Le Comité du patrimoine mondial,
- Ayant examiné le document WHC/19/43.COM/7A.Add.2,
- Rappelant les décisions 39 COM 7B.74, 40 COM 7B.48, 41 COM 7A.57, et 42 COM 7A.4, adoptées à ses 39e (Bonn, 2015), 40e (Istanbul/UNESCO, 2016), 41e(Cracovie, 2017) et 42e (Manama, 2018) sessions respectivement ;
- Accueille favorablement le décret présidentiel de juin 2018 visant à protéger tous les biens du patrimoine mondial en Ouzbékistan ;
- Note que le décret de 2014 pour la reconstruction du centre historique du bien a été abrogé ;
- Note également que l’État partie a fourni une documentation générale en réponse à la demande du Comité, mais que celle-ci ne permet pas une comparaison complète entre ce qui existe actuellement et ce qui existait avant les démolitions récentes ;
- Note en outre que, bien qu’il ait été demandé à l’État partie d’interrompre tous les travaux au sein du bien jusqu’à la 43esession, l’État partie a fourni des détails sur les interventions prévues concernant des propositions d’enlèvement de structures autour des monuments, la création d’un complexe touristique dans « l’esprit de l’architecture orientale », la reconstruction de maisons à un étage le long de rues ainsi que de nouvelles rues résidentielles pour la population locale qui sont en contradiction avec les deux décrets présidentiels de 2018 de l’État partie ;
- Rappelle la conclusion de la mission de suivi réactif conjointe Centre du patrimoine mondial/ICOMOS de décembre 2016 selon laquelle « une récupération d’attributs suffisants pour justifier la VUE identifiée au moment de l’inscription semble impossible à ce stade » (décision 41 COM 7A.57) ;
- Note par ailleurs que, comme recommandé dans la décision 42 COM 7A.4, l’État partie a invité une mission de suivi réactif de haut niveau pour étudier « des options pour la récupération potentielle des attributs » et « si une modification majeure des limites de certains monuments et des zones urbaines restantes pourrait permettre de justifier la VUE » ;
- Note de plus que la mission de suivi réactif de haut niveau de 2019 a estimé que l’État partie pourrait souhaiter explorer deux options de modification significative des limites, sur la base soit d’une sélection de monuments timurides, soit d’éléments clés de l’urbanisme timuride, y compris le tissu urbain des mahalla qui pourrait être récupéré, mais que la mission ne disposait pas de la documentation nécessaire pour étudier en détail ces propositions ou comment la VUE pourrait être justifiée ;
- Recommande que si l’État partie souhaite étudier l’une ou l’autre option, il entreprenne des recherches et une documentation complémentaires et élabore un plan de restauration afin de fournir suffisamment de détails pour permettre une évaluation de chaque option relativement à la justification de la VUE, avant d’entreprendre toute démarche de modification importante des limites, conformément aux paragraphes 165 et 166 des Orientations, ou toute nouvelle proposition d’inscription ;
- Recommande également à l’État partie d’envisager les options suivantes suite à la mission de 2019 :
- La première option consisterait à se concentrer sur les monuments représentant la période timuride. L’État partie a présenté à la mission 13 de ces monuments, sur un total précédent de 18. La mission a estimé que les deux questions les plus importantes à prendre en considération en ce qui concerne une sélection de monuments dans leur état actuel sont leur authenticité et leur déconnexion avec leur environnement urbain. Des actions seraient donc nécessaires pour les reconnecter au tissu urbain et pour améliorer ou annuler les récents travaux de conservation afin de répondre aux conditions d’authenticité et d’intégrité,
- La seconde option proposée par la mission était d’étudier les éléments clés de l’urbanisme timuride au sein du centre historique. La mission a étudié de façon préliminaire la portée de ces éléments. Ils pourraient comprendre les principaux axes nord-sud et est-ouest qui se croisent dans le centre historique avec son marché principal, des quartiers résidentiels représentant une hiérarchie spatiale et sociale, des murs et portes de la ville, les principales mosquées, des madrasas et des monuments clés. La mission a estimé qu’il pourrait être possible de récupérer le tracé des rues urbaines dans plusieurs parties du bien et de revitaliser les technologies de construction traditionnelles. Cette option devrait s’appuyer sur des recherches détaillées concernant la granularité urbaine, les spécificités des traditions de construction vernaculaires, ce qui a survécu et devrait être soutenu par des mesures visant à améliorer les infrastructures et les conditions de vie pour que la ville reste vivante, et le développement de nouveaux dispositifs de protection, de conservation et de gestion ;
- Encourage l’État partie à demander un soutien en amont concernant une possible modification importante des limites ou une nouvelle proposition d’inscription pour justifier la VUE ;
- Décide d’accorder deux ans à l’État partie pour étudier les options possibles de modification importante des limites ou de nouvelle proposition d’inscription et, à la fin de cette période, de considérer à nouveau si le bien doit être maintenu sur la Liste du patrimoine dans le cas où une direction claire a été définie, ou s’il convient de retirer entièrement le bien de la Liste ;
- Demande à l’État partie de maintenir un moratoire complet sur les constructions au sein du bien jusqu’à ce que toute modification significative des limites ou toute nouvelle proposition d’inscription ait été considérée par le Comité et qu’un plan de gestion pour la conservation du patrimoine, intégré à un plan directeur de la ville conforme à l’approche de la Recommandation de l’UNESCO de 2011 sur le paysage urbain historique (PUH), ait été préparé et adopté ;
- Prie instamment l’État partie de mettre en œuvre les recommandations de la mission de 2019, que les options proposées au paragraphe 11 ci-dessus soient ou non mises en œuvre après des recherches complémentaires ;
- Prie aussi instamment l’État partie d’avancer dans la mise en œuvre des recommandations du Comité pour la conservation des carreaux de céramique du palais d’Ak-Sarai, d’élaborer une stratégie de conservation et de la soumettre au Centre du patrimoine mondial pour examen par les Organisations consultatives avant tous travaux ;
- Demande également à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2020, un rapport actualisé sur l’état de conservation du bien et sur la mise en œuvre des points ci-dessus mentionnés, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 44e session en 2020 ;
- Décide également de maintenir Centre historique de Shakhrisyabz (Ouzbékistan) sur la Liste du patrimoine mondial en péril.