L'UNESCO appelle à un investissement substantiel dans le domaine de la science pour protéger le patrimoine mondial marin contre l'impact du climat
17 novembre 2021 -- Un nouveau rapport, Feuille de route des sciences océaniques pour le patrimoine mondial marin de l’UNESCO, révèle que les trois quarts des sites du patrimoine mondial marin ne sont pas préparés aux impacts du changement climatique, en raison d'un manque de connaissances scientifiques. La feuille de route identifie les lacunes scientifiques critiques qui empêchent la protection durable des sites du patrimoine mondial marin dans un contexte d’avenir incertain et appelle à une augmentation considérable des investissements dans le cadre de la Décennie de l’océan des Nations Unies.
Le changement climatique influe sur de nombreux sites du patrimoine mondial marin et constitue le plus grand défi de gestion dans un océan en mutation rapide. Quelque 70 % des sites du patrimoine mondial marin sont actuellement menacés par le changement climatique, selon les résultats 2020 de l’Horizon du patrimoine mondial de l'UICN. Alors que le monde cherche à limiter le réchauffement à 1,5°C, il est vital de prendre des mesures dès maintenant pour protéger les sites marins les plus exceptionnels de la planète.
La feuille de route, qui a été lancée aujourd'hui lors d'un événement de haut niveau dans le cadre de la 41e session de la Conférence générale de l'UNESCO, met en évidence les principales lacunes en matière de capacités et d'infrastructures de recherche, explore les technologies et les capacités requises pour une prise de décision fondée sur la science, ainsi que les financements et les ressources durables nécessaires pour soutenir la recherche nécessaire à la conservation durable des sites. Elle décrit les informations dont les sites ont besoin pour évaluer la vulnérabilité au climat et utiliser une science ciblée pour soutenir les efforts de conservation et de gestion.
"Les sites du patrimoine mondial marin de l'UNESCO servent de sentinelles et d'observateurs du changement sur les lignes de front de notre urgence climatique."
-- S.E. l'Ambassadeur Peter Thomson, Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l'Océan
La feuille de route indique que 88 % des sites du patrimoine mondial marin recueillent des observations océaniques de base, que 70 % utilisent l'observation et l'imagerie par satellite ou des capteurs physiques et que 43 % des sites disposent d'une station de recherche spécialisée. Pourtant, 63 % d'entre eux ne disposent pas de l'équipement nécessaire pour surveiller l'impact du changement climatique sur la valeur universelle exceptionnelle des sites, c'est-à-dire leur portée culturelle et/ou naturelle, unique et exceptionnelle, qui doit être préservée pour les générations à venir. Plus de 60 % des sites ne savent pas comment le changement climatique va modifier la répartition géographique des espèces et quelles sont les espèces les plus menacées, ou n'ont pas les moyens d'entreprendre des projections climatiques pour leur site selon différents scénarios d'émissions.
Elle souligne que seul un site du patrimoine mondial marin sur cinq en Afrique et dans les PEID reçoit un soutien privé ou philanthropique pour la recherche océanique, alors qu'ils sont exposés à un risque disproportionné de changement climatique par rapport aux sites situés ailleurs dans le monde.
La feuille de route est le résultat d'une enquête d'évaluation scientifique menée par l'UNESCO sur l'état actuel des sciences et connaissances océaniques dans les sites du patrimoine mondial marin réalisée auprès des équipes de gestion locales, et d'une conférence d'une journée ayant réuni plus de 100 gestionnaires, scientifiques et philanthropes de premier plan pour étudier les lacunes et les priorités scientifiques des sites du patrimoine mondial marin.
La feuille de route est lancée au début de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (Décennie de l'océan ; 2021-2030), qui offre l'occasion unique d'exploiter la science pour gérer durablement l'océan. La feuille de route demande à la communauté scientifique internationale d'augmenter considérablement les investissements scientifiques dans les sites du patrimoine mondial marin afin de concevoir et de fournir conjointement la science dont nous avons besoin pour l'océan que nous voulons.
Les 50 sites marins inscrits sur la Liste du patrimoine mondial abritent plus de 20 % des écosystèmes de carbone bleu de la planète et représentent certaines des dernières zones de refuge pour les espèces vulnérables, en danger ou en danger critique d'extinction figurant sur la Liste rouge de l'UICN. Ils ont des répercussions bien au-delà des limites de leur site et les mesures prises aujourd'hui pour les préserver porteront leurs fruits dans tout l'océan et pour les années à venir.
La feuille de route des sciences océanographiques pour le patrimoine mondial marin de l'UNESCO est le fruit d'une collaboration entre la Commission océanographique intergouvernementale de l'UNESCO et le Programme marin du patrimoine mondial du Secteur de la Culture. Elle a été élaborée dans le cadre de la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable (2021-2030). L'initiative a reçu le soutien du Gouvernement de la Flandre (Royaume de Belgique), de la Principauté de Monaco et de l'Office français de la biodiversité.