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Décision 45 COM 8B.50
Site archéologique de Jodensavanne : établissement de Jodensavanne et cimetière de Cassipora Creek (Suriname)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/23/45.COM/8B et WHC/23/45.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit le Site archéologique de Jodensavanne : établissement de Jodensavanne et cimetière de Cassipora Creek, Suriname, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base du critère (iii) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Situé sur les rives densément boisées du fleuve Suriname, le site archéologique de Jodensavanne, dans le nord du Suriname, est un bien en série dont les deux éléments constitutifs témoignent des premières tentatives de colonisation juive dans le Monde atlantique. L’établissement de Jodensavanne, fondé dans les années 1680, comprend les ruines de ce qui pourrait être la plus ancienne synagogue des Amériques revêtant une importance architecturale, ainsi que des cimetières et les fondations de bâtiments en brique, des débarcadères et un poste militaire. Le cimetière de Cassipora Creek constitue le vestige d’un établissement plus ancien, fondé dans les années 1650, qui disparut trois décennies plus tard lorsque ses habitants se déplacèrent à deux kilomètres en aval, à Jodensavanne. Fait inhabituel pour la diaspora séfarade de l’Atlantique, ces premières colonies juives n’étaient pas implantées dans des environnements urbains existants et ont subsisté plus longtemps que la plupart des autres colonies. Situées en territoire autochtone, ces colonies étaient habitées, possédées et dirigées par des Juifs qui y vivaient avec des personnes d’origine africaine et autochtone, libres ou esclaves. Ces établissements bénéficiaient du plus large éventail de privilèges et d’immunités connu dans le monde juif des débuts de l’époque moderne.

    Critère (iii) : Le site archéologique de Jodensavanne est un témoignage exceptionnel, au sein de la diaspora séfarade de l’Atlantique, d’une civilisation juive qui avait obtenu une autonomie territoriale et communautaire, un « État dans l’État » juif qui exista du XVIIe au XIXe siècle dans une société esclavagiste et une zone frontalière. L’établissement se trouvait dans une zone jouxtant les territoires autochtones, et les colons juifs contribuèrent largement à sa défense. Plusieurs des vestiges matériels du bien sont exceptionnels en raison de leur ancienneté (les cimetières) et de leur architecture. Par ailleurs, les vestiges archéologiques de l’établissement et des cimetières mettent en évidence différents degrés de coexistence et de conflit entre les cultures et les groupes ethnoculturels, notamment des Juifs, des peuples autochtones, des esclaves africains et des colons européens.

    Intégrité

    L’intégrité du bien en série est basée sur l’élément constitutif de l’établissement de Jodensavanne, avec les vestiges de ses édifices, les cimetières et plusieurs autres éléments qui jouèrent un rôle important pour le développement et la vie quotidienne de la communauté juive, notamment les débarcadères de bateaux qui reliaient Jodensavanne au fleuve, le poste militaire et une partie des défenses, les sources médicinales, les fromagers sacrés et une sablière. Les pierres tombales de l’élément constitutif du cimetière de Cassipora Creek portent des inscriptions en hébreu, en portugais, en espagnol, en néerlandais, en araméen, et dans des combinaisons de ces langues. L’établissement de Cassipora Creek, qui constitua la première communauté juive séfarade autonome au sein de la colonie du Suriname et qui précéda l’établissement de Jodensavanne, n’est pas encore localisé avec précision, mais son emplacement probable est inclus dans la zone tampon.

    Authenticité

    Les attributs qui transmettent la valeur universelle exceptionnelle sont en grande partie authentiques en termes de formes et conceptions, de matériaux et substance, ainsi que de situations et de cadres. Les travaux d’entretien en cours s’appuient sur les conseils de spécialistes et sont effectués en apportant le plus grand soin aux matériaux et à la substance d’origine.

    De manière générale, l’authenticité des vestiges ainsi que leurs cadres ne soulèvent pas de préoccupations importantes pour le moment. Il est nécessaire de renforcer la protection des abords des éléments constitutifs du bien afin d’éviter à l’avenir tout impact potentiel négatif sur l’authenticité de ces cadres.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Les deux éléments constitutifs du bien sont reconnus comme monuments archéologiques en vertu de la loi sur les monuments de 2002 et sont légalement protégés au plus haut niveau depuis 2009 par la résolution ministérielle no 873. La Fondation Jodensavanne, créée en 1971, est l’autorité de gestion officielle du bien. Elle a obtenu le droit d’utilisation à des fins de réhabilitation, de conservation, de gestion et de tourisme et elle détient les droits fonciers officiels du bien. Les populations autochtones locales sont les gardiennes traditionnelles du site archéologique, ce qui ajoute un autre niveau de protection. Le bien est cogéré par le village autochtone de Redi Doti. Un accord de coopération entre le conseil du village de Redi Doti et la Fondation Jodensavanne établit que le village autochtone de Redi Doti est coresponsable de la préservation, de la protection et de la gestion du patrimoine culturel du site archéologique de Jodensavanne, tandis que la Fondation Jodensavanne reconnaît sa responsabilité partagée dans le développement socio-économique durable de Redi Doti. Toute modification du plan de gestion ainsi que tout projet lié au tourisme, aux loisirs ou à la construction doit être approuvé par les deux partenaires. L’accord de coopération est évalué et signé par les deux partenaires tous les quatre ans.

    Le plan de gestion 2020-2025 de l’établissement de Jodensavanne et du cimetière de Cassipora Creek donne des orientations pour la gestion, la protection, la conservation et la promotion du site archéologique de Jodensavanne. L’exploitation du bien est très dépendante des recettes provenant de la billetterie et des dons privés. Une subvention annuelle du ministère de l’Éducation, de la Science et de la Culture est sollicitée pour aider à couvrir les coûts de fonctionnement du bien.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. obtenir un financement adéquat et stable pour l’exploitation et l’entretien du bien,
    2. finaliser la désignation de zone de forêt spéciale protégée,
    3. préparer et/ou centraliser les inventaires des découvertes archéologiques et les informations qui les accompagnent, et présenter ces informations sur des cartes topographiques détaillées et/ou dans un système d’information géographique (SIG),
    4. identifier des indicateurs quantifiables pour le suivi de l’état de conservation de tous les attributs du bien, ainsi que des conditions environnementales générales et de l’évolution de ses abords, afin de faciliter la détection des évolutions à long terme du bien et de ses abords,
    5. élaborer un plan global de préparation aux risques pour les deux éléments constitutifs,
    6. évaluer l’utilisation actuelle des terres (par exemple, l’emplacement des installations destinées aux visiteurs) dans le but d’élaborer un plan d’occupation des sols pour le bien,
    7. étudier la possibilité et la pertinence d’inclure d’autres groupes d’intérêt et parties prenantes dans le processus de gestion du bien,
    8. déterminer la capacité d’accueil du bien,
    9. explorer plus avant la possibilité d’inclure les vestiges de l’établissement de Cassipora Creek dans les limites du bien, au moyen d’une demande de modification mineure des limites, si son emplacement et son état de conservation peuvent être déterminés avec précision,
    10. entreprendre des recherches sur les relations entre les différents groupes (population juive, descendants africains locaux) qui vivaient ensemble à Jodensavanne afin d’approfondir la connaissance du bien ;
  5. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1erdécembre 2024, un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial lors de sa 47e session.
Documents
Contexte de la Décision
WHC-23/45.COM/8B
WHC-23/45.COM/INF.8B1
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