Réserve de biosphère El Pinacate et le Grand désert d’Altar
Facteurs affectant le bien en 2023*
- Espèces envahissantes/exotiques terrestres
- Impacts des activités touristiques / de loisirs des visiteurs
- Infrastructures de transport de surface
- Autres menaces :
• Nécessité de sauver l’antilocapre de Sonora d'une éventuelle extinction • Préoccupations environnementales dans les efforts de sécurité le long de la frontière internationale
Facteurs* affectant le bien identifiés dans les rapports précédents
- Impacts du tourisme/visiteur/loisirs (activités touristiques, véhicules tout-terrain ainsi que problèmes potentiels dérivés de la consommation d'eau liée au tourisme)
- Espèces terrestres envahissantes/exotiques
- Infrastructures de transport terrestre (routes proposées)
- Nécessité de sauver l’antilocapre de Sonora d'une éventuelle extinction
- Préoccupations environnementales dans les efforts de sécurité le long de la frontière internationale
Fonds extrabudgétaires de l’UNESCO jusqu'en 2023
Néant
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2023
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2023**
Néant
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2023
Le 9 février 2022, l'État partie du Mexique a soumis un rapport sur l'état de conservation du bien, qui est disponible à https://whc.unesco.org/fr/list/1410/documents/ et présente les informations suivantes :
- Construction d’un mur frontalier entre les USA et le Mexique le long de la limite du bien (réalisée par les USA sur leur territoire), comprenant un mur en métal plein, un autre mur parallèle en grillage, des fils barbelés et des voies de service et de surveillance ;
- Il est indiqué que le mur frontalier aura inévitablement des effets sur la biodiversité et la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien en raison de la perte, de la dégradation et de la fragmentation de l'habitat, de l’accès réduit aux ressources, de l'isolement et de la fragmentation des populations d’espèces sauvages dont l’antilocapre de Sonora, de l'augmentation de l'activité humaine, entre autres épuisement des ressources hydriques par exemple. Des programmes de suivi sont en place concernant ces points ;
- La Commission nationale des aires naturelles protégées (CONANP) de l'État partie du Mexique et le National Park Service (NPS) des États-Unis mettent actuellement en place un programme de collaboration pour restaurer la connectivité entre le nord-ouest du Sonora et le sud-ouest de l'Arizona et identifier de potentielles actions pour réduire les impacts du mur frontalier sur le bien ;
- Un plan de sauvegarde de l’antilocapre de Sonora a été préparé et comprend un certain nombre d'activités, notamment un programme de reproduction en captivité, un projet d'amélioration de l'approvisionnement en eau et du fourrage, un programme de transfert des antilocapres, un recensement et une surveillance aérienne.
Le 24 mars 2022, le Centre du patrimoine mondial a reçu une lettre des USA confirmant que la construction du mur frontalier au niveau de l’Organ Pipe Cactus National Monument (OPCNM) et du Cabeza Prieta National Wildlife Refuge (CPNWR), le long de la frontière internationale avec le Mexique et à proximité du bien, était terminée, même si des activités supplémentaires liées à la restauration et à l'achèvement de la stabilisation de l'infrastructure existante étaient possibles. Il est indiqué que des discussions ont été entamées entre les deux États parties sur une collaboration potentielle pour évaluer et atténuer les impacts des travaux de construction sur les ressources partagées et la connectivité écologique.
Les 20 et 21 avril 2022, des informations supplémentaires ont été reçues respectivement de l’État partie du Mexique et des USA. Sur les 140 km de frontière USA/Mexique adjacente au bien, un mur frontalier a été érigé sur 109 km selon la lettre des USA et approximativement 128,7 km selon la lettre de l’État partie du Mexique, les brèches étant situées dans les zones montagneuses, où la construction du mur frontalier est plus difficile. De petites ouvertures ont été pratiquées pour la faune à la base de la barrière en divers points le long de l’OPCNM.
