Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/23/45.COM/7B.Add.2,
- Rappelant la décision 44 COM 7B.79, adoptée lors de sa 44esession élargie (Fuzhou/en ligne, 2021),
- Déplore les nouvelles attaques meurtrières commises par des groupes armés dans le bien, et adresse ses plus sincères condoléances aux familles des victimes, ainsi qu’à l’ensemble du personnel des administrations nationales en charge de la gestion du bien ;
- Reconnaissant que l’augmentation du nombre d’événements violents liés à la présence de groupes armés dans la zone du bien est une conséquence directe de la dégradation très grave de la situation sécuritaire dans la région du Sahel, exprime sa plus vive inquiétude sur le fait que l’augmentation du nombre d’attaques commises par des groupes armés dans la zone du bien a entrainé l’évacuation du personnel et l’absence de gestion sur le terrain dans les composantes burkinabé et nigérienne ;
- Exprime sa plus grande préoccupation concernant les conclusions de la mission de suivi réactif de janvier 2022 que le bien est confronté à des menaces graves qui pourraient avoir des effets nuisibles sur ses caractéristiques essentielles, et que la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du bien est sujette à une mise en péril conformément aux paragraphes 180 b)iii) et 180 b)iv) des Orientations ;
- Note également que la mission confirme que les éléments qui justifient la VUE du bien restent présents dans la composante béninoise, mais que les informations et la documentation disponibles dans les composantes burkinabé et nigérienne ne permettent pas d’évaluer à ce stade l’ampleur de l’impact de la présence des groupes armés et des activités illégales sur les éléments qui justifient la VUE dans ces composantes et demande aux États parties de réaliser des recensements aériens de manière régulière en utilisant une même méthodologie permettant la comparaison des résultats et par conséquent l’identification de tendances de populations fauniques ;
- Prie instamment les États parties, en collaboration avec les partenaires techniques et financiers, de mettre en œuvre les recommandations établies par la mission de suivi réactif de 2022 afin de renforcer la gestion et la protection des éléments constitutifs de la VUE du bien et de renforcer le dialogue et la communication avec toutes les parties prenantes dans la mise en œuvre des recommandations susmentionnées ;
- Accueille favorablement les efforts des États parties pour faire face à la situation sécuritaire à travers le renforcement des capacités opérationnelles du personnel, l’acquisition de matériel, la collecte et l’analyse d’informations sécuritaires, le renforcement de patrouilles de surveillance et des opérations conjointes avec les forces de défense et de sécurité et l’élaboration de documents de cadrage stratégique et de planification opérationnelle tels que les Plans d’Intervention Prioritaire (PIP) pour les différentes composantes du bien et prie instamment les États parties de poursuivre et renforcer ces efforts, notamment à travers la mise en œuvre des PIP et des recommandations du second conseil des ministres des trois pays du 23 juin 2023 au Bénin en faveur des efforts communs de sécurisation et de préservation du Complexe transfrontalier, avec l’appui des partenaires techniques et financiers impliqués;
- Remercie les partenaires techniques et financiers qui soutiennent la conservation du bien, notamment à travers des financements du gouvernement de l’Allemagne, du Fonds d’adaptation, de l’Union européenne et du gouvernement de la Norvège et lance un appel à la communauté internationale pour soutenir davantage les efforts des États parties, afin d’assurer un financement durable du bien, à travers notamment la consolidation de la Fondation des Savanes Ouest-Africaines (FSOA);
- Note en outre les avancées dans la mise en œuvre des dispositions de l’Accord tripartite relatif à la gestion harmonisée des aires protégées du Complexe transfrontalier W-Arly-Pendjari et encourage en outre les États parties à mettre à disposition des moyens techniques et financiers suffisants pour le bon fonctionnement du Secrétariat Exécutif et les autres organes de gouvernance prévus ;
- Félicite les États parties pour l’adoption d’un plan d’adaptation aux changements climatiques (PACC) pour le Complexe W-Arly-Pendjari et les encourage par ailleurs à intégrer les mesures d’adaptation prévues dans les différents documents de cadrage stratégique et de planification opérationnelle des aires protégées du bien et à mettre en place un système d’alerte précoce multirisques pour le bien ;
- Note l’engagement de l’État partie du Bénin à réaliser des Études d’impact environnemental et social (EIES) pour les différents projets d’infrastructures réalisés et planifiés dans la composante béninoise du bien, et réitère que tout nouveau projet doit être soumis à une EIES avant son approbation, y compris une évaluation spécifique des impacts négatifs potentiels sur la VUE du bien, suivant le Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial ;
- Prend note de la carte des limites de la zone tampon du bien à l’échelle1/50 000e soumise en réponse aux décisions 41 COM 8B.3 et 44 COM 7B.79, salue les initiatives entreprises par les États parties du Bénin et du Niger pour modifier les limites de la zone tampon du bien afin de renforcer sa protection, et demande en outre aux États parties de soumettre une demande de modification mineure des limites pour refléter ces modifications d’ici le 1er février 2024 pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session ;
- Encourage de plus les États parties à renforcer le dialogue et la communication avec toutes les parties prenantes dans la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, qui pourrait être appuyée à travers une demande d’assistance internationale d’urgence au Fonds du patrimoine mondial et le projet « Initiative d’appui à la gestion durable du Complexe W-Arly-Pendjari » financé par le gouvernement de la Norvège, dont la première consultation technique nationale s’est tenue au Niger du 30 mai au 1erjuin 2023, en préparation des consultations techniques nationales au Burkina Faso et au Bénin, ainsi que de la table ronde des partenaires techniques et financiers autour du bien ;
- Demande en outre aux États parties d’inviter une nouvelle mission conjointe de suivi réactif Centre du patrimoine mondial/UICN afin de répondre aux lacunes identifiées par la mission de janvier 2022, pour évaluer les mesures engagées par les États parties pour restaurer la sécurité et renforcer la gestion du bien, et pour déterminer si la VUE est toujours sujette à une mise en péril ;
- Demande par ailleurs aux États parties de soumettre, d’ici le 1erfévrier 2024, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur les démarches entreprises pour la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 46e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa valeur universelle exceptionnelle, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.