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Décision 43 COM 8B.14
Paysage culturel Budj Bim (Australie)

Le Comité du patrimoine mondial,

  1. Ayant examiné les documents WHC/19/43.COM/8B et WHC/19/43.COM/INF.8B1,
  2. Inscrit le Paysage culturel Budj Bim, Australie, sur la Liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel sur la base des critères (iii) et (v) ;
  3. Adopte la Déclaration de valeur universelle exceptionnelle suivante :

    Brève synthèse

    Le paysage culturel Budj Bim se trouve dans le pays traditionnel du peuple aborigène Gunditjmara dans le sud-est de l’Australie. Les trois éléments constitutifs du bien contiennent l’un des plus vastes et des plus anciens systèmes aquacoles au monde.  Les coulées de lave du Budj Bim qui relient les trois éléments, servent de base à ce système d’aquaculture complexe mis au point par les Gunditjmara, avec la réalisation de travaux délibérés de réorientation, modification et gestion des voies d’eau et des terres humides.

    Les Gunditjmara ont créé, manipulé et modifié ces régimes hydrologiques et ces systèmes écologiques locaux sur une période longue d’au moins 6 600 ans. Ils ont utilisé l’abondante roche volcanique locale pour construire des canaux, des barrages et des digues, mais aussi maîtriser les flux d’eau afin de capturer, stocker et récolter systématiquement le kooyang (anguille à ailerons courts – Anguilla australis) et soutenir l’amélioration d’autres ressources alimentaires.

    Ce système d’aquaculture extrêmement productif a servi de base économique et sociale à la société Gunditjmara pendant six millénaires. Cette corrélation du temps profond entre les systèmes culturel et environnemental Gunditjmara est documentée par les connaissances culturelles actuelles des Gunditjmara, leurs pratiques, leur culture matérielle, la recherche scientifique et les documents historiques. Elle se manifeste dans le système d’aquaculture même, tout comme dans les systèmes géologique, hydrologique et écologique interdépendants.

    Le paysage culturel Budj Bim résulte d’un processus de création que relatent les Gunditjmara comme une histoire du temps profond. Pour les Gunditjmara, le temps profond évoque l’idée qu’ils ont toujours été là. D’un point de vue archéologique, le temps profond désigne une période d’au moins 32 000 ans au cours de laquelle le peuple aborigène a vécu dans le paysage culturel Budj Bim. La relation dynamique continue des Gunditjmara avec leur territoire est soutenue aujourd’hui par des systèmes de connaissances conservés grâce à la transmission orale et à la pérennité des pratiques culturelles.

    Critère (iii) : Le paysage culturel Budj Bim apporte un témoignage exceptionnel sur les traditions culturelles, le savoir, les pratiques et l’ingéniosité des Gunditjmara. Les vastes réseaux et l’ancienneté du système aquacole du paysage culturel Budj Bim, construit et modifié, attestent des activités des Gunditjmara en tant qu’ingénieurs et pêcheurs de kooyang. Les connaissances et les pratiques des Gunditjmara ont perduré et continuent d’être transmises par leurs aînés, tout en étant reconnaissables dans les terres humides du paysage culturel Budj Bim sous la forme de systèmes anciens et élaborés d’installations entourées de murs de pierres, destinées à l’élevage (ou l’aquaculture) du kooyang. Les traditions culturelles des Gunditjmara, y compris le récit, les danses et la vannerie qui y sont associés, continuent d’être entretenues par leur savoir collectif intergénérationnel.

    Critère (v) : Le paysage culturel évolutif du paysage culturel Budj Bim offre un éminent exemple représentatif de l’interaction humaine avec l’environnement et un témoignage sur la vie des Gunditjmara.  Le paysage culturel Budj Bim a été créé par les Gunditjmara qui ont exploité à dessein le potentiel productif d’une mosaïque de terres humides sur les coulées de lave du Budj Bim. Ils y sont parvenus grâce à l’aménagement, la modification et l’entretien d’un vaste système d’ingénierie hydrologique permettant de contrôler l’écoulement des eaux afin de capturer, stocker et récolter le kooyang qui les traversent lors de sa migration saisonnière. Les éléments clés de ce système sont les groupes interconnectés de voies d’eau, barrages, digues, étangs et entonnoirs construits et modifiés en combinaison avec les coulées de lave, les flux d’eau, l’écologie et le cycle de vie du kooyang. Le paysage culturel Budj Bim illustre le dynamisme des relations écologiques et culturelles dont témoignent les Gunditjmara dans l’exploitation délibérée et la gestion de l’environnement.

