des Song et des Yuan.

    Critère (iv) : Quanzhou, emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan illustre d’une manière exceptionnelle, à travers les éléments constitutifs, la structure territoriale intégrée et les principaux facteurs institutionnels, de transport, de production, de commercialisation et socio-culturels, qui en firent un emporium à l’échelle mondiale et une plaque tournante commerciale clé dans la phase extrêmement prospère du commerce maritime de l’Asie aux Xe-XIVe siècles de notre ère. Le bien témoigne des importantes contributions de Quanzhou au développement économique et culturel de l’Asie du sud et du sud-est.

    Intégrité

    Le bien en série comprend tous les composants et les attributs nécessaires qui reflètent Quanzhou en tant que premier emporium maritime du monde aux Xe – XIVe siècles de notre ère. Les éléments constitutifs et les composant contributifs du bien entretiennent d’étroits liens fonctionnels, sociaux, culturels et spatiaux entre eux, illustrant ensemble le système territorial intégré, ainsi que les aspects et facteurs clés du système commercial maritime de Quanzhou aux périodes Song et Yuan. L’environnement immédiat du bien, les vues importantes et les autres zones ou attributs soutenant la valeur du bien sont tous inclus dans la zone tampon ; les zones sensibles aux impacts visuels et l’environnement plus large témoignant d’une association globale avec le bien en série, sont tous inclus dans des zones délimitées de l’environnement plus large et sont placés sous une protection efficace. Les pressions dues au développement urbain, les impacts dus au changement climatique, les menaces naturelles et les pressions dues au tourisme semblent être maîtrisés d’une manière efficace, au travers d’une série de mesures de protection et de gestion.

    Authenticité

    La série dans son ensemble, comprenant des éléments constitutifs et des composant contributifs, traduit d’une manière crédible la configuration territoriale globale, les fonctions du système commercial historique, la structure sociale historique, et les informations historiques chronologiques de Quanzhou en tant qu’emporium maritime mondial pendant les périodes Song et Yuan. Les emplacements d’origine ont subsisté ; les informations sur les fonctions historiques peuvent être clairement reconnues et comprises ; les informations historiques sur les formes, matériaux, processus et mécanismes d’entretien traditionnel ainsi que les systèmes techniques sont reflétés dans des vestiges physiques et leurs archives historiques, de même que par les croyances ayant survécu et les traditions culturelles, qui sont portées par ces monuments et sites ; tout cela atteste le niveau élevé d’authenticité et de crédibilité des éléments constitutifs de la série. La preuve physique peut être confirmée par l’abondance de la documentation historique et des résultats de recherches chinoises et internationales.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Tous les éléments constitutifs du bien en série de Quanzhou relèvent de la protection des lois et règlements concernés aux niveaux national et provincial (la loi de la République populaire de Chine sur la protection des reliques culturelles et ses règlements d’application et la réglementation de la province du Fujian sur la protection et la gestion de biens culturels). Ils appartiennent tous à l’État et ont reçu des désignations de protection souvent multiples, comme en vertu des lois et règlements régissant les villes historiques et culturelles renommées, les questions religieuses, les questions maritimes, et les zones panoramiques. Les mécanismes d’entretien et de conservation traditionnels jouent un rôle actif à cet égard. Pour l’efficacité de la protection et de la gestion, la zone tampon et l’environnement plus large ont été incorporés dans le système de protection et de gestion du bien et sont couverts par le plan de gestion du bien en série de Quanzhou, préparé et mis en œuvre, et les règles de la province du Fujian pour la protection et la gestion des monuments et sites historiques de l’ancienne Quanzhou (Zayton), telles que révisées.

