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Décision 41 COM 8B.15
Zone des temples de Sambor Prei Kuk, site archéologique de l’ancienne Ishanapura (Cambodge)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/17/41.COM/8B, et WHC/17/41.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit la Zone des temples de Sambor Prei Kuk, site archéologique de l’ancienne Ishanapura, Cambodge, sur la Liste du patrimoine mondial, sur la base des critères (ii), (iii) et (vi);
  3. Prend note de la Déclaration provisoire de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le site archéologique de Sambor Prei Kuk, dont la signification khmère est « le temple dans la forêt luxuriante », est identifié comme étant ISHANAPURA, la capitale de l’empire Chenla qui prospérait à la fin du VIe et au début du VIIe siècle apr. J.-C. Elle fut établie dans la plaine marquée par une forte influence de l’eau : cours d’eau, canaux, marais et digues naturelles.

    Les vestiges de cette vaste cité s’étendent sur 25 km2 au sein desquels se trouvait un centre-ville fortifié d’environ 4 km2. Les monuments debout les importants se trouvent dans la zone centrale groupant trois principaux ensembles qui, du Nord au Sud, contiennent 125 temples reliés par deux chaussées, ainsi que 16 autres temples situés dans une zone satellite, au Nord.

    Le temple de forme octogonale est un élément particulier de ces ensembles. Au nombre de dix, les temples octogonaux sont les plus anciens et constituent des spécimens uniques en leur genre en Asie du Sud-Est, sans aucun prototype indien connu. Leur décoration architecturale en grès est caractéristique du style préangkorien (fin du VIe siècle et début du VIIe), le style dit de Sambor Prei Kuk, premier style artistique khmer, dont certains éléments (linteaux, frontons, colonnades…) sont de véritables chefs-d’œuvre.

    Les historiens, sur le témoignage des inscriptions en sanskrit et en khmer et des vestiges archéologiques, considèrent que les avancées qui ont eu lieu à Sambor Prei Kuk ont posé les fondations des grandes réalisations de l’Empire Khmer.

    Critère (ii) : La zone des temples témoigne de la singularité de l’architecture et de l’urbanisme et de leurs sources indiennes. Elle est étayée sur le plan architectural par l’apparition de la construction octogonale et de nouvelles formes esthétiques comme les palais volants et les médaillons sculptés dans les murs de brique, les linteaux en pierre et les sculptures définissant le « style de Sambor Prei Kuk ». L’art et l’architecture, qui furent développées dans ce cadre, devinrent un modèle qui s’est diffusé dans d’autres parties de la région et a finalement abouti à la cristallisation du style khmer unique de la période angkorienne.

    Par ailleurs, les influences spirituelles et techniques indiennes se manifestent pleinement dans l’art et l’architecture de la zone des temples.

    Critère (iii) : L’ancienne Ishanapura a été profondément influencée par le sous-continent indien en matière de forme des institutions sociales, de religion et d’art. L’ensemble religieux constitué par la zone des temples est considéré comme le centre de pèlerinage le plus important d’Asie du Sud-Est.

    Critère (vi) : L’ancienne Ishanapura est liée aux valeurs universelles de tolérance et de paix, telles que portées par la première apparition officielle, dans l’un des sanctuaires de la zone des temples, de HARIHARA, importé d’Inde, et de SAKABRAHMANA, de Perse. C’est aussi le lieu de la première inscription en Asie du Sud-Est qui se réfère aux enseignements universels du bouddhisme.

    En outre, des inscriptions, qui sont les premières à utiliser la langue khmère à côté du sanscrit, témoignent de l’apparition du concept de Dieu-Roi, à lire en relation avec les développements qui prirent naissance, selon les légendes, à Vat Phou (Laos) et se poursuivirent lors de la période angkorienne. Le système administratif mentionné par ces inscriptions a également influencé le système administratif à quatre piliers d’Ayutthaya (Thaïlande). De plus, le concept de Dieu-Roi est toujours vivant dans les systèmes politiques cambodgien et thaïlandais.

    Intégrité

    Malgré des dégradations causées par le temps et la guerre civile (1970-1990), il reste, dans la zone des temples suffisamment de monuments, dans un état de conservation moyen à bon, pour démontrer l’intégrité de cette zone.

    De fait, les temples importants ont conservé leur forme – en particulier les temples octogonaux - et leurs matériaux d’origine, malgré les réparations et modifications apportées du VIIe au XIIIe siècle. Bon nombre d’éléments décoratifs, de statues et d’inscriptions sont restés in situ. La plupart des chefs-d’œuvre sont exposés dans les musées cambodgiens et étrangers.  

    Sur la base de l’état des lieux et des connaissances disponibles, les conditions d’intégrité de la zone des temples sont appropriées.

    Authenticité

    Malgré leur détérioration, les temples toujours debout présentent une authenticité de forme et de conception et illustrent l’influence culturelle et architecturale indienne pendant la période Chenla (VI-VIIe siècle). En termes de matériaux, les vestiges conservent leur substance d’origine grâce à des réparations respectueuses, qui perpétuent les techniques traditionnelles, et à l’utilisation des briques anciennes.

    Cela a contribué au maintien de l’authenticité des qualités formelles, fonctionnelles et visuelles. De plus, par comparaison avec Angkor, il y a eu plutôt moins d’interventions physiques et peu de reconstitutions hypothétiques.

