Un deuxième atelier international sur la « Réduction des risques de catastrophe pour le patrimoine culturel » s'est tenu à Acre, Israël, du 14 au 17 novembre 2009. Organisé conjointement par la Commission nationale israélienne pour l'UNESCO, l'Autorité pour les Antiquités israéliennes et le Centre du patrimoine mondial, il a rassemblé des experts et des gestionnaires de biens culturels du patrimoine mondial de toutes les régions, ainsi que des représentants de l'ICOMOS, de l'ICCROM et de l'ICOM. Cet atelier avait pour but de continuer à développer l'initiative portant sur la réduction des risques liés aux catastrophes et, en particulier, identifier des possibilités concrètes de coopération entre les biens du patrimoine mondial.
L'atelier d'Acre s'est fondé sur le bilan de la réunion d'Olympie de 2008 et d'autres documents de politique stratégique ayant trait à la prévention des catastrophes, notamment, le Document d'orientation sur l'impact du changement climatique sur les biens du patrimoine mondial, adopté par l'Assemblée générale des États parties à la Convention du patrimoine mondial en 2007. S'agissant du changement climatique, l'atelier d'Acre a clarifié qu'en dépit du fait que tous les phénomènes qui y sont associés ne relèvent pas forcément de la réduction des risques de catastrophe, certains événements météorologiques extrêmes, responsables de désastres semblent être liés au réchauffement planétaire, comme les tornades et les inondations soudaines.
De plus, les effets du changement climatique tels que l'élévation des niveaux de l'eau et de l'humidité, constituent des facteurs de risquesous-jacents qui, en présence de dangers primaires, peuvent entraîner le déclenchement d'une catastrophe ou aggraver leurs conséquences. À l'issue de l'atelier d'Acre, les représentants de plusieurs biens du patrimoine mondial se sont dits intéressés à prendre part à des initiatives pilotes de développement de stratégies de réduction des risques de catastrophe sur leurs biens, éventuellement à travers des accords de jumelage appropriés et avec le soutien du Fonds du patrimoine mondial. La faisabilité de ces projets pilotes -et la possibilité de conclure des accords de jumelage entre sites- est à l'étude.
Recommandations du Deuxième Atelier international sur la réduction des risques de désastre pour le patrimoine culturel, Acre (Israël), 14-17 novembre 2009
L’atelier d’Acre a abouti à la rédaction d’un document contenant une liste d’actions spécifiques proposées, dont l’objet est de poursuivre la mise en œuvre de la Stratégie de réduction des risques sur les biens du patrimoine mondial, adoptée par le Comité du patrimoine mondial en 2007. Ce ‘plan d’action’ est reproduit ci-après et structuré en fonction de l’institution responsable de la mise en œuvre.
Le Centre du patrimoine mondial, en concertation et en étroite coopération avec les Organisations consultatives et autres instances concernées, comme l’ICOM, pourrait :
- Mettre au point un document de synthèse concis sur la corrélation entre le patrimoine et la réduction des risques de catastrophe, et le présenter à la Plate-forme globale pour la prévention des catastrophes de l’UN-ISDR afin de promouvoir l’intégration d’un pôle d’intérêt pour le patrimoine culturel et naturel comme cela est défini dans la Convention du patrimoine mondial et d’autres catégories de patrimoine tels que les biens meubles, les archives et les documents, ainsi que le patrimoine culturel immatériel dans le cadre des politiques de prévention des risques au niveau global et national ;
- Rechercher des fonds extrabudgétaires de façon à organiser –le plus tôt possible– un atelier d’experts avec les Organisations consultatives, les États parties intéressés et d’autres partenaires, destiné à formuler des propositions spécifiques pour réviser les Orientations de manière à intégrer plus formellement la réduction des risques de catastrophe dans ses dispositions, y compris dans le format des propositions d’inscription, la soumission des rapports périodiques, le suivi réactif, les procédures d’évaluation pour l’assistance internationale et la préparation des propositions d’inscription. L’atelier d’experts devrait aussi explorer l'opportunité d’établir des synergies avec les autres Conventions de l’UNESCO, s’agissant notamment du patrimoine matériel et immatériel et de la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé ;
- Élaborer, selon la proposition contenue dans le protocole d’Olympie, une proposition/étude de faisabilité pour l’instauration d’une « Journée pour la prévention des risques de catastrophe du patrimoine mondial », destinée à sensibiliser l’opinion publique à la question et à mieux préparer les instances chargées des biens du patrimoine mondial. Une esquisse de la proposition/étude de faisabilité pourrait être soumise à l’examen du Comité à sa 35e session (juillet 2011), en vue de l’adoption possible de la proposition par la 18e Assemblée générale des États parties à la Convention de 1972 à l’automne 2011 ;
- Faciliter, avec les États parties, la conclusion d’accords de jumelage entre biens du patrimoine mondial où des projets pilotes pourraient être mis en œuvre pour développer des stratégies de réduction des risques de catastrophes, fondées sur les principes et la méthodologie présentés dans le manuel sur « Le mode de développement des plans de gestion des risques de catastrophes pour les biens du patrimoine mondial ».