    Le système de gestion du bien est conçu selon le mécanisme administratif de la Chine pour le patrimoine culturel et est incorporé dans un cadre administratif à quatre niveaux, national, provincial, ville/comté, et au niveau du bien. Il est basé sur les principes des responsabilités définies à différents niveaux, une administration à l’échelle locale, et une participation active de la communauté. Un système de gestion coordonné au niveau municipal intègre des mesures de gestion et des plans de mise en œuvre pour chaque élément constitutif de la série. Un groupe de travail pour la gestion se réunit une fois par trimestre et garantit une coordination globale. Les entités de gestion fournissent suffisamment de garanties financières, humaines et techniques et permettent une conservation continue et appropriée de l’authenticité et de l’intégrité du bien en série dans son ensemble et de chacun de ses éléments constitutifs. Une stratégie de protection et de gestion à long terme, précisant des exigences spécifiques, a été préparée pour la série et sa mise en œuvre progressive est déterminante pour l’efficacité générale de la gestion.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. donner la taille réelle des éléments constitutifs, certaines surfaces fournies se rapportant uniquement à un composant contributif et non à la surface totale de l’élément constitutif formant la série,
    2. développer davantage l’analyse des attributs exprimant la valeur universelle exceptionnelle du bien pour les aspects liés à la gestion,
    3. renforcer et rendre plus explicites, d’un point de vue opérationnel, les liens entre le plan de gestion général pour le bien et d’autres plans existant pour les éléments constitutifs individuels ou d’autres désignations,
    4. développer davantage le programme de recherche archéologique et le mettre en œuvre,
    5. surveiller étroitement les pressions dues aux visiteurs et mettre en œuvre des mesures correctives le cas échéant,
    6. mettre en œuvre de manière régulière la stratégie de protection et de gestion à long terme ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2022 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnée et de la stratégie de protection et de gestion à long terme pour examen par l’ICOMOS.

En savoir plus sur la décision
Code : 44 COM 8B.25

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit les Colonies de bienfaisance, Belgique et Pays-Bas, sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel sur la base des critères (ii) et (iv);
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Les colonies de bienfaisance furent une expérience inspirée des Lumières en matière de réforme sociale, qui démontrèrent un modèle innovant et très influent de réduction de la misère et de colonisation d’un territoire national – la colonie agricole domestique. À partir de 1818, la Société de Bienfaisance fonda des colonies agricoles dans des régions rurales du Royaume uni des Pays-Bas (aujourd’hui Pays-Bas et Belgique). Les colonies de bienfaisance transformèrent des friches de tourbe et de bruyère isolées en un paysage hautement fonctionnel par la colonisation domestique des pauvres. Par ce procédé, les colons devaient s’amender moralement et devenir des citoyens idéaux, qui contribueraient à la richesse de la nation et à l’intégration de territoires marginaux aux États nations émergents.

    Sur une période de sept ans, près de 80 kilomètres carrés de terres incultes, un territoire domestique considéré impropre à tout établissement, furent réhabilités par les colonies. Celles-ci se caractérisent par des routes orthogonales, des rangées de maisons et de petites fermes, ainsi que de bâtiments communaux. À partir de 1819, des colonies « forcées » furent également fondées, dont la dernière en 1825 ; celles-ci possédaient de grandes institutions et des fermes plus vastes, toujours disposées selon un maillage orthogonal de champs et d’avenues, et abritaient des groupes particuliers de personnes défavorisées bénéficiant d’un soutien de l’État. Au plus fort de leur activité, quelque 18 000 personnes vivaient dans les colonies, y compris dans celles qui constituent le bien proposé pour inscription.

    Ce processus de transformation des terres et des citoyens les plus pauvres grâce à un processus utopique d’ingénierie sociale s’est poursuivie jusqu’au XXe siècle. Après 1918, les colonies perdirent leur pertinence et devinrent des zones et des villages « normaux » dotées d’institutions carcérales et de soins.

    Le bien comprend quatre anciennes colonies réparties en trois éléments constitutifs : les colonies libres de Frederiksoord et Wilhelminaoord, la colonie de Wortel qui était une colonie libre transformée en colonie forcée, et la colonie forcée de Veenhuizen.

    Critère (ii) : Les colonies de bienfaisance témoignent d'une expérience exceptionnelle et nationale inspirée des Lumières en matière de réforme sociale, grâce à un système de grandes colonies agricoles. Elles ont proposé un modèle d'ingénierie sociale basé sur la notion de « travail productif », dans le but de transformer les pauvres en citoyens « industrieux » et les « terres incultes » en terres productives. En plus du travail, l'éducation et l'élévation morale ont été considérées comme des contributions essentielles à l'objectif de transformer les pauvres en citoyens autonomes.

