Site archéologique de Panamá Viejo et district historique de Panamá
Facteurs affectant le bien en 2010*
- Cadre juridique
- Destruction délibérée du patrimoine
- Gouvernance
- Habitat
- Identité, cohésion sociale, modifications de la population locale / des communautés
- Ressources financières
- Ressources humaines
- Système de gestion/plan de gestion
- Autres menaces :
Dégradation importante des bâtiments historiques menaçant la valeur universelle exceptionnelle du bien
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
a) Dégradation importante des bâtiments historiques menaçant la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
b) Conflits d'intérêts entre les différentes parties en présence sur les questions d'utilisation, de gestion et de conservation du centre historique ;
c) Capacités limitées pour la réhabilitation et l'entretien des ensembles historiques ;
d) Carences dans la mise en œuvre du cadre légal nécessaire à la protection ;
e) Absence de mise en œuvre de politiques lisibles de conservation et de gestion du bien ;
f) Démolitions d'ensembles urbains et historiques ;
g) Déplacement imposé aux occupants et aux squatters.
h) Projets de développement urbain dans la zone de protection (Cinta Costera)
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2010
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2010**
Mars 2009 : mission de suivi réactif Centre du patrimoine mondial / ICOMOS ; Mars 2010: mission technique au site archéologique de Panamá viejo et district historique de Panama, à l'occasion de la mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/ICOMOS, à la demande des autorités panaméennes.
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2010
Le Centre du patrimoine mondial a reçu des informations concernant l’état de conservation du bien ainsi que des informations supplémentaires concernant Panama Viejo le 20 octobre 2009. L’État partie a soumis un plan d’urgence prévoyant des mesures correctives pour le bien, duquel peuvent être glanées quelques informations sur la mise en œuvre de la Décision du Comité du patrimoine mondial. De plus, profitant d’une mission de suivi réactif aux Fortifications de la côte caraïbe du Panama, les autorités nationales ont demandé une visite technique du bien pour une évaluation de l’état et des problèmes actuels.
Les informations reçues et la visite technique au bien ont mis en lumière les inquiétudes concernant le District historique de Panama et indiquent que l’absence de politique claire concernant la préservation et le développement de la zone affecte gravement le site. On relève des cas d’interventions et de modifications agressives ayant causé des dommages irréversibles à l’intégrité et à l’authenticité du site. Les bâtiments laissés à l’abandon sont en danger d’effondrement et les fonds précédemment alloués par la Banque Interaméricaine de Développement (BID) au logement social ont été réorientés vers d’autres projets, aggravant les conditions sociales qui existent dans le site.
a. Plan d’urgence
L’ICOMOS a évalué le document soumis par l’État partie et constate qu’il propose une représentation et une évaluation réalistes de l’état actuel du bien au moyen d’une analyse FFPM, qu’il tire des conclusions sur les risques et les vulnérabilités et soumet une liste de mesures visant à identifier les risques et les menaces. Le document reflète les efforts pour faits pour réaliser une analyse complète de la situation actuelle, de l’état de conservation du bien à l’évaluation du cadre juridique et réglementaire existant, qui confirme les inquiétudes signalées par les missions de suivi réactif et d’expertise et identifiées dans les Décisions antérieures du Comité du patrimoine mondial. Malgré cette évaluation détaillée, les propositions d’actions sont limitées et il n’y a aucune indication de calendrier, de sources de financement ou de mode de mise en œuvre des actions et mesures correctives. De même, les critères et les méthodes d’intervention sur les bâtiments historiques font défaut. Le document est orienté vers une vision stratégique à long terme de la gestion et de la conservation du bien, qui réclamerait un travail plus fouillé, et néglige le plan d’action d’urgence demandé par le Comité du patrimoine mondial.
b. Mesures législatives et réglementaires et dispositions de gestion du bien
Le plan soumis fournit une analyse détaillée des mécanismes de gouvernance du bien. Toutefois, il n’est pas indiqué si les dispositions existantes seront révisées dans un proche avenir afin d’améliorer la protection du bien et d’assurer la durabilité du système de gestion actuellement en place. De même, aucune mesure d’application des instruments juridiques n’est indiquée.
Selon les Décisions antérieures du Comité du patrimoine mondial, il n’y a pas eu d’amélioration patente en termes de gestion coordonnée du bien. Il a été souligné que les conditions de gestion des deux sites qui composent le bien inscrit au patrimoine mondial sont très différentes : Panama Viejo est géré par Patronato, tandis que les dispositions concernant le District historique ont encore besoin d’être évaluées et organisées, comme le suggéraient déjà des Décisions antérieures du Comité du patrimoine mondial, la mission de suivi réactif de 2009 et la mission d’expertise de 2010. Un système de gestion coordonné pour les deux sites doit être établi aussitôt que possible.
c. Zone tampon
Le document indique que la zone tampon du district historique est en cours d’évaluation. On ne dispose d’aucune information sur le calendrier d’approbation juridique ou sur les mesures réglementaires prévues.
d. Interventions sur les monuments historiques
Concernant Panama Viejo, le document soumis par l’État partie comprend la proposition d’intervention sur la Plaza Mayor. La mission a constaté que Patronato continue de travailler avec efficacité et engagement. Plusieurs interventions destinées à adapter une partie de l’espace monumental à de nouvelles fonctions ont été soigneusement mises en œuvre. Le projet de nouvelle exposition et de matériels d’interprétation sur le site a été récemment modifié, le déplaçant à quelque distance de la vieille tour, suivant les recommandations de la mission de 2009.
