Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des pitons du nord de la Martinique
Volcanoes and Forests of Mount Pelée and the Pitons of Northern Martinique
The global significance of Mount Pelée and Pitons du Carbet is based on its representation of volcanic processes and forest types. The 1902 eruption is considered the deadliest volcanic event of the 20th century, and a worldwide reference for the history of volcanology. All the forest types and the diversity of endemic plants of the Lesser Antilles are represented in the serial property, within forest continuums ranging from the seashore to the volcanic summits. The property is home to globally threatened species such as the Martinique Volcano Frog (Allobates chalcopis) and the Martinique Oriole (Icterus bonana), two strict endemics.
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Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des pitons du nord de la Martinique
L’importance mondiale de la montagne Pelée et des pitons du Carbet s’appuie sur la représentativité des processus volcaniques et des types forestiers. L’éruption de 1902, considérée comme l’événement volcanique le plus meurtrier du XXème siècle, est une référence mondiale dans l’histoire de la volcanologie. Tous les types forestiers et la diversité des plantes endémiques des petites Antilles sont représentés dans le bien en série, au sein de continuums forestiers allant du littoral aux sommets volcaniques. Le bien abrite des espèces menacées sur le plan mondial, notamment l’Allobate de la Martinique (Allobates chalcopis) et l’Oriole de Martinique (Icterus bonana), deux espèces endémiques strictes.
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فييت نام - خليج هالونغ – أرخبيل كاتبا [توسيع مساحة
source: UNESCO/CPE
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培雷山和马提尼克北部山峰的火山和森林
source: UNESCO/CPE
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Вулканы и леса Мон-Пеле и горные вершины северной Мартиники
Мировое значение Мон-Пеле и горных вершин Питон-дю-Карбе обусловлено тем, что они демонстрируют вулканические особенности, материалы и процессы. Извержение 1902-1905 гг. считается ключевым событием в истории вулканологии, оказавшим сильнейшее влияние на город Сен-Пьер, приведшим к трагическим жертвам, и ставшим частью культурного наследия Мартиники.
На территории объекта обитают такие виды, как мартиникская вулканическая лягушка (Allobates chalcopis), земляная змея Ласепеда (Erythrolamprus cursor) и эндемичный мартиникский цветной трупиал (Icterus bonana), находящиеся под угрозой исчезновения.
source: UNESCO/CPE
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Volcanes y bosques de la Montaña Pelada y pitones del Norte de Martinica
source: UNESCO/CPE
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Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
Situés au nord de la Martinique, au centre de l’arc insulaire des Petites Antilles, les Volcans et forêts de la Montagne Pelée et des pitons du nord de la Martinique constituent un bien forestier montagneux d’origine volcanique, composé d’une série de deux entités couvrant 13 980 ha : les massifs des Pitons du Carbet et du Morne Jacob, plus anciens, au sud ; les massifs de la Montagne Pelée et du Piton Mont Conil, plus jeunes, au nord. Le bien présente l’ensemble des types forestiers des Petites Antilles, du littoral jusqu’aux sommets, intégrant des forêts climaciques et secondaires anciennes. Il témoigne d’une histoire géologique au fondement d’une géodiversité et d’une biodiversité exceptionnelles, remarquablement préservées.
Au nord de l’île, la Montagne Pelée s’impose majestueusement, culminant à 1 396 m d’altitude. Elle est indissociable d’un évènement majeur dans l’histoire de la volcanologie moderne qui a donné son nom au type éruptif péléen : l’épisode éruptif de 1902, à l’origine de la mort de près de 30 000 personnes et de la destruction de la ville de Saint-Pierre le 8 mai. Les Pitons du Carbet forment, quant à eux, des dômes de lave aux formes extrêmement érigées, dont le point culminant, le Piton Lacroix, s’élève à 1 197 m. Ils constituent, par leur nombre et leur hauteur, une expression remarquable d’un phénomène géologique très rare.
Sur chacune de ces deux entités, le bien présente des noyaux de forêts climaciques et une continuité intacte d’écosystèmes végétaux allant du littoral aux sommets de la Montagne Pelée et des Pitons du Carbet. Ces aires volcaniques abritent d’excellents exemples de forêts humides très anciennes. Les forêts de basse altitude, plus sèches, y sont également très bien conservées pour les îles volcaniques tropicales. La flore et la faune, notamment endémiques, y sont exceptionnelles. Le bien se situe au sein d’une zone reconnue par la communauté scientifique internationale comme parmi les plus irremplaçables au monde.