    Les colonies de bienfaisance ont été développées en tant qu'établissements agricoles autonomes systématiques, dotés d'équipements sociaux de pointe. En tant que telles, les colonies de Bienfaisance ont été les pionnières du modèle de la colonie domestique, attirant ainsi une attention considérable du monde entier. Pendant plus d'un siècle, elles ont exercé une influence sur divers types d’assistance en Europe occidentale et au-delà.

    Critère (iv) : Les colonies de bienfaisance sont un exemple remarquable de colonies agricoles domestiques créées au XIXe siècle dans le but social de réduire la pauvreté. Cultivées délibérément comme des « îles » dans des zones de bruyères et de tourbières éloignées, les colonies ont mis en pratique les idées d'une institution panoptique pour les pauvres dans leur organisation spatiale et fonctionnelle.

    Elles sont un exemple exceptionnel de conception du paysage qui représente une colonie domestique agricole à but social. L’organisation paysagère illustre le caractère original des différents types de colonies et leur évolution ultérieure, et traduit l’ampleur, l’ambition et l’évolution de cette expérience sociale dans sa période florissante (1818-1918).

    Intégrité

    Le bien comprend tous les attributs qui expriment la valeur universelle exceptionnelle. Il comprend des exemples-clés des colonies libres et des colonies forcées. Tous les éléments constitutifs possèdent une combinaison de couches de paysages reliques dont l'ensemble illustre la période de prospérité du modèle de la colonie. Dans le cas des colonies libres, les attributs incluent les longs alignements de maisons et les petites fermes disposées selon un maillage orthogonal de routes et de champs. Les colonies forcées comprennent de grands ensembles de bâtiments, des logements et de grandes fermes, implantés dans un paysage composé d'avenues et de champs organisés selon un maillage orthogonal. Les paysages se caractérisent par un maillage orthogonal de routes, d’avenues plantées, de plantations, de prairies, de champs et de forêts ainsi que des maisons, fermes, institutions, églises, écoles et bâtiments industriels caractéristiques.

    Bien qu'il y ait eu des modifications et une évolution au fil du temps, le bien reflète les paysages culturels les mieux préservés des colonies libres et forcées.

    Authenticité

    L'authenticité du bien repose sur l'emplacement, la forme, la conception et les matériaux. Le paysage culturel caractéristique, avec sa forme structurée, ses plantations, ses édifices qui subsistent et ses sites archéologiques de la période où les colonies furent créées et prospérèrent, illustre l'histoire des colonies de bienfaisance et reflète la valeur universelle exceptionnelle.

    L'utilisation des colonies pour l'agriculture et leurs objectifs sociaux tels que formulés par la Société de bienfaisance durant deux siècles ont été pour la plupart poursuivis et complétés par de nouvelles fonctions, qui ont redéfini la portée sociale originale des colonies, dans l'esprit des colonies et adaptées aux temps nouveaux. Le facteur de connexion n’est pas une période « authentique » unique mais la structure du paysage qui s’est développée en deux phases déterminantes : la phase de création (1818-1859) puis la phase de l’évolution, celle des institutions d’État et de la privatisation (1860-1918).

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien est protégé par divers outils très différents qui vont des lois nationales aux règlements municipaux et qui couvrent à la fois les valeurs naturelles et culturelles. Ces instruments juridiques fournissent des orientations sectorielles ou des critères pour toute intervention ou mesures de conservation du bien.

    La protection juridique est appropriée pour les bâtiments individuels. Dans les deux pays, les édifices représentatifs ont reçu le statut de monument et sont protégés. Cela concerne un certain nombre d’édifices et d'ensembles d’édifices au sein des colonies qui sont protégés en tant que monuments individuels.

    Au niveau national, toutes les colonies néerlandaises sont totalement ou partiellement protégées en tant que paysages de village. En Belgique, Wortel est un paysage protégé du patrimoine culturel. Il convient de veiller à ce que la protection nationale de paysage de village couvre toute l'étendue de Wilheminaoord.

