Faites une recherche à travers les informations du Centre du patrimoine mondial.

Administration
Assistance internationale
Budget
Communauté
Communication
Conservation
Convention du patrimoine mondial
Credibilité de la Liste du ...
Inscriptions sur la Liste du ...
Liste du patrimoine mondial en péril
Listes indicatives
Mécanisme de suivi renforcé
Méthodes et outils de travail
Orientations
Partenariats
Rapport périodique
Rapports
Renforcement des capacités
Valeur universelle exceptionnelle








Décision 44 COM 8B.31
Parc national de l’Ivindo (Gabon)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/21/44.COM/8B et WHC/21/44.COM/INF.8B2,
  2. Inscrit le Parc national de l’Ivindo, Gabon, sur la Liste du patrimoine mondial sur la base des critères (ix) et (x) ;
  3. Prend note de la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle provisoire suivante :


    Brève synthèse

    Le parc national de l’Ivindo (PNI) est la principale aire protégée représentative des forêts des plateaux intérieurs du Gabon. Il se distingue par les milieux humides de l’Ivindo et de la Djidji qui forment un complexe hautement “pittoresque” de chutes, de rapides et de biefs calmes aux eaux noires profondes, insérés dans un écrin de forêts intactes. Ces forêts comprennent une grande diversité de formations, notamment de très vieilles forêts à Caesalpinioideae, uniques en Afrique centrale et dans tout le domaine guinéo-congolais. Ce parc constitue ainsi le principal refuge naturel viable pour les espèces rares, menacées ou endémiques de la région des plateaux intérieurs du Gabon qui constitue une des quatre zones, très différentes les unes des autres, de la province biogéographique de la Basse Guinée, très différente des forêts de la région congolaise.

    Critère (ix) : L’écosystème forestier de plus de 300.000 ha (600.000 - 700.000 ha avec les zones périphériques) possède une valeur exceptionnelle du fait de sa grande diversité de formations forestières, la présence de vastes étendues de très vieilles forêts à Caesalpinioideae et de forêts à monodominance de Julbernardia pellegriniana ou de Eurypetalum batesii—toutes uniques en Basse-Guinée et dans toute l’Afrique centrale. La présence de la baï de la Langoué et de prairies herbeuses identiques à celles des inselbergs, n’est pas exceptionnelle en soi mais contribue très largement à la richesse de l’ensemble.

    Les très vieilles forêts à Caesalpinioideae représentent un stade caractéristique de l’évolution des forêts en Afrique centrale, mais qui a disparu ailleurs en Basse-Guinée. Elles n’existent d’ailleurs pas en d’autres endroits de la région guinéo-congolaise du fait que la grande diversité de Caesalpinioideae est unique de Basse-Guinée. Cet écosystème forestier est par ailleurs représentatif pour les forêts basse-guinéennes ou atlantiques des plateaux de l’intérieur du Gabon et plus particulièrement de l’Aire paysagère de l’Ivindo qui forme très probablement une entité phytogéographique à part et très riche au sein de la Basse-Guinée.

    Cet écosystème forestier intacte contribue à préserver l’intégrité des eaux noires de l’Ivindo qui abritent un essaim d’une quinzaine d’espèces de poissons du genre Paramormyrops (Mormyridae)—le seul essaim d’espèces trouvé dans le monde en rivière et appartenant à cette famille.

    Enfin, la station de recherche d’Ipassa et ses forêts adjacentes, spécialement dotées d’un réseau de layons conçu pour la recherche, représentent un haut- lieu de la recherche éco-éthologique de terrain. Elle est l’une des rares stations situées en pleine forêt tropicale guinéo-congolaise et a permis l’acquisition d’une grande partie de nos connaissances au sujet des espèces et écosystèmes de forêt tropicale dense africaine. Les forêts du plateau d’Ipassa représentent donc en un témoin de la recherche biologique.

    Critère (x) : L’écosystème forestier intact du PNI et de l’aire paysagère de l’Ivindo, avec sa diversité d’habitats et, surtout, ses très vieilles forêts à Caesalpinioideae, uniques en Afrique centrale occidentale et dans tout le domaine guinéo-congolais, abrite 161 espèces végétales à haute valeur pour la conservation, 129 espèces endémiques du Gabon et 35 espèces endémiques de l’Ivindo. Le PNI à lui seul, abrite 81 espèces végétales et 39 espèces animales menacées, y compris le gorille de l’ouest Gorilla gorilla, le chimpanzé commun Pan troglodytes et l’éléphant de forêt Loxodonta cyclotis.