Concernant le Centre historique, le document ne fournit aucune information sur les projets prévus et en cours, y compris les modifications structurelles réalisées à l’Hotel Central et les impacts sur l’immeuble PH Plaza Independencia.
La mission a constaté que bien que l’Institut national de culture (Instituto Nacional de Cultura) (INAC), le Directorat du patrimoine historique national (DNPH) et la Oficina del Casco Antiguo (OCA) travaillent avec persévérance et montrent un soin particulier dans la recherche de solutions aux problèmes signalés par le Comité du patrimoine mondial, de nombreux aspects négatifs persistent. Plusieurs bâtiments ont été réhabilités et beaucoup d’autres sont en cours de réhabilitation. Toutefois, un grand nombre de bâtiments sont mal entretenus et menacent ruine. La mission a également noté que la spéculation immobilière continue d’influencer les processus de prise de décision, conduisant à des interventions nuisibles pour le bien.
e. Politique du logement dans le district historique
Les informations envoyées ne précisent pas si une décision ou des progrès ont été réalisés dans ce sens. Le Plan d’urgence devrait comprendre un programme détaillé concernant les bâtiments qui doivent être transformés en logements, les types d’interventions prévues, les calendriers et les budgets pour la mise en œuvre, entre autres. Aucune information concernant la mise en œuvre de quelques-unes des recommandations de la mission de suivi réactif de 2009 n’a été incluse, en particulier concernant la mobilisation financière pour les processus d’investissement public dans la construction de logement et l’infrastructure, et la politique durable pour l’amélioration des conditions de vie des familles à faible revenu.
La mission a noté que des travaux très limités pour la production de logements sociaux sont actuellement en cours et que l’intensité des conflits sociaux a diminué. Elle souligne aussi que les fonds alloués par la BID pour le logement social ont été attribués à d’autres domaines, conduisant à l’annulation d’initiatives qui avaient été considérées comme des réussites. La mission considère que l’embourgeoisement du bien continue de progresser.
f. Avenida Cincuentenario
Ce projet concerne essentiellement Panama Viejo, où cinq itinéraires différents ont été identifiés et soumis aux autorités nationales et sont actuellement en cours d’évaluation par le Ministère des travaux publics et d’autres entités concernées. Aucune preuve de budget approuvé ou de date de mise en œuvre de projet n’a été fournie. Selon la mission d’experts de 2010, Patronato soutient la solution proposée par la mission de suivi réactif de 2009 qui préfèrerait que le projet soit développé en bordure du site, car cette solution semble générer un impact moindre et contribuera à mieux délimiter le bien.
g. Cinta Costera
Le projet de la Cinta Costera est une autoroute côtière construite dans la zone côtière de Terraplan qui devrait se poursuivre en bordure du Centre historique et qui comporte un projet de tunnel passant en dessous de la zone principale du site. A sa 33e session, le Comité du patrimoine national a demandé à l’État partie, conformément au paragraphe 172 des Orientations, de soumettre au Centre du patrimoine mondial et aux Organisations consultatives un rapport final comprenant l’analyse et le suivi des impacts potentiels de ce projet.
La mission de 2010 a constaté que l’État partie avait lancé l’exécution de ce projet. Aucune information complémentaire ne pouvait être fournie concernant les impacts sociaux, les conditions de conservation, l’évaluation de l’impact, etc. de ce projet. La mission en a déduit que ces évaluations n’avaient pas été entreprises.
h. Autres questions
Dans le cadre de l’exercice du rapport périodique pour la région, « l’Atelier sur la préparation de l’inventaire rétrospectif, de la déclaration de valeur universelle exceptionnelle rétrospective des biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial et une introduction au Second cycle de rapport périodique pour la région Amérique latine et Caraïbes » s’est tenu en novembre 2009 à Buenos Aires, Argentine. Le point focal du Panama a participé à cet atelier et a reçu une formation pour produire la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle rétrospective. L’État partie a envoyé une proposition qui doit être révisée et soumise de nouveau au Centre du patrimoine mondial d’ici le 31 juillet 2010.
Aucune information sur l’évaluation et la mise à jour du Plan directeur actuel et la réglementation détaillée s’appliquant au District historique n’a été soumises.