    Aux Pays-Bas, une nouvelle loi sur l'environnement et l'aménagement du territoire entrera en vigueur en 2021 pour réglementer la protection des valeurs patrimoniales, en remplacement de l'actuelle loi sur l'aménagement du territoire. La nouvelle loi offre des possibilités de protection intégrale de la valeur universelle exceptionnelle ainsi que des possibilités d'évaluation des nouveaux développements.

    L’organisation du système de gestion du bien semble efficace. Elle comprend un comité intergouvernemental chargé de traiter les problèmes entre les États parties, un groupe de pilotage transnational, la désignation d’un détenteur de site dans chaque pays, un comité de conseil technique, des gestionnaires de site et du personnel.

    Le plan de gestion consiste en un document principal pour la totalité du bien, complété par trois plans spécifiques pour les éléments constitutifs. L’objectif du plan de gestion est d’assurer la préservation et le renforcement de la valeur universelle exceptionnelle pour la série dans son ensemble et pour chacune des colonies. La préparation aux risques est traitée par des mécanismes existants plutôt que par une stratégie spécifique.

    La gestion des visiteurs est assurée par une série de mesures incluant les centres d’accueil des visiteurs, les matériels d’interprétation ainsi que des équipements annexes et des mesures complémentaires sont prévues. La gestion de la circulation automobile est un problème identifié.

    Les communautés locales et les résidents sont étroitement associés à la gestion du bien au travers de moyens formels ou autres.

    La gestion du bien en tant qu’entité unique demeure un défi, en particulier pour s’assurer que les approches de conservation évoluent dans le même sens.

  4. Recommande que les États parties prennent en considération les points suivants :
    1. établir une zone tampon pour assurer la protection des éléments constitutifs contre toute menace potentielle, au moyen d'un processus de modification mineure des limites, à soumettre au Centre du patrimoine mondial avant le 1er février 2023,
    2. assurer la protection nationale de paysage de village pour la totalité de Wilheminaoord,
    3. veiller à ce que la forme, l'échelle et l'emplacement des nouveaux bâtiments correspondent étroitement à ceux des bâtiments d'origine dans chaque élément constitutif,
    4. assurer la conservation des dimensions du maillage qui caractérisent chaque colonie,
    5. garantir la gestion du bien en tant qu'entité unique, en particulier que les approches de conservation évoluent dans le même sens,
    6. améliorer la cartographie du bien afin de documenter les modes de propriété actuels et les dimensions des prisons et des institutions publiques existantes.

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Code : 43 COM 8B.38

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/19/43.COM/8B.Add et WHC/19/43.COM/INF.8B1.Add,
  2. Inscrit Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright, États-Unis d’Amérique, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base du critère (ii) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright se concentrent sur l’influence de l’œuvre de cet architecte, non seulement dans son pays, les États-Unis d’Amérique, mais aussi, sur l’architecture du XXe siècle et les maîtres reconnus du Mouvement moderne, dans le domaine de l’architecture, en Europe. Les caractéristiques de ce que l’on appelle « l’architecture organique », élaborée par Wright, comme le plan ouvert, la distinction floue entre extérieur et intérieur, l’emploi inédit de matériaux et de technologies, et les adaptations explicites aux cadres suburbains et naturels des divers bâtiments, ont été reconnues comme des éléments essentiels, dans le contexte du développement de la conception architecturale moderne au XXe siècle.

    Le bien est composé d’une série de 8 édifices, conçus et construits dans la première moitié du XXe siècle. Chacun présente des caractéristiques spécifiques, qui correspondent à des solutions novatrices apportées à des besoins en matière de logement, de lieux de culte, de travail, d’éducation et de loisirs. La diversité de fonction, de dimension et de configuration illustre pleinement les principes de « l’architecture organique ».