Le 19 octobre 2022, l’État partie du Mexique a soumis un résumé de l’évaluation de l’impact environnemental et régional du réseau de transmission associé à la centrale photovoltaïque de Puerto Peñasco. L’UICN a fourni un examen technique de cette évaluation, qui a été transmis à l’État partie le 22 décembre 2022.
Le 29 mars 2023, le Centre du patrimoine mondial a envoyé une lettre à l’État partie des États-Unis d'Amérique (USA) pour lui communiquer des informations complémentaires concernant le mur frontalier susmentionné. La lettre demandait des informations sur les mesures d’atténuation qui auraient pu être prises pour rétablir la connectivité entre ces zones et le bien.
Le 23 juin 2023, l’État partie des USA a répondu qu’après des consultations avec le CONANP du Mexique, le NPS a récemment commandé une étude pour évaluer les impacts du mur frontalier entre les USA et le Mexique sur les communautés de mammifères du désert de Sonora, se concentrant sur le complexe d’aires protégées composé du bien en question, du CPNWR et de l’OPCNM. Les premiers résultats de cette étude seront disponibles d’ici 2025, le rapport final étant prévu pour début 2026.
Analyse et Conclusion du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives en 2023
Il est préoccupant que la construction du mur frontalier jouxtant le bien ait été menée à terme, malgré la demande du Comité de cesser tous travaux supplémentaires, et sans qu’une évaluation d'impact environnemental (EIE) de ce projet n’ait été soumise au Centre du patrimoine mondial, conformément au paragraphe 172 des Orientations. Le mur frontalier a été construit le long de la quasi-totalité de la limite entre le bien et les zones limitrophes de l'OPCNM et de la majeure partie du CPNWR, à l'exception de deux secteurs montagneux. Bien qu'il soit noté que de petites ouvertures permettant le passage de certains animaux sauvages sont prévues le long de la limite avec l'OPCNM, il est difficile de savoir dans quelle mesure elles seront efficaces. Le mur frontalier constituera par conséquent une barrière physique presque infranchissable pour la faune sauvage entre le bien et les importantes aires de dispersion des espèces sauvages limitrophes, vitales pour la survie d'espèces telles que l’antilocapre de Sonora, qui représentent un attribut clé de la VUE du bien. La présence de ce mur bloquera presque entièrement les mouvements des populations de faune sauvage et aura d'autres impacts négatifs directs sur l'intégrité du bien ainsi que sur la connectivité écologique au sens large.
L’information récente reçue en juin 2023 de la part de l’État partie des USA, selon laquelle une étude est en cours Étant donné la menace que constitue le mur frontalier sur la VUE du bien, il est recommandé que l’État partie du Mexique, en coordination avec l’État partie des USA, demande une mission de suivi réactif sur le bien pour évaluer les impacts du mur frontalier sur sa valeur universelle exceptionnelle ainsi que les mesures prises pour garantir la connectivité du bien avec les zones de dispersion de la faune sauvage.
Rappelant l'importance du bien pour la présence de plusieurs espèces endémiques et à aire de répartition restreinte, il est en effet très important de surveiller l'impact du mur frontalier sur les espèces clés. Notant l’indisponibilité des données relatives à la population d’antilocapres de Sonora au-delà de 2020 et que les effets de la barrière physique sur les populations d'animaux sauvages peuvent ne pas être immédiatement visibles, il sera important de surveiller étroitement et en permanence les espèces clés et d'adopter une approche de gestion adaptative en réponse à tout changement significatif de la taille et de la santé de ces populations.
