Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/24/46.COM/7B,
- Rappelant la décision 45 COM 7B.12 adoptée lors de sa 45esession élargie (Riyad, 2023),
- Regrette que l’État partie n’ait pas soumis le rapport demandé sur l’état de conservation et prend note avec inquiétude que l’absence de soumission par l’État partie rend difficile le suivi de l’état de conservation du bien par le Comité du patrimoine mondial ;
- Rappelant également le haut niveau d’endémisme du bien et les impacts potentiellement dévastateurs des espèces exotiques envahissantes (EEE) sur sa valeur universelle exceptionnelle (VUE), se félicite des activités en cours dans le cadre du programme PNUE-FEM pour mettre en place des mesures de quarantaine portuaire et préparer une stratégie participative de contrôle des EEE, et demandeà l’État partie, en collaboration avec les parties concernées, d’achever d’urgence cette stratégie de contrôle des EEE et de mettre en œuvre des mesures de biosécurité pour assurer une gestion efficace de la menace ;
- Prend note du fait que les développements ont été précédemment signalés comme étant principalement limités aux zones de développement urbain, que le développement dans la zone tampon est réglementé par des normes environnementales, et que ces normes sont intégrées dans la révision et la mise à jour du Plan de zonage de conservation (PZC), demande également que le PZC soit finalisé en priorité et soumis au Centre du patrimoine mondial, et rappelle à l’État partie que tout projet de développement planifié au sein du bien, de sa zone tampon ou de son cadre élargi devrait être sujet à une évaluation spécifique de ses impacts potentiels sur la VUE du bien, conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial, avant que des décisions difficilement réversibles ne soient prises ;
- Notant les précédents rapports sur les impacts dans certains parcs nationaux ou zones protégées, demande en outre à l’État partie de fournir des informations complémentaires sur ces impacts par rapport à la VUE, et de préciser comment l’initiation ou la mise à jour des plans de gestion des zones protégées pour couvrir toutes les zones sensibles de biodiversité et soutenir l’utilisation des ressources naturelles locales s’articuleront avec la mise à jour du PZC et la gestion intégrée globale du bien ;
- Rappelant également que selon de précédents rapports, la pêche et la récolte de ressources aquatiques dans le cœur de la zone marine et des zones tampons représentent des menaces importantes, demande à l’État partie d’évaluer les menaces potentielles pesant sur la faune marine en raison de la surpêche et de la récolte des ressources aquatiques ;
- Continue de prier instamment l’État partie et toutes les parties prenantes impliquées dans des projets de développement de s’assurer que les études d’impact correspondantes sont mises en œuvre conformément au Guide et boîte à outils pour les évaluations d’impact dans un contexte de patrimoine mondial, notamment en :
- évaluant, dans le contexte de la nouvelle réglementation, les impacts potentiels des développements d'infrastructures existants qui n'ont pas fait l'objet d'une étude d’impact environnementale (EIE),
- veillant à ce que les normes environnementales appropriées qui réglementent les activités dans le bien et sa zone tampon soient intégrées au PZC actualisé et que leur application soit assurée ;
- Note les mesures positives qui sont prises pour faire face aux menaces qui pèsent sur la VUE du bien, mais réitère sa plus grande préoccupation quant aux impacts potentiels des menaces précédemment identifiées, comme le développement incontrôlé, l’utilisation non durable des ressources naturelles, le changement climatique, la pollution plastique, l’absence de financement durable et l’insuffisance des mesures de biosécurité pour éviter l’introduction des EEE, et considère que l’effet cumulé de ces facteurs pourrait représenter un danger potentiel pour la VUE du bien ;
- Note avec satisfaction les efforts de l’État partie pour assurer la coordination avec des organisations et projets internationaux afin de protéger la VUE du bien, y compris les actions visant à conserver les zones humides Ramsar, la restauration de l’habitat par la reforestation et les activités de dissémination telles que le projet SSC/FCC de l’UICN (2022-2024), la deuxième phase du projet Franklinia sur les arbres en péril (2023-2025), les Amis de Socotra, et encourage l’État partie à poursuivre et à élargir ces initiatives en y incluant des projets de sensibilisation sociale et de renforcement des capacités ;
- Prend également note du rapport de l’UNESCO sur la mise en œuvre du projet financé par l’Assistance d’urgence pour remédier à la marée noire de janvier 2023 provenant d’un pétrolier échoué dans le sanctuaire naturel de Delisha depuis novembre 2019, qui indique que la côte a été en grande partie nettoyée par les autorités locales et les organisations communautaires, mais exprime sa préoccupation quant au fait qu’aucune évaluation de l’impact sur VUE n’a été entreprise à ce jour, que des traces de l’impact sur la côte soient encore visibles et que le pétrolier Gulf Dove contienne encore des dérivés de pétrole résiduels, et qu’il représente donc un risque potentiel continu pour la VUE du bien, en particulier son environnement marin, et demande en outre à l’État partie de fournir une mise à jour sur cette question ;
- Accueille en outre favorablement les activités menées dans le cadre de la mise en œuvre du financement de l’Assistance d’urgence, y compris la préparation d’une évaluation des risques et d’un plan d’action, et note également que la mise en œuvre du plan d’action décrit et des recommandations connexes nécessiterait la mobilisation de ressources supplémentaires pour soutenir les autorités locales ;
- Prend également note avec inquiétude que l’instabilité politique actuelle et la crise économique continuent d’avoir un impact sur la capacité de gestion efficace du bien, et continue d’appeler la communauté internationale à soutenir l’État partie dans ses efforts pour assurer une protection et une gestion efficaces du bien ;
- Note les efforts de l’État partie pour inviter une mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/UICN sur le bien, et demande à nouveau qu’elle soit effectuée dans les meilleurs délais, afin d’évaluer si le bien remplit les conditions pour une inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril et de formuler des recommandations pour assurer la préservation de la VUE du bien ;
- Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, avant le 1erfévrier 2025, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et la mise en œuvre de ce qui précède, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session, considérant que les besoins urgents de ce bien en matière de conservation nécessitent une large mobilisation pour préserver sa VUE, y compris une possible inscription sur la Liste du patrimoine mondial en péril.