    Les édifices font appel à l’abstraction géométrique et à une manipulation de l’espace pour répondre à des exigences fonctionnelles et affectives, et ils reposent, au sens littéral ou figuré, sur des formes et des principes naturels. En incorporant des idées inspirées d’autres cultures à travers le monde, ils échappent aux formes traditionnelles et facilitent la vie moderne. Les solutions de Wright allaient ensuite influencer l’architecture et le design dans le monde entier, et continuent de le faire à ce jour.

    Les composants de la série comptent des maisons parfois imposantes, parfois modestes (il y a notamment l’exemple parfait d’une maison de style « Prairie » et un prototype de maison usonienne) ; un lieu de culte ; un musée ; et des complexes formés par les résidences de l’architecte, et ses ateliers et installations éducatives. Ces bâtiments sont situés en des endroits divers, au sein d’environnements urbain, suburbain, forestier et désertique. Le large éventail de fonctions, de dimensions, et de cadres illustré par la série souligne à la fois la cohérence et la vaste applicabilité de ces principes. Chaque édifice a été reconnu spécifiquement pour son influence individuelle, qui contribue également de façon unique à l’élaboration de ce langage architectural original.

    De telles caractéristiques liées à l’innovation sont subordonnées à des conceptions qui intègrent forme, matériaux, technologie, mobilier, et cadre, pour en faire un tout unifié. Chaque édifice est adapté de manière unique aux besoins de son propriétaire et à sa fonction, et bien que conçu par le même architecte, chacun possède un caractère et un aspect très différents, ce qui reflète un respect et un goût profonds pour l’individuel et le particulier. Pris dans leur ensemble, ces édifices illustrent tout l’éventail de ce langage architectural, qui constitue une contribution singulière à l’architecture mondiale en termes spatial, formel, matériel et technologique.

    La valeur universelle exceptionnelle du bien en série est transmise par des attributs tels que la continuité spatiale exprimée par le plan ouvert et la distinction floue des transitions entre l’espace intérieur et l’espace extérieur ; les formes dynamiques qui font appel à des méthodes structurelles innovantes et à une utilisation inventive des nouveaux matériaux et des nouvelles technologies ; une conception inspirée par les formes et principes de la nature ; une relation intégrale avec la nature ; une primauté de l’individu et de l’expression individualisée ; et la transformation d’inspirations issues d’autres lieux et cultures.

    Critère (ii) : Les œuvres architecturales du XXe siècle de Frank Lloyd Wright témoigne d’un échange d’idées considérable, par le discours, qui a changé l’architecture à une échelle mondiale durant la première moitié du XXe siècle. Les huit composants du bien en série illustrent divers aspects d’une nouvelle approche de l’architecture par Wright, approche élaborée sciemment pour un contexte américain. Les édifices qui en ont découlé, cependant, étaient adaptés à la vie moderne dans de nombreux pays, et en faisant fusionner l’esprit et la forme, ils suscitèrent des réactions affectives témoignant d’un attrait universel. Cette approche, qui s’opposait aux styles dominants aux États-Unis, a tiré parti de nouveaux matériaux et de technologies inédites, mais elle s’est également inspirée des principes du monde naturel, et a été nourrie par d’autres cultures et d’autres temps. Ces idées novatrices et les œuvres architecturales unifiées qui en résultèrent furent remarquées dans les cercles architecturaux et critiques européens au début du siècle, et elles influencèrent plusieurs tendances et plusieurs architectes du Mouvement moderne européen dans le domaine de l’architecture. L’influence de Wright est également perceptible dans le travail de certains architectes en Amérique Latine, Australie et Japon.

    Intégrité

    Le bien en série contient tous les éléments nécessaires pour exprimer sa valeur universelle exceptionnelle, étant donné qu’il englobe des œuvres généralement considérées par les critiques et les architectes comme ayant été particulièrement influentes. Chaque composant met en avant un aspect différent des attributs, qui démontre cette influence, et contribue à illustrer divers aspects de la valeur universelle exceptionnelle, d’une façon précise et visible, et reflète des liens culturels et architecturaux évidents. En tant qu’ensemble, ces composants ont exercé une influence sur l’architecture de la première moitié du XXe siècle.

