Édifice royal de Mafra – palais, basilique, couvent, jardin du Cerco et parc de chasse (Tapada)
Royal Building of Mafra – Palace, Basilica, Convent, Cerco Garden and Hunting Park (Tapada)
La description est disponible sous licence CC-BY-SA IGO 3.0
Édifice royal de Mafra – palais, basilique, couvent, jardin du Cerco et parc de chasse (Tapada)
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مبنى المفرى الملكي - القصر، الكنسية، الدير، حديقة سيركو، حديقة الصيد
source: UNESCO/CPE
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马夫拉皇室建筑-宫殿、大教堂、修道院、塞尔科花园及塔帕达狩猎公园
source: UNESCO/CPE
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Дворцовый ансамбль Мафра – дворец, базилика, монастырь, сад Cerco и охотничий парк Tapada
source: UNESCO/CPE
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Real Obra de Mafra – Palacio, basílica, convento, jardín del ‘Cerco’ y parque de caza real de la Tapada
source: UNESCO/CPE
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Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
L'Édifice royal de Mafra se compose d'un palais qui intègre une basilique avec son frontispice axial, point de jonction des ailes abritant les appartements du roi et de la reine, un couvent, le jardin du Cerco et un parc de chasse (Tapada).
Il représente l'un des plus magnifiques ouvrages entrepris par le roi Jean V qui bénéficia de conditions économiques et culturelles exceptionnelles lui ayant permis de s'illustrer parmi les autres monarchies européennes comme puissant souverain d'un vaste empire pluricontinental.
Tout d'abord, le choix de l'architecte souabe Johann Friedrich Ludwig, formé à Rome, à qui est confié ce projet, symbolise l'affirmation de la dynastie portugaise régnante sur la scène internationale. La réelle fascination que suscitait chez le monarque la Rome des grands papes de la période baroque l'amena à commanditer l'œuvre d'artistes de renom à Mafra qui finit par devenir l'un des sites les plus emblématiques du baroque italien hors de l'Italie.
À l'occasion de la consécration de la basilique, le 22 octobre 1730, jour anniversaire du roi, le monument n'était pas encore achevé, mais le projet était bien défini et en phase avancée d'exécution : un ensemble grandiose de bâtiments intégrant en parfaite harmonie un palais royal, une basilique et un couvent avec sa bibliothèque. Le palais royal, flanqué de deux tourelles d'accès séparé où étaient les appartements privés du couple royal ; l'église, basilique ornée de 58 statues signées des meilleurs artistes romains et florentins, et une collection unique de vêtements liturgiques français et italiens ; les deux tours de la façade abritant deux carillons commandés et fondus en Flandre, qui constituent un patrimoine unique au monde ; une bibliothèque contenant des ouvrages de grand intérêt culturel et scientifique, et l'une des rares ayant été autorisée à avoir des « livres interdits », une remarquable collection d'incunables et de manuscrits, ainsi qu'une collection bibliographique offrant un large éventail de publications du XVe au XIXe siècle. C'est au milieu du XVIIIe siècle que débuta la sculpture des nouveaux retables en pierre de la basilique, œuvre de l'artiste italien Alessandro Giusti, fondateur d'une école de sculpture à Mafra. C'est aussi à Mafra que Joaquim Machado de Castro, le plus important sculpteur portugais du XVIIIe siècle, reçut sa formation ; par ailleurs, c'est sur l'immense chantier de construction de Mafra qu'ont été acquises les connaissances et les pratiques mises à profit ultérieurement pour la reconstruction de Lisbonne après la dévastation causée par le séisme de 1755. Il convient aussi de mentionner les six orgues historiques de la basilique, commandés aux facteurs d'orgues portugais António de Machado Cerveira et Peres Fontanes à la fin du XVIIIe siècle, et conçus et fabriqués pour jouer simultanément.