- Proposer que le prochain Forum UNESCO - Université et Patrimoine donne la priorité au débat sur la réduction des risques de catastrophes et coordonne les activités nécessaires.
Les Organisations consultatives pourraient :
- Veiller à ce que, dans le cadre des évaluations de propositions d’inscription de biens sur la Liste du patrimoine mondial, un volet « Réduction des risques de catastrophes » soit intégré dans leurs plans ou systèmes de gestion, élaboré selon les principes et la méthodologie présentés dans le manuel « Comment développer des plans de gestion des risques des catastrophes pour les biens du patrimoine mondial » (ICOMOS et UICN) ;
- Développer la méthodologie pour appliquer les Orientations révisées en intégrant la notion de réduction des risques dans l’élaboration des propositions d’inscription, l’évaluation et la gestion des sites dans le cadre de la Convention du patrimoine mondial (ICOMOS et UICN).
En outre, si les moyens sont mis à disposition, les Organisations consultatives, en coopération avec d’autres organisations concernées, comme l’ICOM, pourraient :
- Développer, en liaison avec le Centre du patrimoine mondial, des matériels de meilleures pratiques sur la réduction des risques de catastrophe fondés sur les projets pilotes susmentionnés réalisés sur des sites du patrimoine mondial dans le cadre d’accords de jumelage, pour les diffuser à un plus large public de professionnels et d’administrateurs ;
- Développer au niveau régional des cours de formation sur la prévention des risques basés sur le manuel précité, incluant des programmes d’étude et des matériels didactiques, organisés si possible en coopération avec des centres de Catégorie 2 associés au patrimoine mondial et des réseaux universitaires comme le Forum UNESCO (ICCROM) ;
- Développer un modèle succinct de publication à l’intention des services de la défense civile pour mieux les sensibiliser aux préoccupations du patrimoine culturel en matière de réduction des catastrophes, qui pourrait être traduit et adapté par les États parties selon leur contexte (ICCROM) ;
- Créer un centre d’échange d’information sur la réduction des risques liés catastrophes et le patrimoine mondial (ICCROM) ;
- Développer un modèle permettant de documenter les conséquences des catastrophes sur le patrimoine culturel et naturel et d’intégrer ces données dans des dispositifs de réponse et un plan de récupération.
Les États parties à la Convention pourraient :
- Élaborer des plans et des systèmes de gestion qui intègrent la notion de réduction des risques de catastrophes ;
- Conclure des accords de jumelage entre des biens du patrimoine mondial où des projets pilotes pourraient être mis en œuvre pour élaborer des stratégies de réduction des risques de catastrophes, basées sur les principes et la méthodologie présentés dans le manuel « Comment développer des plans de gestion des risques des catastrophe pour les biens du patrimoine mondial » ;
- Encourager et soutenir le développement de la recherche ainsi que la planification et la formation en gestion des risques liés aux catastrophes dans les universités et les institutions et donner la priorité au financement national des programmes.
- Intégrer le patrimoine matériel et immatériel, les archives, les musées et les bibliothèques ou associés aux biens du patrimoine mondial dans leur planification sur la réduction des risques et solliciter en particulier une des risques liés aux catastrophes sur les biens du patrimoine mondial assistance scientifique auprès d’organisations internationales et nationales spécialisées telles que l’ICOMOS, l’UICN, l’ICOM, l’ICA et l’IFLA.
- Développer, avec l’appui du Centre du patrimoine mondial et des Organisations consultatives, et si nécessaire avec l’aide du Fonds du patrimoine mondial, des rapports de mission sur les biens du patrimoine mondial frappés par une catastrophe, en tenant compte des leçons tirées de ces événements pour en faire part à la communauté du patrimoine mondial.