    Les limites de chaque composant englobent tous les éléments nécessaires pour exprimer l’importance des biens, mais une modification mineure des délimitations de Taliesin, afin d’incorporer toutes les structures et jardins conçus par Wright, permettrait de mieux comprendre l’ensemble. Les limites des composants implantés en fonction d’un environnement naturel plus large permettent une représentation précise des relations entre les édifices et leur environnement. Les composants du bien en série comprennent les édifices et le mobilier intérieur, qui sont tous protégés de façon appropriée. Aucun composant ne souffre d’effets néfastes dus au développement, ou à l’abandon. Chaque édifice a bénéficié d’études de conservation rigoureuses et complètes, et de conseils techniques spécialisés, pour garantir un haut degré de conservation.

    Authenticité

    La plupart des composants du bien en série sont restés remarquablement intactes depuis leur construction, du point de vue de leur forme et de leur conception, des matériaux et de la substance, de l’esprit et de l’émotion. Pour chaque bâtiment, les travaux de conservation – quand ils se sont avérés nécessaires pour corriger des problèmes structurels à long terme ou pour réparer des détériorations – ont été effectués conformément à des normes élevées de pratique professionnelle, garantissant une conservation durable de la structure d’origine et des caractéristiques importantes de chaque site, chaque fois que c’était possible. Dans tous les cas, ces travaux reposaient sur une documentation exceptionnellement complète. Très peu de caractéristiques ont été modifiées. Les modifications et remplacements d’éléments matériels des composants doivent être vus comme un moyen de préserver la forme et l’utilisation des biens. Dans les cas où la fonction d’origine a changé, l’utilisation actuelle reste pleinement cohérente par rapport à la conception d’origine.

    La relation entre les sites et leur environnement est en général acceptable. Les zones résidentielles à faible densité où se trouvent certains des édifices n’ont pas subi de changements significatifs au fil du temps, mais cet aspect doit être pris en compte par les systèmes de protection et de gestion. Dans le cas des édifices situés dans un cadre naturel, seul Taliesin West pose problème, en raison de l’expansion de la ville de Scottsdale.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Chaque bien a été désigné individuellement par le Département de l’intérieur des États-Unis (United States Department of the Interior) comme Site historique national (NHL). Il s’agit du niveau de protection le plus élevé aux termes de la loi fédérale. L’un des composants de la série appartient aux autorités locales, les autres étant des propriétés privées, qui appartiennent à des organisations à but non lucratif, à des fondations, et à un individu. Chaque bâtiment est protégé des transformations, démolitions, et autres modifications inappropriées, grâce à des clauses restrictives dans les actes de vente, des ordonnances de conservation et des lois de zonage au niveau local, des servitudes de conservation privées, et des lois de l’État. Des mesures de conservation active ont été prises pour tous les composants.

    Chaque site dispose d’un système de gestion efficace, qui fait appel à une série d’orientations sur la planification et la conservation. L’organe de coordination de la gestion est le Frank Lloyd Wright World Heritage Council, établi en 2012 par le biais d’un protocole d’entente entre le Frank Lloyd Wright Building Conservancy et les propriétaires et/ou représentants des propriétaires des composants individuels. Le Frank Lloyd Wright Building Conservancy, une ONG, dont les bureaux se situent à Chicago, organisée dans le but de préserver et de protéger les œuvres de Frank Lloyd Wright qui subsistent, coordonne le travail du Conseil. Comme le Conseil sert d’organe consultatif, son rôle dans le processus de prise de décisions devrait être renforcé.

    L’élaboration et la mise en œuvre de plans de gestion pour les composants qui n’en disposent pas encore sont recommandées. La préparation aux risques et la gestion des visiteurs doivent être envisagées pour tous les composants du bien en série.