Critère (viii) : Les Pitons du Carbet et la Montagne Pelée illustrent remarquablement les morphologies et les mécanismes volcaniques propres à l’arc des Petites Antilles. Ainsi, les Pitons du Carbet forment des dômes de lave extrêmement érigés du fait de la grande viscosité des magmas dont ils sont issus. La cicatrice de la déstabilisation de flanc qui a permis leur développement est la plus grande de l’archipel des Petites Antilles. Au nombre de douze, dont cinq de plus de 1 000 m d’altitude, ils sont les plus représentatifs de ce phénomène géologique que l’on observe ailleurs uniquement à Sainte-Lucie. Le plus haut, le Piton Lacroix, atteint 1 197 m, soit le plus élevé au monde pour le processus géologique dont il est issu.
Volcan iconique, la Montagne Pelée présente un type éruptif singulier, le dôme de lave à explosions dirigées latéralement, remarquable par la fréquence de ses éruptions passées.
L’épisode éruptif de la Montagne Pelée de 1902-1905 a été particulièrement marquant. En effet, la nuée ardente du 8 mai 1902 a entrainé la mort de 28 000 personnes dans les minutes qui ont suivi l’explosion. Fait extrêmement rare, pendant l’épisode éruptif de 1902, 7 explosions successives se sont produites provoquant l’érection d’une aiguille de 350 m, la plus haute connue de toutes les éruptions à dôme. Cette éruption constitue une référence mondiale dans l’histoire de la volcanologie, ayant permis de décrire un des grands types d’éruptions volcaniques : le type péléen. Le site est, aujourd’hui encore, un lieu privilégié pour l’étude des sciences de la terre.
Critère (x) : Le bien se situe au sein d’une zone prioritaire de conservation de la biodiversité au niveau mondial : le hotspot de biodiversité “Iles des Caraïbes”. Il héberge le continuum forestier le plus diversifié et le mieux conservé des Petites Antilles. Ce couvert végétal se caractérise par la qualité et la complétude des successions forestières qui rassemblent tous les types forestiers propres à la Martinique et aux Petites Antilles. Au cœur des versants nord-ouest du massif du Piton Mont Conil et sur les pentes inférieures du Pain de Sucre, ainsi que sur les reliefs du Morne Jacob, des formations végétales climaciques non perturbées sont préservées, particulièrement les types de forêts mésophiles et hygrophiles.
Le bien abrite une flore exceptionnelle composée de 1 058 espèces de plantes vasculaires autochtones dont 816 spermatophytes et 242 ptéridophytes. 51 espèces sont menacées telles que le Calumet montagne, le Fleur-boule-montagne et l’Aralie, pour lesquelles le bien permettra d’assurer une conservation à long terme.
La flore du bien est représentative de la grande diversité végétale des Petites Antilles et présente un taux d’endémisme régional élevé. Il existe 263 espèces de spermatophytes endémiques régionales (Petites Antilles). La Martinique à elle seule en abrite 186 (soit 71 %). L’île présente également un endémisme strict en spermatophytes le plus représentatif et le plus important des Petites Antilles : 37 espèces sur les 104 présentes sur l’arc. Le bien abrite 33 de ces espèces endémiques. Cela représente un tiers des espèces endémiques strictes d’une île au sein des Petites Antilles. Parmi celles-ci, on retrouve : l’Ananas sauvage, le Bwa débas blan et le krékré wouj. Leur présence se limite parfois à quelques stations au sein d’une seule entité du bien. La flore arborée y est aussi particulièrement riche et représente 87 % de la flore arborée des Petites Antilles (soit 401 espèces).
La biodiversité animale vient compléter la richesse du bien car il abrite de nombreuses espèces endémiques et remarquables telles que l’Allobate de la Martinique, le Murin de la Martinique, le Trigonocéphale ou l’Oriole de Martinique.
Intégrité
Le bien comprend deux des expressions les plus remarquables du volcanisme de l’arc des Petites Antilles. La Montagne Pelée est le stratovolcan le mieux conservé de la Caraïbe et le dernier volcan actif de la Martinique. Le sommet actuel est constitué des dômes emboîtés des éruptions de 1902 et 1929, dont l’extrusion appelée « le Chinois » est le point culminant à 1 397 m. La morphologie extrêmement érigée et accidentée des Pitons du Carbet leur confère une résistance aux pressions diverses. Un nombre de géosites jugés importants se trouvent dans la zone tampon et méritent d’être protégés avec la mise en place d’arrêtés préfectoraux de protection de géotopes.
Les massifs montagneux sont protégés naturellement par de fortes contraintes d’accessibilité. La plupart des espaces sont constitués de forêts humides très anciennes restées éloignées de toute zone habitée et desservies par de rares sentiers aujourd’hui faiblement pratiqués, pour la plupart effacés par la reprise de la végétation.