    Intégrité

    Le paysage culturel Budj Bim comprend des exemples intacts et exceptionnels des plus grands ensembles d’aquaculture Gunditjmara et une sélection représentative des structures plus petites les plus importantes et les mieux préservées, parmi lesquelles figurent celles de Tae Rak (lac Condah), Tyrendarra et Kurtonitj. Chacun de ces lieux comporte tous les éléments matériels du système (canaux, barrages, digues et étangs) qui révèlent le fonctionnement de l’aquaculture Gunditjmara. Le bien comprend également Budj Bim, être ancestral et volcan Gunditjmara, qui est la source de la coulée de lave sur laquelle est construit le système aquacole.

    La réintégration de flux d’eau traditionnels à Tae Rak grâce à la construction d’un barrage culturel en 2010, suite à un drainage massif du lac dans les années 1950, a fait revenir et augmenter les flux d’eau dans le système aquacole. Cette restauration, l’environnement difficile, l’usage de la pierre, la végétation relativement intacte et l’absence de développement important dans le paysage culturel Budj Bim montrent que le vaste système d’aquaculture a survécu, qu’il est en bon état et peut être aisément identifié dans le paysage.

    Le bien n’est pas exposé à de sérieuses menaces et est d’une taille suffisante pour illustrer les manières dont interagissent et fonctionnent de multiples systèmes – social, spirituel, géologique, hydrologique et écologique. Alors que le bien contient une collection dense et représentative d’attributs qui suffisent à en attester la valeur universelle exceptionnelle, il pourrait avoir un potentiel d’extension future.

    Les trois éléments constitutifs du bien sont reliés entre eux pour former un seul et unique paysage à travers l’extension physique du système d’aquaculture (adapté en fonction de la coulée de lave) et à travers les pratiques culturelles des propriétaires traditionnels Gunditjmara et le lien avec le paysage physique. Si de futures recherches et études déterminent des attributs supplémentaires situés dans la coulée de lave mais au-delà des limites du bien, il conviendrait de les inclure au moyen d’une demande de modification des limites.

    Authenticité

    Le paysage culturel Budj Bim présente un haut degré d’authenticité. Le savoir traditionnel des Gunditjmara est démontré par des millénaires de transmission orale, une continuité des pratiques, et il est étayé par des traditions culturelles Gunditjmara documentées et des preuves archéologiques, environnementales et historiques exceptionnellement bien conservées.

    L’authenticité du paysage culturel Budj Bim est évidente de par le lien constant qu’entretiennent les Gunditjmara avec leur paysage et leurs connaissances traditionnelles et historiques du cycle de vie du kooyang. L’authenticité est également incontestable dans les pratiques associées à la capture, au stockage et à la récolte du kooyang, y compris la construction de barrages en pierre et le tressage de paniers en fibre végétale.

    Le système d’aquaculture des Gunditjmara conserve la forme et la fonctionnalité qu’il avait au cours des six derniers millénaires en liaison avec les coulées de lave sous-jacentes, le mouvement permanent des flux d’eau et la présence du kooyang. Malgré l’interruption historique pendant une grande partie du XXe siècle, le bien a conservé son authenticité. La récente restitution des droits fonciers aux propriétaires traditionnels Gunditjmara, la remise en place des flux d’eau traditionnels à Tae Rak et le rétablissement de l’usage continu des installations aquacoles ont amélioré l’état du bien.

    En 2007, la Cour fédérale australienne a reconnu les droits fonciers autochtones des Gunditjmara pour leur « lien solide et inébranlable avec ce territoire où leurs ancêtres ont pratiqué l’élevage d’anguilles pour l’alimentation et le commerce à l’époque de la colonisation européenne et depuis des millénaires ».

    Éléments requis en matière de protection et de gestion

    L’ensemble du paysage culturel Budj Bim est détenu et/ou géré par les Aborigènes et est géré conformément aux obligations et aux droits juridiques et coutumiers des propriétaires traditionnels Gunditjmara.

    Le bien jouit d’une protection juridique au plus haut niveau national en vertu de la Loi australienne de 1999 sur la protection de l’environnement et la conservation de la biodiversité, et une grande partie du bien (environ 90 % de l’élément constitutif Budj Bim et environ la moitié de l’élément constitutif Tyrendarra) comprend des éléments classés comme sites du patrimoine culturel sur la Liste du patrimoine national australien en 2004. Dans un souci de cohérence, il serait souhaitable d’harmoniser les limites du bien du patrimoine national avec celles du patrimoine mondial. Le bien du patrimoine mondial dans sa totalité pourrait ainsi être considéré pour inscription sur la Liste du patrimoine national.