    Les indicateurs clés destinés à assurer le suivi de l’état de conservation des bâtiments, selon leurs caractéristiques spécifiques, ont été identifiés. Ils sont principalement liés aux matériaux de construction et, dans le cas de la maison sur la cascade et de Taliesin West, aux caractéristiques paysagères. Cependant ces indicateurs ne sont pas liés directement aux attributs proposés par l’État partie pour transmettre la valeur universelle exceptionnelle du bien en série.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. Envisager, pour Taliesin, une modification mineure des limites de la zone du bien, afin d’englober toutes les structures conçues par Frank Lloyd Wright,
    2. Renforcer la protection du cadre de la maison Robie, en particulier pour contrôler l’impact d’un développement potentiel à Woodlawn Garden, en envisageant la possibilité d’une modification mineure des limites de la zone tampon,
    3. Renforcer les compétences du Frank Lloyd Wright World Heritage Council, afin d’assurer une gestion coordonnée appropriée du bien en série,
    4. Développer et mettre en œuvre des plans de gestion pour les composants individuels qui n’en disposent pas, afin d’englober les instruments de conservation et de gestion existants qui sont déjà en place, en incluant la gestion des risques et des visiteurs ;
  5. Encourage l’État partie à procéder à l’extension de la série à l’avenir, quand les conditions requises pour les composants supplémentaires seront réunies.

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Code : 40 COM 8B.16

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/16/40.COM/8B, WHC/16/40.COM/INF.8B1 et WHC/16/40.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit Les Ahwar du sud de l’Iraq : refuge de biodiversité et paysage relique des villes mésopotamiennes, Iraq, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (iii), (v), (ix) et (x);
  3. Prend note de la Déclaration provisoire de valeur universelle exceptionnelle suivante :
    [Texte uniquement disponible en anglais]
  4. Félicite l’État partie pour les travaux de restauration des zones humides des Ahwar de l’Iraq méridional entrepris à ce jour, et l’encourage vivement à poursuivre ces travaux afin de sécuriser durablement les flux minimums nécessaires au bien et à ses zones tampons ;
  5. Demande à l’État partie, avec le soutien de l’UICN, de l’ICOMOS et du Centre du patrimoine mondial, de :
    1. en ce qui concerne le patrimoine naturel :
      1. mener d’autres études concernant les flux d’eau minimums nécessaires pour maintenir la biodiversité et les processus écologiques du bien inscrit,
      2. mener d’autres études pour confirmer la diversité des plantes, des vertébrés et des invertébrés dans le bien et les paysages environnants,
      3. terminer le classement de tous les éléments du bien en tant qu’aires protégées légales, et de garantir une protection légale effective pour réglementer les concessions pétrolières et gazières ainsi que d’autres activités pouvant être préjudiciables dans les zones tampons du bien,
      4. apporter un appui au maintien des connaissances écologiques traditionnelles détenues par les hommes et les femmes des communautés Ma’adan « Arabes des marais », ainsi que pour une approche de la gestion basée sur les droits, reconnaissant l’utilisation coutumière du bien ;
    2. en ce qui concerne le patrimoine culturel :
      1. afin de commencer à traiter les conditions de conservation très instables des sites archéologiques, entreprendre un programme d’études pour établir un niveau de référence de l’état de conservation du bien,
      2. développer des programmes de conservation pour les trois villes sur la base des études qui exposent clairement les différentes options d’intervention,
      3. produire un plan directeur/feuille de route détaillé qui garantit la conservation du bien sur une base durable ;
    3. garantir la mise en œuvre effective du plan de gestion consolidé et le diffuser en anglais et en arabe, qui présente les systèmes de gouvernance et la manière dont il se rapporte aux plans de gestion des sites individuels constitutifs, et garantit une consultation effective et la communication de ce plan aux communautés locales et autres acteurs,
    4. mettre en place un programme pour garantir un niveau adéquat de protection et de capacités de gestion effectives à l’échelle du bien, pour tous les éléments constitutifs du bien et les activités appropriées de renforcement des capacités ;
  6. Demande en outre à l’État partie de soumettre une version corrigée de la proposition d’inscription ainsi qu’une carte indiquant les limites conformément à la déclaration conjointe signée avec l’État partie de la République islamique d’Iran ;
  7. Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2017, un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 42e session en 2018

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Le Compendium des politiques générales du patrimoine mondial a pu être élaboré grâce à la contribution financière du Gouvernement de l’Australie.

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