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Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret

France
Facteurs affectant le bien en 2024*
  • Habitat
  • Système de gestion/plan de gestion
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
  • Habitat (tour de grande hauteur)
  • Faiblesse des systèmes de planification et de gestion en place
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2024

Néant

Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2024
Demandes approuvées : 0
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2024**

Mai-juin 2023 : mission de conseil conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS ; mars 2024 : mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS 

Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2024

Entre 2019 et 2023, un édifice de grande hauteur a été érigé au sein du bien du patrimoine mondial, sans que le Comité du patrimoine mondial en ait été préalablement notifié, comme demandé par le paragraphe 172 des Orientations. Une mission de conseil, menée les 31 mai et 1er juin 2023, a émis une série de recommandations qui ont été approuvées par le Comité du patrimoine mondial dans sa décision 45 COM 7B.184. Le 26 janvier 2024, l’État partie a soumis un rapport sur l’état de conservation qui est disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1181/documents et présente les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la décision susmentionnée, comme suit :

  • Le Code du patrimoine de 2016 définit les responsabilités des différents niveaux de l’administration publique dans la préservation de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) des biens du patrimoine mondial ;
  • Le plan local d’urbanisme (PLU) est le principal instrument de planification au niveau municipal, tandis que les sites patrimoniaux remarquables (SPR) sont régis par les règles relatives aux aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP). Garantir une cohérence entre l’AVAP et les dispositions du PLU est obligatoire ;
  • Pour renforcer le système de protection, l’État partie entend modifier la réglementation du SPR pour fournir un cadre rigoureux aux exceptions existantes en les supprimant dans le périmètre du bien du patrimoine mondial et en les précisant dans la zone tampon. Ces modifications seront intégrées dans le PLU mis à jour afin d’en garantir la cohérence. La décision concernant l’approbation de ces modifications est attendue d’ici le printemps 2025. Le projet de PLU intercommunal (PLUi) intégrera les modifications susmentionnées et devrait être approuvé d’ici fin 2025 ;
  • Des expériences d’éclairage des façades seront présentées à la mission de suivi réactif. Aucun dispositif d’éclairage spécifique n’est envisagé pour la tour Alta et les seuls éclairages prévus sont à des fins résidentielles et fonctionnelles. Afin d’éviter la formation d’un halo sur le dessous des balcons, il a été demandé que des luminaires soient placés à l’extérieur, loin de la façade. La ville du Havre, en consultation avec les architectes des Bâtiments de France (ABF) et la direction régionale des Affaires culturelles (DRAC), envisage d’élaborer une étude urbaine pour reconsidérer les espaces publics autour de la tour, sur la base des recommandations de la mission de conseil. Les résultats de l’étude seront incorporés dans les orientations d’aménagement et de programmation du PLU et, à terme, dans le PLUi consolidé ;
  • Des activités visant à améliorer la performance énergétique des bâtiments existants ont été mises en place depuis les années 1980 et se poursuivront. La Communauté Urbaine le Havre Seine Métropole apporte un soutien financier aux copropriétaires de bâtiments classés pour leurs projets d’efficience énergétique. Afin de préserver la biodiversité, la réglementation SPR encourage la préservation et l’augmentation des espaces verts dans les îlots de construction. En ce qui concerne les espaces publics, leur gestion vise à rééquilibrer les écosystèmes urbains en augmentant et en diversifiant la végétation par le biais du plan Nature en ville.

Une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS, dont le rapport est disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1181/documents, a été effectuée du 27 au 28 mars 2024. 

Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2024

L’État partie a annoncé des mesures pour remédier aux impacts négatifs de la tour Alta et pour renforcer le système de protection afin d’éviter la possibilité de projets futurs ayant des impacts négatifs sur la VUE du bien. Ces mesures n’ont pas encore été mises en œuvre.

La mission de suivi réactif de 2024 a constaté que les principales recommandations faites à l’État partie dans le but d’améliorer l’état de conservation général du bien depuis la mission de conseil de 2023 n’ont pas été mises en œuvre. L’analyse du système actuel de protection et de gestion révèle une situation difficile, en particulier en ce qui concerne les exigences découlant du statut de patrimoine mondial au niveau local. Ces dernières années, plusieurs projets importants ont été entrepris dans le bien et sa zone tampon sans que le Comité en soit informé, comme le requiert le paragraphe 172 des Orientations. L’État partie ne s’est pas non plus systématiquement conformé aux dispositions des Orientations sur les évaluations d’impact. De plus, la fonction protectrice de la zone tampon n’est pas garantie.

L’État partie s’est engagé à modifier la réglementation du SPR pour renforcer l’actuel système de protection du bien. Cependant, comme noté par la mission, l’intention d’autoriser une hauteur maximale de 35 mètres dans une partie de la zone tampon, conjuguée à la possibilité d’ériger des constructions « sans hauteur maximale » dans un axe visuel majeur immédiatement situé derrière le World Trade Centre, augmenterait la vulnérabilité du bien, alors même qu’en 2023, le Comité du patrimoine mondial a noté avec inquiétude que l’intégrité du bien pourrait ne plus être garantie. Il est donc suggéré que le Comité demande à l’État partie d’exclure toute possibilité de constructions de plus de 25 mètres et sept étages non seulement au sein du bien mais aussi dans l’ensemble de la zone tampon.