    Sur le plan zoologique, cet écosystème compte 126 espèces de mammifères dont sept espèces de primates endémiques de Basse-Guinée et plusieurs espèces qui n’ont pas été trouvées dans un autre parc national du Gabon. De plus, la population d’éléphants de forêt est relativement importante et compte de nombreux mâles à très grandes défenses ce qui devient très rare dans la majeure partie de l’Afrique centrale. L’avifaune du PNI compte 190 (68%) des 278 espèces forestières inféodées à la région guinéo-congolaise et 5 des 6 espèces endémiques de Basse-Guinée. L’entomofaune compte 528 espèces de papillons diurnes (probablement 800-1000) dont de nombreuses espèces semblent inféodées aux très vieilles forêts à Caesalpinioideae. Parmi les 97 espèces endémiques de Basse-Guinée, 17 sont endémiques du Gabon.

    Quant aux chutes de Kongou, elles abritent 7 espèces de Podostemaceae, des plantes très spécialisées, rares, très vulnérables et partout menacées par la construction de barrages et la régularisation des cours d’eau. Ces sept espèces représentent à la fois 44% de la flore de Podostemaceae du Gabon et les quatre genres connus du pays. L’Ivindo abrite aussi 45 espèces de poissons endémiques de Basse-Guinée dont 13 sont endémiques du Gabon. A ces espèces, il faut ajouter les 10 espèces du genre Paramormyrops (Mormyridae) en voie de description.

    Intégrité

    Le PNI couvre une superficie de 300.000 ha (481.000 ha avec sa zone tampon légale). Il est totalement inhabité et est à environ 90% absolument intact. Il appartient à un écosystème forestier plus vaste de près de 2.000.000 ha, compris entre les villes de Makokou, Ovan, Booué et Lastoursville. La densité moyenne de population humaine est d’environ 2,5 habitants/km2 et les zones hors du parc sont en grande majorité constituées d’exploitations forestières durables dont plus de la moitié de la superficie est certifiée Forest Stewardship Council (FSC). Par sa taille et par la nature de son relief et de son système hydrographique, ses gradients phytogéographique et écologique ainsi que sa connectivité avec d’autres aires protégées—le parc national de Minkébé au nord et le parc national de Mwagné à l’est—, cet écosystème est capable de résister aux changements du climat, du moins à ceux prévus par les estimations actuelles. De plus, dans le cadre plan d’affectation des terres, il est situé totalement en dehors des zones destinées au développement de l’agriculture ou de l’agro-industrie (palmiers à huile).

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    Le bien bénéficie d’une protection juridique à long terme conférée par le décret 612/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 portant classement du Parc national de l’Ivindo, dans lequel figurent ses délimitations en l’article 2. La largeur de la zone tampon d’un parc national est fixée à 5 km, conformément à l’article 77 de la loi 16/2001 du 31 décembre 2001 portant Code Forestier au Gabon, et plus particulièrement par l’arrêté 118/MEFEPEPN du 1 mars 2004 portant réglementation des activités forestières, minières, agricoles, aquacoles, cynégétiques et touristiques à l’intérieur d’une zone tampon. Le bien est protégé en tant que parc national (Catégorie II de l’UICN).

    Le PNI reçoit un appui financier et technique de l’État et de ses partenaires pour le développement, tels que l’Agence Française de Développement (AFD), United States Fish and Wildlife Service (USFWS) ou Wildlife Conservation Society (WCS).

    Bien que les limites du bien soient clairement définies, connues des populations locales et réglementées, des menaces telles que le braconnage, l’exploitation forestière illégale et la pêche illégale persistent. Aussi, la lutte anti-braconnage est une nécessité incontournable. Des mesures adéquates additionnelles ont été prises pour écarter ces menaces, notamment par l’intensification des missions de surveillance en vue de garantir la protection du bien.