Notant les conclusions contenues dans le résumé de l’étude d’impact régional pour le réseau de transmission associé à la centrale photovoltaïque de Puerto Peñasco, il conviendrait de demander à l’État partie du Mexique de prendre pleinement en considération les conclusions de l’examen technique de l’UICN dans la détermination du projet. L’État partie devrait être invité à mettre en œuvre des mesures d’atténuation efficaces et durables tout au long des phases de construction et d’exploitation du projet, si celui-ci est approuvé. Ces mesures devront s’aligner avec les règles de gestion du bien et respecter les normes environnementales les plus élevées, en plus de prendre en compte les considérations relatives aux impacts du projet sur le paysage au sens large, afin de garantir à la même échelle la conservation de l’importante biodiversité, qui elle-même contribue à la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Décisions adoptées par le Comité en 2023
45 COM 7B.2
Réserve de biosphère d'El Pinacate et Gran Desierto de Altar (Mexique) (N 1410)
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examinéle document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.114, adoptée à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Regrette la construction du mur frontalier aux États-Unis d’Amérique (USA) malgré la demande formulée par le Comité dans sa Décision 44 COM 7B.14 d’arrêter tous travaux supplémentaires et sans soumission préalable au Centre du patrimoine mondial d’une évaluation des impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) et exprime son inquiétude au sujet du fait que le mur frontalier s’étende désormais sur la quasi-totalité de la limite entre le bien et les zones limitrophes de l’Organ Pipe Cactus National Monument (OPCNM) et de la majeure partie du Cabeza Prieto National Wildlife Refuge (CPNWR), à l’exception de deux secteurs montagneux ;
- Réaffirme son point de vue selon lequel la présence physique du mur a des impacts négatifs évidents sur l'intégrité du bien et sur la connectivité écologique au sens large, bloquant ainsi le déplacement de populations fauniques essentielles, dont l’antilocapre de Sonora, qui constituent des attributs importants de la VUE du bien ;
- Demande en outre aux États parties du Mexique et des USA de fournir des éclaircissements, y compris des cartes détaillées, concernant la composition exacte de la structure du mur le long de chaque section de la limite du bien et des détails sur les mesures d’atténuation prises pour garantir ou restaurer la connectivité ;
- Tout en encourageant la collaboration transfrontalière en cours entre les États parties du Mexique et des USA pour l’évaluation et l’atténuation des impacts que les travaux de construction et le mur frontalier ont déjà eu sur la valeur universelle exceptionnelle du bien et de l’étude commandée pour évaluer les impacts du mur frontalier sur les communautés de mammifères du désert de Sonora, demande à l’État partie des USA, conformément à l’article 6.3 de la Convention, d’élaborer, de financer et de mettre en œuvre, en coopération avec l’État partie du Mexique, un plan d’action urgent pour évaluer et atténuer les impacts du mur frontalier sur le bien et rétablir la connectivité, en consultation avec la Commission pour la sauvegarde des espèces ou la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN, le cas échéant, et de le soumettre dès que possible et au plus tard le 1erfévrier 2024 au Centre du patrimoine mondial ;
- Demande également aux États parties du Mexique et des USA d’accélérer la mise en œuvre du plan de sauvegarde de l’antilocapre de Sonora et des mesures visant à éviter tout épuisement supplémentaire des ressources hydriques limitées ;
- Considère que si la connectivité écologique n'est pas rétablie pour sauvegarder la viabilité des populations clés, le bien peut remplir les conditions d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations ;
- Demande par ailleurs aux États parties du Mexique et des USA de continuer à étroitement surveiller les espèces clés et d’utiliser les résultats pour documenter les plans de sauvegarde des espèces et les stratégies de gestion active afin d'atténuer les impacts ;
- Demande à l’État partie du Mexique, en coordination avec l’État partie des USA, d’inviter une mission conjointe de suivi réactif du Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien afin d'évaluer les impacts du mur frontalier sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ainsi que les mesures prises pour garantir la connectivité du bien avec les zones de dispersion de la faune sauvage adjacentes ;
- Demande à l’État partie du Mexique de mettre en œuvre des mesures d’atténuation efficaces et durables dans le cadre du projet photovoltaïque, s’il est approuvé, tout au long des phases de construction et d’exploitation du projet, s’alignant sur les règles de gestion du bien et se conformant aux normes environnementales les plus élevées, et tenant compte des mesures visant à assurer la conservation de l’importante biodiversité dans le paysage au sens large, qui elle-même contribue à la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