    Une fois inclus dans la Liste du patrimoine mondial, le bien tout entier sera reconnu comme ‘sujet d’importance environnementale nationale’ et protégé par la loi.

    Le bien est protégé et géré dans un cadre de gestion adaptative et participative où se chevauchent et s’intègrent des approches législatives et politiques, une gouvernance et des usages coutumiers. Les propriétaires traditionnels Gunditjmara appliquent un savoir coutumier et des approches scientifiques à travers deux régimes de gestion : un mécanisme de coopération avec le Gouvernement de l’État du Victoria pour le Parc national de Budj Bim ; et la propriété autochtone des aires protégées autochtones de Budj Bim et Tyrendarra. Ce classement est soutenu par des programmes de planification locaux. Les comtés de Glenelg et Moyne ont créé une « zone d’utilisation spéciale » sur des parties de l’élément Budj Bim, y compris le Tae Rak. L’objet de la zone d’utilisation spéciale est de veiller à ce que l’aménagement des terres soit cohérent avec la protection et la gestion des valeurs naturelles et des valeurs culturelles aborigènes.

    Le système de gestion devra être coordonné par le Comité directeur du patrimoine mondial chargé du paysage culturel Budj Bim qui agit en tant qu’instance de communication et de prise de décision partagée entre les propriétaires traditionnels Gunditjmara (représentés par le Gunditj Mirring Traditional Owners Aboriginal Corporation Registered Aboriginal Party, le Conseil de Budj Bim et la Corporation aborigène de Winda-Mara) et les autorités de l’État responsables du patrimoine et de l’environnement, notamment le Conseil du patrimoine autochtone du Victoria et le Conseil du patrimoine du Victoria, ainsi que l’échelon national.

    Le système de gestion du paysage culturel Budj Bim est défini par le plan de gestion Ngootyoong Mara South West, Ngootyoong Gunditj de 2015.

    Parmi les dispositions notoires en termes de gestion institutionnelle figure le programme des gardes forestiers de Budj Bim qui est géré par l’intermédiaire de la Corporation aborigène de Winda-Mara, laquelle emploie des gardes à plein temps sous le parrainage des anciens Gunditjmara qui leur apportent leur savoir traditionnel et culturel et leur soutien. Cette modalité de gestion du paysage culturel Budj Bim permet aux propriétaires traditionnels Gunditjmara de guider les approches en matière de gestion sur le terrain dans le respect des traditions et des pratiques culturelles.

    L’ensemble du patrimoine culturel des Gunditjmara sur le paysage culturel Budj Bim est protégé par la Loi de l’État du Victoria de 2006 sur le patrimoine autochtone. Le plan directeur de 2014 concernant Budj Bim (tourisme) fixe les conditions requises pour une fréquentation du site et un tourisme durable, ainsi que les possibilités éducatives pour le paysage culturel Budj Bim.

  4. Recommande que l’État partie prenne en considération les points suivants :
    1. continuer de mener des recherches et des études sur des caractéristiques culturelles patrimoniales sur toute la longueur des coulées de lave et, dans les cas où des caractéristiques complémentaires contribuant à la valeur universelle exceptionnelle sont identifiées à l’extérieur des délimitations du bien, envisager de soumettre une demande de modification des limites pour inclure ces caractéristiques,
    2. inscrire tous les éléments du bien en tant que patrimoine culturel au registre du patrimoine national australien et étendre la « zone d’utilisation spéciale », créée dans les programmes de planification locaux pour couvrir les éléments et zones du bien,
    3. finaliser le cadre de gestion stratégique spécifique au bien,
    4. développer le système de suivi pour inclure des indicateurs sur la continuité ou les modifications dans les pratiques de gestion des terres, l’implication de la jeunesse et l’évaluation du bien par la communauté des gardes Gunditjmara.
Code de la Décision
43 COM 8B.14
Thèmes
Inscriptions sur la Liste du patrimoine mondial
États Parties 1
Année
2019
Documents
WHC/19/43.COM/18
Decisions adopted during the 43rd session of the World Heritage Committee (Baku, 2019)
Contexte de la Décision
WHC-19/43.COM/8B
WHC-19/43.COM/INF.8B1
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