Malheureusement, la mission a constaté que l’intégration de la tour Alta dans le bien semble problématique en raison de sa couleur, de son rez-de-chaussée aveugle et de la suppression de la « perméabilité visuelle » prévue pour le bâtiment. L’étude d’urbanisme annoncée se révèle d’une importance stratégique pour atténuer partiellement l’impact négatif de la tour Alta d’un point de vue urbain. Toutefois, son potentiel d’atténuation est diminué par le projet en cours sur la place du Vieux Marché dans le quartier Notre-Dame, qui s’écarte du plan Protection-Évolution en faisant de l’espace public un espace à dominante végétale plutôt que minérale. Le projet n’a pas été notifié au Centre du patrimoine mondial comme l’exige le paragraphe 172 et sa mise en œuvre laisse apparaître un manque de conformité avec le système local de protection du bien. 

La mission a identifié d’autres projets susceptibles d’avoir un impact sur un ou plusieurs attributs qui sous-tendent la VUE du bien. Le Comité du patrimoine mondial peut souhaiter demander que la documentation des projets soit soumise au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’ICOMOS avant toute décision. L’examen des projets en cours ou nouveaux au sein du bien a également confirmé la nécessité de renforcer le système de protection et de gestion du bien par un ensemble combiné de mesures, y compris la mise en œuvre systématique des Orientations en matière de notification préalable et d’évaluations d’impact sur le patrimoine, conformément aux paragraphes 172 et 118bis respectivement.

La mission a également noté les défis posés par la restauration des façades en béton des îlots historiques reconstruits par Auguste Perret, tout en cherchant des solutions pour réduire leur consommation d’énergie, et a fourni des recommandations ad hoc.

Tout cela confirme la vulnérabilité croissante des attributs porteurs de VUE du bien. La mission de suivi réactif a proposé un certain nombre de mesures essentielles pour renforcer la protection du bien et améliorer son état de conservation, mesures que le Comité du patrimoine mondial pourrait souhaiter recommander à l’État partie de mettre pleinement en œuvre afin de réduire la vulnérabilité du bien et garantir le maintien de sa VUE à long terme.

Décisions adoptées par le Comité en 2024
46 COM 7B.6
Le Havre, la ville reconstruite par Auguste Perret (France) (C 1181)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant la décision 45 COM 7B.184 adoptée à sa 45e session élargie (Riyad, 2023),
  3. Rappelle à l’État partie la nécessité de l’informer, par l’intermédiaire du Centre du patrimoine mondial, avant de prendre des décisions difficilement réversibles, de l’intention d’entreprendre ou d’autoriser, dans une zone protégée par la Convention, des restaurations importantes ou de nouvelles constructions qui pourraient modifier la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, comme l’exige le paragraphe 172 des Orientations ;
  4. Demande à l’État partie de fournir au Centre du patrimoine mondial la documentation relative aux propositions suivantes mentionnées lors de la mission de suivi réactif de 2024 :
    1. le cahier des charges de l’étude d’urbanisme en cours en amont du développement d’un projet de futur World Trade Center,
    2. le projet en cours sur le site de l’ancienne École de commerce et le nouveau centre de sports nautiques proposé sur le boulevard Clémenceau,
    3. tout autre projet susceptible d’affecter la VUE du bien ;
  5. Demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre dès que possible les recommandations déjà formulées par la mission de conseil de 2023, en particulier de rapidement réaliser l’étude d’urbanisme des quartiers Notre-Dame et Saint-François, incluant la zone dite « Triangle monumental », et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’ICOMOS et, à cet égard, demande également à l’État partie :
    1. d’accorder une attention particulière au respect des règles des Aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) - Sites patrimoniaux remarquables (SPR) énoncées et précisées dans le plan Protection-Évolution, notamment en ce qui concerne la Place du Vieux Marché,
    2. de ne pas modifier le plan Protection-Évolution pour permettre tout nouveau développement qui ne s’y conforme pas ;
  6. Recommande que l’État partie prenne en compte les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, en particulier les paragraphes sur le rôle de la zone tampon et du cadre plus large, ainsi que la Recommandation de 2011 de l’UNESCO concernant le paysage urbain historique (PUH), lors de la révision de la réglementation SPR ;
  7. Recommande vivement à l’État partie de veiller à ce que le document d’urbanisme révisé prévoie la règle générale de hauteur maximale pour les nouvelles constructions (25 mètres et sept étages) non seulement au sein du bien, mais aussi dans toute sa zone tampon, et supprime la possibilité d’ériger des constructions sans limite de hauteur dans l’axe de la composition monumentale du Bassin du Commerce ;
  8. Recommande en outre que l’État partie inclue, in extenso, dans la législation sur l’urbanisme et le patrimoine du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) :
    1. le paragraphe 172 des Orientations,
    2. les règles générales (AVAP valant SPR) concernant la qualité architecturale des nouvelles constructions à édifier dans le périmètre du bien et de sa zone tampon ;
  9. Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre le projet final du document SPR amendé au Centre du patrimoine mondial avant de le soumettre à la Commission SPR locale, puis de le porter dans sa forme finale approuvée à l’attention du Comité du patrimoine mondial ;
  10. Recommande de plus à l’État partie de revoir le plan de gestion du bien, suite à la révision du SPR, et de s’assurer qu’il est cohérent avec le maintien de la VUE du bien, en :
    1. prenant en compte le SPR révisé,
    2. intégrant certaines dispositions des Orientations, en particulier les paragraphes 112, 118bis et 172, et
    3. veillant à ce qu’il soit actualisé dans l’esprit de la Recommandation de 2011 de l’UNESCO sur le PUH ;
  11. Demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre toutes les autres recommandations de la mission de suivi réactif de 2024 et de la mission de conseil de 2023 ;
  12. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 48e session. 
Projet de décision : 46 COM 7B.6

