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Décision 45 COM 8B.2
Forêts sèches de l’Andrefana (Madagascar)

  1. Ayant examiné les documents WHC/23/45.COM/8B et WHC/23/45.COM/INF.8B2,
  2. Rappelant les décisions 004/13 et 35 COM 8D adoptées à ses 14e (Banff, 1990) et 35e (Siège de l’UNESCO, 2011) sessions, respectivement,
  3. Approuvela modification importante des limites de la Réserve naturelle intégrale du Tsingy de Bemaraha, pour devenir les Forêts sèches de l’Andrefana, Madagascar, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (vii), (ix) et (x) ;
  4. Adopte la déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le bien en série, Forêts sèches de l’Andrefana, comprend quatre parcs nationaux – Ankarafantsika, Mikea, Tsingy de Bemaraha et Tsimanampesotse – et deux réserves spéciales—Analamerana et Ankarana. Le bien représente des centres d’endémisme dans les biomes tropical et subtropical secs de Madagascar avec ses forêts sèches de l’ouest et ses forêts et fourrés secs épineux du sud-ouest qui sont le résultat d’une évolution en vase clos sur une grande île massive séparée de toute autre terre depuis des dizaines de millions d’années. Les parcs et réserves constituant le bien assurent un continuum de formations forestières sèches à arides depuis le nord jusqu’au sud pour inclure presque tous les centres d’endémisme des forêts sèches de l’ouest de Madagascar. Ces centres d’endémisme ont évolué dans l’isolement résultant des barrières géographiques créées par un réseau de grandes rivières et des oscillations paléoclimatiques au fil de millions d’années, où les variations du régime des pluies ont conduit à l’expansion et au recul des écosystèmes forestiers. Le bien représente et conserve des écosystèmes, des habitats et des espèces uniques au monde. Le long isolement de Madagascar a contribué au développement d’un laboratoire naturel de l’évolution marqué par une diversité biologique exceptionnelle, un taux d’endémisme parmi les plus importants du monde, et un grand nombre de lignées anciennes qui ont disparu partout ailleurs à l’instar de l’ordre endémique des mésites avec une ancienneté de quelque 54 millions d’années. Les Forêts sèches de l’Andrefana sont indispensables à la protection des écosystèmes et de la biodiversité endémiques de l’île, ainsi que de la diversité des systèmes évolutifs, écologiques et biogéographiques qui se sont développés à Madagascar.

    Critère (vii) : La Réserve naturelle intégrale du Tsingy de Bemaraha, devenue depuis Parc national, représente des phénomènes géologiques rares ou éminemment remarquables, d’une beauté exceptionnelle. Elle présente des éléments géologiques impressionnants comprenant un paysage karstique avec un massif calcaire fortement déchiqueté, parcouru par une rivière à gorges profondes, qui est l’expression spectaculaire d’un stade d’évolution de la terre sous la forme d’une « forêt de pierres acérées » en éperons calcaires s’élevant jusqu’à cent mètres de haut et formant de véritables cathédrales pour offrir un spectacle naturel grandiose. En outre, « le Tsingy » du plateau calcaire présente une formation inhabituelle d’une beauté exceptionnelle et unique au monde, universellement reconnue par les effets que créent les nuances de « vert forêt » sur le gris à reflets métalliques du karst hérissé. Sans ajouter de nouveaux attributs, les cinq autres éléments constitutifs de ce bien en série contribuent à la beauté naturelle du bien.

    Critère (ix) : Les oscillations paléoclimatiques des derniers millions d’années ont profondément marqué les paysages et l’évolution des éléments de la faune et de la flore de Madagascar. Les Forêts sèches de l’Andrefana sont le produit complexe de ce processus. Elles ont reculé au cours des périodes sèches ; se sont étendues au cours des périodes humides mais avec des variations profondément liées au relief et à son réseau hydrologique. Les centres d’endémisme qui abritent nombre d’espèces et taxons supérieurs endémiques sont les « interfluves » des grands fleuves qui prennent leur source sur les plus hauts sommets de Madagascar. Les centres d’endémisme du versant occidental abritaient des refuges qui avaient capté des parties du système hydrologique en permettant à des populations animales et végétales de survivre dans l’isolement au cours des périodes sèches. Les Forêts sèches de l’Andrefana sont distribuées sur tous les centres d’endémisme de l’Ouest—sauf un. À savoir, du sud au nord dans le bien en série, les centres d’endémisme du Karimbola (Parc national Tsimanampesotse), de Mikea (Parc national de Mikea), de Melaky (Parc national de Bemaraha), de Sofia (Parc national d’Ankarafantsika), d’Ankarana (Réserve spéciale d’Ankarana) et de Vohimarina (Réserve spéciale d’Analamerana).

    Critère (x) : Les différents types de forêts de Madagascar abritent 80% des espèces endémiques du pays, et les forêts sèches contribuent à cette richesse de manière déterminante. Les forêts sèches se distinguent nettement des forêts humides de Madagascar avec des groupes phares entièrement limités aux formations sèches tels les baobabs, la plupart des membres de la famille des Didiereaceae, les flamboyants, des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des tortues terrestres et plus de la moitié des scorpions. Parmi les espèces importantes, on peut citer le propithèque de Perrier et le lémur mongos, le pygargue de Madagascar et l’avahi occidental. Dans les ordres et les familles endémiques de Madagascar, plusieurs genres et espèces ne sont présents que dans les forêts sèches ou les fourrés épineux. Plus remarquables encore sont les anciens ordres de la faune qui sont endémiques de l’île, tels les deux oiseaux endémiques de Mikea, éponyme d’un centre d’endémisme et d’un groupe culturel. La présence de genres endémiques et même de familles de vertébrés, comprenant souvent des espèces extrêmement menacées, dans les éléments constitutifs ajoutés en 2023 est unique à l’échelle des forêts sèches de la planète. Les ajouts comprennent aussi près d’un millier d’espèces et de sous‑espèces endémiques de plantes, 156 espèces de reptiles endémiques, 57 espèces de mammifères endémiques et 34 espèces d’amphibiens endémiques.