Dans les forêts plus sèches (mésophiles et xéro-mésophiles), la majorité des espaces naturels du continuum sont à des stades évolutifs âgés de plus d’une centaine d’années. À l’instar des autres îles de la Caraïbe, différents types d’occupations humaines depuis la période amérindienne jusqu’à la période coloniale ont entraîné des modifications ponctuelles du milieu (jardins créoles ou cultures de rendement) sur les parties basses des massifs. Quelques vestiges et traces subsistent aujourd’hui de ces anciennes occupations, où la forêt a repris ses droits. Cette phase de reconquête lente et graduelle sur une superficie aussi vaste est propre à la Martinique et unique dans l’arc antillais.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien se situe au sein du Parc naturel régional de la Martinique (PNRM). La majeure partie du bien bénéficie de mesures de protection forte de niveau national. Trois réserves biologiques intégrales (RBI) créées par arrêtés ministériels en 2007 (RBI Montagne Pelée) et 2014 (RBI Pitons du Carbet et RBI Prêcheur/Grand’Rivière), garantissent la protection des massifs et la libre évolution des écosystèmes forestiers. Le secteur du Piton Mont Conil est protégé par décret depuis 1996, en tant que site classé au titre du code de l’Environnement (loi de 1930). En outre, depuis 2010, deux arrêtés préfectoraux de protection de biotope assurent la préservation des habitats naturels pour deux espèces menacées. Le bien se situe en grande majorité en propriété publique : forêt domaniale et propriété du Conservatoire du littoral. Depuis 2019, ces forêts publiques du nord de la Martinique bénéficient d’une reconnaissance nationale par l’attribution du label « Forêt d’exception ».
Dans le cadre de ces diverses protections, des plans de gestion spécifiques ont été élaborés. Ces documents de gestion et de valorisation trouvent leur cohérence dans le plan de gestion du bien. Celui-ci inclut également des actions de coopération avec les autres biens des Antilles, notamment en matière de gestion et sur l’amélioration des connaissances scientifiques.
La structure de gestion du bien est dirigée par le Parc Naturel Régional de la Martinique, sous la forme d’une maîtrise d’ouvrage déléguée par la Collectivité territoriale de la Martinique. Elle s’appuie sur une équipe de gestion constituée de l’Office national des forêts (ONF), de la Collectivité territoriale de la Martinique (CTM) et de l’Etat. L’ONF est gestionnaire de 80% des forêts du bien. Le bien bénéficie d’une stratégie de financement durable pour garantir sa gestion à long terme. Le comité de gestion veillera au renforcement des capacités de gestion, en particulier concernant la protection et la conservation des valeurs géologiques.
Les menaces pesant sur le bien sont correctement identifiées et gérées, l’implication de toutes les structures est nécessaire pour encadrer les activités en zone tampon et prévenir tout impact au sein de cette zone. La charte du PNRM 2012-2027 inclut un système de zonage de la zone tampon, et devra être renouvelée après 2027. Dans la zone tampon, les géosites sont vulnérables aux impacts de l’urbanisation, de l’entretien ou de la création d’infrastructures et de l’exploitation ou extension des carrières. Certains de ces géosites sont situés en zone tampon dans des secteurs de forte activité et méritent une protection et un suivi renforcés.
Concernant les valeurs de biodiversité, certaines menaces identifiées en zone tampon font l’objet d’une attention particulière : activités de déboisement et de foresterie ; chasse ; fermes éoliennes ; espèces exotiques envahissantes et tourisme. Le déboisement et la dégradation de l’habitat sont des menaces potentielles sur 20 % environ du bien appartenant à des propriétaires privés, mais ces menaces semblent maîtrisées pour la prévention des risques naturels et en raison de conditions d’accessibilité difficiles. La chasse n’est pas pratiquée dans le bien, elle l’est dans certains secteurs de la zone tampon. Un suivi précis est nécessaire afin d’éviter tout impact négatif indirect sur les populations d’oiseaux lorsque leur répartition s’étend au-delà du bien et sur la zone tampon.
Les connaissances scientifiques des menaces exercées par les espèces exotiques envahissantes est élevée et toutes les structures impliquées dans la gestion du bien disposent de moyens humains pour organiser la lutte contre cette menace (contrôle, détection et éradication). Le tourisme et les activités sportives de pleine nature sont fortement encadrées dans le bien, en particulier la pratique de la randonnée, de la course à pied, du canyoning dans les ravines. Une forte augmentation des activités de tourisme dans le bien peut constituer une menace par l’érosion des sentiers et la production de déchets.