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7B.Add.2,
  2. Rappelant la décision 45 COM 7B.184, adoptée à sa 45e session élargie (Riyad, 2023),
  3. Rappelle à l’État partie la nécessité de l’informer, par l’intermédiaire du Centre du patrimoine mondial, avant de prendre des décisions difficilement réversibles, de l’intention d’entreprendre ou d’autoriser, dans une zone protégée par la Convention, des restaurations importantes ou de nouvelles constructions qui pourraient modifier la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien, comme l’exige le paragraphe 172 des Orientations ;
  4. Demande à l’État partie de fournir au Centre du patrimoine mondial la documentation relative aux propositions suivantes mentionnées lors de la mission de suivi réactif de 2024 :
    1. le cahier des charges de l’étude d’urbanisme en cours en amont du développement d’un projet de futur World Trade Center,
    2. le projet en cours sur le site de l’ancienne École de commerce et le nouveau centre de sports nautiques proposé sur le boulevard Clémenceau,
    3. tout autre projet susceptible d’affecter la VUE du bien ;
  5. Demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre dès que possible les recommandations déjà formulées par la mission de conseil de 2023, en particulier de rapidement réaliser l’étude d’urbanisme des quartiers Notre-Dame et Saint-François, incluant la zone dite « Triangle monumental », et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’ICOMOS et, à cet égard, demande également à l’État partie :
    1. d’accorder une attention particulière au respect des règles des Aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP) - Sites patrimoniaux remarquables (SPR) énoncées et précisées dans le plan Protection-Évolution, notamment en ce qui concerne la Place du Vieux Marché,
    2. de ne pas modifier le plan Protection-Évolution pour permettre tout nouveau développement qui ne s’y conforme pas ;
  6. Recommande que l’État partie prenne en compte les Orientations devant guider la mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, en particulier les paragraphes sur le rôle de la zone tampon et du cadre plus large, ainsi que la Recommandation de 2011 de l’UNESCO concernant le paysage urbain historique (PUH), lors de la révision de la réglementation SPR ;
  7. Recommande vivement à l’État partie de veiller à ce que le document d’urbanisme révisé prévoie la règle générale de hauteur maximale pour les nouvelles constructions (25 mètres et sept étages) non seulement au sein du bien, mais aussi dans toute sa zone tampon, et supprime la possibilité d’ériger des constructions sans limite de hauteur dans l’axe de la composition monumentale du Bassin du Commerce ;
  8. Recommande en outre que l’État partie inclue, in extenso, dans la législation sur l’urbanisme et le patrimoine du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) :
    1. le paragraphe 172 des Orientations,
    2. les règles générales (AVAP valant SPR) concernant la qualité architecturale des nouvelles constructions à édifier dans le périmètre du bien et de sa zone tampon ;
  9. Demande par ailleurs à l’État partie de soumettre le projet final du document SPR amendé au Centre du patrimoine mondial avant de le soumettre à la Commission SPR locale, puis de le porter dans sa forme finale approuvée à l’attention du Comité du patrimoine mondial ;
  10. Recommande de plus à l’État partie de revoir le plan de gestion du bien, suite à la révision du SPR, et de s’assurer qu’il est cohérent avec le maintien de la VUE du bien, en :
    1. prenant en compte le SPR révisé,
    2. intégrant certaines dispositions des Orientations, en particulier les paragraphes 112, 118bis et 172, et
    3. veillant à ce qu’il soit actualisé dans l’esprit de la Recommandation de 2011 de l’UNESCO sur le PUH ;
  11. Demande en outre à l’État partie de mettre en œuvre toutes les autres recommandations de la mission de suivi réactif de 2024 et de la mission de conseil de 2023 ;
  12. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1erdécembre 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 48e session. 
Année du rapport : 2024
France
Date d'inscription : 2005
Catégorie : Culturel
Critères : (ii)(iv)
Documents examinés par le Comité
Rapport de lʼÉtat partie sur lʼétat de conservation
Rapport (2024) .pdf
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Exports

* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).

** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.


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