    La seule activité autorisée en dehors de la gestion, la recherche et le tourisme, est la pêche, mais elle est strictement limitée à une section de l’Ivindo, qui forme la limite du parc national, et aux pêcheurs du village de Loa-Loa. Ces activités sont prévues par la loi, principalement par la loi 16/2001 du 31 décembre 2001 portant Code Forestier au Gabon, la loi n°003/2007 du 27 août 2007 relative aux parcs nationaux et l’arrêté 118/MEFEPEPN du 1 mars 2004 portant réglementation des activités forestières, minières, agricoles, aquacoles, cynégétiques et touristiques à l’intérieur d’une zone tampon. Il importe de mettre en place un suivi de l’échelle de ces activités de pêche, qui est une pratique ancienne, pour veiller à ce qu’elle reste durable du point de vue de la valeur universelle exceptionnelle du bien.

    Le PNI est géré par l’Agence Nationale des Parcs Nationaux (ANPN), instituée par la loi n°003/2007 du 27 août 2007 relative aux parcs nationaux. Des efforts considérables et soutenus sont consentis pour garantir la coordination et l’harmonisation effectives des politiques et pratiques relatives à la gestion de l’aire protégée. Le bien dispose d’un plan de gestion 2016 – 2020, reconduit pour deux ans par la décision ministérielle n°028/MEFMEPCPAT du 24 juin 2021, au regard du contexte sanitaire lié au Covid-19. Le processus d’actualisation se fera courant 2022.

    L’exploitation forestière est sélective : moins de 2 arbres coupés par hectare. Elle est autorisée dans la zone tampon, à condition qu’une étude d’impact environnemental et social prouve qu’il n’y a pas d’impact négatif sur le parc national. Les dix concessions forestières ont toutes un statut de Concessions Forestières sous Aménagement Durable, donc une exploitation forestière durable. Deux de ces concessions ont déjà la certification FSC et le Gabon s’est engagé dans un processus de certification forestière FSC pour toutes ses concessions. Toutes les concessions forestières constituent également  une zone tampon de facto beaucoup plus vaste qui empêche les populations périphériques vivant le long des axes routiers de pénétrer dans les forêts proches du parc national.

    Par ailleurs en complement des ressources propres et des contributions d’autres partenaires, le Gabon a signé, dans le cadre du processus de sa participation à l’Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale, un accord pour un financement de la Norvège, à hauteur de 150 millions de dollars sur 10 ans, correspondant au paiement des réductions des émissions de carbone auquel le PNI a contribué. Un premier versement de 17 millions de dollars a été effectué, en juin 2021.

  4. Exprime son appréciation à l’État partie pour les efforts considérables déployés à ce jour pour la conservation du parc national de l’Ivindo (PNI) et lui demande d’actualiser le plan général de gestion du bien et de le soumettre, d’ici le 1er février 2023, au Centre du patrimoine mondial pour examen par l’UICN, et de faire en sorte que ce plan :
    1. tienne compte de la protection de la valeur universelle exceptionnelle du bien, y compris dans le cadre d’inventaires de biodiversité et d’un plan de suivi pour la biodiversité de ses eaux douces et ses forêts de Caesalpinioideae,
    2. soit soutenu par un financement sûr, suffisant et durable pour la gestion du bien ;
  5. Recommande que l’État partie veille à ce que les éventuels projets d’infrastructures ou de développement en dehors du bien n’aient pas d’effets négatifs sur la valeur universelle exceptionnelle du bien et soient préalablement soumis à une évaluation conforme à la Note consultative de l’UICN sur le patrimoine mondial : l’évaluation environnementale ;
  6. Recommande également de faire en sorte que toutes les concessions dans la zone tampon du Parc national de l’Ivindo aient reçu une certification du Forest Stewardship Council (FSC) et soient strictement contrôlées et gérées sans effets significatifs sur la valeur universelle exceptionnelle du bien ;
  7. Encourage l’État partie à poursuivre ses efforts pour améliorer les capacités de gestion, techniques et financières pour la conservation effective du bien ;
  8. Demande enfin à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial d’ici le 1er décembre 2023, un rapport sur la mise en œuvre des recommandations susmentionnées, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 47e session.
Code de la Décision
44 COM 8B.31
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2021
Documents
WHC/21/44.COM/18
Rapport des décisions adoptées lors de la 44e session étendue du Comité du patrimoine mondial
Contexte de la Décision
WHC-21/44.COM/8B
WHC-21/44.COM/INF.8B2
top