    Intégrité

    La taille du bien en série et de sa zone tampon, le statut de protection intégrale de ses éléments constitutifs et le continuum du nord au sud qu’elles assurent constituent une base solide pour justifier la valeur universelle exceptionnelle. La superficie de chacune des réserves du nord est relativement réduite mais elles s’inscrivent dans un contexte géographique local et leur intégrité est renforcée par les forêts sèches de la réserve d’Andrafiamena-Andavakoera (catégorie V de l’UICN) qui relie les deux réserves. Le bien en série des Forêts sèches de l’Andrefana comprend tous les éléments nécessaires à l’inclusion des principaux aspects des processus essentiels à la conservation à long terme des écosystèmes et de la diversité biologique qu'ils abritent. Ses éléments constitutifs représentent une série de centres de micro-endémisme uniques. Chacun des éléments constitutifs du bien a poursuivi une histoire distincte—mais circoncise dans un canevas propre—au cours des oscillations paléoclimatiques du Quaternaire et d’avant ; cette histoire inscrite dans les temps géologiques a eu un impact déterminant sur les groupes de la faune et de la flore observés aujourd’hui et dirigé l’évolution dans de nombreux groupes. Chaque aire proposée contient les habitats qui permettent de maintenir le maximum de diversité animale et végétale caractéristiques des centres d’endémisme dans lesquels la biodiversité s’inscrit.

    Les éléments constitutifs ont autrefois souffert d’impacts liés à l’agriculture sur brûlis, à la mise à feu des pâturages en vue de les renouveler, à l’intensification agricole, à la production de charbon de bois, à la chasse pour la viande sauvage et au commerce illégal d’espèces sauvages, à la coupe de bois et à l’exploitation minière illégales. Les espèces envahissantes, les feux et la perte d’habitat ainsi que les changements climatiques continuent de menacer l’intégrité. Toutefois, des efforts efficaces de gestion et de restauration ont réussi à atténuer ces menaces, et le taux de déboisement a baissé entre 2006 et 2016. Quoi qu’il en soit, ces efforts, y compris la restauration écologique, doivent se poursuivre.

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Les Forêts sèches de l’Andrefana sont un bien en série comprenant le bien du patrimoine mondial Réserve naturelle intégrale du Tsingy de Bemaraha inscrit en 1990 et élargi en 2023 pour inclure les deux Réserves spéciales d’Ankarana et d’Analamerana et les trois Parcs nationaux d’Ankarafantsika, de Mikea et Tsimanampesotse. Les six aires protégées de ce bien en série font partie sont gérées par le Gouvernement de Madagascar avec Madagascar National Parks. Elles sont officiellement protégées par leurs décrets de création respectifs mais aussi par un arsenal juridique, en commençant par la Constitution de la quatrième République de Madagascar qui sous-tend la gestion et la conservation de la biodiversité à l’échelle du pays. Le réseau est géré conformément au Plan stratégique qui présente les orientations stratégiques de gestion intégrée des biens. Ces orientations sont déclinées dans les Plans d’aménagement et de gestion de chacune des six aires protégées et complétées par un système de suivi-évaluation basé sur des outils standardisés dont des outils faisant appel aux technologies innovantes qui permettront aisément de s’assurer que la valeur universelle exceptionnelle est bien maintenue. Le plan est décliné en quatre axes stratégiques qui doivent assurer (1) la conservation, (2) le développement et le soutien durable des communautés et des parties prenantes à la conservation, (3) la pérennisation financière des activités de conservation et du développement des communautés riveraines, et (4) la gestion efficace du bien.

    Le feu représente l’une des pressions majeures que subissent les Forêts sèches de l’Andrefana. Des mesures d’atténuation et de suivi basées sur des indicateurs clés sont en place pour répondre aux pressions recensées au niveau du bien. Il convient ici de rappeler que les forêts naturelles intactes, même extrêmement sèches, sont moins sensibles aux feux que les forêts dégradées et ont une résilience bien plus importante.

  5. Félicite l’État partie pour avoir constitué un dossier de proposition d’inscription tout à fait exhaustif et pour son travail approfondi en matière d’intégration des populations locales dans la gestion de l’aire protégée et pour avoir veillé au partage des avantages, tout en notant la nécessité de renforcer, dans toute la mesure du possible, la participation pleine et entière des femmes et des jeunes dans les structures de gestion communautaire ;
  6. Encourage vivement l’État partie à envisager un ajout futur d’éléments constitutifs appropriés du centre d’endémisme Menabe-Antimena dès que les mesures préparatoires définies, en conformité avec les Orientations, seront appliquées, y compris en renforçant les efforts de restauration déployés par l’État partie au sein de Menabe-Antimena, compte tenu des dégradations et du déboisement passés ;
  7. Recommande à l’État partie d’envisager d’élaborer un plan de gestion unique et intégré pour l'ensemble du bien en série élargi afin de soutenir une gestion plus intégrée, harmonieuse et efficace et de mettre en place un suivi du nombre d’employés afin qu’il reste adéquat pour assurer la gestion du bien, et d’augmenter ces ressources si nécessaire.
    Documents
    Contexte de la Décision
    WHC-23/45.COM/8B
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