Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné les documents WHC/24/46.COM/8B et WHC/24/46.COM/INF.8B2,
- Inscrit le Parc national de Lençóis Maranhenses, Brésil, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii) et (viii) ;
- Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :
Brève synthèse
Avec ses grandes dunes s’étendant sur une vaste région, le Parc national de Lençóis Maranhenses ressemble à un désert. Toutefois, situé dans le nord‑est du Brésil, sur la côte orientale de l’État de Maranhão, le bien a un climat semi‑humide, avec une saison des pluies qui apporte de grands volumes d’eau pour former des lagunes interdunaires temporaires. Le bien couvre 156 562 ha, dont environ 90 000 ha se composent d’un vaste champ de dunes avec des lagunes temporaires et permanentes, bordant des plaines de déflation qui sont à la source des dunes, le long d’un littoral de 80 km. Le vent, pratiquement unidirectionnel, forme des barkhanes qui s’étendent sur 75 km de long. Le bien offre son panorama le plus extraordinaire lorsque les lagunes atteignent le niveau d’eau maximum durant la saison des pluies et présentent tout un éventail de couleurs, formes, tailles et profondeurs différentes. L’origine du champ de dunes se trouve dans la sédimentation issue des transgressions et régressions marines qui, associée à l’action du vent, a permis la formation de champs de dunes tout au long du Quaternaire. Le bien est situé dans le bassin de Barreirinhas, une zone de transition entre trois biomes brésiliens : Cerrado, Caatinga et Amazone. La végétation du parc se compose de formations pionnières de Restinga, mangroves et communautés alluviales qui, avec le milieu marin et d’eau douce, sont fondamentales pour la conservation de la diversité des espèces.
Critère (vii) : Le Parc national de Lençóis Maranhenses fait partie d’un paysage incomparable. Il est formé d’une succession de chaînes de dunes, entremêlées de lagunes temporaires et pérennes. Le long des 80 km de littoral du parc, il y a une plage entre 600 m et 2 km. Le sable déposé sur la plage par la marée est progressivement érodé par le vent et forme de petites barkhanes de 50 cm à un mètre de haut près du littoral, qui atteignent 30 m au maximum à mesure qu’elles migrent vers l’intérieur, sous le vent, et recouvrent les dunes de générations précédentes. Les barkhanes forment des chaînes ondulantes sur 75 km de long et se déplacent sur 20 km vers l’intérieur. Durant la saison des pluies, des lacs temporaires se forment entre les dunes pour disparaître en saison sèche, orchestrant une transformation constante du paysage. Compte tenu de la mobilité des dunes, dont le taux de migration va de 4 à 25 mètres par an, ces lacs réémergent ailleurs, avec des formes altérées, lors de la saison des pluies suivante. Le fond des lacs est recouvert d’un film d’algues brunes ou vertes et de cyanobactéries, ce qui contribue au changement constant du paysage et à la variété des formes et des couleurs, composant un paysage de beauté unique que l’on observe rarement où que ce soit dans le monde.
Critère (viii) : Les sédiments du bassin de Barreirinhas sont soumis à des processus éoliens qui forment un champ de dunes fixes et mobiles, réputé être le plus grand d’Amérique du Sud. Ce processus est considéré comme l’un des meilleurs et des plus grands exemples de développement de dunes côtières tout au long du Quaternaire et le seul site dans le monde présentant un développement aussi vaste de dunes dynamiques et de lagunes. Les dunes forment de longues chaînes de barkhanes organisées dans la même direction et dont la taille augmente à mesure qu’elles avancent vers l’intérieur. Durant la saison des pluies, l’élévation de la nappe phréatique forme des mares temporaires. Le bien se distingue par l’interaction complexe des éléments climatiques, océanographiques et géomorphologiques le long du littoral brésilien, avec des formations de lagunes et de dunes uniques alimentées exclusivement par l’eau de pluie. Ces caractéristiques, façonnées par les dynamiques côtières et par différentes interactions environnementales, témoignent de façon remarquable de la progression évolutive des dunes côtières durant des millénaires, ouvrant une fenêtre sur les paysages pluviaux d’avant l’apparition de la végétation de sorte que ce paysage sert de site analogue moderne permettant de comprendre les processus fluviaux passés. Les processus géomorphologiques créent des habitats intacts et naissants pour une flore et une faune diverses, spécialisées et pionnières.
