Le trafic illicite d'objets culturels épuise les cultures de leur identité et contribue au commerce illégal lucratif, qui contribue à financer le terrorisme et le crime organisé. C'est un problème qui s'est développé subrepticement à travers le monde. À titre d'exemple, depuis 2011, environ 25 % des sites archéologiques syriens ont été pillés. Des objets provenant de régions en conflit, notamment d'Iraq, de Libye, du Mali, de Syrie et du Yémen circulent sur le marché noir et sont déjà entre des mains sans scrupules.

Ce ne sont pas seulement les objets culturels provenant de sites archéologiques, de musées ou de collections qui sont touchés par le trafic illégal. L'exploitation illégale et le commerce du bois de palissandre constituent une menace pour le site du patrimoine mondial du Complexe forestier de Dong Phayayen-Khao Yai (Thaïlande), et ont même conduit à l'inscription des Forêts humides de l'Atsinanana (Madagascar) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.

Le trafic de la faune sauvage est également un grave problème de conservation, affectant les espèces de requins des Galápagos, le marsouin de Virginie qui est en voie d’extinction dans le golfe de Californie (Mexique), les éléphants d'Afrique de la Réserve de gibier de Selous (Tanzanie), les perroquets gris du Trinational de la Sangha (Cameroun, République centrafricaine, Congo) et le rhinocéros de Sumatra dans la Forêt tropicale humide de Sumatra (Indonésie). Le Parc national de la Garamba (République démocratique du Congo) abritait la dernière population connue de rhinocéros blancs du Nord. Aujourd'hui, il est probablement éteint à l’état sauvage, et si nous n'agissons pas maintenant, plus d'espèces pourraient être définitivement perdues sur nos sites du patrimoine mondial.

Dans ce numéro, nous examinerons différents aspects du trafic et du commerce illicites : comment les peuples autochtones sont-ils touchés par l'appropriation illicite et les transferts illégaux de biens culturels ; l'affaire de restitution des statues de Koh Ker, qui ont été retournées au Cambodge ; et la collaboration entre la Convention du patrimoine mondial et la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), qui vise à garantir que le commerce international des animaux et des plantes - des orchidées aux pangolins - ne menace pas leur survie. Nous présentons également un entretien avec le collectionneur d'art Jean Claude Gandur, qui travaille en étroite collaboration avec les organisations internationales pour assurer la provenance correcte des objets mis en vente.

La sensibilisation est toujours la première étape pour changer les choses. Mieux nous connaissons les mécanismes du commerce illégal, mieux nous pouvons prendre des mesures préventives et correctives pour veiller à ce que cela cesse. Les synergies croissantes entre différents instruments internationaux (tels que la Convention du patrimoine mondial de 1972, la Convention de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicites de biens culturels, et la CITES) et entre diverses entités publiques et privées, internationales et locales (police, douanes, marché de l'art, collectionneurs et jeunes) constituent également un pas décisif vers des actions communes sur le terrain. Pour la protection et la préservation du patrimoine culturel ou naturel, l'éducation et la coopération sont les facteurs clés.

Mechtild Rössler
Directrice,
Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO

Le patrimoine mondial et le commerce illicite

L’appétit croissant pour l’acquisition alimente le commerce illicite de biens culturels et naturels. Cette perte culturelle a un impact négatif sur les communautés locales des sites du patrimoine mondial et provoque la diminution des caractéristiques mêmes de la valeur universelle exceptionnelle qui a mené à l’inscription des sites.

Cambodge : la restitution des biens de Koh Ker

Trente ans de guerre civile n’ont pas laissé le Cambodge indemne. Au-delà du site du patrimoine mondial d’Angkor, de nombreux temples et monuments majeurs tels que Banteay Chhmar, Koh Ker, Preah Khan de Kampong Svay et d’autres ont été cruellement pillés.

La CITES et la Convention du patrimoine mondial : Ensemble pour lutter contre le trafic

des espèces sauvages

On estime aujourd’hui à 45 % le nombre de sites naturels du patrimoine mondial concernés par la capture illégale d’espèces animales et végétales protégées au titre de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.

Il faut sauver le marsouin du golfe de Californie

Pour sauver le marsouin, espèce en danger critique, il est impératif que le site adopte une vision à long terme et que toutes les parties prenantes concernées fassent pression pour obtenir une modification des politiques, qui aillent au-delà des solutions « remèdes ».

Le sphinx de Bogâzköy

Le sphinx de Boğazköy est de retour dans son pays d’origine, la Turquie. Un succès qui démontre que des négociations bilatérales, aussi complexes soient-elles, peuvent permettre d’aboutir à la résolution satisfaisante d’un conflit séculaire.

Focus

Le Fonds d’urgence pour le patrimoine

Une ressource supplémentaire pour lutter contre le commerce illicite

En 2015, l’UNESCO a créé le Fonds d’urgence pour le patrimoine afin de répondre plus efficacement à la hausse marquée du nombre de catastrophes et de conflits affectant les biens du patrimoine mondial et les ressources du patrimoine culturel et naturel, y compris les biens immatériels.

Forum

Entretien

Entretien avec Jean Claude Gandur, président de la Fondation Gandur pour l’Art.

Organisations consultatives

Commerce illégal d’espèces sauvages et patrimoine mondial.

Conventions

Le commerce illicite des biens culturels du Mexique.

Nouvelles

Préservation

Rencontre annuelle sur les paysages culturels ; Baukultur pour l’Europe ; Revitalisation de la Casbah d’Alger ; Une « protection renforcée » pour le site d’Angkor ; Patrimoine et démocratie à l’Assemblée générale de l’ICOMOS ; Coup de pouce pour le tourisme durable ; Paysages sacrés et liens qui unissent la nature et la culture ; Réunion sur les Routes de la soie ; Le rôle des communautés locales dans le développement durable.

Sites en péril

L’avenir des bouddhas de Bâmiyân ; Le Centre du patrimoine mondial salue le moratoire sur le pétrole du Belize ; L’UNESCO s’inquiète de l’état de conservation de la Réserve de gibier de Selous.

Promotion

Publication du calendrier Panasonic du patrimoine mondial 2018 ; Publication de la carte du patrimoine mondial 2017-2018 ; La Fédération internationale des sociétés d’aviron s’engage à protéger le patrimoine mondial naturel ; Seabourn et l’UNESCO s’associent pour sensibiliser les touristes au patrimoine.

Dossier