- Demande en outre à l’État partie du Mexique, en coopération avec l’État partie des USA, de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1erfévrier 2024, un rapport sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre de ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Projet de décision : 45 COM 7B.2
Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.114, adoptée à sa 44e session élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Regrette la construction du mur frontalier aux États-Unis d’Amérique (USA) malgré la demande formulée par le Comité dans sa Décision 44 COM 7B.14 d’arrêter tous travaux supplémentaires et sans soumission préalable au Centre du patrimoine mondial d’une évaluation des impacts potentiels sur la valeur universelle exceptionnelle (VUE) et exprime son inquiétude au sujet du fait que le mur frontalier s’étende désormais sur la quasi-totalité de la limite entre le bien et les zones limitrophes de l’Organ Pipe Cactus National Monument (OPCNM) et de la majeure partie du Cabeza Prieto National Wildlife Refuge (CPNWR), à l’exception de deux secteurs montagneux ;
- Réaffirme son point de vue selon lequel la présence physique du mur a des impacts négatifs évidents sur l'intégrité du bien et sur la connectivité écologique au sens large, bloquant ainsi le déplacement de populations fauniques essentielles, dont l’antilocapre de Sonora, qui constituent des attributs importants de la VUE du bien ;
- Demande en outre aux États parties du Mexique et des USA de fournir des éclaircissements, y compris des cartes détaillées, concernant la composition exacte de la structure du mur le long de chaque section de la limite du bien et des détails sur les mesures d’atténuation prises pour garantir ou restaurer la connectivité ;
- Tout en encourageant la collaboration transfrontalière en cours entre les États parties du Mexique et des USA pour l’évaluation et l’atténuation des impacts que les travaux de construction et le mur frontalier ont déjà eu sur la valeur universelle exceptionnelle du bien et de l’étude commandée pour évaluer les impacts du mur frontalier sur les communautés de mammifères du désert de Sonora, demande à l’État partie des USA, conformément à l’article 6.3 de la Convention, d’élaborer, de financer et de mettre en œuvre, en coopération avec l’État partie du Mexique, un plan d’action urgent pour évaluer et atténuer les impacts du mur frontalier sur le bien et rétablir la connectivité, en consultation avec la Commission pour la sauvegarde des espèces ou la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN, le cas échéant, et de le soumettre dès que possible et au plus tard le 1er février 2024 au Centre du patrimoine mondial ;
- Demande également aux États parties du Mexique et des USA d’accélérer la mise en œuvre du plan de sauvegarde de l’antilocapre de Sonora et des mesures visant à éviter tout épuisement supplémentaire des ressources hydriques limitées ;
- Considère que si la connectivité écologique n'est pas rétablie pour sauvegarder la viabilité des populations clés, le bien peut remplir les conditions d'inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril, conformément au paragraphe 180 des Orientations ;
- Demande par ailleurs aux États parties du Mexique et des USA de continuer à étroitement surveiller les espèces clés et d’utiliser les résultats pour documenter les plans de sauvegarde des espèces et les stratégies de gestion active afin d'atténuer les impacts ;
- Demande à l’État partie du Mexique, en coordination avec l’État partie des USA, d’inviter une mission conjointe de suivi réactif du Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien afin d'évaluer les impacts du mur frontalier sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ainsi que les mesures prises pour garantir la connectivité du bien avec les zones de dispersion de la faune sauvage adjacentes ;
- Demande à l’État partie du Mexique de mettre en œuvre des mesures d’atténuation efficaces et durables dans le cadre du projet photovoltaïque, s’il est approuvé, tout au long des phases de construction et d’exploitation du projet, s’alignant sur les règles de gestion du bien et se conformant aux normes environnementales les plus élevées, et tenant compte des mesures visant à assurer la conservation de l’importante biodiversité dans le paysage au sens large, qui elle-même contribue à la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
- Demande en outre à l’État partie du Mexique, en coopération avec l’État partie des USA, de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2024, un rapport sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre de ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.