Pour conclure, le Centre du patrimoine mondial et les Organisations consultatives considèrent que les informations reçues ne fournissent pas de propositions d’actions précises et définies pour traiter les menaces actuelles qui pèsent sur le bien et qui ont été soulignées par la mission de suivi réactif de 2009 et dans les Décisions prises par le Comité du patrimoine mondial. Il n’y a pas de programme clair ni d’informations techniques complètes concernant la manière dont les problèmes critiques, notamment le logement social et les conflits qui en découlent, les impacts de la Cinta Costera et de l’itinéraire de l’Avenida Cincuentenario, seront traités. Le document n’indique pas comment le plus haut niveau d’autorité s’engagera en faveur de la conservation du bien ou la définition d’une politique claire pour la préservation et le développement de la zone historique.
Le Centre du patrimoine mondial et les organisations consultatives considèrent que, du fait de la situation d’urgence telle qu’elle a déjà été discutée aux précédentes sessions du Comité du patrimoine mondial qui affecte une grande proportion de bâtiments du District historique, et qui comporte bien d’autres types de menaces, et étant donné la réponse très limitée observée par les diverses missions, il est évident que la situation actuelle menace les attributs du District historique qui justifient la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Ils considèrent qu’il est justifié que le Comité du patrimoine mondial envoie une mission de suivi réactif pour évaluer l’état de conservation du bien et les progrès réalisés dans le traitement des diverses menaces en vue d’inscrire le bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2011 si aucun progrès significatif n’était fait.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2010
34 COM 7B.113
Site archéologique de Panamá Viejo et district historique de Panamá (Panama) (C 790bis)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B.Add,
2. Rappelant la décision 33 COM 7B.141, adoptée à sa 33e session (Séville, 2009),
3. Prend note du Plan d'urgence soumis par l'État partie et le prie instamment de:
a) définir la zone tampon de Panama Viejo et du District historique, notamment la définition de mesures réglementaires, et de soumettre les données au Centre du patrimoine mondial et aux Organisations consultatives pour évaluation,
b) approuver la proposition d'améliorer la protection juridique et les mesures réglementaires du bien et établir une autorité de gestion permanente afin d'assurer l'adéquation et l'efficacité des dispositions de gestion,
c) définir des politiques de conservation de la zone historique, y compris des critères de réhabilitation et de constructions susceptibles d'avoir un impact sur le bien,
d) garantir les ressources financières et techniques nécessaires pour mettre en oeuvre des actions et traiter les menaces qui pèsent sur la valeur universelle exceptionnelle, l'intégrité et l'authenticité du bien;
4. Demande à l'État partie d'arrêter le projet de la Cinta Costera et de soumettre, conformément au paragraphe 172 des Orientations, les études techniques et l'évaluation d'impact nécessaires au Centre du patrimoine mondial et aux organisations consultatives avant acceptation et mise en œuvre;
5. Demande également à l'État partie d'inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/Organisations consultatives en 2010 afin d'évaluer l'Etat des interventions sur les monuments historiques, les dispositions de gestion actuelles et l'État de conservation du bien ;
6. Demande en outre à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2011, un rapport sur la question susmentionné, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011, en vue d'envisager, en l'absence de progrès substantiel, l'inscription possible du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision: 34 COM 7B.113
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-10/34.COM/7B.Add,
2. Rappelant la décision 33 COM 7B.141, adoptée à sa 33e session (Séville, 2009),
3. Prend note du Plan d’urgence soumis par l’État partie et lui conseille vivement de :
a) définir la zone tampon de Panama Viejo et du District historique, notamment la définition de mesures réglementaires, et de soumettre les données au Centre du patrimoine mondial et aux Organisations consultatives pour évaluation,
b) approuver la proposition d’améliorer la protection juridique et les mesures réglementaires du bien et établir une autorité de gestion permanente afin d’assurer l’adéquation et l’efficacité des dispositions de gestion,
c) définir des politiques de conservation de la zone historique, y compris des critères de réhabilitation et de constructions susceptibles d’avoir un impact sur le bien,
d) garantir les ressources financières et techniques nécessaires pour mettre en oeuvre des actions et traiter les menaces qui pèsent sur la valeur universelle exceptionnelle, l’authenticité et l’intégrité du bien,
4. Demande à l’État partie d’arrêter le projet de la Cinta Costera et de soumettre, conformément au paragraphe 172 des Orientations, les études techniques et l’évaluation d’impact nécessaires au Centre du patrimoine mondial et aux organisations consultatives avant acceptation et mise en œuvre ;
5. Demande également à l’État partie d’inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/Organisations consultatives en 2010 afin d’évaluer l’état des interventions sur les monuments historiques, les dispositions de gestion actuelles et l’état de conservation du bien ;
6. Demande en outre à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2011, un rapport sur les recommandations susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011, en vue d’envisager, en l’absence de progrès substantiels, l’inscription du bien sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.