Le jardin du Cerco était au départ un simple enclos à la disposition des frères du couvent, ainsi qu'à l'usage de la cour. Dès 1718, le roi Jean V ordonna la plantation de massifs bien distribués de toutes les variétés d'arbres sauvages existant à travers l'Empire, et de larges sentiers qui permirent de répartir le domaine en lots symétriques ; toutefois, son agencement actuel résulte d'adaptations ultérieures. Le jardin est agrémenté d'un grand lac central où convergent les cours d'eau de la Tapada et d'un puits attenant équipé d'une noria. Il contient aussi l'insolite terrain de jeux de balle installé à la demande des Chanoines réguliers de Saint-Augustin à l'époque où ils occupaient le monastère entre 1771 et 1792.
Le parc de chasse (Tapada) a été créé en 1747 en tant que chasse gardée du roi, ainsi que pour l'agriculture et l'élevage afin de servir les besoins du palais et du couvent. À la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant, la Tapada devint le lieu privilégié des parties de chasse du roi Charles Ier qui alla jusqu'à construire un pavillon dans les quelque 1 200 hectares couvrant ce domaine.
L'Édifice royal de Mafra, avec le jardin du Cerco et la Tapada offrent, ensemble, le rare exemple d'un domaine baroque presque complet comprenant un palais multifonctionnel, un jardin formel et un parc de chasse qui ont disparu partout ailleurs.
Critère (iv) : L'Édifice royal de Mafra est la représentation matérielle du pouvoir absolu du temps du roi Jean V, marquée par une stratégie de consolidation de l'Empire portugais et de la souveraineté nationale, l'affirmation de la légitimité dynastique, une plus étroite proximité avec les sources d'autorité internationales, notamment la papauté de Rome, ainsi qu'un éloignement vis-à-vis de la Couronne d'Espagne. La dimension internationale de l'Empire portugais et la grandeur de son souverain sont à l'origine du gigantisme de cette construction et des choix esthétiques retenus, directement inspirés de certains des plus beaux exemples d'architecture baroque de la ville de Rome. Les autres caractéristiques de ce monument contribuent à faire de cet ensemble de résidences royales l'un des plus importants en Europe, non seulement compte tenu de sa taille et de sa précision architecturale, mais encore de plusieurs de ses éléments, comme les carillons et les orgues de la basilique qui présentent un intérêt exceptionnel sur le plan musical dans le monde. Le parc de chasse (Tapada) est un exemple de création paysagère à grande échelle formant la gestion d'une unité territoriale indissociablement liée au palais et au couvent.
Intégrité
L'Édifice royal de Mafra a conservé la plupart de ses caractéristiques artistiques, architecturales et historiques, et possède tous les attributs justifiant sa valeur universelle exceptionnelle. Les travaux réalisés au fil des siècles ont préservé l'édifice, ses proportions et ses volumes en prolongeant sa vie sans modifier sa physionomie ni ses fonctions, tout en gardant la Tapada à sa taille initiale ; d'autre part, seule une partie du jardin du Cerco reflète son tracé original qui fut modifié et réduit pour agrandir le palais. Toutefois, l'ensemble du bien a survécu presque intact et continue d'illustrer les valeurs idéologiques et les principes esthétiques de la première moitié du XVIIIe siècle. Il convient de noter la fluidité de la conception, le rythme, la symétrie, la qualité esthétique et l'harmonie, la dignité de l'ouvrage, la qualité irréprochable de la finition et de la mise en œuvre du projet, la compétence constructive, la bonne répartition des ressources, la prudente administration de la construction et la création judicieuse d'espaces en fonction des besoins. Le bien est confronté à des menaces dues avant tout aux fortes amplitudes thermiques et aux vents salins de la côte atlantique, associées au danger des feux de forêt en été. Les améliorations apportées aux environs immédiats du palais renforceraient l'intégrité du bien.