Intégrité
Sur une superficie totale de 156 562 ha, le bien comprend 90 000 ha de champs de dunes avec de belles chaînes de barkhanes parsemées de lagunes temporaires et pérennes exclusivement alimentées par les eaux de pluie. Plus de 40 000 ha sont couverts de végétation de Restinga qui, avec les mangroves, les lagunes, les cours d’eau, les zones marines et d’autres écosystèmes, entretient une diversité d’espèces et interagit avec les processus géomorphologiques. La région est donc assez grande pour garantir la représentation d’éléments et de processus qui constituent la valeur universelle exceptionnelle du bien.
Les dunes sont séparées du littoral par une large plaine de déflation de 600 m à 2000 m de large. Le sable déposé par les marées sur la plage est progressivement érodé par le vent et donne forme à de petites barkhanes mesurant de 50 cm à un mètre près du littoral, pour atteindre 30 m à mesure qu’elles migrent vers l’intérieur, sous le vent et couvrant des dunes de générations précédentes. Les dunes migrent à la vitesse de 25 m au maximum par an. Lors de la saison des pluies, des lagunes émergent au milieu d’un sable très propre. Sans entrée ni sortie d’eau, elles sont exclusivement alimentées par l’eau de pluie. La fluctuation de la nappe phréatique contrôle la morphologie des dunes.
Le bien est entièrement cerné par une zone tampon de 268 231 ha, qui longe la côte et l’intérieur, créant une protection écologique entre les écosystèmes naturels et les zones urbanisées.
Éléments requis en matière de protection et de gestion
Le bien est protégé par son statut de Parc national de Lençóis Maranhenses et a une superficie de 156 562 ha. Cette aire légalement protégée est reconnue depuis 1981 par décret juridique. Elle est administrée par l’autorité nationale des aires protégées, ICMBio et par le Système national d’aires protégées (SNUC) en tant qu’instrument d’aménagement territorial principal visant à la protection de l’environnement et à la conservation de la biodiversité. Le réseau d’aires protégées qui se trouve à l’intérieur et au‑delà du bien entre également en interaction avec d’autres systèmes de protection et de gestion de l’environnement, aux niveaux de l’État et de la municipalité, et avec d’autres instruments qui visent à protéger d’importants écosystèmes au‑delà des limites des aires protégées.
En outre, le bien fait partie du Système national d’aires protégées (SNUC) et est inclus dans le groupe de protection intégrale où les ressources naturelles ne peuvent être utilisées que de manière indirecte. Ses limites sont bien définies et il a des zones tampons avec leurs instruments de réglementation respectifs, à savoir le Plan de gestion et le Plan d’utilisation publique. Des évaluations de l’efficacité de la gestion sont menées régulièrement et les résultats sont publiés. Le suivi, l’application des lois et la gouvernance doivent être proportionnels aux actions nécessaires pour répondre aux pressions du tourisme.
Les approches de gouvernance et participatives sont décidées, pour les prises de décisions gouvernementales à de multiples niveaux ainsi que pour les utilisateurs du bien, par deux instances au moins : le Conseil du Parc national de Lençóis Maranhenses et l’Instance de gouvernance régionale de Lençóis-Delta. Au moment de l’inscription, plus de 4000 personnes vivaient dans les limites du bien. Les populations locales et traditionnelles doivent participer équitablement et leurs droits doivent être respectés. Le Parc national reconnaît officiellement les communautés dans le cadre de « Termes d’engagement » qui visent à répondre aux besoins et activités durables menées par les résidents locaux à l’intérieur des limites du bien. Au moment de l’inscription, l’identification et la reconnaissance des communautés traditionnelles en sont encore à leurs balbutiements et devront être renforcées.
La partie marine de la zone tampon est soumise au Plan de gestion national du littoral et au Zonage côtier écologique et économique (ZEEC). Pour garantir la protection du bien contre des menaces venant du large, un régime de protection et de gestion renforcé du secteur marin de la zone tampon sera nécessaire à l’avenir.
- Demande à l’État partie de :
- élaborer un plan de gestion du tourisme tenant compte de la capacité de charge du bien, basé sur les attributs de la valeur universelle exceptionnelle et la biodiversité du bien,
- renforcer encore la protection et la gestion du secteur marin de la zone tampon, par exemple, par la désignation d’une aire marine protégée,
- continuer d’augmenter les ressources humaines et financières pour la protection et la gestion du bien, en particulier pour appliquer les actions décrites ci‑dessus, comprenant le renforcement du suivi de la biodiversité.