    Enfin, de nombreux temples sont encore utilisés pour le culte par les habitants et des visiteurs. Les communautés locales considèrent, en effet, que l’ancienne Ishanapura est la demeure des « Neak Ta », des esprits ancestraux puissants qui sont vénérés lors des rituels quotidiens et de deux festivals annuels exceptionnels dont les pratiques sont propres au lieu. Mêmes si elles sont vulnérables, les conditions d’authenticité de la zone des temples sont appropriées.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le Cambodge dispose d’une loi générale sur la protection du patrimoine culturel (Loi n 26 du 25 janvier 1996) dont l’article 19 proclame : « Les biens culturels classés sont imprescriptibles ».

    Un décret royal, en date du 3 novembre 2003, déclare le site archéologique de Prasat Sambor Prei Kuk comme site protégé.

    Un décret royal, en date du 24 décembre 2014, a étendu la zone protégée afin d’englober l’intégralité de la superficie du bien (superficie : 1354, 26 ha). Il est à noter que des parties du site de Sambor Prei Kuk relèvent des forêts protégées pour la conservation génétique des plantes et des oiseaux.  

    Ainsi la protection légale en place est appropriée et les mesures de protection du bien sont aussi appropriées. Mais un suivi de leur efficacité est nécessaire à l’avenir. La mise en œuvre de la protection repose, essentiellement, sur l’Autorité nationale de Sambor Prei Kuk (ANSPK), établissement public placé sous la tutelle du ministère cambodgien de la Culture et des Beaux-Arts.

    Un plan global de gestion et de conservation a été finalisé en février 2017. Il comprend un « plan de conservation » accompagné d’un plan de mise en œuvre en trois phases d’une durée de 15 ans, basé sur une stratégie de conservation à long terme. Les actions de conservation comprennent un suivi régulier, une évaluation des risques, des études scientifiques et l’entretien. Des programmes de formation et de renforcement des capacités sont inclus dans les première (2017-2022) et seconde (2022-2027) phases du plan.  

    Etant donné le risque d’effondrement de certains temples, on considère qu’il est préférable de consacrer, dans un premier temps, la majeure partie des moyens disponibles à la protection et à la conservation de toutes les structures debout. Les fouilles peuvent être retardées jusqu’à ce que toutes les structures debout soient sécurisées.

    Le cadre de référence du plan de gestion est complet et comprend à la fois des déclarations de principe et des orientations détaillées. Les mesures de gestion existantes s’appuient sur une compréhension claire des valeurs du bien et il existe un engagement clair pour le gérer efficacement de manière à ce qu’il conserve ces valeurs.  

    Toutefois le plan de gestion touristique devrait être révisé pour prendre efficacement en compte les conditions météorologiques, la saisonnalité des activités touristiques et la capacité d’accueil de la zone des temples.

  4. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial une nouvelle carte des limites du bien inscrit et de la zone tampon d’ici le 1erdécembre 2017 ;
  5. Recommande à l’État partie, avec l’aide de l’ICOMOS et du Centre du patrimoine mondial, si nécessaire, de :
    1. Clarifier les attributs de la valeur universelle exceptionnelle par rapport aux délimitations de la zone des temples et de la zone tampon,
    2. Étoffer le plan de conservation avec un manuel de conservation pour exposer les paramètres en vertu desquels la conservation est assurée et développer en détail les ressources nécessaires pour répondre à l’urgence de la conservation des temples qui menacent de s’effondrer,
    3. Affiner le plan de gestion en répondant de manière plus efficace au besoin d’un plan d’intervention et de gestion des risques et en identifiant les ressources appropriées pour toutes les actions planifiées,
    4. Réviser le plan de gestion touristique en adoptant une approche plus dynamique et efficace qui intègre les conditions météorologiques, les variations saisonnières de l’industrie ainsi que l’état des monuments et leur capacité d’accueil,
    5. Envisager l’extension du bien après que le bien dans son ensemble aura été mieux étudié, documenté et évalué ;
  6. Recommande également que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. Préparer et mettre en œuvre un code de conduite des visiteurs,
    2. Financer la recherche et préparer un plan d’interprétation et de présentation pour le musée de Kampoon Thom,
    3. Rechercher des manières d’éviter les herbicides et les remplacer par des méthodes respectueuses de la maçonnerie et de l’environnement,
    4. Concevoir et mettre en œuvre une meilleure signalétique au sein du bien,
    5. Améliorer l’affichage d’informations et l’interprétation dans le centre des visiteurs de Sambor Prei Kuk,
    6. Poursuivre avec vigilance le contrôle anti-pillage et mettre en œuvre le plan d’alarmes antivol mentionné dans le plan de gestion,
    7. Compléter le programme de suivi par des rapports réguliers sur les travaux de conservation et de restauration, le suivi des données sur les risques, le schéma d’établissement, les structures hydrauliques anciennes, la satisfaction des visiteurs, l’implication de la communauté, et les indicateurs environnementaux plus larges pertinents ;
  7. Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2018 un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées pour examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 43e session, en 2019.
Code de la Décision
41 COM 8B.15
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2017
Documents
WHC/17/41.COM/18
Décisions adoptées lors de la 41e session du Comité du patrimoine mondial (Cracovie, 2017)
Contexte de la Décision
WHC-17/41.COM/8B
WHC-17/41.COM/INF.8B1
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