Authenticité
Durant ses près de 300 ans d'existence, l'Édifice royal de Mafra n'a subi aucune altération significative ayant compromis son authenticité, notamment en ce qui concerne sa conception, la forme et les matériaux utilisés, hormis le constat de petites modifications réversibles. Du point de vue de la restauration et de la conservation, il convient de mettre en lumière la restauration des six orgues de la basilique, de la Salle du Trône et des carillons (dans la phase de programmation). Malgré les transformations politiques, économiques et sociales intervenues depuis le XVIIIe siècle jusqu'à nos jours, l'Édifice royal s'est ajusté à plusieurs différentes fonctions sans perdre pour autant ses caractéristiques fondamentales. Bien qu'il ait cessé d'être une résidence officielle suite à l'instauration de la République en 1910, il a gagné un statut de musée et d'intérêt public ; du fait de la disparition des ordres religieux en 1834, le bâtiment conventuel accueille désormais des institutions militaires. La basilique a cessé d'être une chapelle royale, abritant le siège de la paroisse en 1836, et la bibliothèque garde sa mission de soutien des études et de la recherche. Une documentation complémentaire et un inventaire cartographique du paysage et des caractéristiques historiques de la Tapada contribueraient à renforcer l'authenticité générale du bien et la compréhension de son évolution historique.
Éléments requis en matière de gestion et de protection
L'Édifice royal de Mafra est classé monument national en vertu du décret du 10 janvier 1907 paru au Journal officiel n° 14 du 17 janvier 1907, du décret du 16 juin 1910, paru au Journal officiel -1ère série- n°136, du 23 juin 1910.
La loi principale garantissant la protection juridique de l'Édifice royal de Mafra est la Loi n° 107/2001 qui établit le fondement des politiques et le système de normes de protection et de mise en valeur du patrimoine culturel. Afin d'assurer l'application de cette loi, le Décret n° 140 du 15 juin 2009 fixe le cadre juridique des études, des projets, des rapports, des travaux ou interventions sur les biens classés, en stipulant la nécessité d'une évaluation préalable et systématique et d'un suivi de tous les ouvrages susceptibles de porter atteinte à leur intégrité, de manière à éviter toute défiguration, dilapidation, perte de caractéristiques ou d'authenticité qui peuvent être assurés au moyen d'une planification détaillée et appropriée réalisée par des personnes dûment qualifiées. Par ailleurs, il y a une politique de gestion responsable qui privilégie les solutions environnementales et le maintien d'un dialogue ouvert et constructif avec les partenaires et, entre autres, avec le Conseil de manière à atténuer les impacts négatifs potentiels résultant d'un usage impropre des alentours du monument, comme dûment stipulé par le Décret n° 309 du 23 octobre 2009 qui établit les restrictions touchant à la protection et à l'aménagement des environs de ces biens culturels.
La Direction générale du patrimoine culturel a été créée en vertu du Décret n° 115/2012 : sa mission est de superviser la mise en œuvre de la protection et de garantir la gestion, la sauvegarde, la conservation et la restauration des biens culturels protégés au Portugal.
Le Palais national de Mafra, en tant que musée, est également assujetti aux dispositions de la loi-cadre sur les musées n° 47/2004 et bénéficie d'un plan de sûreté, instrument obligatoire aux termes de la loi.
De même, la Tapada est couverte par les dispositions du décret-loi n° 151-B/2013 concernant la modification ultérieure, l'évaluation d'impact environnemental et le plan de gestion forestière approuvé en 2014.
Un protocole de coopération a été signé en 2019 et une Unité de coopération a été créée entre les principales instances responsables : la Direction générale du patrimoine culturel, l'École des Armes, la Tapada nationale de Mafra, la Municipalité de Mafra et la Paroisse de Saint André à Mafra. Une solide structure de gestion basée sur une forte coordination, une approche unifiée et des engagements explicites s'imposent pour garantir le maintien à long terme de la valeur universelle exceptionnelle du bien et la possibilité de l'apprécier dans sa totalité.
En outre, un programme de conservation définissant clairement les priorités et les sources de financement devrait être élaboré par les institutions responsables de la gestion du bien. Un plan de conservation du jardin du Cerco devrait aussi être mis place par la Municipalité.